Entretien de Jean-Pierre Chevènement paru dans le JDD, dimanche 30 août 2015. Propos recueillis par Dominique de Montvalon.


"Il faut rassembler les républicains des deux rives"
Le JDD : L’Europe apparaît impuissante devant l’afflux massif de migrants. Un afflux qu’elle n’a pas su prévoir...
Jean-Pierre Chevènement : Et pourtant rien n’était plus prévisible ! Il suffit de connaître les écarts en matière de richesses et surtout de démographie. Encore n’eût-il pas fallu créer le désordre dans la plupart des pays-sources. Je m’explique :  de quel pays viennent principalement ces migrants ? Dans l’ordre : d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan.  Trois pays où des interventions occidentales inconsidérées ont jeté bas des Etats qui maintenaient un ordre peut-être contestable, en tout cas un ordre. Exemple le plus impressionnant : l’Irak. Aujourd’hui, plus d’Etat, ni d’armée et de police dignes de ce nom. A la place : des démembrements confessionnels affrontés l’un à l’autre. L’Irak occidental peuplé de sunnites a été, en 2005-2006, jeté dans les bras d’Al-Qaïda et aujourd’hui dans ceux de Daech. Ce n’est pas tout : j’observe aussi qu’il y a beaucoup de demandes d’asile venant du Kosovo, de Serbie, d’Albanie. Au Kosovo, l’intervention de l’Otan a eu pour résultat de faire surgir un Etat semi-maffieux.

Vous ne citez pas la Lybie…
J’y venais. La Lybie faisait office de filtre pour les migrants venus de l’Afrique sub-saharienne. L’intervention en Lybie n’a donc pas été heureuse : elle a fait de la Lybie un espace dominé par des milices tribales. Tout le Sahel a été déstabilisé par l’afflux d’armes libyennes et de milices khadafistes.

Quelles leçons en tirez-vous ?
D’abord, que l’Occident serait bien inspiré d’observer le principe de non-ingérence, qui figure d’ailleurs dans la charte de l’Onu. L’utilisation de la force peut être justifiée – c’était le  cas pour l’opération Serval au Mali - mais sous strict contrôle de l’Onu. Seconde leçon : il faut distinguer en matière d’immigration les demandeurs d’asile –qui ont droit au statut de « combattants de la liberté »- et l’immigration économique qui peut d’ailleurs être, elle aussi, dans certains cas, justifiée. Voyez le nombre de professions dont les Français ne veulent pas et qui sont exercées par des immigrés ! Cela étant, tout pays est libre d’accorder ou de refuser à des étrangers le droit de s’installer sur son territoire. A l’avenir le co-développement avec les pays-sources est la seule solution au problème de l’immigration.

Dépêche AFP, 29 août 2015.


L'ex-ministre Jean-Pierre Chevènement, qui a quitté le MRC, annonce dimanche au JDD qu'il organisera une "rencontre" le 26 septembre à l'Assemblée nationale autour du thème "Europe et souveraineté" avec plusieurs personnalités dont Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg et Nicolas Dupont-Aignan.

"Le débat seul fera bouger les lignes", déclare l'ancien ministre souverainiste, qui juge aussi que la France ne pourra pas "sortir de l'ornière" si "on ne rassemble pas les républicains des deux rives".

Le rendez-vous qu'il annonce se déroulera sous l'égide de "République moderne", un club qu'il a créé en 1983.

Outre le cofondateur du parti de gauche, l'ancien ministre socialiste de l'Economie et le président du mouvement Debout la France (DLF), la rencontre accueillera aussi plusieurs personnalités comme les philosophes Régis Debray et Alain Onfray, ainsi que le professeur au Collège de France, Alain Supiot.

Jean-Pierre Chevènement, qui prône depuis plusieurs mois une sortie du "clivage droite-gauche", a été accueilli samedi à l'université d'été de Debout la France par Nicolas Dupont-Aignan, qui a salué en lui "la plus gaullienne des personnalités de gauche".

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, mercredi 26 août 2015. Il répondait aux questions de Nicolas Poincaré, Serge July, Arlette Chabot et Olivier Duhamel.


Verbatim express :

Partie 1
  • L'Europe a connu dans les années 1992 un afflux massif de réfugiés en provenance de l'ex-Yougoslavie. Aujourd'hui, nous avons des réfugiés qui viennent principalement d'Irak, de Syrie et d'Afghanistan, des pays qui ont été déstabilises par des interventions occidentales. Je ne veux pas revenir non plus sur les affaires yougoslaves, mais disons que le démantèlement de la Yougoslavie était contraire aux traités dont l'encre était à peine sèche.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, lundi 17 août 2015. Il répondait aux questions de Patrick Roger.


Verbatim express

  • Le Président de la République doit intervenir dans la gestion de la crise agricole parce qu'il faut s'acheminer vers une solution. La solution, elle est dans nos rapports avec la Russie – il faut arriver à lever l'embargo et les sanctions. Et la solution, elle est avec l'Allemagne, car les conditions de concurrence sont trop inégales, du fait de l'utilisation par les exploitations allemandes d'une main d’œuvre à très bas coût venant d'Europe centrale et orientale, créant une distorsion de concurrence.
  • Il ne faut pas partir de l'idée que la France a perdu de son influence. C'est à la France de faire preuve de volonté, d'intelligence, de peser. La définition de l'Europe nous appartient autant qu'aux Allemands.
  • Le déficit commercial avec l'Allemagne oscille entre 20 et 30 milliards d'euros. C'est préoccupant. Cela veut dire que nous avons laissé se dégrader notre appareil productif. C'est ça le problème de fond que le gouvernement aborde, puisqu'il a mis la compétitivité de l'économie française au premier rang de ses préoccupations. Utilise t-il les bonnes méthodes ? Personnellement, j'en doute.
  • Le système de la monnaie unique enrichit les riches et appauvrit les pauvres, creuse les écarts, accroît les divergences, ne favorise pas les convergences. C'est ma thèse depuis des années, et elle se vérifie. Tout ce qui se passe aujourd'hui correspond à mes prévisions, corroborée par tous les grands économistes aujourd'hui.
  • L'Europe décline dans les échanges internationaux. Nous mêmes, nous déclinons au sein de l'Europe.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Itélé, dimanche 2 août 2015. Il répondait aux questions de Jean-Alexandre Baril.


Verbatim express :

Sur l'immigration irrégulière
  • Il y a une certaine hypocrisie sur ce dossier. D'une part on ne peut que plaindre les migrants, manifester de la compassion pour leur sort. D'autre part on affirme notre indignation pour les passeurs, notre volonté de réprimer leur activité criminelle. Mais on n'empêchera pas les migrants de passer à travers les mailles du filet.

Les actes du colloque du 1er juin 2015 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Quel modèle de réindustrialisation pour la France ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.

Les actes du colloque du 13 avril 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica: "L'euro est-il soutenable ? Le nouveau test de la Grèce"
  • Accueil par Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica
  • Le noeud coulant par Jean-Michel Quatrepoint, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, journaliste économique
  • Conclusion de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica

le 16 Juillet 2015 à 16:06 | Permalien | Commentaires (3)
L’accord passé avec la Grèce est un mauvais accord qui aggravera la récession de l’économie grecque. Mais c’est une moins mauvaise issue qu’un Grexit inamical que les efforts de François Hollande auront au moins permis d’éviter.

Sur le fond rien n’est réglé. La Grèce est l’arbre qui cache la forêt : c’est la monnaie unique qui est malade. Une maladie congénitale car elle juxtapose sous son toit des économies trop hétérogènes.

Il faut réformer la monnaie unique, mais où sont pour ouvrir ce chantier la hauteur de vue et le réalisme nécessaires ?

C’est la lourde responsabilité de l’Allemagne et de la France de proposer cette réforme pour remettre l’Europe tout entière sur un sentier de croissance partagée. Il faudra lucidité et courage. C’est ce que nous pouvons souhaiter de mieux à ceux qui nous dirigent.
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