Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour "Le Berry républicain", samedi 31 janvier 2015. Propos recueillis par Franck Simon.


"Le problème n’est pas grec, il est européen"
Le Berry républicain : est-ce que la construction européenne a fonctionné ?
Jean-Pierre Chevènement : L’Europe, selon moi, ne peut pas se construire en substitution des nations. Par une coopération certainement et éventuellement par des compétences gérées en commun mais à condition qu’elles soient démocratiquement contrôlées. Car la nation reste le cadre de la démocratie. Il faut donc que l’Europe corresponde à ce que souhaitent les peuples. Si l’on prend le cas de la monnaie unique, on a juxtaposé des pays qui sont d’un niveau très différent. Or, en l’absence de transferts massifs, que les Allemands refusent de toute façon, vers les pays les plus pauvres, le fonctionnement de la monnaie unique a pour conséquence de polariser les richesses et les excédents commerciaux dans les pays du Nord, notamment l’Allemagne, tandis que les autres pays se trouvent plongés, par la politique européenne résultant des traités, dans la récession et le chômage.

L’Europe manque donc de solidarité ?
Effectivement. La monnaie unique comporte un vice initial, l’usage d’une même monnaie par des pays très différents et le jeu normal des marchés aboutissant à ce que les pays qui ont des avantages comparatifs importants deviennent toujours plus riches tandis que les autres sont condamnés à la paupérisation. Comment dès lors y remédier ? Mme Merkel a suggéré des dévaluations internes pour que les pays périphériques reconquièrent leur compétitivité. Mais cela implique de diminuer les salaires et les prestations sociales dans des proportions inacceptables. La récession creuse les déficits. On aboutit à l’inverse des résultats recherchés.

le 30 Janvier 2015 à 12:12 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Canal Plus, jeudi 29 janvier 2015. Il répondait aux questions de Emilie Besse.


Verbatim :

  • Je pense que la République est sortie grandie. La réaction du peuple Français qui s'est manifestée dans la rue, était une réaction de dignité, de fierté, des valeurs que la République incarne.
  • Ces attentats étaient malheureusement prévisible, parce que le terrorisme est à l'intersection des maux de notre société et des conflits du Moyen-Orient. Il faudrait s'interroger sur le bien fondé de la politique suivie à l'égard de l'Irak depuis 1990-1991.
  • Se replier sur soi ? Non justement. Je préconise de travailler avec les Etats établis, de respecter la Charte de l'ONU, fondée sur l'auto-détermination de chaque pays et le respect de son intégrité, et par conséquent je pense que l'intervention crée beaucoup plus de maux que ceux auxquels elle est censée remédier.
  • Le sauvageon, en vieux Français, c'est un arbre non greffé. Et je pointais une absence d'éducation. Des enfants qui étaient laissés devant le poste de télévision, et dont on avait oublié de s'occuper. S'il y a trop de sauvageons, à la fin ils finissent par être très sensible à des propagandes, très vulnérables finalement.
  • François Hollande et Manuel Valls ont pris la juste mesure de l'événement. Ils ont su y répondre avec empathie et avec beaucoup de fermeté.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Radio Classique, jeudi 22 janvier 2015. Il répondait aux questions de Patrick Poivre d'Arvor.


"Il faut renouer le dialogue avec la Russie"
Pour accéder à l'interview de Jean-Pierre Chevènement, cliquez-ici

Verbatim express :

A propos des valeurs républicaines enseignées à l'école
  • On ne peut pas transmettre dans l'abstrait les valeurs républicaines. Hannah Arendt disait : « On ne transmet que cela à quoi on croît ». Et en France, il y a le roman des hussards noirs de la République. Il ne faut pas culpabiliser les enseignants, car tout repose sur eux.
  • On ne peut transmettre les valeurs que si on transmet d'abord le savoir, les connaissances, parce que l'école laïque, la laïcité, c'est l'espace commun délivré des dogmes, où les citoyens, peu importe leurs religions, leurs appartenances diverses, se mettent d'accord par l'exercice de leur raison naturelle, sur ce qui est l'intérêt général, public.
  • Il faut savoir distinguer le bon travail du mauvais. Il faut savoir défendre les enseignants contre les intrusions des parents. Autrefois les parents soutenaient systématiquement les enseignants. Aujourd'hui, c'est loin d'être toujours le cas. Il faut vraiment que l'autorité des enseignants soit vraiment affirmée comme un point tout à fait central.

Agenda et médias



Tribune de Jean-Pierre Chevènement, parue dans Marianne le 22 janvier 2015.


"Conversion républicaine"
Le peuple français s’est mis debout, le 11 janvier 2015, pour dire son attachement à la République. D’abord à un mode de vie fondé sur la liberté et particulièrement celle de s’exprimer, bref à une civilisation. Il a refusé le chantage à la peur que prétend exercer sur lui un terrorisme d’un autre âge. Mais ce sursaut républicain devra s’inscrire dans la longue durée. En effet, nous n’éradiquerons pas facilement ce terrorisme là, qui se développe à l’intersection des plaies de notre société et des conflits qui frappent le monde musulman (1200 millions d’hommes et de femmes). Il faudra des années, voire des décennies, pour y parvenir.

La raison en est simple : Pour venir à bout du terrorisme, il faut le couper de sa base potentielle. Aucune action policière, si efficace qu’ait été celle qui a été conduite et si nécessaire soit-elle dans les temps à venir, ne peut se substituer à cet axe stratégique fondamental.

Les pays européens ont connu des mouvements terroristes dans les années 1970-1980 (Fraction armée rouge, Brigades rouges, Action directe). Ces mouvements ont échoué parce que les masses ouvrières dont ils se réclamaient ne se reconnaissaient nullement dans leurs méthodes et dans leurs objectifs.

Les actes du colloque du 23 septembre 2014 sont maintenant en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "La Russie en Europe"
  • La crise ukrainienne, Mme Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française
Mots-clés : europe russie

le 22 Janvier 2015 à 12:32 | Permalien | Commentaires (0)

Dépêche AFP, 17 juillet 2015, 17h20.


"Chevènement: un professeur de dessin n'aurait pas le droit de caricaturer Mahomet à l'école"
L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement a jugé samedi sur Europe 1 que "Charlie Hebdo a le droit de faire ce qu'il veut" mais qu'à l'école "un professeur de dessin n'aurait pas le droit de faire la caricature de Mahomet".

L'ancien ministre de l'Intérieur et de la Défense, a estimé par ailleurs qu'il "n'y a pas besoin d'un Patriot act" en France sur le modèle de la législation adoptée aux Etats Unis après le 11 septembre 2001 "car nous devons nous défendre par les moyens du droit".

"Nous avons des procédures tout à fait adaptées et peut-être peut-on faciliter les interceptions de sécurité pour tout ce qui relève du terrorisme", a-t-il ajouté, en citant aussi la nécessité d'un fichier des personnes voyageant par avion.

"La police de proximité que j'avais créée et que Monsieur Sarkozy a laissé dépérir nous manque beaucoup parce qu'il faut connaître le terrain", a-t-il aussi regretté.

Le fondateur du Mouvement républicain et citoyen et ancien ministre de l'Education s'est livré à un vibrant plaidoyer de la laïcité, qui "n'est pas tournée contre les religions".

"Charlie Hebdo a le droit de faire ce qu'il veut, c'est la liberté d'expression, mais dans l'école un professeur de dessin n'aurait pas le droit de faire la caricature de Mahomet". Il a cité à l'appui une lettre de Jules Ferry aux enseignants : "vous devez toujours vous interroger sur le fait que ce que vous allez dire ne doit pas blesser non seulement la conscience de l'enfant, mais aussi la conscience de ses parents".

Jean-Pierre Chevènement a été reçu samedi matin par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a reçu après lui successivement trois autres de ses prédécesseurs place Beauvau, Claude Guéant, Jean-Louis Debré et Dominique de Villepin.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1 samedi 17 janvier 2015. Il répondait aux questions de David Abiker.


c_est_arrive_cette_semaine_david_abiker_17_01_15_125032569.mp3 Europe 1 - C'est arrivé cette semaine  (10.34 Mo)

  • Il faut pérenniser le sursaut républicain qui s'est manifesté le 11 janvier. Le peuple français s'est dressé pour proclamer, quasi unanime, son refus du chantage à la peur, pour proclamer son attachement à un mode de vie fondé sur la vie, qu'on appelle la République. Il s'agit de promouvoir une vraie refondation républicaine, et cela, dans la durée.
  • Ce n'est pas le premier attentat terroriste qui frappe la France, et il y en aura d'autres encore ! C'est une affaire de longue haleine. Il y en a pour des années, voir des décennies. Donc, il faut s'armer dans cette perspective.
  • J'ai dit à la ministre de l’Éducation nationale que l’école est l'outil de transmission des connaissances, mais aussi des valeurs républicaines. Elle a pour tâche de faire aimer la France. Comment pourrait-on intégrer des jeunes à la France, si la France ne s'aime pas elle même ? Et cela passe par la littérature, les grandes œuvres, l'histoire de France, un récit national lisible, alors qu'il a été détruit pour ce qui concerne au moins le XXe siècle. Bref un pays mentalement, moralement, intellectuellement, redressé.
  • J'avais réintroduit l'instruction civique au primaire et au collège. Cela n'a pas suffit parce qu'on étudie les institutions locales et non la République, et le corps de principes qu'elle représente.

Intervention de Jean-Pierre Chevènement prononcée aux Invalides, jeudi 8 janvier 2015.


Madame Chambeiron, que je salue et à travers vous, le fils, le petit-fils et toute la famille de Robert,
Monsieur le Sénateur, Secrétaire général du PCF, Madame et Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs, chers amis,

Robert Chambeiron était un clair repère et il le reste pour les temps difficiles que nous vivons. On sait qui est Robert Chambeiron, quelles fonctions il a exercées au sein du Conseil National de la Résistance et le rôle qu’il y a joué aux côtés de Jean Moulin dont il était l’un des proches depuis 1936. En effet, ils travaillaient ensemble au sein du cabinet de Pierre Cot, alors Secrétaire d’Etat à l’Air. Celui-ci avait vu dans la guerre d’Espagne le vrai début du Second conflit mondial. C’est dire que Robert Chambeiron était préparé à résister.

On sait aujourd’hui l’appui décisif que Jean Moulin, à travers le CNR et les organisations qu’il représentait - mouvements de résistance, partis politiques et syndicats - a apporté, à ce moment crucial, au général de Gaulle. C’était en 1943, quand les Etats-Unis balançaient entre De Gaulle, c’est-à-dire la rupture franche opérée avec le gouvernement Pétain dès sa constitution, et Giraud qui représentait, en Afrique du Nord, après la mort de Darlan, une sorte de « Vichy sans Pétain ». Jean Moulin avait compris que De Gaulle avait eu raison de rompre avec un gouvernement qui demandait l’armistice et capitulait, alors même qu’il venait à peine d’être constitué, véritable coup d’Etat, créant ainsi une rupture de légitimité, car celle-ci va avec la défense des intérêts supérieurs de la patrie. Et De Gaulle avait su voir, comme en témoignent ses déclarations des 18 et surtout 22 juin 1940, que l’honneur et l’intérêt même de la France lui commandaient de continuer le combat du côté de la Liberté.
Mots-clés : 2002 cnr robert chambeiron

le 10 Janvier 2015 à 14:42 | Permalien | Commentaires (0)
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