La Dépêche du Midi: Peut-on encore taxer la gauche d'angélisme sur la sécurité ?
Jean-Pierre Chevènement: On ne peut absolument pas taxer Manuel Valls d'angélisme. C'est un ministre de l'Intérieur sérieux qui fait son travail de manière conséquente et qui s'efforce de ne pas envoyer des messages contradictoires.
Plus généralement est-ce que la philosophie de l'ensemble de la gauche a changé depuis l'époque où vous étiez ministre de l'Intérieur ?
Au niveau des principaux responsables, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, et Manuel Valls, ça ne fait aucun doute. S'agissant de l'affaire de Marseille, le gouvernement aurait intérêt à affiner sa position par rapport à la répression des trafics de drogue. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Des quartiers sont tombés sous la coupe réglée de petites bandes de voyous puissamment armés dont la police a peine à s'approcher. Donc, on ne peut pas à la fois évoquer la dépénalisation du cannabis, qui serait suivie immanquablement par un glissement vers des drogues comme l'héroïne ou la cocaïne, ou encore l'ouverture de salles de soins où l'on peut se shooter, et en même temps prétendre vouloir empêcher les trafics. C'est l'un ou l'autre. Le problème, c'est la drogue. Il faut des opérations chocs. En réalité, la tentation existe chez certains édiles d'acheter plus ou moins la paix sociale en n'allant pas voir de trop près ce qui se passe dans les quartiers. Le problème de fond pour le gouvernement, c'est de mettre de la cohérence dans sa démarche. Jean-Marc Ayrault le fera, j'en suis sûr, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain car dans la gauche il y a des sensibilités différentes qu'il faudra réduire.
Ne faut-il pas mettre davantage de moyens pour combattre les trafics de drogue et d'armes ?
La police sait à qui elle a à faire. Il faut savoir si on veut lui donner non seulement des moyens mais des ordres continus dans la durée pour lui permettre d'obtenir des résultats. Il faut savoir aussi si la société française est prête à payer le prix d'affrontements inévitables. Car quand on voudra entrer dans les quartiers pour saisir les armes et les stocks de drogue qui s'y trouvent, la police se heurtera à des formes de résistance violente que certains n'hésiteront pas à soutenir voire à sublimer...
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï
Jean-Pierre Chevènement: On ne peut absolument pas taxer Manuel Valls d'angélisme. C'est un ministre de l'Intérieur sérieux qui fait son travail de manière conséquente et qui s'efforce de ne pas envoyer des messages contradictoires.
Plus généralement est-ce que la philosophie de l'ensemble de la gauche a changé depuis l'époque où vous étiez ministre de l'Intérieur ?
Au niveau des principaux responsables, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, et Manuel Valls, ça ne fait aucun doute. S'agissant de l'affaire de Marseille, le gouvernement aurait intérêt à affiner sa position par rapport à la répression des trafics de drogue. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Des quartiers sont tombés sous la coupe réglée de petites bandes de voyous puissamment armés dont la police a peine à s'approcher. Donc, on ne peut pas à la fois évoquer la dépénalisation du cannabis, qui serait suivie immanquablement par un glissement vers des drogues comme l'héroïne ou la cocaïne, ou encore l'ouverture de salles de soins où l'on peut se shooter, et en même temps prétendre vouloir empêcher les trafics. C'est l'un ou l'autre. Le problème, c'est la drogue. Il faut des opérations chocs. En réalité, la tentation existe chez certains édiles d'acheter plus ou moins la paix sociale en n'allant pas voir de trop près ce qui se passe dans les quartiers. Le problème de fond pour le gouvernement, c'est de mettre de la cohérence dans sa démarche. Jean-Marc Ayrault le fera, j'en suis sûr, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain car dans la gauche il y a des sensibilités différentes qu'il faudra réduire.
Ne faut-il pas mettre davantage de moyens pour combattre les trafics de drogue et d'armes ?
La police sait à qui elle a à faire. Il faut savoir si on veut lui donner non seulement des moyens mais des ordres continus dans la durée pour lui permettre d'obtenir des résultats. Il faut savoir aussi si la société française est prête à payer le prix d'affrontements inévitables. Car quand on voudra entrer dans les quartiers pour saisir les armes et les stocks de drogue qui s'y trouvent, la police se heurtera à des formes de résistance violente que certains n'hésiteront pas à soutenir voire à sublimer...
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï