Jean-Pierre Chevènement était l'un des invités du 22h de Public Sénat, jeudi 8 janvier 2015. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk.
le 9 Janvier 2015 à 01:03
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Commentaires (7)
L’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo est une déclaration de guerre à la démocratie républicaine et aux libertés qui la fondent.
J’exprime ma profonde compassion aux familles des victimes de cet attentat ignoble. Connaissant très bien, personnellement, Cabu et Wolinski et leur profond humanisme, j’éprouve un sentiment particulier de révolte. Je m’incline aussi, comme ancien ministre de l’Intérieur, devant les deux policiers touchés dans leur mission de sécurité. L’islamisme radical armé ne nous laisse pas le choix du terrain sur lequel le combattre. Il ne doit, bien entendu, pas être confondu avec l’Islam dont l’immense majorité des fidèles réprouve aussi cette violence barbare. Cet attentat est aussi un mauvais coup porté à la citoyenneté et à la coexistence des religions dans notre République. Car elle fera le jeu de tous les extrémismes. L’heure est au sang-froid et à l’union nationale contre le terrorisme, sans distinction de race et de religion. Dépêche AFP, 31 décembre 2014, 21h44.
Robert Chambeiron, ancien parlementaire, compagnon de Jean Moulin et dernier survivant du Conseil national de la Résistance (CNR), est décédé à 99 ans, a annoncé mercredi à l'AFP l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement.
Entré en 1936, en même temps que Jean Moulin, au cabinet de Pierre Cot, ministre de l'Air du gouvernement Blum, M. Chambeiron, resté en contact étroit avec Jean Moulin pendant la guerre, avait pris une part active dans les négociations qui avaient abouti à la fondation du Conseil national de la Résistance (CNR), dont il était devenu secrétaire général adjoint. Né le 22 mai 1915 à Paris, député radical puis progressiste sous la IVe République (1945-1951 et 1956-1958) puis député européen communiste entre 1979 et 1989, il s'était rapproché de Jean-Pierre Chevènement, dont il avait présidé le Comité national de soutien à la candidature à la présidentielle de 2007 avant que ce dernier ne renonce. M. Chevènement a "salué sa mémoire" mercredi soir. "On ne peut mieux le faire qu'en rappelant ces mots qui étaient les siens: +le CNR a été un véritable lieu de rassemblement dans l'intérêt national (...) Il fallait que la France fût au bord du gouffre pour qu'une telle union puisse avoir lieu+", a souligné l'ancien sénateur du Territoire-de-Belfort. "Ce qui était vrai en 1944 le reste aujourd'hui", a-t-il ajouté. Intervention de Jean-Pïerre Chevènement au colloque "La pensée politique de Georges Clemenceau", samedi 22 novembre 2014.
On m’a demandé de conclure. Or, sur un sujet pareil, il n’est pas possible de conclure. Eu égard d’abord à la qualité de tant d’intervenants prestigieux, infiniment plus savants que moi. Et surtout, parce qu’on ne peut pas conclure sur Clemenceau, tout en jaillissements et saillies, qui surprend toujours, se renouvelle en cinquante ans de vie politique active qui lui font enjamber le siècle, au premier rang de tous les combats majeurs, et pourtant si étonnamment fidèle jusqu’à la mort au jeune homme qu’il a été, républicain romantique dont on peut contempler l’image à sa sortie de prison en 1862, qui m’évoque Courbet, lui aussi emprisonné, dix ans après, au lendemain de la Commune . L’individu Clemenceau séduit. Mais l’homme politique, lui, a-t-il encore quelque chose à nous dire ? C’est la modernité de la pensée de Clemenceau que je veux soutenir à travers trois idées : l’autodétermination des peuples, le dialogue des cultures, et l’individu-citoyen, fondement du républicanisme civique.
I – L’autodétermination des peuples, d’abord. Clemenceau, à cet égard, est le fils de la Révolution française. La liberté des peuples est son programme et il l’accomplit à travers les traités de Versailles comme elle s’est réalisée déjà en Amérique Latine, Yves Saint-Geours l’a excellemment montré. Et cette idée va triompher à la chute de tous les Empires, coloniaux ou autres. C’est une chose incroyable que le « Père la Victoire » de 1918, qui a su, à soixante-seize ans, galvaniser la France, au bord de l’abîme, ait été dans sa jeunesse, soixante ans auparavant, l’ami de Blanqui et que le même homme ait incarné à la fois la recherche de la Vérité dans l’affaire Dreyfus contre l’obstination butée et injuste de l’Etat-Major, et le meilleur soutien de Foch et des chefs militaires, au printemps 1918, quand nos armées ont semblé fléchir devant l’ultime assaut des troupes allemandes. Miracle de la constance et de la longévité conjuguées, Clemenceau, maire de Montmartre en septembre 1870, élu à l’Assemblée Nationale en février 1871, est l’un des trente-six députés protestataires qui, après avoir refusé le 1er mars d’approuver l’armistice proposée par Bismarck, déclarent « tenir pour non avenue l’annexion de l’Alsace et la Lorraine ». Et c’est le même homme qui confie au lendemain du 11 novembre 1918 : « Moi qui attendais cela depuis cinquante ans – c’est long pour le cœur – je n’ai pas su dire un mot, j’ai pris ma tête dans mes mains, je me suis mis à pleurer … à pleurer ». Clemenceau est alors le dernier survivant des députés protestataires de 1871. C’est une tranche de vie ! ActualitésIntervention de Jean-Pierre Chevènement au débat organisé par l'ambassade d'Allemagne le 17 novembre 2014, sur le thème "25 ans après la chute du Mur".
I – C’est un peu l’Amérique, un peu la France, mais surtout la Russie surmontant son Histoire tragique, qui ont rendu leur liberté aux peuples assujettis par l’Union Soviétique, après 1945, et permis la réunification de l’Allemagne en 1990.
Les Etats-Unis d’Amérique, à travers l’OTAN. La France qui dans les années 1950-60 a tendu la main à l’Allemagne pour tourner définitivement la page des affrontements historiques entre les deux peuples et pour lancer, avec elle, la construction européenne. Mais, ne l’oublions pas, c’est la Russie qui a mis fin au communisme en s’engageant avec Gorbatchev, dès 1985, dans la "glasnost" et la "perestroïka". Gorbatchev, héritier d’Andropov, n’avait pas oublié le vieux projet de la diplomatie soviétique d’échanger la réunification de l’Allemagne contre sa neutralisation entre les deux blocs. Et c’est Gorbatchev qui, en 1989, pour des raisons largement internes, va prendre la décision d’écarter du pouvoir, à Berlin Est, la direction néostalinienne d’Erich Honecker :
Jean-Pierre Chevènement était l'invité des Matins de France Culture, mardi 11 novembre 2014. Il répondait aux questions de Marc Voinchet.
Première partie de l'émission
Verbatim express : 11 novembre
Tribune de Jean-Pierre Chevènement dans "La Croix", vendredi 31 août 2014.
Le concept d’« opération extérieure » ne va pas de soi : la Défense nationale exclut, par définition, les guerres d’agression. Il est vrai que la France a contracté des alliances, ainsi l’alliance atlantique, ou souscrit à des obligations dans le cadre de l’Union européenne. Mais ces obligations ne peuvent résulter que d’agressions dirigées contre nos partenaires euro-atlantiques. Dans les faits, 23 sur 28 des membres de l’Union européenne sont membres de l’Alliance atlantique dont la principale puissance est constituée par les États-Unis d’Amérique, garants, en dernier ressort, de la sécurité de l’ensemble, grâce à leur arsenal nucléaire. Compte tenu des incertitudes liées à leur emploi, la France a entendu se doter d’une dissuasion nucléaire fondée sur le principe de stricte suffisance, afin de pouvoir garantir, en tout état de cause, son indépendance et ses intérêts vitaux. La France a par ailleurs signé un certain nombre d’accords de défense avec plusieurs États africains dont l’indépendance remonte à un peu plus d’un demi-siècle.
Enfin et surtout, la France, depuis 1945, est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. C’est de là que résulte la légitimité des opérations extérieures qu’elle peut être amenée à conduire. Ainsi les interventions au Mali (Serval) et en Centrafrique (Sangaris) réunissent-elles les conditions de légitimité d’une « opération extérieure » : appel du gouvernement de l’État menacé ou agressé, résolution du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de forces armées. Ainsi en va-t-il également pour la force d’interposition (Casques bleus) mise en place par l’ONU au Liban et à laquelle la France contribue. C’est ainsi le Conseil de sécurité qui définit la légitimité des « Opex ».
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Conférence de Jean-Pierre Chevènement, prononcé lors du colloque franco-russe "La France et La Russie: 1914-1918 - de l'alliance à la coopération" organisé à Yaroslavl par la Renaissance française en Russie, le 16 septembre 2014.
L’alliance franco-russe nouée en 1891 est née de plusieurs facteurs :
D’abord le retournement de la politique allemande après le congédiement de Bismarck par Guillaume II. Son successeur, Caprivi, dénonce le « traité de réassurance » conclu entre les deux Empires, allemand et russe. L’Allemagne privilégie son alliance avec l’Empire d’Autriche-Hongrie et elle cesse d’acheter des titres d’emprunt russes. Or, la Russie a besoin de capitaux pour son industrialisation. C’est la France, ébranlée par l’énorme commotion qu’a été pour elle la défaite de 1870-71, qui va fournir ces capitaux. L’accord diplomatique de 1891 est complété ensuite par des conventions militaires, comportant une clause de secours mutuel en cas d’agression. Pour la France comme pour la Russie, leur alliance est un moyen de sortir de leur isolement diplomatique. Il a fallu convaincre les milieux financiers français, au départ assez réservés à l’égard du tsarisme, mais les nécessités politiques priment. L’épargne française, abondante, s’investit massivement en Russie (un tiers des placements extérieurs français). Sous l’impulsion de Serge Witte (1891-1902), puis de Stolypine à partir de 1905, le développement de la Russie est impressionnant. La tendance générale est à la libéralisation. Une Douma est créée en 1906. |
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