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Colloque de la Fondation Res Publica : Crise du libre-échange mondial : comment en sortir ?


Poursuite du cycle de colloques de la Fondation Res Publica lundi 27 avril 2009 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.


Colloque de la Fondation Res Publica : Crise du libre-échange mondial : comment en sortir ?
Avec la participation de :
  • Jean-Luc Gréau, économiste, auteur de La trahison des économistes (Gallimard, 2008)
  • Hakim el Karoui, banquier d’affaires, auteur de L’avenir d’une exception (Flammarion, 2006)
  • Jacques Sapir, directeur d'études à l'EHESS, auteur de Le nouveau XXIè siècle (Seuil, 2008).
  • Jean-Marc Daniel, professeur d'économie à l'ESCP-EAP et directeur de la revue Societal
  • Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

    Sur le sujet, voir le blog www.protectionnisme.eu.

    Inscrivez-vous à l'adresse électronique res-publica@wanadoo.fr (Merci de préciser vos nom et coordonnées complètes). Pour consulter les travaux de la Fondation Res Publica, fondation reconnue d'utilité publique par décret du 30 décembre 2005, une seule adresse : www.fondation-res-publica.org.



Rédigé par Chevenement.fr le Vendredi 17 Avril 2009 à 11:00 | Lu 4823 fois



1.Posté par BA le 02/04/2009 10:52
Monsieur Dupont a déposé toutes ses maigres économies à la banque BNP Paribas.

Monsieur Dupont est client de la banque BNP Paribas depuis de très longues années.

Monsieur Dupont a toujours été fidèle à la banque BNP Paribas.

Monsieur Dupont a été très en colère quand les dirigeants de la banque BNP Paribas ont joué à l’économie-casino avec ses maigres économies.

Monsieur Dupont a été très en colère quand les contribuables français ont dû verser des milliards d’euros pour sauver la banque BNP Paribas de la faillite.

Mais aujourd’hui, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Monsieur Dupont vient d’apprendre que, rien que pour l’année 2008, la banque BNP Paribas avait provisionné une retraite supplémentaire de 28,6 millions d’euros pour les trois dirigeants de BNP Paribas.

Rien que pour l’année 2008.

Monsieur Dupont va immédiatement fermer tous ses comptes à la banque BNP Paribas.

Monsieur Dupont va déposer toutes ses maigres économies à la Banque Postale.


http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/04/02/pour-les-dirigeants-de-bnp-paribas-la-retraite-s-annonce-doree_1175571_1101386.html

2.Posté par BA le 06/04/2009 08:43
Dans le premier acte de cette comédie, les spectateurs ont assisté à une scène très amusante. Aux Etats-Unis, le 2 avril 2009, les banquiers ont convaincu le Congrès de voter une nouvelle norme comptable ! Cette nouvelle norme comptable s’appelle la FAS 157-e.

Elle permet aux banquiers américains de maquiller leurs comptes. Elle permet aux banquiers américains de présenter des résultats trimestriels en hausse de 20 %, comme ça, comme par magie !

Abracadabra ! Fouchtra !

AU PAYS DES MIRACLES COMPTABLES.

Le 2 avril ne sera peut-être pas reconnu, plus tard dans les livres d’histoire, comme la date d’un sommet international décisif des chefs d’Etat, mais comme celle de l’adoption de la réglementation FAS 157-e par le Congrès américain. Résultat d’un travail de lobbying intense et de longue haleine, tardif mais salutaire aux yeux de certains, aux lourdes conséquences aux yeux d’autres. L’œuvre de l’action déterminée de la US Chamber of Commerce et de l’American Bankers Association, ces deux fleurons de l’Amérique.

Arthur Levitt, ancien président de la SEC, vient de déclarer à ce propos : « ce qui me perturbe le plus à propos de l’initiative de la FASB (l’organisme qui fixe les règles en matière de comptabilité, à l’origine de la nouvelle réglementation) est qu’elle semble résulter de menaces indignes de membres du Congrès, qui sont redevables à des représentants d’entreprises ».

D’après l’agence Bloomberg, Robert Herz, responsable de la FASB, a récemment déclaré à un groupe d’avocats « j’ai reçu des appels téléphoniques et eu des visites de certaines de ces institutions qui sont dorénavant dans les mains du gouvernement, à peu près deux semaines avant qu’elles ne soient récupérées, essayant de modifier leurs comptes ».

Fort de cette nouvelle réglementation, les banques vont désormais pouvoir « retravailler leur bilan » et s’installer légalement dans une situation jusqu’alors inconfortable, dissimulant la vérité de leurs comptes. Paul Volcker, ex président de la Fed, considérait dernièrement, du haut de son autorité et afin de favoriser l’adoption de cette nouvelle réglementation, que « les principes et standards de valorisation devraient être réévalués, en vue d’adopter des directives plus réalistes afin de traiter des instruments peu liquides sur des marchés affaiblis ».

Conséquence désormais acquise, les résultats des banques vont être « dopés », leur évitant de procéder à des dépréciations et des recapitalisations. Robert Willens, un ancien directeur de Lehman Brothers Holdings Inc. considère que l’application de cette nouvelle norme va en effet améliorer de 20 % en moyenne les résultats des banques.

Est-ce dire que cela va entraîner le retour à la « transparence » rétablissant la « confiance » ? Cela risque, tout au contraire, d’accroître la suspicion sur les comptes des banques, déjà très grande, avec pour conséquence la poursuite du blocage du marché interbancaire du crédit, ainsi qu’en général celui du crédit. Tim Blackshall, stratégiste en chef chez Credit Derivatives Research remarque : « nous savons bien que le ‘matériel’ est toujours dans les comptes ».

A propos des incidences de cette nouvelle situation vis à vis du plan Geithner de sauvetage des banques, les avis divergent également. Les uns considèrent que la valorisation supérieure des actifs toxiques qui va en résulter va y faire obstacle, car les banques n’auront plus de raison de les vendre.

Christopher Hoeffel, président de la Commercial Mortgage Securities Association remarque que certains banquiers disent déjà : « je ne veux pas vendre cet actif, parce que le prêt est peut-être encore bon. Lorsqu’il viendra à maturité, je récupérerais peut-être mon argent » ; ce raisonnement ne peut que sortir renforcé par les nouvelles dispositions. Robert Willens considère pour sa part que la nouvelle règle de la FASB empêchera les gens de faire ce que le Trésor attend d’eux, c’est-à-dire vendre leurs actifs. D’autres estiment que cela pourrait permettre au contraire aux banques d’en obtenir un meilleur prix, tandis qu’elles pourraient de l’autre main devenir acheteuses, sous couvert de structures sous leur contrôle, bénéficiant alors d’une garantie financière de la FDIC les couvrant très largement.

Le monde financier s’installe dans le déni et maquille ses comptes.

Ne sachant pas quoi faire de ces actifs, le plan Geithner allant mettre du temps (six mois) à entrer en vigueur et à produire des effets, ses résultats étant incertains, l’adoption de la norme FAS 157-e va avoir un résultat immédiatement tangible : desserrer l’étau sur les plus estimables établissements de la place financière de New York. Leur permettant de faire face à une nouvelle crise du crédit, celle des cartes de crédit dont le taux de défaut grimpe très vite, avec de fâcheuses conséquences pour les produits financiers qui ont ces prêts comme collatéral. Il était, de ce point de vue, urgent de faire vite.

Tom Sowanik, responsable des investissements chez Clearbrook Financial, en a déjà tiré toutes les conséquences pour sa clientèle : « je crois que les investisseurs devraient commencer à estimer les actions des institutions financières et des banques ».

François Leclerc.

http://www.pauljorion.com/blog/?p=2638

Deuxième acte de cette comédie :

Les banques européennes sont scandalisées ! Les banques européennes veulent pouvoir maquiller leurs comptes, elles-aussi ! Elles sont donc en train de faire le forcing auprès des gouvernements européens pour pouvoir utiliser la même entourloupe !

C’est humain, après tout !

Pourquoi les banquiers américains seraient-ils les seuls à mentir sur l’état réel de leurs banques ?

Pourquoi les banques européennes n’auraient-elles pas le droit de magouiller, elles-aussi ?

Pourquoi les banques européennes n’auraient-elles pas le droit de présenter des résultats trimestriels en hausse de 20 %, comme par magie ?

Banques : les Européens demandent un assouplissement des normes comptables.

Les pays européens ont réclamé samedi 4 avril un assouplissement très rapide des normes comptables appliquées à leurs entreprises, les banques en particulier, afin qu’elles ne soient pas désavantagées par rapport à leurs concurrentes américaines.

L’association qui fixe les normes comptables aux Etats-Unis, le FASB, a assoupli jeudi 2 avril de manière unilatérale les règles d’évaluation des actifs. Objectif : soulager les bilans des banques américaines, plombées par les actifs "toxiques", afin qu’elles puissent recommencer à fonctionner normalement et notamment à financer l’activité économique via des prêts.

Les Européens veulent bénéficier d’un traitement équivalent. Mais la procédure est plus lourde. Les normes comptables de l’Union Européenne dépendent d’un organisme supra-national, l’IASB, qui les fixe non seulement en Europe, mais dans la plupart des pays hors des Etats-Unis.

A l’issue d’une réunion à Prague, les ministres européens des Finances ont donc publié un communiqué dans lequel ils ont "appelé l’IASB à coopérer étroitement avec le FASB (américain) pour répondre immédiatement à ces problèmes". L’objectif doit être "d’obtenir un traitement équivalent et l’application de critères identiques afin d’éviter des risques de voir émerger des distorsions de concurrence", dit le texte.

"Il faut quand même que tout le monde soit placé sur un pied d’égalité", a déclaré la ministre française de l’économie Christine Lagarde. "En urgence, nous leur demandons d’examiner les modifications à apporter sur la question de la valorisation des actifs illiquides", a-t-elle ajouté.

"Nous ne voulons pas qu’apparaisse subitement un déséquilibre transatlantique", lui a fait écho son collègue allemand Peer Steinbrück. C’est la raison pour laquelle "nous demandons des mesures analogues, plus flexibles, pour les banques européennes exerçant en Europe", a-t-il ajouté.

La règle jusqu’ici en vigueur, dite de "mark-to-market", oblige les institutions financières à évaluer très vite leurs actifs à leur valeur de marché. Dans les cas des actifs "toxiques" à l’origine de la crise financière mondiale, qui ne trouvent plus preneurs auprès des investisseurs aujourd’hui, les banques doivent ramener cette valeur à pratiquement zéro, ce qui plombent leurs bilans et obère leur capacité à octroyer des prêts ou à investir. Ce mécanisme a eu effet boule de neige (effet "pro-cyclique" dans le vocabulaire des économistes) dans la crise financière mondiale.

Il faut "faire en sorte de supprimer ces effets pro-cycliques, ou à tout le moins de les amoindrir", a souligné M. Steinbrück.

En octobre 2008, au plus fort de la crise bancaire, l’IASB avait déjà une première fois assoupli ses normes comptables en vigueur, à la suite des Etats-Unis, afin de limiter précisément les dépréciations automatiques d’actifs. Mais les nouvelles mesures dont il est question aujourd’hui pour l’Europe iraient plus loin.

http://www.lesechos.fr/info/finance/afp_00136043-banques-les-europeens-demandent-un-assouplissement-des-normes-comptables.htm

3.Posté par BA le 18/04/2009 23:27
Une comédie en deux actes.


1- Premier acte : le 2 avril 2009, pendant que le monde entier a les yeux tournés vers le G20 à Londres, le Congrès vote une nouvelle norme comptable sous la pression des banquiers étatsuniens. Cette nouvelle norme comptable s'appelle la FAS 157-e. Elle permet aux banquiers étatsuniens de présenter, d'un seul coup de baguette magique, des résultats en hausse de 20 % !

Ce premier acte est raconté à cette adresse :

http://www.pauljorion.com/blog/?p=2638

Ce premier acte est raconté à cette adresse pour les anglophones :

http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601109&sid=awSxPMGzDW38&refer=home



2- Deuxième acte : à partir du 9 avril 2009, les banquiers étatsuniens présentent leurs résultats trimestriels. Miracle ! C'est un miracle ! A chaque fois, je dis bien : A CHAQUE FOIS, les journalistes écrivent que ces résultats sont en hausse, que ces résultats sont une surprise, qu'ils sont supérieurs aux attentes des analystes financiers, etc.

La banque Wells Fargo :

http://www.lesechos.fr/info/finance/300342562-wells-fargo---resultats--record--en-vue-qui-font-esperer-la-fin-de-la-crise.htm

La banque Goldman Sachs :

http://www.lesechos.fr/info/finance/4853992.htm

La banque JPMorgan Chase :

http://www.lesechos.fr/info/finance/300343645-jpmorgan-chase-a-degage-2-1-milliards-de-dollars-de-profits-au-premier-trimestre.htm

La banque Citigroup :

http://www.lesechos.fr/info/finance/reuters_00139780-citigroup---les-trimestriels-rassurent.htm

Paul Krugman, prix Nobel d’Economie 2008, vient d’écrire qu’il trouvait ces résultats des banques surprenants, et pour tout dire un petit peu … comiques !

« The biggest positive news in recent days has come from banks, which have been announcing surprisingly good earnings. But some of those earnings reports look a little ... funny. »

http://www.nytimes.com/2009/04/17/opinion/17krugman.html?_r=2

Paul Krugman n’est pas dupe de cette comédie.

Au troisième acte de la comédie, les spectateurs vont jeter des tomates aux banquiers en leur criant : « Chiqué ! Remboursez ! »

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