Conférence de Jean-Pierre Chevènement, prononcé à l'Institut Français d'Alger, le 11 octobre 2014.


Merci Monsieur l’Ambassadeur, merci Monsieur le Directeur de m’accueillir à l’Institut français d’Alger. Merci aussi à toutes les personnes ici présentes qui sont venues à ma rencontre, Français ou Algériens. Merci particulièrement aux personnalités algériennes que je reconnais, notamment le sénateur Benyounes, M. Omar Belhouchet directeur d’El Watan, et bien d’autres que je ne puis citer toutes.

Je suis venu en Algérie, guidé par l’amitié, avec une délégation de l’AFA, l’Association France Algérie, avec son secrétaire général, Monsieur Jean-Yves Autexier, ancien député et sénateur, son premier vice-président délégué, Monsieur Raoul Weexsteen que vous connaissez bien, qui est un chercheur éminent, et qui connaît bien l’Algérie. Je tiens à vous remercier, je tiens à remercier d’abord le gouvernement algérien de l’accueil qu’il m’a réservé mais aussi les Algériens que je m’efforce de rencontrer dans leur diversité. J’ai eu l’occasion déjà de voir Monsieur Belhouchet hier et puis d’autres encore, y compris en me rendant à Tizi Ouzou pour des raisons sur lesquelles je reviendrai tout à l’heure. J’ai pu avoir un contact avec les habitants et avec tout ce qui se fait de mieux dans cette terre de Kabylie qui est tellement riche, s’agissant de son patrimoine aussi bien matériel que spirituel.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de PolitiqueS sur LCP, samedi 11 octobre 2014. Il répondait aux questions de Serge Moati.


Verbatim express :

  • J'ai été élu député du Territoire de Belfort en mars 1973, il y a 41 ans. Le département était entièrement à droite en 1972, avant que je ne sois élu, et il se retrouve aujourd'hui de nouveau entièrement à droite. Que s'est-il passé ? 40 années, c'est le temps nécessaire pour hausser une ville à un niveau où elle n'était pas, avec une université, un TGV, une organisation qui a beaucoup changé, mais il se trouve le Parti Socialiste belfortain, à force de vouloir éradiquer le chevènementisme, s'est de la sorte éradiqué lui-même, de sorte que la droite est devenue maîtresse du terrain.
  • Il est très difficile de se faire élire en France contre le PS et l'UMP, sauf à ces sénatoriales de 2008 qui m'ont amusé, puisque j'ai été élu contre un candidat UMP et contre un candidat PS, bien que ce dernier se soit maintenu contre moi au second tour.
  • Ma vie politique a été pleine, et j'ai fait ce que j'ai voulu. J'ai d'abord contribué à l'Union de la gauche, j'ai été un des créateurs du Parti Socialiste d'Epinay, je l'ai fortement influencé à travers ses deux programmes, j'ai été quatre fois ministres. Mais il y a quand même une césure car, si j'ai été un acteur essentiel, j'ai été aussi un témoin privilégié du grand retournement du PS et de son ralliement au libéralisme.

Allocution prononcée par Jean-Pierre Chevènement, le dimanche 5 octobre 2014, dans les jardins de la Maison d'Emile Zola à Médan, à l'occasion du 112è anniversaire de la mort de l'auteur.


Le centenaire de l’éclatement de la Première guerre mondiale peut-il être l’occasion d’une réflexion sur Zola et la guerre ? C’est l’idée que m’a soumise au nom de la Société littéraire des amis d’Emile Zola, Monsieur François Labadens que je remercie ainsi que Madame Le Blond Zola et Monsieur Pierre Bergé pour leur invitation. Je salue également les élus et les participants que je remercie d’être venus si nombreux.

Je ne sais ce qui me vaut l’honneur de m’exprimer devant vous. J’admire Zola certes, pour son engagement d’abord et pour son œuvre : pour sa puissance d’évocation, son style à la fois sec et puissant, les scènes inoubliables qu’il a produites et qui restent comme des moments de la littérature mondiale, une distance d’entomologiste qui donne encore plus de force à l’expression des passions, un sens de la tragédie humaine, bref une grandeur. Je l’admire aussi pour son ambition même qui consiste à décrire une société dans son ensemble. Ambition qui l’égale aux plus grands. De la saga des Rougon-Maquart, je n’ai pas tout lu, même si les œuvres essentielles me sont très présentes, et d’abord « Germinal » et puis « L’Argent » et tant d’autres, y compris la « Débâcle ». Ce livre eut, de son vivant, le plus fort tirage de tous ceux d’Emile Zola parus, mais la mémoire collective l’a quelque peu relégué à l’arrière plan de son œuvre. Je l’ai relu cet été plus attentivement.

le 7 Octobre 2014 à 17:33 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "La voix est libre" sur France 3 Franche-Comté, samedi 4 octobre 2014. Il répondait aux questions de Jérémy Chevreuil.


Verbatim :

  • Je suis allé au terme de ce que je pouvais faire comme parlementaire. J'ai été élu pour la première fois il y a 41 ans, en 1973. Mais Jean-Pierre Chevènement peut exister autrement qu'en étant sénateur ou député dans le paysage politique. Par conséquent, je continuerai à m'exprimer.
  • J'ai consacré l'essentiel de mon temps à l'action politique, mais une politique qui ne se séparait pas du combat des idées, par conséquent aussi à la lecture, à la réflexion. Je pense être resté fidèle à cette conception très ancienne de la politique, où on ne sépare son engagement politique d'une vision du monde. C'est un engagement de l'être tout entier au service de ses concitoyens, de son pays. Par conséquent, on ne se ménage pas. On lui accorde peu de repos.
  • Au moment où on approchait de la fin du septennat du général de Gaulle, l'idée de refonder la Ve République sur des bases de gauche, d'unir la gauche, avec un Parti Socialiste entièrement rénové (je suis l'un des principaux artisans du congrès d'Epinay), est enthousiasmante. Et cela a réussi. J'ai adhéré au Parti Socialiste en 1964. L'alternance avec François Mitterrand fonctionne en 1981. C'était un travail de patience, et je m'y suis pleinement investi, en rédigeant notamment les programmes du PS.

    Sur l'accident d'anesthésie de Jean-Pierre Chevènement
  • Cet épisode a renforcé mon caractère, mais il ne l'a pas changé.
  • J'ai une bonne santé, c'est ce que les médecins m'ont dit, car j'ai surmonté une épreuve qui m'a été très difficile. Mon cœur s'est arrêté pendant 55 minutes. Il fallait ensuite récupérer. J'étais aussi très motivé. Je pense que cela m'a donné une certaine force.
  • Mes amis, qui sont des laics intransigeants, ne voulaient surtout pas que je sois miraculé d'autre chose, d'où l'expression « le miraculé de la République ». Le miracle devait s'être déroulé dans le strict espace républicain et laic. C'est une plaisanterie !
  • J'ai vu la mort à deux ou trois reprises d'assez près dans ma vie. Pendant la guerre d'Algérie, je me suis fait arrêté en quelque sorte par une police supplétive, des gens qui n'avaient aucune formation, et je revois le pistolet mitrailleur appuyé sur mon estomac, avec la culasse en arrière, dans une position extrêmement dangereuse. Et heureusement, quelqu'un pousse un cri de l'autre côté. Et le « policier » occasionnel tend sa mitraillette dans la direction opposée. Donc je ne me suis pas fait prier, et j'ai pris la poudre d'escampette. C'était en juillet 1962, les premiers jours de l'indépendance de l'Algérie.

Les actes du colloque du 23 juin 2014 sont disponible en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "La réforme bancaire : pomme de discorde ?"

le 2 Octobre 2014 à 12:11 | Permalien | Commentaires (0)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Courrier de Russie, réalisé le 16 et paru le 22 septembre 2014. Propos recueillis par Nina Fasciaux.


"Il n'y a pas d'indépendance de la France sans une Russie forte"
Le Courrier de Russie : Parlez-nous de votre enfance.
Jean-Pierre Chevènement : Je suis originaire de l’Est de la France, je suis né à Belfort. Mes parents étaient instituteurs, mais j’ai été très tôt attiré par la politique. Peut-être est-ce lié au fait que je suis né en 1939 et que mes premiers souvenirs remontent à la Seconde Guerre mondiale. Mon père avait été fait prisonnier, et l’école où ma mère enseignait a été occupée un moment par les Allemands. Ma mère m’avait interdit de manger les oranges que les soldats allemands m’offraient – elles venaient probablement de Tunisie, en 1943 – mais j’ai pu vérifier par la suite que ces oranges étaient inoffensives, contrairement à ce qu’elle me racontait. Mon enfance a été celle-là.

Un premier souvenir d’ « éveil » politique ?
À quinze ans, je me suis mis à soutenir Pierre Mendès-France, qui avait mis un terme à la guerre d’Indochine. J’étais « mendésiste », comme on disait alors, mais je n’ai pas adhéré au parti radical. Plus tard, quand j’ai étudié les sciences politiques à Paris, je suis resté sur cette orientation. J’ai cependant regretté que Mendès-France n’aide pas de Gaulle en 1958, puis en 1962, car le Général était seul à pouvoir mettre un terme à la guerre d’Algérie. Au fond, j’étais assez gaulliste. Lorsque j’ai été appelé comme sous-lieutenant en Algérie, en 1961, j’étais déjà convaincu qu’elle devait être indépendante – mais qu’il valait mieux que ce soit avec la France que contre.

Dépêche AFP du jeudi 18 septembre 2014, 10h42.


A Moscou, l'envoyé du président français pour une levée des sanctions contre la Russie
Le représentant spécial du président français auprès de la Russie, Jean-Pierre Chevènement, a plaidé jeudi pour une levée sous conditions des sanctions européennes prises à l'encontre de Moscou et appelé à se détourner des "fauteurs de guerre".

"Pour nous, les sanctions sont vouées à être levées à partir du moment où deux conditions sont rassemblées: le maintien du cessez-le-feu (dans l'est de l'Ukraine) et une application stricte des accords de Minsk", a déclaré à Moscou M. Chevènement, rappelant la position de la France.

"Les sanctions et contre-sanctions sont un processus de représailles dont tout le monde voudrait sortir. (...) Elles sont dommageables pour les deux camps", a ajouté le sénateur du territoire de Belfort.

"Les exportations françaises en Russie représentent un demi point de PIB. Ce ne sont pas des enjeux que nous pouvons ignorer", a rappelé M. Chevènement, qui s'exprimait au nom de la France.

La Russie a décrété en août un "embargo total" sur les importations de produits alimentaires en provenance de l'Union européenne en réponse à plusieurs vagues successives de sanctions prises à son encontre par les Occidentaux.

M. Chevènement, qui a rencontré au cours de sa visite en Russie des chefs d'entreprises français et russes, mais également des responsables politiques comme le président du Parlement russe Sergueï Narichkine, a affirmé ne pas avoir évoqué la question des Mistrals, navires de guerre dont la livraison est devenu un casse-tête pour Paris.

"Mon avis reste que les contrats ont été signés et qu'ils doivent être exécutés. La France est un pays souverain", a expliqué le sénateur.

"La France est partisane d'une résolution politique et pacifique de la situation actuelle, qui résulte d'incompréhensions dont l'accumulation au fil du temps a conduit à cette crise ukrainienne dont personne ne voulait au départ", a poursuivi M. Chevènement.

le 18 Septembre 2014 à 11:45 | Permalien | Commentaires (6)

Les actes du colloque du 2 juin 2014 sont disponible en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Etats-Unis - Chine : quelles relations ? Et la Russie dans tout cela ?"
  • Accueil de Alain Dejammet, président du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
  • Une carte chinoise dans le jeu russe ?, par Dominique David, directeur exécutif de l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) et rédacteur en chef de la revue "Politique Etrangère"

le 15 Septembre 2014 à 16:05 | Permalien | Commentaires (0)
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