Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Sud Ouest, propos recueillis par Odile Faure, samedi 26 octobre 2019.


Entretien à Sud Ouest : "La laïcité est un principe mais il ne peut être dissocié de l’idéal des Lumières"
  • Sud Ouest : Vous allez intervenir aux Idées mènent le monde à Pau sur le thème de la "Nation". Pouvez-vous nous livrer votre définition de la "nation" par rapport au "pays", à la "patrie", à "l'Etat" ?


    Jean-Pierre Chevènement : Vous allez m’obliger à être pédagogue au risque d’être ennuyeux :

    Il y a plusieurs conceptions de la nation : tantôt civique, c’est ainsi que la France, depuis 1789, se définit comme une communauté de citoyens. Tantôt ethno-culturelle, c’était la conception allemande telle que l’avait définie Fichte, en réaction à la Révolution française, ou même purement ethnique, sous le régime national-socialiste. Cette distinction est essentielle. Renan, en 1889, a lumineusement exposé la conception française et civique de la Nation : elle repose non sur des critères de race, de langue ou de géographie, mais sur l’adhésion, le vouloir vivre ensemble une communauté de souvenirs et de projet, « un plébiscite de tous les jours ».

    C’est pour avoir laissé dépérir cette idée de nation civique, que la « société des individus » telle qu’elle a émergé en gros depuis 1968, a ouvert la voie à la régression identitaire qu’a constitué le Front National : l’idée de « souche » a remplacé l’exigence de la citoyenneté.

    Nos élites, happées par la mondialisation libérale, ont confondu la nation avec le nationalisme qui en est une maladie : la haine des autres plutôt que l’amour des siens. C’est grave, car les Français se sentent aujourd’hui perdus dans la mondialisation libérale. Or, la nation reste le cadre privilégié de la démocratie et de la solidarité. Nos dirigeants ne le rappellent pas assez. Il est important de remettre à l’honneur la conception de la nation civique : c’est la volonté d’être Français qui fait le Français.

Rédigé par Chevenement.fr le 28 Octobre 2019 à 09:53 | Permalien | Commentaires (1)

Les actes du colloque du 18 juin 2019 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Défis énergétiques et politique européenne"
  • Introduction, par Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

Rédigé par Chevenement.fr le 16 Octobre 2019 à 11:43 | Permalien | Commentaires (3)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Point, propos recueillis par Jérôme Cordelier, jeudi 10 octobre 2019.


© Le Point
© Le Point
  • Le Point : On entend dire dans les cercles du pouvoir, pour affronter les questions d’islamisme, de laïcité, d’immigration, d’autorité : « Ah ! si l’on avait un Chevènement ! » Comment interprétez-vous cet appel ?

    Jean-Pierre Chevènement : Il y a sûrement de jeunes Chevènement dans le paysage politique… Des gens capables de lucidité, et de s’inscrire dans une vision large, dans un temps long.

  • Qu’entendez-vous par vision large ?

    Une vision considérant que les problèmes d’immigration concernent autant les pays d’origine que d’accueil. J’approuve l’initiative d’Emmanuel Macron de se saisir de ce sujet crucial, même si je regrette que le débat parlementaire qu’il a initié se soit déroulé sans vote. On attend encore une grande politique d’immigration, indissociable de mesures pour l’intégration et se fondant sur le concours de deux volontés : celle des impétrants à notre nationalité, qui doivent accepter les lois républicaines, apprendre le français et travailler, et celle de la France, qui doit mettre en œuvre des politiques égalitaires sur l’emploi, le logement, l’éducation et faire vivre la fraternité. Il y a urgence à agir dans cette direction, si l’on veut éviter la poursuite de la fragmentation de la société française. Les guerres civiles commencent toujours à bas bruit. Je rappelle que les guerres de religion ont débuté par un premier bûcher dès 1523 et que les massacres de Vassy et de la Saint-Barthélemy n’ont eu lieu qu’en 1562 et 1572... Il en va de même avec nos attentats djihadistes. Les problèmes enflent au fil des décennies, je vois l’horizon s’assombrir depuis longtemps. En responsabilité, j’ai tout fait pour lutter contre cet « archipelisation de la France » dont parle aujourd’hui Jerome Fourquet : je voyais bien se creuser les fractures et les îles qui le composent s’éloigner de plus en plus… Les territoires perdus de la République, ce n’est pas une découverte récente ! Après les tueries du Bataclan et de Nice, les attentats de Marseille, Strasbourg et maintenant celui de la Préfecture de police de Paris, sans compter tous ceux qui ont été déjoués, témoignent que le mal continue de cheminer sur le terreau d’un ressentiment venu de loin.

Rédigé par Chevenement.fr le 11 Octobre 2019 à 14:37 | Permalien | Commentaires (4)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de la Matinale d'Europe 1, mardi 8 octobre 2019. Il répondait aux questions de Matthieu Belliard.


Verbatim

  • Matthieu Belliard : Manuel Valls parlait "d'apartheid ethnique", Gérard Collomb redoutait que l'on finisse par vivre "face à face" après avoir vécu "côte à côte" et Edouard Philippe mentionne des "dérives communautaires, une sécession insidieuse dont nous ne voulons pas". On a perdu beaucoup de temps, Jean-Pierre Chevènement ?

    Jean-Pierre Chevènement : Tous ces discours sont marqués d'un certain pessimisme, aucun ne dore la situation. Mais où sont les mesures concrètes qui auraient permis de traiter les problèmes liés à l'immigration ? L'immigration n'est pas qu'un flux entre pays d'origine et pays de destination. C'est un ensemble de problématiques complexes qu'il faut appréhender dans leur ensemble si l'on veut que ces flux migratoires soient correctement accueillis. Il y a un lien entre notre capacité d'intégration et l'immigration. Je suggérerais que l'on parle à la fois d'immigration et de la panne de l'intégration. Comment remettre en route la machine à faire des Français ? La France le veut-elle ? Les candidats à notre nationalité ont-ils cette volonté ? Comprennent-ils ce que cela implique ? Des droits, bien sûr, mais aussi des devoirs.

    Quand j'entends Edouard Philippe parler de quotas, à quoi va-t-on les appliquer ? Au regroupement familial ? C'est très difficile. Aux étudiants ? Nous voulons être attractifs. Les deux principales sources de l'immigration sont d'une part les visas touristiques, qui ont doublé depuis une bonne dizaine d'années : il y a en 4 300 000 par an. Qui peut s'assurer que ces touristes rentrent bien chez eux ? D'autre part, les demandes d'asile qui ont explosé et ont été multiplié par 2 en l'espace de 5 ans alors qu'elles diminuent dans les pays voisins. Il y a là des masses impressionnantes et nous ne sommes pas dotés des moyens de faire face à ces problèmes.

  • Le Président de la République dit qu'il lui manque un Chevènement.

    Il y a bien des jeunes Chevènement dans les générations qui viennent ! C'est au Président de la République de trouver l'homme idoine.

Rédigé par Chevenement.fr le 10 Octobre 2019 à 09:35 | Permalien | Commentaires (5)

Dépêche AFP, mardi 8 octobre 2019.


[AFP] Immigration : Chevènement critique "la culture du déni"
L'ex-ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement critique une "culture du déni chez nos élites" qui sous-estiment selon lui les conséquences d'une immigration sans contrôle et sans intégration, porteuse des germes d'une "guerre civile", a-t-il dit à l'AFP.

Le débat au Parlement sur l’immigration "est utile s’il est suivi de mesures", a estimé le président de Res Publica, dont Emmanuel Macron, que son entourage qualifie volontiers de "chevènementiste", a loué les qualités en privé.

"Il faut faire comprendre à tout le monde que le vent a tourné et qu'on n'est plus dans l'autocensure", a poursuivi Jean-Pierre Chevènement, "et affirmer la vraie dimension du problème. D'une part aider les pays d'origine à se développer, à devenir des États de droit sûrs, à investir dans l'éducation et à maîtriser leur fécondité".

"Il faut aussi que les pays d'accueil puissent intégrer ceux qui veulent devenir Français", a-t-il poursuivi, évoquant "la panne de l’intégration". "C'est indispensable si on veut éviter que se créent des communautés enclavées, des territoires où la loi républicaine n'est plus reconnue, où on finit par s'accommoder de mœurs aux antipodes de nos principes, comme la polygamie ou la mise en tutelle des femmes ou la ségrégation".

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 14:00 | Permalien | Commentaires (7)

Les actes du séminaire du 2 juillet 2019 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du séminaire de la Fondation Res Publica : "Immigration et intégration - Table ronde autour de Pierre Brochand"
  • Introduction, par Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica
  • Une situation singulière, par Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 13:26 | Permalien | Commentaires (21)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 19h de Ruth Elkrief sur BFM TV, le lundi 7 octobre 2019.


Verbatim

  • Ruth Elkrief : Le débat sur l'immigration est-il légitime ? Est-il un cadeau fait à Marine Le Pen ? Une manière d'attiser des braises, comme l'a dit Mélenchon ?

    Jean-Pierre Chevènement : Ce débat est légitime s'il est utile et si l'on s'écoute. Or, on ne s'écoute pas. Ce que dit Madame Le Pen des tensions sociales, des tensions entre "communautés", est malheureusement une réalité, mais on n'en parle pas. Pour autant, je ne pense pas qu'on réglera le problème par un référendum. On n'entend pas non plus Monsieur Mélenchon lorsqu'il dit une chose très juste : sans ses travailleurs immigrés, la France ne tournerait pas. Il faut avoir une vue globale de l'immigration. Si l'immigration pose problème, c'est que l'intégration ne marche plus. Depuis le 19ème siècle, la France est une terre d'immigration et tout s'est bien passé jusqu'à environ 1970. Depuis, ça ne va plus. L'intégration est en panne, les "communautés" se juxtaposent sans accepter de vivre selon la loi républicaine, le principe de laïcité est bafoué, on ne connaît pas l'égalité homme-femme.

  • Vous liez cela à l'immigration ?

    Par la force des choses. Des pays dont les moeurs, les coutumes, les règles, la religion ne sont pas les mêmes que les nôtres envoient des immigrés. Autrefois ils s'adaptaient à nos US et coutumes, aujourd'hui ils veulent garder les leurs.

  • Qui sont ces "ils" ?

    Certaines vagues récentes de l'immigration. Je ne mets pas en cause l'immigration ancienne et je ne mets pas en cause tous les immigrés d'aujourd'hui. Il y en a beaucoup qui s'intègrent, mais il y en a malheureusement beaucoup trop qui ne s'intègrent pas.

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 09:52 | Permalien | Commentaires (3)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "Ça vous regarde" consacrée à "Jacques Chirac, le jour d'après" sur LCP. Grand témoin, il répondait également aux questions de Myriam Encaoua au sujet du documentaire de David Pujadas, "Jean-Pierre Chevènement l'indomptable". Le vendredi 27 septembre 2019.


"Il faut sortir de l'ultra-libéralisme et revenir à la République"
Revoir l'émission sur le site de LCP


Verbatim

Sur Jacques Chirac

  • Myriam Encaoua : Jean-Pierre Chevènement, je rappelle que vous et Jacques Chirac vous êtes opposés à la guerre en Irak de François Mitterrand à l'époque, que vous étiez ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Jospin lorsqu'il était Président de la République en 1997. Vous attendiez-vous à tous ces hommages de la part des Français ?

    Jean-Pierre Chevènement : Je crois que les Français avaient fini par l'aimer. En 1981 et 1988, ils lui ont marchandé leur confiance, il n'a pas fait des scores formidables. Mais avec le temps, ils se sont habitués à lui, ont aimé ce géant chaleureux et se sont attachés à lui. Il fait partie de notre histoire.

  • Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec Jacques Chirac ?

    Ma première rencontre date du moment où Jacques Chirac venait d'être élu maire de Paris. J'allais à l'Hôtel de Ville voir mon ami Georges Sarre, qui présidait à l'époque le groupe socialiste, et ce dernier s'entendait très bien avec Chirac. Il m'a proposé de le rencontrer. Nous avons parlé notamment des questions militaires, nucléaires – un point sur lequel il avait une forte divergence avec Giscard –, et je me suis aperçu dans le feu de la conversation que nous avions beaucoup de convergences. Cela a créé un lien et nous sommes convenus de rester en contact.


Rédigé par Chevenement.fr le 30 Septembre 2019 à 09:33 | Permalien | Commentaires (2)
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