Jean-Pierre Chevènement a apporté son soutien à l'appel "Pour un salaire maximum" publié par l'hebdomadaire Marianne.
"Avec la crise économique a surgi le débat sur le salaire maximum qui aurait été jugé totalement ringard voici encore quelques mois.
Pourtant, cette proposition est de bon sens. Elle est même un symbole indispensable si les dirigeants veulent montrer qu’ils ont compris quelque chose au marasme actuel et qu’ils ne souhaitent pas que tout revienne «comme avant». Le salaire maximum, ou mieux, la rémunération maximale, intégrant bonus et primes, est presque une nécessité : le salarié le mieux payé d’une entreprise vit dans la même société que celui qui est le plus mal payé. Si le premier gagne, comme c’est le cas aujourd’hui, 300 ou 400 fois, voire 5 ou 600 fois plus que le second, il n’a aucune chance de comprendre son univers et donc de prendre des décisions raisonnables qui le concernent. Conscient du problème, l’écrivain George Orwell avait proposé que le salaire du chef d’entreprise ne puisse jamais être plus de dix fois celui de l’ouvrier le plus mal payé. Pour Henry Ford, qui avait deviné qu'il vaudrait mieux fabriquer des 2 CV que des Jaguar, la bonne proportion était 40 fois. Dans la France de 2009, cela représente environ 500 000 euros de rémunération annuelle, ce qui est déjà une somme motivante. Le plafond pourrait être instauré par la loi ou par une mesure fiscale comme aux Etats-Unis, taxant à 80 ou 90% les revenus au-delà d’un certain niveau. Bref, la méthode se discute, mais le principe doit s’imposer au législateur le plus vite possible."
Rédigé par Chevenement.fr le 5 Mai 2009 à 14:12
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Commentaires (4)
Intervention du sénateur Chevènement lors du débat du 30 avril 2009 consacré aux suites du G20 et de la crise financière internationale.
Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, mes chers collègues,
Nous n’avons pas tous la même analyse de la crise. Les divergences d’analyses sur les causes de la crise n’ont pas empêché le groupe de travail de formuler à l’unanimité des pistes de réforme concernant d’abord l’assainissement des relations avec les paradis fiscaux, bancaires et réglementaires, ensuite l’architecture de la supervision internationale et enfin la régulation des produits et acteurs financiers. Reconnaissons le d’abord, la réunion du G20 marque un progrès : car le G20 à la différence du G7, associe la plupart des grands pays émergents. Il reflète la nouvelle multipolarité du monde. Notre groupe de travail a souhaité le renforcement de son rôle politique et son institutionnalisation et cela paraît en bonne voie. Sur le fond, le G20 du 2 avril 2009 a pris des positions qui vont souvent dans le bon sens mais qui sont insuffisantes, voire pour certaines inappropriées : ainsi, l’assainissement des relations avec les paradis fiscaux, problème important mais qui n’est pas à la racine de la crise, prendra du temps et demandera une résolution sans faille. Celle-ci manque souvent, comme l’a rappelé Mme Bricq, s’agissant des propositions de messieurs Barroso et le commissaire Mac Creevy. De même la limitation de la réglementation des hedge funds à ceux qui ont une importance systémique pourra être facilement tournée. Joseph Stiglitz, dans une interview aux « Echos » observe qu’il n’y a, sur ce point essentiel, aucun engagement du fait de l’influence dans le système des banques américaines. Il ajoute qu’il n’y a pas de volonté réelle de venir à bout des facteurs qui ont contribué à la crise. Il cite, comme l’a fait excellemment remarqué le Président Arthuis, en particulier le traitement des produits dérivés qui ont pourri le système. (l'intégralité de l'intervention de Jean-Pierre Chevènement en vidéo) Ainsi Serge Ravanel nous a quittés. « Il est mort en combattant » m’a confié sa femme, c'est-à-dire comme il avait vécu.
Entré en Résistance à l’âge de 22 ans, il n’avait jamais reculé devant les risques les plus fous, comme chef national des groupes francs. Le colonel Ravanel restera comme le libérateur de Toulouse en août 1944.
Ce qui frappait le plus chez Serge Ravanel c’était pourtant son caractère réfléchi, sa recherche constante de la meilleure solution. Je revois son beau visage, son regard à la fois profond et vif, j’entends son élocution posée, développant la méthode qui lui paraissait la plus appropriée : bref il montrait la meilleur des qualités qu’on prête aux polytechniciens. Je l’ai vu appliquer toute son intelligence méthodique à la solution des problèmes de la recherche et de l’industrie françaises, quand il m’a fait l’honneur d’être à mon cabinet de 1981 à 1983. J’imagine très bien qu’il appliquait au combat les mêmes qualités. Les risques fous qu’il a pris ne l’étaient pas autant qu’ils le paraissaient : ils procédaient toujours, j’en suis sûr, d’une analyse complète et raisonnée des situations. Serge Ravanel était viscéralement un patriote. C’est cela qui le motivait fondamentalement. J’ajoute qu’il ne séparait pas le patriotisme de la recherche d’un progrès collectif partagé. Il aimait la justice et la France d’un même élan. Adieu, Serge. Nous perdons avec toi un grand Français et un grand Citoyen. Mais que dis-je ? Nous ne te perdons pas, car tu restes, pour tous ceux qui t’ont connu, un immortel exemple de vertu républicaine. (Billet à paraître dans La Jaune et la Rouge, la revue mensuelle des anciens élèves et diplômés de l'école Polytechnique)
Jusqu’à ses derniers jours, Serge Ravanel aura été un citoyen lucide, passionné par le destin de son pays, appliquant sa vaste intelligence à la recherche de solutions de progrès pour la société française.
Le Mouvement Républicain et Citoyen et tous ses amis s’inclinent devant cette haute figure de la Résistance et assurent son épouse de leurs sentiments de peine et de fraternité. Portrait de Jean-Pierre Chevènement par Philippe Plassart et Julien Tarby, paru dans Le Nouvel Economiste, 23 avril 2009, n°1473.
Conversation sous forme de confession politique avec le “Che”. Sous les ors de la salle des pas perdus du Sénat.
On ne s'attendait pas à retrouver le “Che” dans un fauteuil de sénateur. S'il avoue s'y trouver “un peu par hasard”, suite à une déconvenue électorale dans son bastion belfortain, il semble y avoir trouvé assez vite ses marques, fort de sa longue expérience de la vie politique. Qu'on l'aime ou pas, Jean-Pierre Chevènement figure parmi les plus lourds de la politique française. Il fut la cheville ouvrière de l'alliance avec le PC et le concepteur des 101 propositions qui allaient amener Mitterrand au pouvoir. Depuis lors, sa vie politique a été ponctuée par trois démissions gouvernementales, une sécession corps et bien d'avec le Parti socialiste, une campagne prometteuse à la présidentielle de 2002 qui le plaçait au statut enviable de “troisième homme” mais qui finira dans les décombres de la poussée lepéniste à moins de 6 %... Aujourd'hui, l'homme, outrage du temps passant, semble en avoir rabattu sur ses ambitions. Feinte ? “Même mort, je reviendrai”, prévient-il, reprenant la maxime latine devenue fétiche depuis sa résurrection post-comatique. Donnant la clé de sa longévité : “Pour survivre en politique, l'essentiel est d'être en harmonie avec soi-même et avec ce que l'on croit.” Et quand Jean-Pierre Chevènement, l'artisan des nationalisations de 1981, plaide aujourd'hui pour une politique industrielle et une programmation dans laquelle l'Etat aurait plus que son mot à dire, il prouve sa constance. Par Philippe Plassart et Julien Tarby Les actes du colloque du 14 février 2009 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Agenda et médiasPoursuite du cycle de colloques de la Fondation Res Publica lundi 27 avril 2009 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.
Avec la participation de :
Article de Jean-Pierre Chevènement, paru dans la revue "Hors les murs" des anciens élèves de l'ENA, avril 2009.
Finie l’ère du tout marché, du principe de la concurrence libre et non faussée, de l’interdiction des aides d’Etat, de la prohibition des déficits et des endettements excessifs ! Depuis l’automne 2008, la « main invisible » censée réaliser l’optimum social pourvu que l’autorité publique ne s’en mêlât point n’inspire plus confiance. Les dieux du Marché sont tombés de leurs autels. Les grands prêtres se sont tu. La foule qui se prosternait à l’énoncé de vérités éternelles qui tombaient de leurs bouches a déserté leurs temples.
L’Etat est revenu avec ses gros sabots pour assurer plans de refinancement et plans de relance face à la dépression. C’est celle-ci qui a conduit, en catastrophe, les politiques, libéraux de doctrine ou fraîchement convertis, à changer de pied devant les foules éberluées. « A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». C’est par centaines de milliards de dollars ou d’euros que s’énoncent les plans destinés à sauver les banques de la faillite. Les pays anglo-saxons ne reculent pas devant les nationalisations. D’autres, de tradition moins libérale, comme la France, se bornent paradoxalement à prêter à leurs banques à des taux presque usuraires pour qu’elles continuent de financer l’économie à des taux bien inférieurs. Comprenne qui pourra : La plus grande de nos banques par exemple qui continue de déclarer des bénéfices, s’endette à grands frais auprès de l’Etat et rachète dans le même temps des activités bancaires dans les pays voisins. Dans tout cela flotte comme un air d’improvisation. Les doctrinaires du désendettement public viennent maintenant expliquer qu’il y a « la bonne dette » à côté de la mauvaise, et que l’explosion des déficits n’est en fait qu’une illusion d’optique. Après les plans de refinancement viennent les plans de relance, dont l’effet paraît nul, tant le bruit sourd d’un effondrement continu monte des profondeurs de l’économie : deux millions et demi d’emplois supprimés aux Etats-Unis en quelques mois. Un million de chômeurs supplémentaires en Espagne en moins d’un an. En un trimestre, les ventes et la production d’automobiles plongent presque partout de 40 %. |
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