Verbatim express :
Première partie
Première partie
- L'Europe ne peut pas se désintéresser de la Grèce. Par conséquent il faut sortir la Grèce de l'ornière où elle s'enfonce depuis cinq ans, parce que ce que nous constatons, c'est l'échec de la médecine concotée par Mme Merkel et M Sarkozy à l'époque, aboutissant à une diminution d'un quart du PIB grec. Ce n'est quand même pas rien ! C'est donc un échec.
- Ce que j'ai entendu tout à l'heure, c'est à dire un système provisoire, qui permette de tenir un mois de plus, me paraît tout à fait raisonnable. On ne va pas jeter la Grèce hors de la zone euro, sans prendre en compte toutes les difficultés que comporteraient la recréation d'une euro-drachme, même si elle était liée à l'euro par un rapport à définir. Mais cela doit permettre à la Grèce de retrouver un sentier de croissance.
- Le problème n'est pas celui de la Grèce, mais de l'euro. L'euro est une mauvaise monnaie, c'est à dire mal conçue dès le départ, qui juxtapose des pays qui sont très hétérogènes, très différents les uns des autres. Il n'y a pas que la Grèce : le Portugal, l'Espagne, l'Italie, dont le PIB a diminué de 9% depuis quelques années. C'est une monnaie qui ne convient pas à tous les pays. Elle convient a l'Allemagne, elle a été copié sur le mark, mais elle est pas faite pour la Grèce. Et pour la France on peut se poser la question quand on voit notre déficit commercial considérable. Par exemple pour l'Allemagne il est de 35 milliards.
- La Banque Centrale Européenne crée 60 milliards chaque mois. Il est possible s'il y a un accord entre européens de dériver une partie de ces 60 milliards pour compenser le renchérissement des importations grecques, dans le cas de la recréation d'une euro-drachme.
- Pour tous les pays qui ont un déficit de compétitivité, c'est vrai de la France, la question se pose de savoir si on applique une dévaluation interne, très douloureuse (on le voit en Espagne), ou bien si on crée une monnaie commune, un euro que l'on aurait en commun pour les échanges internationaux, mais avec une certaine flexibilité interne. Ça, c'est le bon sens. Tous les pays de l'UE ne peuvent pas supporter une monnaie aussi forte et dont les règles sont aussi rigides.
- J'ai toujours dit que le référendum grec était légitime. Cela a permis à Tsipras de rassembler son parti et d'élargir même les soutiens dont il disposait puisque tout le monde le soutient sauf Aube Dorée.
- Les Grecs ne veulent pas sortir de l'euro et personne n'a envie qu'ils sortent de l'euro, sauf que l'euro ne marche pas ! L'euro est une monnaie qui accroît les divergences en son sein alors qu'on présupposait qu'elle allait favoriser les convergences. Or c'est le contraire qui s'est produit. Les riches s'enrichissent. Les pauvres s'appauvrissent. Donc il y a un problème. La seule solution à mes yeux, c'est de transformer l'euro de monnaie unique en monnaie commune.
- Je ne pense que Tsipras soit allé demander une aide financière à Moscou. D'ailleurs Moscou ne pourrait pas la lui accorder. La Russie traverse une période difficile, avec la baisse des prix des hydrocarbures, les sanctions européennes... donc ils souffrent tout en s'adaptant, ils ont une certaine résilience. Les Russes sont un peuple courageux, comme les Grecs d'ailleurs.
- Je soutiens le peuple grec. Je suis partisan qu'on les aide à retrouver un sentier de croissance. J'ai parlé de ces 60 milliards par mois : il y a quand même de quoi faire pour les aider à trouver par eux-mêmes le chemin de la croissance, à redevenir excédentaire dans certains secteurs, étant donné que la Grèce a beaucoup d'avantages naturels.
- Les Grecs ont des choses à faire avec la Russie, simplement. Notamment un oléoduc : c'est de cela dont ils ont parlé. Pour le reste, les Russes comme les Grecs sont des orthodoxes. Cela crée une familiarité.
- L'Europe se trompe sur l'origine des menaces. Les vraies menaces viennent du sud. C'est l'islamisme radical, le terrorisme djihadiste, et elle est commune à l'Europe, à la Russie, aux États-Unis, et naturellement aux musulmans, qui sont les premiers à en souffrir.
- Poutine n'est pas un enfant de chœur bien sûr. Mais c'est un homme qui défend les intérêts de la Russie. Il faut comprendre cela. Ce qui s'est passé en Ukraine est évidemment tout à fait regrettable. On aurait pu éviter cela. Il suffisait de ne pas mettre l'Ukraine devant le choix imbécile de dire : « Je suis pour la Russie ou pour l'Europe ». Ce n'était pas très intelligent.
Seconde partie
- L'attitude de Hollande est prudente. Il veut pouvoir exercer une pression même légère jusqu'au bout. Et je pense qu'il a l'occasion de favoriser une évolution calme du contentieux de la Grèce avec l'eurogroupe.
- Je pense que ce que demande Alexis Tsipras est tout à fait raisonnable. Il faut donner un mois à la Grèce pour préparer la suite dans des conditions ordonnées. Nous sommes en Europe, nous ne pouvons pas créer le chaos en Méditerranée, en mer Égée. En plus le peuple grec est un peuple ami.
- Il faut que la Grèce se débarrasse, d'une manière ou d'une autre, d'une dette qui est beaucoup trop lourde pour elle. Mais qui a laissé créer cette dette ? C'est nous ! Nous avons désintéressé nos banques. Nous avons remplacé les banques par les contribuables. Les banques ont pu retirer leurs billes. On peut donc pas dire que les Grecs sont les seuls responsables. Les pays européens étaient d'accord pour que la Grèce rentre dans l'euro. C'est une responsabilité partagée.
- Croyez-moi, aider la Grèce, ce ne sera pas de l'argent perdu. Ceux qui, j'allais dire, perdront leur culotte, ce seront ceux qui voudront brutaliser la Grèce.
- On voit que l'euro divise les peuples au lieu de les unir. Il joue contre l'Europe. Je suis pour une monnaie commune, pour redéfinir les règles de l'organisation monétaire européenne, mais je suis pour qu'il y ait une organisation monétaire européenne, qu'on recrée les conditions de la croissance, et qu'on se débarrasse d'un taux de chômage en Europe qui est de 12%. Moi je ne veux pas être associé à la responsabilité de ceux qui ont conçu cette fiction monétaire, puis qui ont sauvé les banques en 2008, puis qui ont consenti des prêts à la Grèce dont ils savaient déjà qu'ils ne pourraient pas être remboursés, et qui aujourd'hui feigne de découvrir la situation.
- Pourquoi cette attitude punitive à l'égard de la Grèce ? Parce qu'on veut prévenir la victoire de Podemos en Espagne en novembre. C'est l'exemple qu'on veut faire.
- La nation est le cadre de la démocratie, là où on s'entend. Alors que Bruxelles est un cadre opaque, totalement oligarchique. La démocratie implique le sentiment commun d'appartenance, pour accepter les décisions de la majorité. Or les gens se sentent appartenir à leurs nations avant de se sentir appartenir à l'Europe. C'est comme ça. A ce stade de l'histoire, nous ne pouvons pas faire une fédération, parce que l'Europe n'est pas une nation. L'Europe c'est trente nations. On est pas aux Etats-Unis où il y avait 13 colonies britanniques qui parlaient Anglais.
- On peut faire une Europe réaliste, mais pas une Europe dans les nuées.
- Je n'ai jamais employé le mot de souverainiste. Je me dis républicain, j'employais ce mot bien avant Sarkozy, j'ai créé un club qui s'appelle République Moderne que je viens de réactiver. Je pense qu'il faut dégager une alternative républicaine à la situation actuelle. Je ne veux pas que le Front National vienne au pouvoir. Ce serait une catastrophe pour la France.
- Il faut dialoguer sans exclusive avec Dupont-Aignan, mais aussi avec Melenchon, Valls, Montebourg. Avec moi ils sont prêts à discuter.