Dépêche AFP, mercredi 17 octobre 2012, 19h21.


Sollacaro, un "militant nationaliste engagé, y compris dans des actions clandestines", dit Chevènement
L'ancien ministre de l'intérieur Jean-Pierre Chevènement a accusé mercredi l'avocat Antoine Sollacaro, assassiné la veille à Ajaccio, d'avoir été un "militant nationaliste engagé, y compris dans des actions clandestines".

"Me Antoine Sollacaro n‘était pas seulement une figure du barreau. C'était une figure de l'indépendantisme. Un militant nationaliste engagé, y compris dans des actions clandestines", a déclaré le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) à Public Sénat.
"Je ne veux pas en dire plus pour ne pas manquer à ma déontologie d'ancien ministre de l'Intérieur", a-t-il ajouté.

"Je crois que les liens entre le banditisme et le nationalisme corse sont établis depuis longtemps", a poursuivi l'ancien ministre, jugeant qu'"il y a là une dérive mafieuse bien connue".

Pour que l'Etat intervienne davantage en France, il faudrait "déjà que les complicités dont bénéficient les indépendantistes corses cessent dans tous les milieux, y compris politiques, qu'il n'y ait plus de complaisances. Si cette attitude avait été tenue, il y a très longtemps qu'on ne parlerait plus de ce problème", a dit M. Chevènement.
Mots-clés : corse sécurité

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Octobre 2012 à 19:32 | Permalien | Commentaires (0)

Interview de Jean-Pierre Chevènement par Public Sénat concernant l'assassinat de Me Antoine Sollacaro, mercredi 17 octobre 2012.


Public Sénat : L'assassinat d' Antoine Sollacaro a provoqué une onde de choc mais ce n’était pas seulement un avocat…
Jean-Pierre Chevènement: On doit toujours s’émouvoir de l’assassinat d’un homme. Cela va de soi. Mais Maître Antoine Sollacaro, n‘était pas seulement une figure du barreau. C’était une figure de l’indépendantisme. Un militant nationaliste engagé, y compris dans des actions clandestines. Je ne veux pas en dire plus pour ne pas manquer à ma déontologie d’ancien ministre de l’Intérieur.

Quand j’ai entendu dire que c’est la justice qui était en cause à travers lui. J’ai pensé que c’était une vision pour le moins incomplète. Je crois que les liens entre le banditisme et le nationalisme corse sont établis depuis longtemps. Il y a là une dérive mafieuse bien connue. On ne peut pas lutter contre ce phénomène si on ne porte par le fer dans la plaie. La plaie qu’elle est-t-elle ? Elle est qu’à droite comme à gauche les indépendantistes corses bénéficient de complicités. Et par conséquent le problème depuis plus de 30 ans, depuis même 40 ans, paraît insoluble parce que la volonté politique, à tous les niveaux, manque.

J’ajoute que si l’Etat reprend le dossier institutionnel, s’il rouvre la question des institutions de la Corse, comme le président de la collectivité territoriale de Corse Paul Giacobbi le lui demande, on ira contre la volonté des Corses, affirmée par le référendum de 2003, qui avait rejeté l’hypothèse d’un statut qui rapprocherait la Corse d’un territoire d’Outre-Mer. Je crois que les Corses ont exprimé leur volonté contre tous les partis de droite, de gauche et contre le FLNC, contre les indépendantistes. La fermeté de l’Etat doit se manifester sur la question corse puisqu’elle est emblématique de la volonté de l’Etat dans tous les domaines. (…)
Mots-clés : corse sécurité

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Octobre 2012 à 18:23 | Permalien | Commentaires (0)
Claude Cheysson avait déjà derrière lui une très brillante carrière diplomatique et administrative (Organisation commune des régions sahariennes, ambassadeur en Indonésie, commissaire européen) quand François Mitterrand lui confia, en mai 1981, la responsabilité du ministère des Relations extérieures, appellation tombée en désuétude depuis la Révolution.

Il voulait inventer une politique originale, tournée prioritairement vers le Sud, vers les grands pays émergents, et notamment trois pays clés : l’Algérie, l’Inde, le Mexique. Cette vision stratégique était prémonitoire. Claude Cheysson s’est acquitté de sa tâche avec le brio et l’énergie que chacun lui connaissait. Son départ du quai d’Orsay a coïncidé avec un recentrage euro atlantique qui rompait fort avec le discours de Cancun.

Je vois avec tristesse s’éteindre une des grandes figures politiques qui ont fait l’élan de 1981.

Ma fidèle pensée va à sa femme et à ses proches.
Mots-clés : 1981

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 16 Octobre 2012 à 13:31 | Permalien | Commentaires (0)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur le Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance, jeudi 11 octobre 2012.


Faire bouger les lignes
Monsieur le ministre,

Dans deux discours brillants, vous nous avez invités hier à « dépasser le traité », à le « contextualiser » pour en faire, je vous cite, « l’instrument d’une autre politique », nous faisant entrevoir des perspectives enchanteuses, voire enchanteresses. Vous avez réussi à dissimuler que le Sénat, s’il vote ce traité, entérinera une dépossession sans précédent du Parlement de ses prérogatives budgétaires.

Peu d’orateurs semblent l’avoir mesuré. Si ce n’est pas un suicide du Parlement, cela y ressemble beaucoup, dans une sorte d’indifférence molle que j’ai quelques scrupules à troubler. Mais il faut lire le traité. Si je puis évoquer un souvenir : ce n’est qu’après avoir lu le traité de Maastricht que je me suis résolu, en 1992, à voter contre.

Le traité, je le résume, pose, dans son article 3, le principe selon lequel la situation budgétaire des administrations publiques doit être en équilibre ou en excédent. C’est la Commission européenne qui, de Bruxelles, propose le calendrier imposant à chaque pays une convergence rapide vers l’objectif à moyen terme, l’OMT, qui ne saurait excéder un « déficit structurel » durci à 0,5 % du PIB. Un OMT dont vous entendrez reparler.

Ce n’est pas seulement un traité disciplinaire. C’est un traité correctionnel.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au site Atlantico paru lundi 24 septembre 2012.


Pourquoi je dis "non" au traité budgétaire européen
Atlantico : Examiné mercredi en Conseil des ministres, le projet de loi autorisant la ratification du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) au sein de l'Union européenne arrivera au Parlement le 2 octobre. Vous avez annoncé que vous ne voterez pas ce texte. Quelles sont vos raisons ?
Jean-Pierre Chevènement : J'ai eu l'occasion de dire ce que je pensais de ce traité à la tribune du Sénat, juste après sa signature par Monsieur Sarkozy et Madame Merkel le 2 mars 2012. Je m'efforce de donner une certaine constance à mes positions. Je rappelle que je fais partie des rares députés socialistes qui ont voté contre le traité de Maastricht en 1992. Partisan d'une Europe construite dans le prolongement des nations, j'ai toujours maintenu ma ligne de pensée qu'il s'agisse de la constitution européenne ou du traité de Lisbonne auxquels je me suis opposé. Ma position et celle du Mouvement républicain et citoyen (MRC) n'ont jamais varié. J'ai développé nos idées durant la campagne pédagogique que j'ai menée de novembre 2011 à février 2012. J'ai retiré ma candidature à l'élection présidentielle le 1er février 2012, et le 13 mars, j'ai apporté mon soutien à François Hollande. Mais notre soutien ne comporte nulle servilité : nous conservons intacte notre liberté de jugement et d'expression. Sinon d'ailleurs, que vaudrait ce soutien? J'ai ici le texte de l'accord qui est intervenu le 9 mars 2012 entre le MRC et le PS s'agissant du traité européen (TSCG) :

"Les deux partis conviennent que le traité européen tel qu'il a été convenu par le sommet du 30 janvier 2012 et signé le 2 mars dernier est inacceptable. La vision purement budgétaire et disciplinaire qui est celle du traité déboucherait sur une austérité et une récession généralisée. Le traité doit être renégocié afin d'introduire dans l'architecture de la zone euro des moteurs de croissance aujourd'hui défaillants : rôle clé de la BCE dans le rachat des dettes publiques et dans le soutien à la croissance, emprunt européen permettant de financer un grand plan d’investissement, relance salariale dans les pays auxquels leur compétitivité le permet, politique de change assurant un euro compétitif."


Où en sommes-nous aujourd'hui ? Le "pacte de croissance" prévoit le redéploiement de 55 milliards de crédits FEDER (Fonds européen de développement régional) qui existaient déjà. Il prévoit une augmentation du capital de la banque européenne d'investissement. Augmentation du capital qui est censée pouvoir financer 60 milliards d'investissements sur un laps de temps à définir. Enfin, il prévoit ce qu'on appelle les "project bonds", mais pour un montant extrêmement modeste : quatre ou cinq milliards d'euros. Aucune de ces mesures n'est à même de contrebalancer l'effet déflationniste du traité et d'inverser la marche à la récession aujourd'hui engagée.

Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors de l'Université d’été du Mouvement Républicain et Citoyen à Belfort 16 septembre 2012.


Je voudrais commencer par le rappel de quelques principes pour dissiper le brouillard dont ses adversaires de toujours et plus encore d’aujourd’hui, les tenants du néolibéralisme, ont voulu et veulent envelopper le mot « République ».

Non, tout le monde n’est pas « républicain ».

La République, ce n’est pas seulement le droit de vote. La République est une construction exigeante qui implique le rappel de quelques notions de base.

Cette exigence est particulièrement actuelle dans une époque dominée par l’Argent roi, celle du capitalisme financier à son apogée, où les marchés financiers rançonnent les Etats et où le Capital met les territoires en concurrence, en n’hésitant pas à coup de plans sociaux, à délocaliser la production au nom d’intérêts purement financiers.

Actuelle est la République, face au déchaînement des intérêts particuliers et corporatismes, à l’explosion de l’individualisme et des inégalités, et à la fragmentation de l’espace public au profit de revendications identitaires et communautaristes qui obscurcissent l’idée même d’un intérêt commun à tous les citoyens.

Commençons par le principe de base. La République a pour fondement la souveraineté populaire : chaque citoyen est une parcelle du souverain.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 16 Septembre 2012 à 16:56 | Permalien | Commentaires (2)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 19h de France 3 Franche-Comté, vendredi 14 septembre 2012. Il répondait aux questions de Florence Cicolella.


Verbatim express

  • Le MRC soutient François Hollande les yeux ouverts. Cela veut dire que nous ne cessons pas de développer nos analyses. Nous pensons qu'elles tiennent la route dans la durée face aux problèmes de la réindustrialisation, de l'avenir de l'euro et à la situation politique de la France.
  • Nous souhaitons donner à la gauche un cap républicain, celui de l'intérêt public. Nous rappelons que la République est le bien commun par réponse aux intérêts corporatistes, particuliers. Voyez M. Arnault par exemple.
  • La République c'est aussi la laïcité par rapport aux fanatismes de tous bords. Il y des exemples dans l'actualité : le fameux film qui a allumé le feu dans le monde musulman et a abouti au lâche assassinant de plusieurs diplomates américains.
  • A propos du TSCG : Nous ne pensons pas que le problème soit celui de la dette. Le problème est celui des écarts de compétitivité qui se sont creusés au sein de la zone euro. Nous l'avions dit dès le traité de Maastricht en 1992 : il n'est pas raisonnable de faire une monnaie unique avec des pays qui sont très différents par leurs structures économiques.
  • Ce ne sont pas les propositions de M. Draghi qui vont résoudre le problème. Elles donneront un petit répit. De même, le feu vers donné par la Cour de Karlsruhe ne concerne qu'une modeste contribution : 190 milliards pour l'Allemagne, 142 milliards pour la France. Ce n'est pas à la hauteur des pyramides de dette accumulées par certains pays comme l'Espagne ou l'Italie.
  • A propos du départ d'Etienne Butzbach du MRC : La défection d’un homme, décidée de manière solitaire, ne peut pas changer la pertinence d’analyse politique que nous avons eu le courage de maintenir dans la durée et dans l’intérêt de la gauche

Rédigé par Chevenement.fr le 16 Septembre 2012 à 09:55 | Permalien | Commentaires (1)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Mme Merkel a raison de souligner, après la décision de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe, que "nous n’avons pas encore surmonté la crise de l’euro mais seulement fait un premier pas ...."

On aurait aimé au passage que le Conseil constitutionnel français ait formulé la même exigence que la Cour de Karlsruhe pour tout engagement que la France serait amenée à consentir au-delà de notre contribution de 142,7 milliards d’euros au Mécanisme européen de stabilité.

Je suis choqué par la manière dont l’opinion publique a été trompée sur la portée réelle des engagements pris le 6 septembre par le Président de la BCE, M. Draghi. On n’entend que la promesse de rachat "illimité" par la BCE d’obligations publiques. On oublie de mentionner que ce rachat ne pourra intervenir que sur un créneau limité : le marché de la revente d’obligations à trois ans maximum, à des conditions politiques très strictes et moyennant stérilisation de toute liquidité additionnelle au détriment du financement des entreprises.

L’Université d’été du MRC, qui se tiendra à Belfort les 15 et 16 septembre, montrera que les mesures Draghi n’offrent en réalité qu’un tout petit répit au système de l’euro. Le vice constitutif de celui-ci (hétérogénéité des économies qui le constituent et divergences croissantes de compétitivité entre elles) reste soigneusement occulté. Non seulement le MES est un pare-feu insuffisamment doté mais les peuples n’accepteront jamais des plans de déflation extrêmement sévères définis par des institutions privées de toute légitimité démocratique.

C’est la construction européenne qu’il faut réorienter en profondeur pour assurer non seulement la réussite de la gauche mais aussi celle de la France.

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Septembre 2012 à 18:16 | Permalien | Commentaires (2)
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