Une tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Libération, le 7 août 1995.
Faut-il incriminer Vichy, la France ou la République? Cette question superpose en réalité deux débats: le premier touche au passé; le second à l'avenir même de la nation. Il en va ainsi de toutes les guerres de mémoire; aucune n'est innocente. Et celle-là ne fait rage à ce point que parce qu'elle touche à l'essentiel: la France est aujourd'hui placée devant une question décisive, celle de sa survie en tant que nation souveraine.
La responsabilité de l'«Etat français» de Vichy dans l'accomplissement, de concert avec l'occupant nazi, de crimes contre l'humanité, ne peut être sérieusement contestée. Jacques Chirac a exprimé une juste émotion en évoquant le souvenir de tous ceux qui ont été arrachés par la police de Vichy à leur foyer et à leur pays parce qu'ils étaient juifs. Karl Jaspers distingue cependant la responsabilité criminelle d'ordre individuel - chacun doit répondre de ses actes; les criminels doivent être jugés et la responsabilité politique: chaque peuple doit assumer son histoire, car nous ne nous définissons pas seulement comme individus mais comme Français. Quelle responsabilité le peuple français doit-il donc assumer à travers Vichy? Là est la vraie question. Le régime de Vichy était-il «l'Etat», comme l'a dit Jacques Chirac, ou un «gouvernement de la France», comme l'a écrit Lionel Jospin? Je ne suis pas d'accord avec cet amalgame, sans doute involontaire, qui a pour effet de dissimuler les responsabilités réelles. Vichy n'est pas venu comme un gouvernement ordinaire. Ses hommes ne seraient jamais arrivés au pouvoir par la voie du suffrage universel. Ils n'y sont parvenus qu'à la faveur d'une défaite anticipée, voire souhaitée. Vichy n'était pas la République. C'était sa négation. Le régime a été fondé d'emblée sur la démission de la souveraineté populaire. C'est pourquoi le devoir de mémoire nous oblige à remonter plus haut que Vichy et ses crimes. A ce qui les a rendus possibles: l'effondrement de la France en 1940 et l'affaissement de la République dans les cinq années qui ont précédé la défaite.
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 26 Juillet 2012 à 17:31
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Dépêche AFP, lundi 23 juillet 2012, 14h39
Le président d'honneur du MRC Jean-Pierre Chevènement s'est dit lundi en désaccord avec les propos du président François Hollande pour qui la rafle du Vel d'Hiv avait été commise "par la France", ce qui revient selon lui à "faire comme si Pétain était la France".
"Le président Hollande, dans son discours du 22 juillet, a malheureusement omis de dire que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vel d'Hiv, l'ont été sur l'ordre de l'Etat français de Vichy collaborant avec l'Allemagne nazie", relève le sénateur du territoire de Belfort, sur son blog. "C'est occulter les accords passés avec la gestapo par René Bousquet, alors secrétaire général de la police, agissant pour le gouvernement de Vichy. C'est faire comme si Pétain était la France et comme si le véritable coup d'Etat opéré le 10 juillet 1940 par un gouvernement de capitulation n'avait pas existé", argumente-t-il. Carnet de Jean-Pierre Chevènement
Le Président Hollande, dans son discours du 22 juillet 2012, a malheureusement omis de dire que les crimes commis par les policiers et les gendarmes français, lors de la rafle du Vel d’Hiv, l’ont été sur l’ordre de l’Etat français de Vichy collaborant avec l’Allemagne nazie. C’est occulter les accords passés avec la gestapo par René Bousquet, alors secrétaire général de la police, agissant pour le gouvernement de Vichy. C’est faire comme si Pétain était la France et comme si le véritable coup d’Etat opéré le 10 juillet 1940 par un gouvernement de capitulation n’avait pas existé.
Deux Présidents de la République, Charles de Gaulle et François Mitterrand, avaient tenu sur la ligne selon laquelle l’Etat français de Vichy n’était ni la République ni la France. Ce débat est trop important pour l’idée que la France se fait d’elle-même, pour qu’une déclaration, fût-elle celle du Président de la République, puisse y mettre un terme. La France a besoin de retrouver confiance en elle-même. Elle ne pourra le faire que sur la base d’une conscience claire de son Histoire. La vérité exige que le débat continue. Pour ma part, je n’ai pas changé d’avis par rapport au point de vue que j’avais exprimé dans Libération, le 7 aout 1995, au lendemain du discours de Jacques Chirac. Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Libération, 14 juillet 2012.
Libération: Les menaces ont changé de nature, la guerre froide est finie. L’arme nucléaire n’est-elle pas dépassée?
Jean-Pierre Chevènement: La guerre froide est derrière nous mais la Russie et les Etats-Unis gardent des milliers de têtes. Les armes nucléaires vont rester durablement à horizon de l’Histoire. Les Américains, par exemple, consacrent 5 milliards de dollars à la modernisation de leur arsenal. Ils disposent encore de 9 000 têtes nucléaires, les Russes de plus de 10 000! C’est évidemment idiot! La sagesse voudrait qu’ils tendent vers une stratégie de stricte suffisance. Mais l’évolution la plus importante, c’est le développement des arsenaux nucléaires en Asie du Sud et de l’Est. Les Chinois possèdent 300 à 400 têtes et développent une troisième composante (sous-marine), l’Inde et le Pakistan une bonne centaine de têtes chacun. On va vers un nouvel équilibre du monde: une bi-polarité entre les Etats-Unis et la Chine. Comment se situe la France? Elle a réduit ses têtes de 600 à moins de 300 (200 pour la Grande-Bretagne). Elle dépense environ 3 milliards d’euros par an pour son outil de dissuasion nucléaire, soit 10% du budget de défense. Cet outil étant développé, les décisions concernent son renouvellement à long terme. Le plus lourd dans le budget, c’est la simulation et la nouvelle version du M-51. C’est la première fois que des têtes auront été développées à partir de tests en labo. Intervention de Jean-Pierre Chevènement sur le Sommet européen des 28 et 29 juin 2012, Sénat, jeudi 5 juillet 2012.
Monsieur le Premier ministre,
La France se trouve aujourd’hui dans une situation très difficile, dont sa désindustrialisation, continue depuis près de trois décennies, l’érosion de sa compétitivité et, enfin, un chômage frappant 10% de sa population active sont les symptômes les plus significatifs. C’est pourquoi, comme les autres parlementaires du MRC, je soutiens l’effort nécessaire auquel appelle le gouvernement pour réorienter l’Europe et redresser l’appareil productif. A titre personnel, j’apprécie votre détermination : Un discours de vérité peut seul créer la confiance. La situation dégradée de l’économie française n’est pas le fait du hasard. Elle résulte de choix de dérégulation effectués depuis vingt-cinq ans dans le cadre de l’Acte unique et constamment poursuivis sous l’impulsion de la Commission européenne. Je n’ai pas besoin de rappeler le choix qui a été le mien en 1992 quant à la création d’une monnaie unique. Nous voyons aujourd’hui les effets négatifs d’un transfert de la souveraineté monétaire de dix-sept pays très différents par leurs structures, à une Banque Centrale aux statuts copiés sur ceux de la Bundesbank allemande. C’est tout ce passif qu’il nous faut aujourd’hui remonter par un effort de dialogue et par la réunion de toutes les bonnes volontés : comment regagner les quinze à vingt points de compétitivité perdus par rapport à l’Allemagne depuis la création de la monnaie unique ? La dévaluation aujourd’hui n’est plus possible. Il faut donc retrouver des marges de manœuvre. Cela ne sera pas possible par une sorte de déflation interne. Il faudra aussi faire évoluer profondément les règles de la monnaie unique. C’est ce que le Président de la République a commencé à faire, au sommet européen des 28 et 29 juin derniers. Dépêche AFP, lundi 25 juin 2012, 11h34.
Jean-Pierre Chevènement, sénateur et ancien ministre de la Défense, a déclaré lundi à Nouméa que la France devait "renforcer son intérêt" pour le Pacifique, qui est une "région stratégique", à l'occasion d'une mission du Sénat en Océanie.
Une délégation de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat, conduite par son vice-président Didier Boulaud (Nièvre, socialiste) et dont fait partie M. Chevènement, est arrivée lundi en Nouvelle-Calédonie. Les sénateurs ont auparavant séjourné en Australie où ils ont notamment rencontré Stephen Smith, ministre de la Défense. Ils évaluent la place de la France dans la région, en particulier au travers des relations de la Nouvelle-Calédonie dans la zone, dans la perspective de la rédaction du prochain Livre blanc de la Défense. "Nous devons renforcer notre intérêt pour cette partie du globe. Le Pacifique est une région absolument stratégique pour le monde, et la France se doit d'y être, à un moment où les équilibres mondiaux sont bouleversés", a déclaré M. Chevènement. Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Marianne, 16 juin 2012.
Marianne: Alors que les partisans de l’Europe, tels Michel Rocard, François Bayrou ou François Hollande, ont multiplié leurs autocritiques, les eurosceptiques se montrent très discrets au moment où ils pourraient triompher. Vous-même, pourquoi ne vous manifestez-vous pas davantage sur le sujet?
Jean-Pierre Chevènement: Je ne triomphe pas bêtement pour ne pas provoquer inutilement ceux dont la pensée a commencé d’évoluer : en tant qu’homme politique, je ne pense pas qu’on puisse sortir de Maastricht à moindre frais pour la France et pour l’Europe sans les maastrichtiens d’hier... La monnaie unique a une force symbolique que je ne sous-estime pas, même si je ne crois pas que, comme disait Nicolas Sarkozy, « l’Europe, c’est l’euro ». L’Europe devrait être un projet de civilisation. C’est une erreur de l’avoir réduite à une monnaie, de surcroît unique. La monnaie unique fait en effet l’impasse sur les nations et leurs irréductibles différences de structures économiques, politiques et culturelles. Les concepteurs de la monnaie unique pensaient qu’avec le « pacte de stabilité », les économies finiraient par converger. Pari bien léger : l’expérience des unions monétaires a montré, soit qu’elles finissaient par exploser, faute de véritable unité politique (union latine, union scandinave), soit qu’elles renforçaient les inégalités de départ en polarisant la richesse et le sous-développement aux extrémités ; c’est le cas de la lire italienne creusant l’écart entre l’Italie du Nord et le Mezzogiorno, ou de l’unification monétaire allemande de 1990, faisant des Länder de l’Est une zone périphérique. Entre l’Allemagne et les pays du nord de la zone euro d’une part et les pays de la Méditerranée d’autre part, les écarts de compétitivité et de balances commerciales se sont creusés en dix ans. Carnet de Jean-Pierre Chevènement
Les Français ont choisi clairement de donner au Président de la République François Hollande et au Gouvernement de Jean-Marc Ayrault les moyens de conduire les changements qu'appelle la situation du Pays.
Le Mouvement Republicain et Citoyen (MRC) a apporté une contribution ferme et déterminée à cette victoire de la gauche. Avec trois députés, dont son Président Jean-Luc Laurent élu dans le Val de Marne, et ses deux Vice-présidents, Marie-François Bechtel élue dans l'Aisne et Christian Hutin réélu dans le Nord, le MRC fera entendre sa voix à l'Assemblée Nationale. Une voix responsable et argumentée pour mettre la gauche à la hauteur du défi que la France doit relever pour réorienter l'Europe. Je me félicite de l'excellente tenue de nos candidats dont plusieurs ne ratent l'élection que de quelques centaines de voix. Je déplore enfin que dans la 2ème circonscription du Territoire de Belfort, qui a longtemps été la mienne, une candidature dissidente et de mauvais reports de voix au 2nd tour aient permis à nouveau la réélection du député de droite. |
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