ActualitésVoici la vidéo de la réaction de Jean-Pierre Chevènement à l’annonce des résultats à 22 heures (selon les premières estimations, le "Non" réunit 55% des suffrages exprimés).Communiqué de Jean-Pierre Chevènement le 29 mai 2005
La victoire du non est une magnifique victoire dont le Peuple français peut être fier. Un mouvement puissant venu des profondeurs vient d’apporter un cinglant désaveu à des élites paresseuses et aveugles qui, depuis trois décennies, ont installé la France dans un chômage de masse. Il a fallu beaucoup de courage et de caractère aux Français pour en arriver là. Pour avoir mené depuis 1983 le combat pour une autre politique, je me sens moins seul ce soir.
Ce « non » retentissant est aussi un moment historique pour l’Europe. Aujourd’hui les peuples s’approprient enfin une construction qui s’était jusqu’à présent faite sans eux. C’est un premier pas décisif pour sa réorientation. La volonté du Peuple devra être respectée. Le Président de la République est le premier interpellé : Il lui appartient de proposer un grand plan de redynamisation de l’économie et de lutte contre le chômage à l’échelle européenne et d’abord au niveau des Douze de la zone euro. Il faut pour cela renégocier les dispositions des textes européens qui y font obstacle. Pour la gauche, la seule question qui se pose désormais à elle est celle de son rassemblement et de sa refondation sans tabou ni exclusive sur la base d’un projet rompant avec l’adaptation à la mondialisation libérale, enraciné dans la République et redonnant son sens pour la France, et pour l’Europe, à l’idée de progrès social. Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, 25 mai 2005
Chers Concitoyens,
Ayant été privé d’expression dans la campagne officielle, je souhaite m’adresser à celles et ceux d’entre vous qui hésitent encore quant à leur choix sur le projet de « Constitution européenne » sur lequel vous avez à vous prononcer le 29 mai prochain. Si vous votez oui, vous prenez un billet sans retour pour une destination que vous ne contrôlez pas. N’écoutez pas les hommes politiques de droite ou se disant de gauche qui vous demandent de constitutionnaliser des règles qui nous désarment face à une concurrence faussée. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ces règles nous enfonceraient toujours plus dans la régression économique et le chômage. Vous enfermeriez les générations futures dans un véritable carcan et vous ne pourriez rien changer en 2007. Si, au contraire, résistant aux pressions qui s’exercent de tous côtés, vous votez non, alors vous préservez votre liberté et vous ouvrez l’avenir. L’Europe, avec 10 % de chômeurs, détient le ruban bleu du chômage parmi les pays avancés. La zone euro, dans le même temps, est la lanterne rouge de la croissance mondiale : les orientations de la construction européenne ne sont pas si parfaites qu’elles ne puissent être revues ! Et pour cela vous n’avez pas d’autre moyen que de voter non. Le 29 mai, le peuple français votera par procuration pour tous les autres peuples qu’on a pris soin de ne pas consulter. La France ne sera pas seule : ces peuples ont les mêmes problèmes que nous : délocalisations industrielles, chômage, précarité. C’est donc la voix du Peuple que vous ferez entendre le 29 mai dans toute l’Europe. Ceux qui nous dirigent devront bien en tenir compte. Il est ridicule de prétendre qu’on ne pourra plus rien négocier. C’est le contraire qui est vrai : L’Europe tout entière a besoin d’un grand plan de relance économique, que cette « Constitution », telle qu’elle a été fabriquée, interdirait. En rejetant ce projet de « Constitution » qui nous enfermerait, la France ne sera pas isolée. Elle sera encore une fois en avance. Elle ouvrira le chemin vers une autre Europe, démocratique, solidaire et indépendante, car s’appuyant sur la volonté des peuples, épris de justice et de paix. Le « non » sera immensément utile : il permettra de redresser à la fois les orientations de la politique française et celles de la construction européenne. S’abstenir ce serait renoncer : vous le regretteriez toujours, si le piège devait se refermer. A la France, à la République, à l’Europe des peuples, pas une voix ne doit manquer le 29 mai : dites « non » avec résolution et confiance. Vous ouvrirez ainsi par votre détermination une nouvelle et grande page de notre Histoire ! Croyez, chers concitoyens, à mes sentiments républicains dévoués.
par Jean-Pierre Chevènement, Libération, 6 avril 2005
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