Notation et formation des enseignants, politique budgétaire, programmes, rythmes scolaires... les deux ministres de l’Éducation (à 25 ans d’intervalle) Jean-Pierre Chevènement et Luc Chatel confrontent leurs idées sur des sujets d’actualité. Morceaux choisis.
Nicolas Beytout : Vous voulez changer la notation des enseignants, pourquoi?
Luc Chatel : Parce que nous avons un système, actuellement, qui est décrié et qui ne correspond pas à une vision moderne de l’administration qui valorise le travail, l’engagement personnel, la responsabilisation, l’initiative. D’autre part, le système actuel d’inspection est beaucoup trop lent, trop irrégulier ; les professeurs sont inspectés en moyenne tous les quatre ou cinq ans. Et puis les inspections sont souvent trompeuses. Je me souviens que lorsqu’un de mes professeurs était inspecté, il ne faisait pas le cours habituel !… Ce qui est intéressant, c’est que les syndicats sont quasiment unanimes à dire : on ne peut pas continuer comme ça !… N. B. : Avec l’idée d’arriver à une note qui soit à la fois plus un système de récompense au mérite, et éventuellement de sanction lorsqu’il n’y a pas mérite ? L. C. : Voilà. Je pense qu’il faut un système, d’abord, qui soit juste, c’est-à-dire qui évalue… Jean-Pierre Chevènement : Qui évalue, mais comment ? L. C. : On n’a pas encore décidé des critères, on n’en est qu’au départ de la discussion. On verra ensuite si on donne un peu plus de responsabilités à la notation du chef d’établissement, ou si on revoit notre corps d’inspecteurs pour mieux les former, les préparer… Et puis, selon l’académie, les inspections ne sont pas du tout les mêmes. L’égalité du service public n’est souvent qu’un leurre ! J.-P. C. : C’est à vous de rétablir l’égalité. L. C. : Oui, je pense que c’est à nous de mettre en place des procédures comme dans les entreprises, où il existe des guides de conduite d’entretiens, des process d’évaluation. J.-P. C. : Et faire en sorte qu’entre les académies il ne se creuse pas des inégalités qui seraient choquantes. Ce n’est pas parce qu’un système est décrié qu’il est forcément mauvais. On comprend très bien que la notation soit critiquée, parce que les gens n’aiment pas être notés. Mais les inspecteurs n’ont pas toujours tort… L. C. : Mais personne ne conteste la nécessité de l’inspection. Les professeurs ne nous disent pas : on ne veut pas être notés. Ils nous disent : premièrement, on voudrait exactement savoir sur quoi on est notés, et donc qu’il y ait un peu plus de procédures dans l’évaluation ; et puis, deuxièmement, on voudrait que l’évaluation puisse avoir des conséquences sur nos carrières. N. B. : Ce qui n’est pas le cas ? L. C. : Ce qui n’est que très insuffisamment le cas. Il y a peu de conséquences. N. B. : Ça, c’est ce que disent les meilleurs. Les moins bons sont-ils aussi d’accord pour que les notations négatives aient des conséquences sur leur carrière ? L. C. : Nous en sommes au début de ce chantier, qui est difficile. Mais je constate qu’il y a quand même une volonté globale des syndicats… il n’y a pas de tabous, on est prêts à discuter… Moi, je suis favorable à un système qui reconnaisse davantage l’engagement individuel, les performances, les initiatives… c’est ça une fonction publique moderne. J.-P. C. : La question reste posée : comment reconnaîtra-t-on ces performances, ces initiatives, etc. ? Est-ce que ce sont les corps d’inspection, dont c’était traditionnellement la tâche ? Les chefs d’établissement ?… Moi, je me méfie un peu du « bougisme », c’est-à-dire de la « réformite ». L. C. : Là, on est tranquilles pour la réformite parce que le système n’a pas changé depuis vingt-cinq ans, je crois. J.-P. C. : Mais s’il y a des choses à changer, il y a aussi des choses qu’il ne faut pas changer … L. C. : Si ! Ce sont des chantiers passionnants. D’ailleurs toutes les entreprises sont confrontées à ces questions, au travail sur l’évaluation des performances, de la manière la plus objective, transparente… et puis sur les conséquences de l’évaluation, de manière que les collaborateurs se sentent impliqués. Ça fait partie du mode moderne de management. J.-P. C. : Enfin, il ne faut pas détruire ce qui marche, même mal, au profit de quelque chose qui ne marchera pas du tout, bref de la disparition de toute évaluation.
Rédigé par Chevenement.fr le 1 Septembre 2011 à 17:28
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« Le monde qu’on leur prépare - École, Économie, Etat », Luc Chatel et Jean-Pierre Chevènement, Entretiens croisés dirigés par Nicolas Beytout, Plon, 240 pages, 19 €.
Personne ne le conteste : l’éducation sera l’un des grands thèmes de la campagne électorale à venir. Car l’école est au cœur du pacte républicain. Elle est le lieu privilégié de transmission du savoir et de la culture. Autant de raisons de débattre et de bâtir les programmes des différents candidats.
Mais cette fois, il y a plus, car l’école est au centre de lourdes interrogations. Pourquoi l’échec scolaire ne recule-t-il pas ? Comment faire pour mieux préparer les élèves à la vie professionnelle ? Comment revenir dans le peloton de tête des pays les plus performants en matière d’éducation ? Toutes ces questions, parfois polémiques, ont nourri ces entretiens entre Luc Chatel et Jean-Pierre Chevènement. Deux hommes politiques très différents par leur formation et leur engagement. Et pourtant, ces deux personnalités ont de nombreux points communs : ils ont tous les deux été en charge du ministère de l’Industrie avant de prendre les rênes du « mammouth », le gigantesque ministère de l’Education nationale. Et ils ont tous les deux tiré de leur première expérience ministérielle une vision forte de l’économie, et la conviction que la France devait adapter son système éducatif aux défis du futur et de la compétition internationale. Mais chacun à sa façon et sans, bien sûr, manquer à la vocation fondamentale de l’école qui est d’instruire et de former le jugement du citoyen. Jean-Pierre Chevènement a été ministre de l’Industrie de 1982 à 1983 puis ministre de l’Education nationale de 1984 à 1986. Il est candidat à l’élection présidentielle de 2012. Luc Chatel a été secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation entre 2008 et 2009, auprès de la ministre de l’Economie. Il est ministre de l’Education nationale depuis juin 2009. Menés par Nicolas Beytout, journaliste économique et politique qui a dirigé les rédactions des Echos et du Figaro avant de prendre la direction de plusieurs médias rassemblés au sein du groupe Les Echos, ces entretiens nourriront à coup sûr la campagne électorale de 2012. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de Jean-Michel Aphatie sur RTL, mercredi 31 août 2011.
Jean Michel Aphatie : Bonjour, Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement : Bonjour, Jean Michel Apathie Votre lointain successeur Luc Chatel annonce, ce matin dans "Le Parisien", qu'il a décidé de réintroduire la morale dans l'école primaire ; et le maître, dit il, va consacrer le plus régulièrement possible, quelques minutes à un petit débat philosophique, à un échange sur le vrai, le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l'intimité. Sans doute, la liste n'est elle pas close. Soutenez-vous, l'initiative de Luc Chatel, Jean-Pierre Chevènement ? S'il s'agit d'une morale républicaine, oui. C'est-à-dire qu'il faut déduire la morale du civisme. Il est évident qu'il ne faut pas aller vers le conditionnement des esprits. Ce n'est pas le rôle de l'Education nationale. Mais en gros, vous soutenez Luc Chatel, c'est une bonne idée ? Je pense, étant donné l'évolution de la société, du rôle des familles qui, malheureusement, s'effacent, il est bon que l'école, qui est quand même la grande institution dans laquelle se retrouve tous les Français, la dernière, joue également ce rôle. Donc un bon point pour Luc Chatel. Je signale au passage à nos auditeurs, que vous venez d'avoir un dialogue avec Luc Chatel que les éditions Plon ont publié sous la direction de Nicolas Beytout. Je le suggère à Luc Chatel dans ce livre... ... Le retour de la morale ? Oui. Donc, c'est vous alors ? Non, non, je ne le prétends pas. Il ne m'écoute pas en tout, malheureusement. Dépêche AFP, lundi 29 août 2011, 15h49.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a déploré lundi que les candidats socialistes à la présidentielle ne parlent pas de la "question centrale" de l'euro dans la crise, jugeant cette primaire "funambulesque".
Interrogé sur Europe1, le sénateur de Belfort a estimé qu'il ne s'était "pas passé grand chose" à La Rochelle lors de l'université d'été du PS. S'il est "normal" que les candidats "s'envoient des petites piques", il s'est demandé "à quoi ser(vai)t l'exercice comme ils ont le même programme". "C'est un peu funambulesque", selon lui. Et puis, "aucun des candidats n'a abordé la question centrale" de l'euro, alors que "c'est ça le problème", selon lui. "L'euro est victime d'une erreur de conception. On a mis ensemble des pays dont l'économie est très différente, entre l'Allemagne et la Grèce, même l'industrie en France pèse moins de deux fois l'industrie allemande", il y a aussi "des mentalités très différentes, des repères culturels très différents et avec ça, on ne fait pas une zone monétaire homogène". Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1 lundi 29 août à 7h45. Il répondait aux questions de Bruce Toussaint.
Verbatim express :
Source : Europe1.fr Agenda et médiasVoici le programme final de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen qui se tient les 3 et 4 septembre 2011 à Carros sur le thème : "Le contrat républicain pour une nouvelle prospérité ". Inscrivez-vous !
L’Université d’été de Carros intervient dans un contexte particulièrement saisissant : en premier lieu le déploiement de la crise économique place les Nations et les peuples européens au pied du mur, en second lieu, 2012 sera l’année du principal rendez-vous des citoyens français avec les élections présidentielle puis législatives. Des choix décisifs sont donc à l’agenda. La crise bouscule de nombreux repères et fait vaciller de nombreuses certitudes. Elle indique aussi qu’une époque nouvelle s’ouvre après l’âge de la «mondialisation heureuse». L’université d’été de Carros entend apporter des réponses aux citoyens qui souhaitent reprendre la main sur la maîtrise de leur destin, et étudier les termes du contrat républicain à imaginer pour envisager une nouvelle propsérité
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg débattront ensemble de la crise, de l'Europe et de la mondialisation, après une discussion entre Jacques Sapir, Jean-Michel Quatrepoint et Olivier Ferrand.
Date : mardi 30 août 2011 à 18h30
Lieu : 101 Rue de l'Université, 75007 Paris Présentation du colloque : Forum de négociation comprenant désormais 27 pays, l’Union européenne fait face à de nombreux défis. L’enjeu de cette rencontre est de faire émerger des pistes concrètes pour permettre d’affronter la crise de l’euro qui se mue en crise de l’Europe. Permettre à l’Europe de peser sur la marche du monde, de renforcer son autonomie, d’agir, tel est le but des réflexions de ce colloque. 19H00 : « Protectionnisme, euro et démocratie » Que peut l’Europe dans la mondialisation ? Comment agir ? Comment convaincre nos partenaires d’une réorientation des politiques économiques sur notre continent ? La place de l’Europe dans la mondialisation est au cœur des solutions politiques à apporter. L’urgence d’agir est désormais évidente face à la crise de l’euro.
Personne ne regrettera la chute de Kadhafi, mais c’est maintenant que les difficultés vont commencer. Il est souhaitable que toutes les composantes de la société libyenne soient associées à la construction d’une Libye démocratique et pacifique. L’intérêt de la France est d’aider à stabiliser cet immense pays et non de tolérer vengeances et exactions qui empêcheraient la nécessaire réconciliation de tous les Libyens.
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