Jean-Pierre Chevènement était l'un des invités de "Ça vous regarde" sur LCP, mardi 7 février 2012. Il débattait avec Jean Leonetti, Ministre chargé des Affaires Européennes et Benjamin Masse-Stamberger, grand reporter à L’Express sur le thème "20 ans après Maastricht, la fin d’un rêve ?"


Verbatim express

  • Je ne me suis pas résigné facilement à voter contre Maastricht en 1992. J'étais un membre de la direction du Parti Socialiste, le seul à être contre. Il est vrai que j'avais lu le traité, ce qui n'était pas le cas de beaucoup. J'avais vu qu'on transposait à la France et aux autres pays les règles de la Bundesbank allemande : une Banque centrale indépendante qui aurait pour unique but de lutter contre l'inflation.
  • Quand on transfère sa souveraineté à un organisme politique complètement technocratique, on se pose des questions. Je me suis aperçu que le groupe Delors avait adopté ces règles sous la dictée de la Bundesbank. Ces règles ont pourtant été adoptées avant la chute du mur de Berlin.
  • A l'époque il y avait deux thèses : la monnaie unique ou la monnaie commune. La caractéristique de la monnaie unique, dont on subit les conséquences aujourd'hui, est qu'elle ne permet pas la dévaluation. Les écarts de compétitivité se sont creusés, notamment sous la pression de l'Allemagne qui a appliqué une politique de déflation salariale. Cela se traduit par d'énormes excédents pour les uns et d'énormes déficits pour les autres.
  • Nous sommes pris dans le piège et nous continuons de nous y enfoncer en abandonnant notre souveraineté budgétaire.
  • On a fait l'euro car on avait peur de l'Allemagne. Certains ont pensé qu'en prenant le mark à l'Allemagne, on allait s'approprier sa puissance.
  • On a aujourd'hui une "Mezzogiornisation" du Sud de l'Europe comparé à un Nord industriel, mercantiliste, excédentaire. Les autres pays sont en voie de désindustrialisation. La France est un bon exemple.
  • Tous ceux qui parlent de produire en France sont ceux qui ont accepté l'abaissement de nos barrières tarifaires et la libération des mouvements de capitaux.

Rédigé par Chevenement.fr le 8 Février 2012 à 17:18 | Permalien | Commentaires (1)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors du débat de politique étrangère au Sénat, le mardi 7 février 2012.


Monsieur le Ministre d’Etat,

Je souhaite attirer votre attention sur la situation passablement chaotique qui se développe en Libye depuis la chute de Mouamar Khadafi :
Arrestations arbitraires, actes de torture relevés par des organisations humanitaires comme Amnesty International ou Human Rights Watch, comme ceux qui ont laissé mort l’ancien ambassadeur libyen à Paris, M. Brebech à Zentane, le 20 janvier 2012, ville où par ailleurs se trouve détenu Saïf Islam Kadhafi, traitement racistes de travailleurs africains, heurts armés, ainsi dans la ville de Beni Oulid, où un « Conseil des Anciens » issu de la tribu des Warfalla semble désormais s’être affranchi du gouvernement de transition, développement des féodalités locales fragmentant le pays, dissémination d’armes dans la bande sahélienne, avec les menaces qui recommencent à peser sur le Mali, le Niger, le Tchad, dissensions enfin à l’intérieur du Conseil National de Transition qui vient d’adopter une loi électorale fondée sur un système de listes pour élire la prochaine assemblée constituante. Or ce système de listes adopté sous la pression des Frères musulmans ne peut évidemment que leur profiter. Le CNT a aussi décidé de faire de la charia la source principale du droit et d’autoriser à nouveau la polygamie que la Libye était avec la Tunisie le seul pays arabe à avoir aboli.

Vous nous confirmerez, M. le Ministre, si là était bien le résultat recherché et, sinon, quelles démarches le gouvernement français a entrepris auprès des autorités libyennes pour faire respecter les doits de l’Homme dont se réclamait la révolution libyenne soutenue par l’OTAN. Nous ne pouvons que nous interroger sur le fait de savoir s’il n’eût pas mieux valu à l’été 2011 rechercher une issue politique, comme il semble que cela eût été possible, sous l’égide de l’Union africaine.

Vous-même, dans votre intervention du 12 juillet à la tribune du Sénat déclariez : « L’intervention militaire n’est qu’un moyen et non une fin ; la fin c’est la recherche d’une solution politique et nous y travaillons d’arrache-pied ». Vous évoquiez « un processus politique » et souhaitiez qu’une force de stabilisation internationale, de préférence une force de l’ONU, soit dépêchée sur place. C’eût été la sagesse pour favoriser une paix sans exaction, sans vengeance et sans esprit de revanche.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 7 Février 2012 à 16:28 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à L'Est républicain, jeudi 2 février 2012.


"Je vais bien sûr faire entendre ma voix, demain comme hier, au long de cette campagne"
L'Est républicain: Qu’est-ce qui vous a conduit à renoncer à votre candidature ? C’est la difficulté de récolter les 500 signatures ?
Jean-Pierre Chevènement:
Non, ce n’était pas le plus préoccupant. Il nous restait du temps et j’avais bon espoir d’y parvenir. La raison, c’est le manque de moyens financiers. Je ne suis pas riche, vous le savez bien… Avec 100.000 €, il ne m’était pas possible de faire une campagne.

Les sondages ne vous qualifiaient que de 1 % des voix, cela vous a-t-il découragé ?
Si j’avais mené une campagne démagogique, j’aurais peut-être eu plus de succès. Mais j’ai choisi une campagne délibérément pédagogique, très articulée, qui s’adressait vraiment à l’intelligence.

C’était risqué…
Ce n’était peut-être pas la meilleure solution (rire). Je ne la regrette cependant pas. Elle m’a permis d’affirmer notre identité et le point de vue qui est le mien et celui de mes amis. J’ai pu m’exprimer abondamment dans les médias qui ont bien voulu recueillir mes impressions et mes analyses. J’ai effectué de nombreux déplacements sur le terrain, j’ai visité une vingtaine d’usines.

Qui allez-vous soutenir ? Allez-vous continuer à vous exprimer ?
Le communiqué que j’ai publié suffit à ce stade. Il est assez explicite et je parlerai plus longuement la semaine prochaine. Je vais bien sûr faire entendre ma voix, demain comme hier, au long de cette campagne. Malgré le refus de Mme Merkel, qui prétend dicter sa loi au suffrage universel et refuse d’accepter la révision du traité, j’expliquerai les périls où nous conduit l’euro surévalué, la nécessité d’étendre les missions de la Banque centrale européenne et d’organiser la relance en Europe, l’importance de préserver la souveraineté budgétaire et fiscale de la France, qui doit rester dans les mains du Parlement français.
Mots-clés : 2012 allemagne euro mrc ps

Rédigé par Chevenement.fr le 2 Février 2012 à 10:54 | Permalien | Commentaires (21)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Déclaration de Jean-Pierre Chevènement, Sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre, 1er février 2012.


Je me suis porté candidat à la Présidence de la République le 5 novembre 2011, "pour faire bouger les lignes" et mettre la gauche et la France à la hauteur des défis qu’elles doivent relever.

Dans la grave crise à travers laquelle une construction européenne mal pensée dès l’origine, peut conduire la France à une position définitivement subordonnée, j’ai voulu, à travers cette "candidature pédagogique", rendre nos concitoyens attentifs à quatre enjeux majeurs de la période qui s’ouvre :

1) Pour réindustrialiser le pays, condition de la survie du modèle républicain, il faut, chose non suffisante mais indispensable, une monnaie moins chère que l’euro actuel.

2) Il est nécessaire, en second lieu, d’organiser la croissance en Europe et non pas la récession à perte de vue, comme nous y conduirait le projet de traité européen dont les grandes lignes ont été entérinées hier, le 30 janvier 2012, à Bruxelles. Si le gouvernement de Mme Merkel, qui prétend dicter sa loi au suffrage universel, n’acceptait pas la révision du traité pour étendre les missions de la Banque Centrale européenne et organiser la relance en Europe, mieux vaudrait alors transformer l’euro de monnaie unique en monnaie commune.

3) La souveraineté budgétaire et fiscale de la France doit rester dans les mains du Parlement français. Sa préservation est la condition, à tous égards, de notre indépendance future, y compris diplomatique et militaire.

4) Il est temps de redresser l’Europe à partir de ses nations. Celles-ci sont le cœur vivant de la démocratie. Le but est d’édifier une "maison commune européenne", ou comme disait le général de Gaulle, une "Europe européenne", ouverte vers la Russie à l’Est et vers la Méditerranée et l’Afrique, au Sud. Cette construction se fera avec les peuples, c’est-à-dire par la force des choses, à géométrie variable, avec ceux qui le veulent.

Ayant pu exercer, autant que je le pouvais, le rôle pédagogique que je m’étais assigné, et n’ayant plus aujourd’hui les moyens de continuer ma campagne, je décide de retirer ma candidature à l’élection présidentielle. Je continuerai cependant, demain comme hier, à faire entendre ma voix pour servir la République.

Dans les temps difficiles qui sont devant nous, rien n’est plus important que de maintenir un recours républicain.

J’indiquerai bien sûr, le moment venu, le candidat à l’élection présidentielle auquel, les yeux ouverts, j’apporterai mon soutien.
Mots-clés : 2012 allemagne bce euro europe

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 1 Février 2012 à 10:00 | Permalien | Commentaires (4)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour Courrier Cadres, mardi 31 janvier 2012.


"Ce sont les revenus du capital qu’il faut taxer en priorité"
Courrier Cadres: Quel est votre constat sur l’état actuel de l’économie ?
Jean-Pierre Chevènement: Il est déplorable : la France a vu sa base industrielle se rétrécir, passant de 30 % à 13 % de notre valeur ajoutée depuis 30 ans. Les délocalisations vers les pays à bas coût salarial - y compris européens -, la primauté donnée à la rente financière, le manque de patriotisme de nos grands groupes industriels qui n’investissent pas en France, tout cela y concourt. La France demeure dans le groupe de tête si on prend en compte le PIB par habitant mais cela ne saurait dissimuler les faiblesses de notre économie : notre pays consomme majoritairement des produits qu’il ne fabrique pas et ce que nous produisons pour l’exportation est pénalisé par le taux trop élevé de l’euro et par la détérioration de notre compétitivité par rapport à l’Allemagne depuis une dizaine d’années qui entraînent un lourd déficit de notre balance commerciale. L’avenir est encore assombri par les orientations de politique économique retenues au niveau européen : la voie de l’austérité inscrite dans le projet de traité européen ne peut qu’enfoncer l’Europe dans une récession de longue durée et contribuer encore plus à réduire notre consommation et nos capacités productives. La dette ne pourra être épongée tant que nous ne renouerons pas avec la croissance. Nous n’en prenons pas le chemin.

Rédigé par Chevenement.fr le 31 Janvier 2012 à 20:07 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l’émission "Une heure avec" sur LCI, lundi 30 janvier 2012. Il répondait aux questions de Michel Field.


Verbatim express

  • Ma candidature n'est en aucun cas une candidature démagogique. Par conséquent, je me donne une certaine souplesse. Si j'obtiens mes parrainages et que je pense que cela peut être utile, je me maintiendrai. Si, par contre, je trouve qu'il y a une fenêtre politique pour peser, je le ferai. Cependant, le moment n'est pas venu.
  • Je n'ai pas grand chose à changer, aujourd'hui, à la thématique de ma campagne de 2002 qui était, à bien des égards, prémonitoire.
  • Il faut bien me reconnaître le mérite d'une certaine continuité depuis 1992.
  • Avec la monnaie unique, nous avons crée quelque chose qui ne tient pas la route. Il aurait peut-être fallu y penser plus tôt.
  • La désindustrialisation est ma grande angoisse pour l'avenir de la France. On ne peut pas maintenir un grand pays avec une protection sociale efficace, avec des services publics performants quand sa base industrielle se réduit. Or, elle est passée de 25% du PIB à 12%.
  • J'ai toujours été frappé de constater que nos périodes de désindustrialisation coïncidaient avec les périodes de surévaluation monétaire.

Agenda et médias



Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans le Huffington Post, lundi 30 janvier 2012.


De la nécessité d'un plan B
Il est sans doute impossible de faire admettre leur erreur aux élites qui ont fait de l'euro leur projet politique commun et leur fétiche. Mal pensée, la monnaie unique européenne a été dès l'origine un mark-bis faisant fi de la diversité des nations qui allaient la composer et particulièrement de l'hétérogénéité de leurs économies.

Treize ans après son introduction, où sont passées les promesses de ceux qui l'avaient portée sur les fonds baptismaux ? Car si la France vient de perdre son triple A, c'est en réalité toute la zone euro qui, année après année, se trouve déclassée dans la mondialisation. Seule zone au monde marquée par une stagnation économique de longue durée, elle donne en outre l'étrange spectacle d'une construction à la dérive. Ses élites célèbrent le "printemps arabe" avant d'organiser le remplacement plus ou moins subreptice de gouvernements démocratiquement élus par des technocrates européens imprégnés de néolibéralisme dogmatique. L'Europe "post-démocratique" pointée par Hubert Védrine devient l'ultime projet de ces élites pour ne pas avoir à reconnaître leurs erreurs.

Ce qui mine pourtant la zone euro, ce n'est pas son niveau d'endettement public, comparable à celui des Etats-Unis et inférieur à celui du Japon. Ce sont les écarts de compétitivité entre les pays européens, qui se traduisent par l'accumulation d'excédents commerciaux en Allemagne et aux Pays-Bas et de déficits partout ailleurs. En 2011, le déficit commercial de la France aura atteint plus de 70 milliards d'euros. Sur cette somme, notre déficit est de 25 milliards avec l'Allemagne, soit six fois plus qu'en 1982 ! Comment parler d'égal à égal sur la base d'un tel déséquilibre ? L'euro a agi pendant la décennie 2000 comme un accélérateur des divergences économiques, creusant l'écart entre un centre industriel compétitif et une périphérie sous-industrialisée et déficitaire, dopée au crédit et aux subventions. Ce sont les déséquilibres internes de l'euro qui portaient en eux l'inéluctabilité de la dérive budgétaire.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 30 Janvier 2012 à 10:18 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Zemmour & Naulleau sur Paris Première, vendredi 27 janvier 2012.


  • A propos de la défaite de Lionel Jospin en 2002: Un candidat est toujours responsable de son programme, surtout quand il n'en a pas ou peu.
  • En politique, il ne faut jamais régler des comptes. Il y a beaucoup de violence et il faut savoir encaisser. Il faut rester calme et toujours se référer à des valeurs supérieures, à une certaine idée de l'intérêt public. C'est comme ça que j'ai été candidat en 2002 : pour défende des idées.
  • Je peux défendre encore aujourd’hui les thèmes qui étaient ceux de ma campagne. Pour le reste...
  • Les sondages ne sont pas mon problème. Mon souci est de toucher l'intelligence des Français et des candidats.
  • Je ne suis pas du tout hostile à Jean-Luc Mélenchon. Néanmoins, je ne pense pas qu'il situe sa candidature dans la même perspective que la mienne.
  • Le génocide arménien n'est pas contestable mais, pour moi, c'est l'intérêt de la République qui compte. Toute loi qui pénalise dans un domaine qui est celui de la liberté d'expression me déplaît. Cette loi est une manœuvre électoraliste.
  • Les lois mémorielles ne sont pas une bonne idée. Dans la République, on se bat avec des arguments. Quand ils sont bons, ils finissent par triompher.
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