Verbatim express :
- Je me suis toujours montré très critique à l'égard de la monnaie unique. J'ai d'ailleurs été l'un de ceux qui ont voté contre le traité de Maastricht en 1992, parce que je pense que la zone euro est une zone hétérogène.
- On a mis ensemble 17 pays qui diffèrent profondément par leurs structures économiques, industrielles, par leurs orientations politiques, par leurs langues, leurs repères culturels, et ça ne peut pas marcher parce qu'on a supprimé les mécanismes d'ajustement, qui étaient les dévaluations.
- C'est une machine qui n'a plus d'amortisseurs et l'on voit que ce sont creusés des écarts entre les différents pays qu'on ne peut plus rattraper.
- Cette crise est politique parce que la monnaie unique était une monnaie politique qui visait à forcer le fédéralisme, à conduire une fédéralisme considéré comme inévitable.
- Mais on s'aperçoit que quand il faut "sauter", on ne peut pas, parce que l'Allemagne, qui a financé les Länder de l'Est ne veut pas faire la même chose pour le Péloponnèse, l'Algarve et le reste de l'Europe.
- Ce n'est pas de l'égoïsme. L'Allemagne a une dette qui approche les 2 000 milliards d'euros : elle n'est pas désireuse d'ajouter à cette dette les 3 400 milliards de dettes des pays sous tension. Il faut raisonner de manière rationnelle. De plus, les traités ne l'y obligent pas du tout car ils proscrivent la solidarité financière entre Etats. Cela dit, il faut essayer de faire jouer une certaine solidarité européenne. Mais celle-ci équivaut à 1% du PIB alors que les transferts dans chaque pays, c'est 40%. Il ne faut donc pas prendre des vessies pour des lanternes.
- Aujourd'hui on parle trop de la crise grecque. La Grèce ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. La forêt c'est la crise de l'euro.
- Tant qu'on n'aura pas les idées claires sur ce vers quoi on veut aller, par exemple changer les règles du jeu de la zone euro, en donnant à la Banque centrale tous les pouvoirs pour casser la spéculation. Pas seulement à hauteur de 100 milliards comme c'est le cas aujourd'hui, mais de 1 500 milliards comme le fait le Reserve Federal Board (aux Etats-Unis). A ce moment-là, on peut casser la spéculation. Il y a une possibilité de dissuasion.
- Ou alors on change complètement l'architecture et on va vers une monnaie commune.
- (Sortir la Grèce de la zone euro) est une décision qui serait précipitée car elle entraînerait le départ du Portugal, de l'Irlande, de l'Espagne, qui est le maillon faible, et une grande économie. Ce serait la politique de gribouille.
- Il faut avoir une vision d'ensemble. Ce qui nous manque aujourd'hui, c'est la vision d'Homme d'Etat.
- Nous n'allons pas venir à nouveau au secours des banques pour leur permettre de persévérer dans leurs mauvaises habitudes. Il faut instaurer un contrôle public des banques, séparer leurs activités de dépôts de leurs activités de salles de marché, c'est-à-dire de spéculation. Il faut les soumettre à une réglementation très exigeante.
- On peut imaginer des actions à double droit de vote ou même une Golden Share. Il ne faut pas que cela coûte trop cher aux finances publiques.
- Je serai candidat pour faire bouger les lignes. La crise de l'euro laisse étonnamment muets la plupart des candidats.
- Les euro obligations, ça suppose que des pays garantissent : est-ce que l'Allemagne est d'accord pour garantir 2 000 milliards d'euros, ce qui est déjà le montant de sa propre dette ? Pour ma part, j'en doute
- (Présidence du Sénat) Personne ne me l'a jamais proposé, alors j'attends qu'on me le propose !
Source : France Info