Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Marianne, 16 juin 2012.
Marianne: Alors que les partisans de l’Europe, tels Michel Rocard, François Bayrou ou François Hollande, ont multiplié leurs autocritiques, les eurosceptiques se montrent très discrets au moment où ils pourraient triompher. Vous-même, pourquoi ne vous manifestez-vous pas davantage sur le sujet?
Jean-Pierre Chevènement: Je ne triomphe pas bêtement pour ne pas provoquer inutilement ceux dont la pensée a commencé d’évoluer : en tant qu’homme politique, je ne pense pas qu’on puisse sortir de Maastricht à moindre frais pour la France et pour l’Europe sans les maastrichtiens d’hier... La monnaie unique a une force symbolique que je ne sous-estime pas, même si je ne crois pas que, comme disait Nicolas Sarkozy, « l’Europe, c’est l’euro ». L’Europe devrait être un projet de civilisation. C’est une erreur de l’avoir réduite à une monnaie, de surcroît unique. La monnaie unique fait en effet l’impasse sur les nations et leurs irréductibles différences de structures économiques, politiques et culturelles. Les concepteurs de la monnaie unique pensaient qu’avec le « pacte de stabilité », les économies finiraient par converger. Pari bien léger : l’expérience des unions monétaires a montré, soit qu’elles finissaient par exploser, faute de véritable unité politique (union latine, union scandinave), soit qu’elles renforçaient les inégalités de départ en polarisant la richesse et le sous-développement aux extrémités ; c’est le cas de la lire italienne creusant l’écart entre l’Italie du Nord et le Mezzogiorno, ou de l’unification monétaire allemande de 1990, faisant des Länder de l’Est une zone périphérique. Entre l’Allemagne et les pays du nord de la zone euro d’une part et les pays de la Méditerranée d’autre part, les écarts de compétitivité et de balances commerciales se sont creusés en dix ans.
Rédigé par Chevenement.fr le 18 Juin 2012 à 15:53
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Carnet de Jean-Pierre Chevènement
Les Français ont choisi clairement de donner au Président de la République François Hollande et au Gouvernement de Jean-Marc Ayrault les moyens de conduire les changements qu'appelle la situation du Pays.
Le Mouvement Republicain et Citoyen (MRC) a apporté une contribution ferme et déterminée à cette victoire de la gauche. Avec trois députés, dont son Président Jean-Luc Laurent élu dans le Val de Marne, et ses deux Vice-présidents, Marie-François Bechtel élue dans l'Aisne et Christian Hutin réélu dans le Nord, le MRC fera entendre sa voix à l'Assemblée Nationale. Une voix responsable et argumentée pour mettre la gauche à la hauteur du défi que la France doit relever pour réorienter l'Europe. Je me félicite de l'excellente tenue de nos candidats dont plusieurs ne ratent l'élection que de quelques centaines de voix. Je déplore enfin que dans la 2ème circonscription du Territoire de Belfort, qui a longtemps été la mienne, une candidature dissidente et de mauvais reports de voix au 2nd tour aient permis à nouveau la réélection du député de droite. Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Var Matin, vendredi 8 juin 2012.
Var Matin: Vous présentez des candidats uniques MRC ou PS dans plusieurs circonscriptions sur la base d’un accord avec les socialistes. Que dit cet accord ?
Jean-Pierre Chevènement: Nous avons convenu qu’il fallait unir toutes les forces de gauche pour résoudre la crise de la monnaie unique, faire intervenir la Banque centrale européenne pour obtenir la stabilité financière. Au MRC, nous avons eu le sentiment que les lignes avaient bougé pendant la campagne. C’est pour cette raison que nous avons choisi de soutenir François Hollande. Quel regard portez-vous sur ce début de quinquennat ? François Hollande a défini un programme. Il s’y tient. Lors du sommet du G8, il a montré qu’il pouvait faire de Barack Obama un allié. Tout le monde semblait craindre que la France ne s’isole. Finalement au lendemain du G8, un grand quotidien américain titrait sur L’Allemagne isolée. François Hollande a choisi un bon premier ministre. Le gouvernement est rajeuni. Il le fallait. Comment se traduit votre accord aujourd’hui. Sur quels points particuliers souhaitez-vous trouver un écho au sein du gouvernement ? J’ai rencontré François Hollande lundi. Nous avons beaucoup parlé de la situation européenne. Nous avons évoqué sa discussion avec Barack Obama et Angela Merkel. Nous avons abordé la question des eurobonds. Pour résoudre la crise de l’euro, il faudra faire intervenir la Banque centrale et démarrer ensuite un plan de relance à l’échelle de l’Europe. C’est particulièrement important. La composition de l’Assemblée sera déterminante pour la mise en œuvre du programme de François Hollande. Combien de candidats le MRC présente-t-il ? Quelle sera la position du parti entre les deux tours ? Il y a des candidatures uniques MRC-PS dans 9 circonscriptions. Nous avons en tout 69 candidats, plus 2 dans le Pas-de-Calais. Pour les candidatures uniques, la question ne se pose pas. Ici dans la 7e circonscription du Var, Ladislas Polski a toutes ses chances. Je crois beaucoup à l’hypothèse d’une triangulaire. Pour les autres, la place sera laissée au candidat le mieux placé. Il faut que les Français donnent une majorité au président Hollande. Si les Français sont normaux, ils donneront une majorité normale à un président normal. -------- Source: Var Matin Dépêche AFP, lundi 11 juin 2012, 12h50.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a appelé lundi au désistement pour le candidat de gauche le mieux placé, "partout sans restriction", notamment pour Ségolène Royal, arrivée en tête en Charente-Maritime.
Dans un communiqué, le sénateur de Belfort estime que "la victoire de la majorité présidentielle n'est pas encore acquise. Il est nécessaire que les Français se mobilisent le 17 juin prochain pour donner à François Hollande la majorité dont il a besoin". De plus, "la règle du désistement au profit du candidat de gauche le mieux placé doit s'appliquer partout sans restriction, y compris en Charente Maritime, au profit de Ségolène Royal", poursuit celui qui avait soutenu l'ex-candidate à l'Elysée en 2007. Pour ce qui est du MRC, M. Chevènement "se réjouit de voir élus ou quasiment élus son président, Jean-Luc Laurent, dans le Val de Marne et son deuxième vice-président, Christian Hutin dans le Nord", le seul sortant. "Cinq autres candidats sont en ballotage favorable : Marie-Françoise Bechtel, première vice-présidente, dans l'Aisne, Catherine Coutard dans la Drôme, Etienne Butzbach dans le Territoire de Belfort, Julien Landfried dans les Hauts-de-Seine et enfin Ladislas Polski dans le Var, à la faveur d'une triangulaire", précise-t-il. Pour l'ex-ministre, "leur élection constituerait un précieux renfort à la cohérence et à la détermination de la majorité présidentielle"
Quel est le statut, dans le paysage audiovisuel français, de Bernard-Henri Lévy, ce milliardaire pseudo-philosophe posté au carrefour de toutes les rédactions, auquel la parole est donnée dans le journal de 20h de France2, pour poser des questions au Président de la République comme s’il était le maître et le Président l’élève ?
On espérait que le service public échapperait à l’entreprise de noyautage de la presse entreprise de longue date par cet artiste de la manipulation. Las…
L’effritement du cours de l’euro (7 centimes) sur le marché des changes donne lieu à une campagne d’alarmisme totalement déplacée, au motif que l’automobiliste, à la pompe, ferait les frais de l’affaiblissement de l’euro. Cette thèse reflète les intérêts des rentiers, des détenteurs d’actifs financiers et pas du tout ceux des couches populaires. Celles-ci ont besoin que l’activité économique se redresse. Alors les salariés auront de quoi payer l’essence à la pompe.
L’euro à 1,25 dollar reste très au-dessus de son point le plus bas (82 centimes de dollar atteint en l’an 2000) et même au-dessus de son cours de lancement au 1er janvier 1999 (1,16 dollar). Il y a une stricte corrélation entre la surévaluation de l’euro depuis dix ans et l’accélération de la désindustrialisation de la France, même s’il y a d’autres causes à l’affaiblissement de notre tissu industriel. La "monnaie forte", idole de l’Establishment et de la bien-pensance depuis trois décennies, a écrasé notre compétitivité. Elle a abouti à la fonte de la part de l’industrie dans le produit national (de 27 à 12%), à la perte de plus de 2 millions d’emplois industriels, à l’accélération des délocalisations et à l’effondrement de notre balance commerciale. Il faudrait que l’euro tombe à une quasi parité avec le dollar pour qu’une brise de confiance se lève à nouveau sur le vieux continent. Personne n’ose le dire, car l’idéologie dominante de la monnaie forte, est celle des classes dominantes. En fait, un euro à 1 dollar vingt cinq est encore beaucoup trop cher. Je souhaite, pour le redressement productif du pays, que l’euro tombe à au moins un dollar et même moins. Ce serait la meilleure chose qui pourrait arriver à notre industrie et à notre commerce extérieur. Entretien de Jean-Pierre Chevènement à l'Express paru dans l'édition du 23 mai 2012.
L'Express: Est-il raisonnable d'engager des dépenses supplémentaires au vu de la situation des finances publiques?
Jean-Pierre Chevènement: François Hollande a pris un engagement : en cinq ans, réduire à zéro le déficit public. Dans le collectif budgétaire de l'été, il engagera des dépenses, fortes symboliquement, telles que le relèvement de l’allocation de rentrée scolaire ou la mise à la retraite des personnes qui auront cotisé quarante et une années à l'âge de soixante ans. Tout cela étant compensé à l’euro près. Faut-il bloquer le prix de l'essence? Oui si les prix remontaient. Ce n’est pas la tendance. Un audit est commandé: est-ce le prélude à l'abandon de certaines promesses? La situation du pays est d'une telle gravité qu'il ne faut rien cacher au peuple. Le président Hollande, comme Mendès-France autrefois, saura dire pourquoi on ne peut pas tout faire tout de suite. Faut-il demander des économies aux collectivités locales? Il y a encore des doubles emplois entre administrations, mais cela ne représente pas une immense perspective d'économies. La presse étrangère analyse la victoire de Hollande comme un vote des Français contre l'austérité. Qu'en pensez-vous? C'est une appréciation trop rapide. La politique arrêtée par François Hollande est rigoureuse, mais elle tend à restaurer la croissance. Comment réindustrialiser la France? Il faut d’abord stopper la désindustrialisation, qui se poursuit depuis le milieu des années 70: nous avions alors près de six millions de travailleurs dans l'industrie, il en reste un peu plus de trois. La fin de la surévaluation de l'euro est une condition du redressement économique. L’effritement de l’euro est de ce point de vue une bonne chose. Mais nous sommes encore loin du point bas de l’euro 82 centimes de dollar en 2000 et même de son cours de lancement : 1,16 dollars. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité politique de Julien Arnaud sur LCI, mardi 22 mai 2012.
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