La France est un pays dont la base industrielle s’est rétrécie (30 % de la valeur ajoutée en 1982, 13 % aujourd’hui) et dont le commerce extérieur est presque aussi gravement déficitaire que celui des Etats-Unis (70 milliards d’euros en 2011 pour la France – 600 milliards de dollars pour les Etats-Unis).
Le discours sur l’endettement public de la France (1 650 milliards d’euros, soit 85 % du PIB) peut être trompeur. Il est dans la moyenne de la zone euro (85 %). L’endettement public des Etats-Unis atteint, lui, 100 % du PIB. Celui du Japon 200 %. Ce qui rend le problème de la dette publique française préoccupant, c’est sa détention, à près des deux tiers, par des « non-résidents » : on s’étonnera que les ménages français, relativement peu endettés et dont l’épargne est abondante (16 % du revenu), ne soient pas admis à souscrire aux émissions de dette publique : ce privilège est réservé aux banques …
Si on veut prendre une vue d’ensemble, la France n’est pas débitrice à l’égard du reste du monde. Elle est même créancière nette. Par exemple, nos investissements à l’étranger, qui étaient de 82 milliards, en 1982, atteignent 1 600 milliards d’euros aujourd’hui. Le patrimoine global français atteint 10 000 milliards d’euros, soit cinq fois le revenu national annuel, un record historique : mais il s’agit pour plus de moitié de la valeur estimée au prix du marché des patrimoines immobiliers. Ce niveau record ne doit pas faire illusion : il traduit surtout l’intensité de la spéculation immobilière depuis une trentaine d’années.
Le discours sur l’endettement public de la France (1 650 milliards d’euros, soit 85 % du PIB) peut être trompeur. Il est dans la moyenne de la zone euro (85 %). L’endettement public des Etats-Unis atteint, lui, 100 % du PIB. Celui du Japon 200 %. Ce qui rend le problème de la dette publique française préoccupant, c’est sa détention, à près des deux tiers, par des « non-résidents » : on s’étonnera que les ménages français, relativement peu endettés et dont l’épargne est abondante (16 % du revenu), ne soient pas admis à souscrire aux émissions de dette publique : ce privilège est réservé aux banques …
Si on veut prendre une vue d’ensemble, la France n’est pas débitrice à l’égard du reste du monde. Elle est même créancière nette. Par exemple, nos investissements à l’étranger, qui étaient de 82 milliards, en 1982, atteignent 1 600 milliards d’euros aujourd’hui. Le patrimoine global français atteint 10 000 milliards d’euros, soit cinq fois le revenu national annuel, un record historique : mais il s’agit pour plus de moitié de la valeur estimée au prix du marché des patrimoines immobiliers. Ce niveau record ne doit pas faire illusion : il traduit surtout l’intensité de la spéculation immobilière depuis une trentaine d’années.
Au total, il y a donc deux visions de la pauvreté ou de la richesse de la France selon qu’on se place du point de vue financier ou du point de vue de l’économie réelle. De ce point de vue, la France est un pays déclinant, dont la production industrielle a été largement délocalisée et dont les parts de marché à l’exportation ont fondu de manière spectaculaire (5,6 % encore en 2000, 3,6 % aujourd’hui).
C’est cette déconnection que je voudrais mettre en valeur :
Les Français, surtout les plus riches, se sont considérablement enrichis. L’économie française, elle, s’est fragilisée. Il y a beaucoup de gens pauvres ou très modestes (le salaire médian est inférieur à 1 500 euros), beaucoup de chômeurs (plus de 9 % de la population active, 23 % chez les jeunes).
Au fond tout s’est passé comme si depuis plus de deux décennies, les intérêts des classes possédantes avaient divergé d’avec les intérêts du pays. Le développement d’un capitalisme financier globalisé a abouti à de très fortes délocalisations industrielles, à l’exode à l’étranger d’une part importante de notre épargne, à l’envol de la richesse des classes possédantes, et à une précarité croissante pour les couches populaires et pour une part importante de la jeunesse. Ce qu’on appelle la « globalisation » a exercé un effet de fracture sur la société française que les choix de rigueur en cours et la récession à nouveau menaçante ne peuvent que creuser encore.
Ou bien nous poursuivrons sur le chemin de la globalisation et le déclin économique dont les couches salariées font les frais s’accélèrera encore, ou bien un mouvement inverse interviendra (rupture avec la logique des marchés financiers, relocalisations industrielles, réinvestissement de l’espace national par les grands groupes d’origine française, redémarrage de l’investissement productif dans nos entreprises).
Ce dernier choix, fondé sur une croissance endogène, et qu’il faudrait penser à l’échelle européenne, serait seul conforme à l’intérêt national. Il heurtera les intérêts à courte vue des classes possédantes. Il suppose un euro beaucoup moins cher qu’aujourd’hui. Autant dire qu’il passera par de fortes secousses au triple plan national, européen et international. Ces secousses sont inévitables. Le redressement de la France n’est possible qu’à deux conditions : au prix de beaucoup d’efforts d’abord et seulement si les Français, dans les temps difficiles qui s’annoncent, savent se rassembler sur l’intérêt de la France et sur la nécessité de partager cet effort.
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Causeur
C’est cette déconnection que je voudrais mettre en valeur :
Les Français, surtout les plus riches, se sont considérablement enrichis. L’économie française, elle, s’est fragilisée. Il y a beaucoup de gens pauvres ou très modestes (le salaire médian est inférieur à 1 500 euros), beaucoup de chômeurs (plus de 9 % de la population active, 23 % chez les jeunes).
Au fond tout s’est passé comme si depuis plus de deux décennies, les intérêts des classes possédantes avaient divergé d’avec les intérêts du pays. Le développement d’un capitalisme financier globalisé a abouti à de très fortes délocalisations industrielles, à l’exode à l’étranger d’une part importante de notre épargne, à l’envol de la richesse des classes possédantes, et à une précarité croissante pour les couches populaires et pour une part importante de la jeunesse. Ce qu’on appelle la « globalisation » a exercé un effet de fracture sur la société française que les choix de rigueur en cours et la récession à nouveau menaçante ne peuvent que creuser encore.
Ou bien nous poursuivrons sur le chemin de la globalisation et le déclin économique dont les couches salariées font les frais s’accélèrera encore, ou bien un mouvement inverse interviendra (rupture avec la logique des marchés financiers, relocalisations industrielles, réinvestissement de l’espace national par les grands groupes d’origine française, redémarrage de l’investissement productif dans nos entreprises).
Ce dernier choix, fondé sur une croissance endogène, et qu’il faudrait penser à l’échelle européenne, serait seul conforme à l’intérêt national. Il heurtera les intérêts à courte vue des classes possédantes. Il suppose un euro beaucoup moins cher qu’aujourd’hui. Autant dire qu’il passera par de fortes secousses au triple plan national, européen et international. Ces secousses sont inévitables. Le redressement de la France n’est possible qu’à deux conditions : au prix de beaucoup d’efforts d’abord et seulement si les Français, dans les temps difficiles qui s’annoncent, savent se rassembler sur l’intérêt de la France et sur la nécessité de partager cet effort.
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Causeur