Verbatim :
- La République est un combat. On peut décrire le monde tel qu'il est, c'est à dire chaotique : crise économique, terrorisme, montée du Front National... Mais les valeurs républicaines sont d'abord des exigences. Ce que nous voyons doit nous conduire à offrir, notamment aux jeunes générations, des repères solides, clairs, de façon à pouvoir affronter victorieusement les différents problèmes.
- Les repères de la République sont plus solides qu'on ne le croît. Prenons la liberté d'expression : qui pensait que le peuple français se mobiliserait comme il l'a fait, le 11 janvier ? Cela montre que les valeurs républicaines sont profondément ancrées dans le peuple français.
- La laïcité est un concept tout à fait d'avant-garde. Elle n'est pas affirmée avec assez de clarté. C'est l'espace commun dans lequel tous les hommes, indépendamment des révélations auxquelles ils croient, peuvent débattre à la lumière de la raison naturelle.
- Moi même fils d'instituteurs, j'ai au contraire le souvenir de l'effort particulier que le maître d'école, mon père, faisait pour l'enfant qui avait de la peine à suivre. C'est le rapport du maître à l'élève qui est fondamental.
- Même si on constate que cela ne va pas, c'est une raison supplémentaire de se mobiliser pour que cela aille mieux, pour que la liberté se porte mieux, que la laïcité soit mieux comprise, pour que l'égalité soit un idéal réellement vécu, et que surtout l'ascenseur social se remette à marcher. Mais il ne peut pas marcher avec 3,5 millions de chômeurs.
- Il faut le dire : il y a quelques erreurs qui ont été faites. Nous en payons le prix. Ma critique est globale : la République doit se manifester dans tous les aspects de la politique.
- La démocratie repose sur le débat entre citoyens. Elle suppose qu'on puisse s'entendre. C'est la raison pour laquelle la nation, qu'on le veuille ou non, est le cadre privilégié de la démocratie. L'Europe telle qu'elle fonctionne aujourd'hui a été pensée comme un substitut des nations, alors qu'on devait penser l'Europe dans le prolongement des nations.
- Nous avons perdu 15 points de compétitivité par rapport à l'Allemagne depuis le début des années 2000, et nous n'arrivons pas à remonter la pente par la voie d'une dévaluation interne, qui est trop douloureuse. Qui plus est, du fait de la politique de la concurrence au niveau de la Commission, on ne peut pas cibler le CICE uniquement sur les entreprises qui affrontent la concurrence internationale.
- Dans les années 1980, il y a eu un grand acte de dérégulation, pour toute l'Europe, c'est l'Acte unique, voté par les socialistes et par la droite, en fonction de quoi on a par exemple libéré tous les mouvements de capitaux, non seulement à l'intérieur de l'Europe, mais également vis à vis des pays tiers et en provenance des pays tiers. Cette liberté donnée aux capitaux, qui peuvent voyager à la vitesse de la lumière, fait évidemment contraste avec la liberté des travailleur, qui, eux, sont assignés au local.
- On a envoyé tous ces pouvoirs à Bruxelles, la concurrence – plus de politique industrielle possible, plus d'Etat stratège... et on a deux partis de gouvernements qui font la même chose sur ce sujet. On a voulu libéraliser la France, mais par l'Europe, en lui donnant tous les pouvoirs, en particulier à des gens non élus (à la Commission, à la BCE, à la CJUE). Et on se plaint que les Français aient une défiance vis à vis de la politique : mais c'est normal ! C'est la moindre des choses. Les politiques ont trompé les Français sur l'Europe.
- Que des communautés existent, c'est une évidence. Il y a des gens qui se sentent appartenir à une communauté. Mais pour autant, doivent-ils se désinvestir de la République ? Ne sont-ils pas Français pour autant ? Peut-on imaginer qu'on est juif ou Français ? Non ! On est juif et Français, musulman et Français, catholique et Français.
- La France a une histoire. La France a fait la nation. La nation a proclamé la République. C'est cette séquence, France-nation-République, à laquelle je suis attaché.
- La République est accueillante à toutes les diversités.
- Mettons l'accent sur ce qui nous rapproche, et pas sur ce qui nous oppose.
- Il faut s'habituer à ce que la France va devenir une nation de plus en plus métissée. Moi ça ne me gêne absolument pas, dès lors que la loi républicaine s'applique à tous. Il faut être intraitable là-dessus. Et je suis tout à fait confiant : au fil du temps, l'intégration se fera.
- La France a intégré des vagues de migration de tout temps. Ces apports font qu'on ne peut pas parler d'assimilation : cela revient à évoquer une identité qui serait figée, stable, mais plutôt d'intégration, car ces apports doivent se faire dans le respect de la personnalité structurée de la France.
- J'entends que M. Netanyahou voudrait que tous les juifs de France aillent en Israël. Je trouve qu'il s'est comporté de manière peu délicate quand il s'est exprimé de cette manière, à l'occasion de la manifestation du onze janvier, et M. Valls l'a remis à juste titre en place, en disant que les juifs étaient nécessaires à la France.
- Nous devons combattre l'antisémitisme, ces comportements odieux et monstrueux. Les Français doivent faire bloc contre cela.
- Il y a un excès dans l'hyper-individualisme libéral. Je pense qu'il faut revenir à quelques valeurs collectives, les valeurs du civisme par exemple, et qu'il y a dans la société française une aspiration à des normes claires, respectées par tous.
- J'avais lancé un mot d'ordre en 1984 : « 80% d'une classe d'âge au niveau du bac ». Cela s'est fait, parce qu'on a créé beaucoup de lycées, en décentralisant leur gestion au niveau des régions. Mais je n'ai jamais donné de consignes de laxisme en matière d'exigences. Ce que je voulais, c'était l'élitisme républicain : permettre à chacun d'aller au bout de ses possibilités.
- On a laissé au FN un monopole sur l'idée de nation.
- Les Etats-Unis et la France sont deux nations très différentes. Les Etats-Unis sont une nation d'immigrants : ils viennent tous de quelque part. Cela existe aussi en France mais de façon toute à fait différente, parce que la France est une vieille nation, reclus d'épreuves.
- La grande différence entre les Américains et nous, c'est que les Américains s'aiment. La France s'est aimée le 11 janvier, mais c'est vraiment une révélation pour elle.