Carnet de Jean-Pierre Chevènement



J’apprends avec beaucoup de peine le décès d’Evgueni Primakov, qui fut un grand serviteur de la Russie comme Premier Ministre et plus généralement dans les affaires internationales. Primakov est un nom que l’Histoire n’oubliera pas. A sa famille, à ses proches et au gouvernement russe, j’adresse mes condoléances attristées.
Mots-clés : russie

le 29 Juin 2015 à 16:27 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Talk Le Figaro-Orange, mardi 22 juin 2015. Il répondait aux questions de Yves Thréard.


Verbatim express :

  • François Hollande se fie aux astres parce que les taux d'intérêts, le cours de l'euro et celui du pétrole, favorisent une légère reprise de la croissance. Mais cela ne va pas changer substantiellement le niveau du chômage. Je pense qu'il ne faut pas confondre la carte et le territoire, la réalité – 600 chômeurs de plus – et plus la réalité qu'on peut en donner à la faveur de l'inflexion d'une courbe.
  • L'enjeu, c'est la reconquête par la France de sa compétitivité. Le jour où on verra un excédent de notre balance commerciale, là, on pourra dire : nous sommes sur le bon chemin.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé aux Dernières Nouvelles d'Alsace, vendredi 19 juin 2015.


"Pourquoi j'ai repris ma liberté"
DNA : Dans quel état d’esprit êtes-vous après avoir démissionné du MRC, que vous aviez fondé ?
Jean-Pierre Chevènement : Je suis à la fois peiné et soulagé, dans l’état d’esprit de quelqu’un qui estime qu’il vaut mieux explorer un chemin certes difficile mais nouveau que de s’entêter dans une impasse. Un parti, surtout s’il est très petit, est prisonnier de sa logique. Moi je suis enfin libre. J’ai toujours vécu à voix haute et je continuerai à m’exprimer sur tous les sujets qui concernent l’avenir de la France : la monnaie unique, la crise grecque, la désindustrialisation, le chômage, la crise ukrainienne, le terrorisme et Daech, etc. Je garde le contact avec tous ceux qui cherchent une issue authentiquement républicaine aux problèmes du pays, sans exclusive.

Vous avez cosigné un appel contre la réforme du collège avec Luc Ferry et François Bayrou, deux ex-ministres de l’Éducation comme vous, mais dans des gouvernements de droite. Pourquoi ?
Tout ancien ministre de l’Éducation Nationale a une responsabilité vis-à-vis de la jeunesse qui transcende les clivages partisans. L’école, est une institution de la République. Elle doit former des citoyens, par la transmission des savoirs et des valeurs. Or, la réforme des collèges ne va pas du tout dans ce sens. Elle s’inscrit dans la continuité d’une tout autre inspiration dite « pédagogiste », ou si vous préférez soixante-huitarde : l’objectif n’est plus la transmission des connaissances, mais le façonnement d’un homme nouveau. Utopie ruineuse, qui explique en grande partie l’affaissement de l’école depuis deux décennies ! La réforme des collèges supprime 20 % des enseignements disciplinaires pour mettre à la place des « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) dont le flou est révélateur : « corps, santé, bien-être et sécurité », « monde économique et professionnel », « transition écologique et développement durable »… Bref, du chewing-gum !

Vous défendez « l’élitisme républicain ».
Oui, je définis celui-ci comme « la possibilité donnée à chacun d’aller au bout de ses capacités ». C’est cela l’égalité, et non pas l’égalitarisme niveleur. Je reprends à mon compte l’objectif assigné à l’École à la Libération par Paul Langevin, qui était communiste : « La promotion de tous et la sélection des meilleurs. » Pourquoi supprimer le latin et le grec qui nous rattachent aux origines de notre civilisation, ou les classes bilangues qui ont permis d’enrayer le déclin de l’allemand ? Un enseignement de qualité tirera tous les élèves vers le haut, alors que la théorie qui a consisté, depuis la loi d’orientation de 1989, à « mettre l’élève au cœur de l’école » et non plus le Savoir, nous donne aujourd’hui, à la sortie, le sauvageon.

le 19 Juin 2015 à 13:52 | Permalien | Commentaires (3)
La reconduction des sanctions prises à l’encontre de la Russie depuis septembre 2014 a été décidée le 17 juin au niveau des Ambassadeurs de l’Union européenne.

Cette décision qui doit être entérinée lundi 22 juin par les ministres des Affaires étrangères, puis par les Chefs d’Etat et de gouvernement n’est ni juste ni raisonnable. Elle n’est pas juste parce que la non-application des accords de Minsk II résulte essentiellement du refus de l’Ukraine d’appliquer leur volet politique concernant la décentralisation des régions russophones de l’Est.

Elle n’est pas non plus raisonnable. Nos exportations vers la Russie, composées aux deux tiers de produits de haute technologie ont déjà chuté de 9 à 6,7 Milliards d’euros de 2012 à 2014, soit du quart. Pour le premier trimestre de 2015 elles chutent encore du tiers (-33,6 %) par rapport au premier trimestre 2014.

L’institut autrichien Wifo évalue à un point du PIB en 2015 l’impact négatif sur la croissance allemande et à 0,5 % et 15 000 emplois de moins l’impact sur la France. C’est l’ensemble du commerce extérieur qui est grippé et pas seulement les secteurs visés par les sanctions, du fait de la frilosité des banques elles-mêmes tétanisées par l’application extraterritoriale et arbitraire du droit américain.

Il me semble que la voix de la France devait se faire entendre et pas seulement celle de la Grèce, pour refuser une politique qui, à travers l’Union européenne, fait de notre politique étrangère l’otage de la politique américaine.

le 19 Juin 2015 à 13:46 | Permalien | Commentaires (4)
M. Jean-Pierre Chevènement, ancien Ministre, a déclaré :

« Le Club République moderne, créé en 1983 a renouvelé ses instances lundi 15 juin 2015. Son bureau est ainsi composé :

Président : Jean-Pierre Chevènement
1ère Vice-présidente : Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne
Vice-présidents : Christian Hutin, député du Nord, Christine Meyer, conseillère régionale des Pays de Loire, Jean-Yves Autexier, ancien parlementaire
Secrétaire générale : Estelle Folest, cadre supérieure
Secrétaire général adjoint : Claude Nicolet, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais
Trésorier : Gérard Pierre, universitaire
Trésorier adjoint : Marie-Pierre Logelin, professeur

Le Club République moderne prendra l'initiative à la rentrée d'un débat ouvert sur le thème «  Europe et souveraineté  ».

Jean-Pierre Chevènement
Mots-clés : république moderne

le 18 Juin 2015 à 16:09 | Permalien | Commentaires (14)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au Parisien, lundi 15 juin 2015. Propos recueillis par Martine Chevalet.


"Je veux un dialogue de Melenchon à Dupont-Aignan"
Le Parisien : Maintenant, que voulez-vous faire ?
Jean-Pierre Chevènement : Il faut créer un mouvement d’idées alternatif qui transcende les sensibilités historiques car on ne sortira pas la France de l’ornière sans cela. Le clivage gauche-droite ne correspond plus à la réalité depuis que la droite, tournant le dos au gaullisme, et la gauche, au projet de transformation sociale d’où est tirée sa légitimité, se sont retrouvées sur un projet soi-disant européen mais profondément régressif. On en voit aujourd’hui les résultats. Ce qui est en jeu c’est le redressement de la construction européenne à partir de ses nations et sur la base d’un projet « d’Europe européenne », pour reprendre l’expression du général de Gaulle.

Concrètement, qu’est-ce qui motive votre départ du MRC ?
J’ai essayé en vain de faire bouger la direction du MRC. Je lui ai proposé d’être le fer de lance d’une alternative républicaine dans une démarche de rassemblement sans sectarisme. Mais c’est un petit parti prisonnier de sa logique. C’est pourquoi le débat y a été étouffé. Pour ma part, je compte relancer le club République moderne que j’ai fondé en 1983 après avoir quitté le gouvernement.

Mais pourquoi vouloir privilégier Dupont-Aignan ?
Je suis partisan d’un dialogue sans exclusive et sans sectarisme avec tous ceux qui souhaitent une alternative républicaine, de Mélenchon à Dupont-Aignan. Je ne veux pas précipiter à la trappe les hommes et les femmes qui composent les partis de gouvernement, mais leur logiciel est complètement périmé. Ils doivent renouveler leur grille de lecture du monde.

Source : Le parisien

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFMTV mercredi 10 juin 2015. Il répondait aux questions de Ruth Elkrief.


Sur le voyage de Manuel Valls à Berlin
  • Manuel Valls n'a commis aucune faute. Je trouve cette polémique ridicule et dégradante à beaucoup d'égards.
  • Manuel Valls était invité à Berlin par Michel Platini, il y est allé, il a pris un avion, et il y avait de la place, il a pris ses enfants avec lui. Je pense qu'un Premier ministre est un homme très occupé, il a peu le temps de voir ses enfants, donc c'est tout à fait normal, et cela n'a pas coûté un rond de plus. L'avion devait voler dans tous les cas, il y avait des places libres...
  • Le Premier ministre a été invité par le président de l'UEFA. Je trouve que c'est un déplacement officiel, ce n'est pas un déplacement privé.
  • Il faut arrêter de ramener la politique à moins que des faits divers : c'est de la politique fiction, c'est de l'émotion mal contrôlée. Il faut essayer de se centrer sur les grands sujets.
  • Le niveau de la politique a tellement baissé que les Français se détournent des partis politiques, qui leur tiennent tous le même langage, ne leur offrent plus de perspectives, de discours mobilisateurs. Mais le décri systématique des hommes politiques, dont certains sont des gens non seulement intègres, mais travailleurs, me paraît également injuste.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à Nice-matin, vendredi 5 juin 2015. Propos recueillis par Thierry Prudhon.


"Le PS ne peut plus se dire socialiste"
Nice-matin : Quel regard portez-vous sur la gauche française aujourd'’hui ?
Jean-Pierre Chevènement : Elle est aujourd'’hui clairement en fin de cycle. Depuis le référendum de 1992 sur le traité de Maastricht et en fait depuis 1983, le Parti socialiste refondé à Epinay en 1971 ne peut plus se dire socialiste, ce que Manuel Valls a d'’ailleurs entériné quand il a proposé que le Parti socialiste change de nom. Le PS bénéficie d'’une rente de situation institutionnelle : il revient aux affaires quand le rejet de la droite est trop fort, en 2012 par exemple. A défaut de projet social, il propose des réformes sociétales. Depuis 1984, le Front National file sa pelote. Jean-Luc Mélenchon, malgré ses qualités de tribun, a échoué à faire surgir un « Syriza » à la française. Nous allons donc entrer dans une zone de tempêtes politiques. Le monde a profondément changé. Et la gauche française n’a pas su renouveler son offre.

Pensez-vous que les Frondeurs puissent faire imploser le PS ?
Les Frondeurs n’ont pas su élaborer un logiciel qui les distingue vraiment de la majorité du PS, notamment sur l’'Europe.

Globalement, comment jugez-vous les trois premières années du quinquennat de François Hollande ?
François Hollande a hérité d’'un pays à la compétitivité très dégradée. Avec le rapport Gallois fin 2013, il a su formuler le bon diagnostic. Mais les mesures prises pour la reconquête de la compétitivité de l'’économie française sont insuffisamment ciblées sur l'industrie. De bonnes mesures sont intervenues récemment, comme l’'amortissement dégressif des investissements qui peuvent aider nos entreprises à se moderniser. En matière de technologies numériques, nos entreprises sont très en retard sur leurs concurrentes allemandes et italiennes. Emmanuel Macron a formulé un plan intéressant concernant « l’'usine du futur ». Mais notre solde commercial manufacturier, la vraie mesure de la compétitivité française, s'’est encore dégradé en 2014. L'’appareil productif français s'’est élimé. Depuis 2009, 1200 usines ont été fermées, 600 à peine ouvertes. La petite reprise actuelle se traduit par un gonflement des importations et une nouvelle dégradation du solde commercial. Il faut des mesures plus énergiques : par exemple exiger de Bruxelles que le « Crédit d'’impôt compétitivité emploi » (40 milliards d’euros) soit réservé aux entreprises industrielles et ne bénéficie pas aux banques et aux grandes surfaces qui n'’exportent pas. Les exportations, ce sont des biens industriels exclusivement. Par mollesse et par idéologie, nous acceptons la voie sans issue de la « dévaluation interne ».
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