Carnet de Jean-Pierre ChevènementD’un voyage récent aux Etats-Unis, voici les impressions que je retiens :
1. Les Etats-Unis ne pourront pas seuls rétablir leurs équilibres fondamentaux, ce qui est décisif, si on veut éviter un nouveau rebond de la crise, sans le concours du « reste du monde ».
a) Les Etats-Unis vivent très au-dessus de leurs moyens (déficit commercial supérieur à 700 Milliards de dollars, déficit budgétaire hors de contrôle, endettement des ménages égal à 133% de leurs revenus, épargne des ménages inférieure à 1 % de leurs revenus, endettement net extérieur croissant à une vitesse exponentielle, cours du dollar à la merci des politiques des pays détenteurs de « balances-dollars ». L’économie américaine draine 80 % de l’épargne mondiale. Le monde marche sur la tête ! b) Si les Etats-Unis devaient rétablir seuls leurs équilibres, cela plongerait le monde dans une récession sans précédent (le fléchissement du cours du dollar depuis dix-huit mois n’a entraîné qu’une progression modérée des exportations américaines, étant donné la désindustrialisation du pays. Quant aux importations, elles n’ont baissé tant soit peu que parce que la demande intérieure fléchissait. Il faudrait une chute de la demande beaucoup plus forte pour qu’on se rapproche d’un meilleur équilibre. c) Si les Etats-Unis relancent seuls leur économie, les fondamentaux d’ici quelques années seront encore plus dégradés. On ira de bulle en bulle et de crise en crise, toujours plus graves.
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Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 14 Novembre 2008 à 17:10
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L'entretien dure 7 minutes. Le podcast est disponible ci-dessous.Agenda et médiasLe thème de l'émission : "Les nouveaux Etats-Unis". Elle dure 60 minutes.
L'émission sera rediffusée vendredi 14/11 à 23h30, samedi 15/11 à 13h et 21h et dimanche 16/11 à 17h.
Le podcast est disponible sur le site de Public Sénat. Les actes de la table-ronde du 16 juin sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Dépêche AFP, dimanche 9 novembre 2008, 20h52.
Le sénateur Jean-Pierre Chevènement a estimé dimanche que les bons scores de Ségolène Royal et de Benoît Hamon pour le Congrès de Reims montrent que le "souffle de la crise financière", a fait "bouger les lignes au sein du PS".
"Le souffle de la crise économique et financière commence à faire bouger les lignes au sein du Parti socialiste, comme en témoigne les bons scores de Ségolène Royal et de Benoît Hamon", a déclaré à l'AFP le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC). Cependant, selon lui, "l'absence d'un réel débat sur la crise et la globalisation financière, sur les remèdes à y apporter et la nécessaire réorientation de la construction européenne, manifeste que le PS est loin d'avoir pris la mesure des défis que la gauche et la France doivent relever". "L'urgence de la refondation républicaine de la gauche n'en paraît que davantage", estime l'ancien ministre. Il réitère sa proposition d'"organiser en 2011 des primaires ouvertes à tous les militants et tous les sympathisants de la gauche pour provoquer le débat et désigner sur cette base le candidat qui portera le projet de la gauche à l'élection présidentielle de 2012". Donner à la Fondation ouvre droit à un avantage fiscal équivalent à 66% du montant du don pour les particuliers.
La Fondation de recherches Res Publica, reconnue d’utilité publique, mène depuis sa création à la fin de 2005, une intense activité de recherche et de proposition (cf. sa brochure de présentation). Elle s’emploie à approfondir les concepts clés de la citoyenneté, leur possible universalisation, à penser aux conséquences des bouleversements en cours, dans le monde comme dans la société française. Le trente-sixième colloque de notre Fondation vient de se tenir, consacré à la politique européenne de l’énergie. D’ores et déjà se prépare une série de trois rencontres consacrées à la crise mondiale et aux profondes réorientations qu’elle exige. Nous remplissons notre rôle de réflexion hors des chemins battus et de proposition, bannissant tout sectarisme.
Comme vous le savez, chacune de nos rencontres donne lieu à une publication intégrale des débats ; le site Internet de la Fondation est à la disposition de tous, et spécialement des étudiants, universitaires, chercheurs ou citoyens épris de connaissances. Ce travail est indispensable pour agir juste dans le monde nouveau qui vient. L’actualité d’un projet républicain se révèle aujourd’hui en pleine lumière. En 2009, notre Fondation doit développer son activité. Nos ressources devraient pouvoir s’élargir par des contributions privées, bénéficiant des avantages consentis aux versements à des Fondations d’utilité publique. Parce que nos préoccupations, nos orientations anticipent et vont souvent à rebours des modes, nous ne pouvons guère compter sur les habituels bailleurs de fonds. C’est pourquoi je fais appel à votre soutien, qui serait précieux pour que la Fondation Res Publica continue sur son élan et contribue à formuler les propositions neuves dont notre pays a besoin. Je vous remercie par avance de cet engagement. Jean-Pierre Chevènement Tribune de Jean-Pierre Chevènement, sénateur du Territoire de Belfort, président du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), publiée dans Marianne, samedi 25 octobre 2008. La crise, telle qu'elle se développe, consacre le double retour de la puissance publique et du fait national.
Ce qui est extraordinaire dans la crise actuelle c’est l’empressement des pyromanes à jouer les pompiers. Une égale amnésie touche M. Sarkozy, sa majorité et la plupart des dirigeants de la gauche. La droite oublie le culte qu’elle vouait à Reagan dans les années quatre-vingt, les privatisations, les niches fiscales multipliées, l’OMC crée sous M. Balladur en 1994 et qui a éradiqué nos dernières protections tarifaires. Quant au PS, il a oublié le culte du franc fort, puis de l’euro fort, le MATIF et la désintermédiation bancaire. Oserai-je rappeler que c’est sous la gauche que la part des salaires dans le revenu national brut a décroché de dix points ? Faut-il oublier que le principe de la concurrence libre et non faussée a été posé par l’Acte Unique négocié en 1985 et voté en 1987 par le PS et par la droite ? C’est au 1er janvier 1990 que la liberté des capitaux a été instaurée, déséquilibrant de manière irréversible le rapport entre le capital et le travail. Faut-il encore évoquer l’irresponsabilité de la Banque Centrale européenne consacrée par le traité de Maastricht en 1992 ? Assez de balivernes donc ! La « solution » n’est pas « social-démocrate », n’en déplaise à mon ami Jean-Marc Ayrault. Elle est tout simplement républicaine.
Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Le Monde, édition du 23 octobre 2008. Le séisme financier actuel a rétabli des évidences : l'Europe est une union d'Etats et le France peut et doit y jouer tout son rôle.
Le président de la République, dans son discours de Toulon, n'a pas sous-estimé la gravité de la crise. Mais il l'a réduite à la logique du capitalisme financier. Certes, il a eu raison de flétrir les excès de la titrisation qui a déresponsabilisé les banques, mais il n'a pas dit qui a encouragé cette "titrisation". Il a surtout fait l'impasse sur la dimension géopolitique de la crise.
Qui en effet a encouragé la fuite en avant dans l'endettement des ménages et des banques, et la dilution des risques dans une "titrisation" opaque ? Qui, sinon l'administration Bush et ce demi-dieu, Alan Greenspan, hier encensé, et jeté aujourd'hui à bas de son piédestal ? Il fallait bien sortir de la crise née de l'éclatement de la bulle technologique et financer la guerre d'Irak ! C'est cette fuite en avant qui a contaminé l'ensemble de l'économie mondiale. Mais le mal vient de plus loin encore : ce sont les Etats-Unis qui, depuis plus de trente ans, ont impulsé la globalisation financière et les dérégulations, flottement des monnaies, libéralisation absolue des mouvements de capitaux, cycle des privatisations, fin de toutes les protections à travers le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) devenu Organisation mondiale du commerce (OMC), mise en concurrence des territoires et des mains-d'oeuvre avec son cortège de délocalisations. Il faut rappeler qu'ils furent suivis par l'Europe, qui fit du dogme libéral son credo, à travers l'acte unique, le traité de Maastricht et le projet de Constitution européenne repris par le traité de Lisbonne. |
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