Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 22h de Public Sénat, lundi 14 mai 2012. Il répondait aux questions de Sonia Maabrouk.


  • J'ai fait savoir dès le 13 mars, le jour où j'ai annoncé mon soutien à François Hollande, que pour ce qui me concerne je ne visais aucune responsabilité
  • Je n'ai jamais été polarisé par une responsabilité ministérielle.
  • La tâche de François Hollande est celle d'un Président de la République. Il doit choisir les profils qui correspondent le mieux aux tâches qui sont celles de l’État. Par conséquent, ce sont des choix extrêmement importants. Il ne peut pas y avoir d'affect.
  • François Hollande a dit qu'il valait mieux que le Président de la République se sente proche de son Premier Ministre. Ça n'a pas toujours été l'avis de François Mitterrand.
  • S'agissant de Jean-Marc Ayrault, c'est un homme de gauche authentique. Je le connais depuis longtemps. Il a su montrer toutes ses qualités comme président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale pendant plus de 10 ans.
  • Je n'ai pas d'avis à donner. François Hollande en reçoit beaucoup. Il fait sa synthèse, comme il sait si bien le faire, mais le fait tout seul.

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Cette belle victoire est d’abord celle de François Hollande, de la force tranquille qu’il a exprimée avec talent et constance, à partir des orientations tracées dans son discours du Bourget le 22 janvier 2012. Il a su opérer les corrections nécessaires par rapport à certaines dérives et se situer au-dessus des partis. C’est cette posture présidentielle et ce sens des responsabilités conforme à l’esprit des institutions, qui lui ont fait gagner l’élection.

En ce sens, cette victoire est aussi plus que la victoire de la gauche : elle est celle de tous les républicains. Elle témoigne d’un esprit de rassemblement qu’il faudra préserver pour la suite. François Hollande a appelé à plus de justice. C’est la condition d’un effort partagé qui sera nécessaire compte tenu de l’ampleur des défis.

Pour ma part, j’apporterai au Président Hollande « le soutien ferme, sans démagogie, mais les yeux ouverts », que j’ai affirmé dans ma déclaration du 13 mars dernier, après que j’ai retiré ma candidature à son profit.

L’échec de Nicolas Sarkozy exprime le rejet du néolibéralisme et d’une politique européenne à courte vue, telle que l’a manifestée le traité européen signé le 2 mars dernier. Je mesure l’amertume qui peut être celle du Président sortant, qui n’avait pas que des défauts. Mais le peuple français a parlé. Il appartient désormais à tous les citoyens de servir ses intérêts.

Maintenant les choses sérieuses vont commencer car la campagne ne permettait sans doute pas de traiter au fond les problèmes nés de la crise de la monnaie unique.

Le Président Hollande aura à créer avec l’Allemagne le rapport de convictions qui amènera celle-ci à accepter de revoir le rôle de la Banque Centrale européenne, à la fois pour casser la spéculation contre l’euro et pour en abaisser le cours, aujourd’hui surévalué. C’est ainsi seulement qu’on pourra prévenir une rechute de la crise de l’euro et faire souffler sur l’Europe une brise de croissance dont elle a bien besoin.

Le Président Hollande saura, j’en suis sûr, dessiner le projet de redressement européen à travers lequel la France pourra continuer son Histoire. Les semaines qui viennent seront décisives. Je souhaite qu’une large majorité de Français lui donne aux élections des 10 et 17 juin prochains, les moyens de relever ce superbe défi.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 7 Mai 2012 à 00:02 | Permalien | Commentaires (1)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque du GIPRI (Institut international de recherche pour la Paix à Genève) à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, vendredi 27 avril 2012


De Jean-Jacques Rousseau, le fameux « citoyen de Genève », je n’avais, à mon entrée en politique, dans les années 1960, que des souvenirs scolaires. Et encore …

Tout au plus me souviens-je d’avoir dû rédiger une dissertation qui laissait le choix aux élèves d’argumenter leur préférence pour Rousseau ou Voltaire. Oserai-je avouer devant vous, ici, Genève, à l’occasion de ce colloque heureusement organisé par Gabriel Galice et Christophe Miqueu, à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau que j’ai choisi « Voltaire », comme tant d’autres petits misérables. J’en conçois une forte honte rétrospective, car j’ai appris depuis lors, à mieux connaître, et même à lire attentivement l’immortel auteur du Contrat Social, de l’Emile, de la Nouvelle Héloïse, des Confessions, des Rêveries et de tant de textes profonds et souvent sublimes dans leur formulation, qui reflètent non pas un système clos sur lui-même mais une pensée en mouvement, surplombant des abîmes.


Et pourtant il a été, presque à mon insu, présent dans mon engagement politique, dès le début des années soixante, en Algérie où il était difficile de ne pas reconnaître l’existence d’un peuple algérien différent du nôtre, puis en France : imprégné dès mon adolescence des idées de Pierre Mendès France et désireux de réactiver, à travers une synthèse nouvelle appelée « union de la gauche », le modèle républicain français, j’ai été très tôt « rousseauiste » sans le savoir, tant la pensée de Rousseau a marqué la Révolution française et par suite la tradition politique républicaine à laquelle celle-ci a donné naissance et à laquelle j’appartiens.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 22h de Public Sénat, mercredi 25 avril 2012. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk.


Verbatim express

  • Il est possible que Libération ne soit pas tout à fait impartial. Mais Le Figaro l'est-il? Quant à l'Humanité, c'est le journal du Parti communiste. Dans une période électorale il faut se méfier de tout ce qui peut paraître excessif. Ceci dit, l'appellation « vrai travail » n'était pas vraiment heureuse. M. Sarkozy donne l'impression de zigzaguer, son combat est désespéré.
  • La phrase de M.Sarkozy qu'on incrimine est : « Si Marine le Pen a le droit de présenter, c'est qu'elle est compatible avec la République ». Il y a là une confusion totale. En République, tout le monde peut effectivement se présenter. Mais de là à déduire que les valeurs défendues par Mme Le Pen sont des valeurs républicaines...
  • Mme Le Pen ne défend pas l'égalité qui est au cœur de la devise républicaine. Elle a le droit de se présenter mais les valeurs qu'elle porte ne sont pas républicaines.
  • François Hollande s'adresse à tous les Français, y compris ceux du Front National. Il ne les exclue pas mais ne s’adresse pas spécifiquement à eux. La candidat UMP, lui, emploie des mots qui ont pour but de provoquer des réactions épidermiques.
  • Il y a 2 prismes pour étudier le vote Front national : il y a celui du rejet de l'immigration mais il y a également le prisme social : chômage, délocalisations industrielles. Il y a beaucoup de gens qui votent FN pour manifester leur colère notamment contre l'absence de changement de politique.

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Dans un scrutin marqué par une forte participation, François Hollande arrive en tête. C’est la première fois depuis le début de la Vème république que le Président sortant se trouve distancé au premier tour.

La poussée de l’extrême droite exprime un besoin de protection mais aussi une exaspération vis-à-vis d’un Président de la République qui a désacralisé sa fonction et abaissé la France, aujourd’hui plongée dans la récession.

En prônant la révision du traité européen signé par M. Sarkozy et Mme Merkel le 2 mars dernier, François Hollande dessine une alternative à l’échelle de l’Europe.

Le 6 mai prochain, le choix sera simple :
- le redressement de l’Europe ou bien le déclin continué de la France ;
- la soumission aux marchés financiers ou la reprise du contrôle de la Finance ;
- la justice sociale ou l’aggravation des inégalités ;
- la reconstruction d’un Etat républicain impartial ou la poursuite de la dégradation des mœurs politiques.

Dans deux semaines, le rassemblement d’une forte majorité autour de François Hollande permettra d’entreprendre la refondation de la République à laquelle les Français aspirent.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 23 Avril 2012 à 01:25 | Permalien | Commentaires (4)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Les prévisions de croissance négatives du FMI dans la zone euro pour l’année 2012 (- 0,5 % sur le premier semestre, - 0,3 % sur l’ensemble de l’année), sont d’autant plus alarmants que la croissance mondiale est révisée à la hausse à + 3,5 %.

Il est urgent à la fois de revoir le traité européen signé le 2 mars dernier et la politique économique à court et moyen terme au sein de la zone euro : abaissement à 0,5 % du taux d’intérêt de la BCE, retour de l’euro à sa parité initiale avec le dollar (1,16), plan d’investissements financé par un emprunt européen, relance salariale dans les pays de l’Europe nordique.

L’Italie et l’Espagne, avec une croissance négative de – 1,9 % et – 1,8 % apparaissent comme deux maillons faibles de la zone euro d’autant plus exposés que leur taux d’emprunt à dix ans est remonté à environ 6 %.

Le mécanisme européen de solidarité est un pare-feu tout à fait insuffisant. Il faut d’urgence l’adosser à la Banque Centrale européenne si on veut éviter une nouvelle crise de l’euro.

Le fait que Nicolas Sarkozy lui-même ait proposé de revoir le rôle de la Banque centrale donne rétrospectivement raison à la proposition formulée par François Hollande, dans son discours du Bourget du 22 janvier dernier, de réviser le traité. Le changement de position de Nicolas Sarkozy ne fait que mieux ressortir la constance de François Hollande qui a su maintenir le cap qu’il s’était fixé. Pour la droite, les signes annonciateurs d’une débâcle sont dans l’air.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 18 Avril 2012 à 16:34 | Permalien | Commentaires (2)

Tribune de Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg et Guillaume Bachelay parue dans le quotidien Libération, mercredi 18 avril 2012.


Nous voulons une autre Europe, solidaire et volontaire
Nous représentons trois générations de militants et responsables de gauche. Trois générations aussi de républicains inquiets de l’Europe telle qu’elle va, ou plutôt telle qu’elle ne va pas.

En 2005, nous avons refusé le traité constitutionnel au nom d’une Europe plus offensive et moins naïve dans la mondialisation. Depuis, la réalité a hélas dépassé nos craintes. Elus de territoires industriels, nous vivons les effets de l'investissement timide, de la concurrence rigide, de la politique monétaire fautive, de la stratégie commerciale passive.

Pro-européens convaincus mais alter-européens résolus, nous voulons que l’Europe soit la puissance solidaire et volontaire qu'attendent les peuples. C’est pour que le changement en France rende possible le changement en Europe que nous nous engageons aux côtés de François Hollande.

En 2007, le candidat sortant avait promis de se battre pour une Europe qui protège. Ont suivi cinq ans de renoncements face à l’ultra-libéralisme et à l’hyper-austérité sur le continent. L’agenda social et les enjeux commerciaux n’ont pas été inscrits à l’ordre du jour de la présidence française de l’UE en 2008, pas plus qu’ils n’ont été abordés au G20 que M. Sarkozy présida en 2011.

Rédigé par Chevenement.fr le 18 Avril 2012 à 10:56 | Permalien | Commentaires (2)

Discours de Jean-Pierre Chevènement au meeting de Besançon de François Hollande, mardi 10 avril 2012


François Hollande, le discours d’un homme d’Etat républicain
Seul le prononcé fait foi

J’ai souvent accompagné François Mitterrand en Franche Comté avant 1981, à Besançon et à Belfort bien sûr.

Franche Comté, terre pugnace, terre de labeur, terre d’inventivité. De ces qualités, François Mitterrand ne manquait pas. Mais elles ne font pas non plus défaut à François Hollande, à qui il a fallu beaucoup de volonté, beaucoup d’acharnement et beaucoup d’art aussi – je puis en témoigner – pour être en capacité de devenir le deuxième François de la Vème République. A une condition, c’est que vous vous mobilisiez et que vous ne perdiez pas un jour dans les onze qui nous séparent du premier tour, le 22 avril, pour convaincre les indécis que tout se joue là, entre les forces de l’Argent et l’invention démocratique.

Rédigé par Chevenement.fr le 11 Avril 2012 à 15:32 | Permalien | Commentaires (3)
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