Comme toujours certains prennent leurs désirs pour la réalité. Ainsi Le Monde du 17 juillet utilise-t-il à contresens le mot de « retrait » que j’ai prononcé s’agissant de mes fonctions de maire de Belfort. Je ne me suis pas, pour autant, retiré de la vie politique. Au contraire, en me dégageant d’un terrain miné où la conjonction de la droite et du PS belfortain ne m’a laissé et ne me laissait aucune chance d’être élu, j’ai retrouvé une entière liberté de mouvement pour animer au niveau national le courant républicain civique qui manque à la gauche autant qu’à notre pays.
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 17 Juillet 2007 à 19:46
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Lire l'article de Sylvia Zappi dans l'édition du Monde datée du 16 juillet 2007 sur le site Le Monde.fr.
Editorial de Jean-Pierre Chevènement pour Belfort-Mag de Juillet 2007.
Compte tenu du résultat de l’élection législative dans la deuxième circonscription du Territoire de Belfort, j’ai décidé de mettre un terme au mandat de maire que le suffrage universel m’avait confié en mars 2001, il y a plus de six ans.
Elu maire pour la première fois en mars 1983 et ayant exercé continûment depuis lors cette fonction, sauf de juillet 1997 à mars 2001, période où des responsabilités gouvernementales prenantes m’empêchaient de le faire et où M. Jackie Drouet m’a relayé dans les fonctions de Premier Magistrat, j’ai considéré que le moment de la relève était venu. Carnet de Jean-Pierre ChevènementOn m’interroge souvent, par les temps qui courent, sur la politique « d’ouverture » pratiquée par Nicolas Sarkozy à l’égard de certaines personnalités « de gauche ». Je n’y ai que partiellement répondu.
Si je désapprouve les débauchages intervenus avant les élections législatives, qui visaient clairement à affaiblir la gauche, je modulerai mon jugement au cas par cas s’agissant des nominations auxquelles le nouveau Président de la République a procédé depuis lors et à plus forte raison des missions qu’il a distribuées.
J’ai déjà dit que le rapport sur la mondialisation confié à Hubert Védrine me paraissait pouvoir éclairer utilement le débat public sur le principal défi auquel la France est confrontée. Pour le reste, le Président de la République est dans son rôle qui est de rassembler, en utilisant de préférence des personnalités compétentes. Les responsables socialistes qui acceptent les charges que Nicolas Sarkozy leur confie révèlent simplement à quel point le social-libéralisme qu’ils professent généralement se distingue peu du libéralisme. Nicolas Sarkozy est un révélateur de la décomposition intellectuelle de la superstructure du Parti socialiste. Pour lui résister, il eût fallu que le socialisme restât la critique du capitalisme et que ses chefs y crussent. Dès lors que le capitalisme financier mondialisé est devenu l’horizon intellectuel de beaucoup de responsables socialistes, je ne me sens même pas capable de leur reprocher de tomber du côté où ils penchent. Nul ne pourra relever la gauche s’il prétend faire l’économie d’une critique du capitalisme globalisé contemporain, tel qu’il s’est installé depuis que Mme Thatcher et M. Reagan ont pris le pouvoir dans les pays anglo-saxons, au début des années quatre-vingts. Le malheur des temps veut que la gauche française soit elle-même venue « aux affaires » dans ces années-là. Sans une relecture lucide des trois décennies écoulées, et les démissions politiques, intellectuelles et morales qui les ont accompagnées, il n’y aura pas de refondation crédible de la gauche dans notre pays.
Yves conteste le soutien que le MRC et moi-même avons apporté à Ségolène Royal pendant la campagne. Qu’eût-il fallu faire ? « Affirmer le courant républicain, répond Yves, comme une alternative sérieuse » ? Mais cela aurait supposé, cher Yves, un soutien à ma candidature en novembre 2006 dont le MRC n’a pas été capable, pour des raisons dont je ne lui fais d’ailleurs pas grief.
Alors quelles possibilités nous restaient-elles offertes ? Soutenir Nicolas Sarkozy ? Disparaître ? J’aimerais convaincre Yves que nous avons fait ce que nous devions faire. Pour ma part, je suis très content d’être du côté des perdants. Pour le moment. M. Sarkozy, à Strasbourg, a estimé avoir réussi « l’improbable synthèse du oui et du non ». Certes le traité dit « simplifié » ne se prétend plus une « Constitution ».
De ce que la « concurrence libre et non faussée » ne figure plus dans la liste des objectifs de l’Union, M. Sarkozy croit également pouvoir déduire que « l’Europe va désormais pouvoir agir contre les dumpings, instaurer une préférence communautaire, mettre en œuvre des politiques industrielles ».
Faut-il dire « salut l’artiste » ? * * * Ou bien M. Sarkozy n’entend rien au fonctionnement réel de la machine communautaire, ou bien il se réfugie dans une pure stratégie de communication. Car la Commission reste la gardienne vigilante de la concurrence et n’entend pas modifier sa jurisprudence. La Banque Centrale n’a fait aucune concession sur ses objectifs : la timide proposition française d’une « croissance non inflationniste » a été rejetée. Il n’y a pas l’ombre d’une politique industrielle européenne à l’horizon. M. Sarkozy attend qu’on salue l’artiste : la meilleure manière de le faire serait de soumettre le traité dit « simplifié » à référendum populaire. Il y aurait une bonne manière d’y parvenir : ce serait, pour le Parti socialiste, de refuser de ratifier la réforme constitutionnelle rendue nécessaire par l’abandon du projet de Constitution européenne au profit du traité « simplifié ». L’argument est imparable : le parallélisme des formes veut qu’on ne puisse faire rentrer par la lucarne parlementaire ce qui a été sorti par la grande porte du suffrage universel. Trop simple peut-être ? * * * Nicolas Sarkozy vient de confier à Hubert Védrine une mission d’étude et de prospective sur la mondialisation. Enfin, le vrai défi, celui de la mondialisation, est nommé. Hubert Védrine est assurément le mieux placé pour répondre à cette difficile question. C’est pourquoi je ne le désapprouve pas d’avoir accepté. Il y a une différence entre une responsabilité ministérielle – qu’en l’occurrence il a refusée à la veille des législatives – et une mission d’études pour laquelle il est certainement l’une des personnalités les mieux qualifiées. Nous ne sommes pas en guerre civile et c’est de saine pratique d’organiser sur un sujet fondamental un débat qui transcende les frontières d’une majorité et d’une opposition enlisées depuis trop longtemps dans une stérile guerre de tranchées. Cela ne veut pas dire évidemment qu’il n’y ait plus matière à s’opposer. Les vrais débats valent mieux que les oppositions de carton pâte. * * * Pour ce qui me concerne j’ai procédé hier à la relance de la Fondation Res Publica*. Cinq colloques sont prévus, de septembre à décembre 2007 : 1. La démocratie peut-elle survivre au système politico-médiatico-sondagier ? 2. Le capitalisme financier et son évolution : peut-on réduire le rôle des fonds spéculatifs ? 3. L’avenir des institutions politiques : vers un véritable système présidentiel à la française ? 4. L’Asie du Sud-Est entre ses géants (Chine-Japon-Inde). 5. L’avenir de l’Allemagne comme principale nation exportatrice mondiale. Je ne doute pas que de la forge des idées ne finisse par sortir une démocratie rénovée. ------------- (*)Je vous invite à vous inscrire à la lettre d'informations de la Fondation Res Publica afin de recevoir les invitations pour ses colloques et ses publications. Contribution de Jean-Pierre Chevènement à Citoyen Militant, journal interne du MRC.
I – Le MRC doit porter un regard lucide mais sans masochisme sur la période écoulée.
A l’Université d’été des Ulis, trois perspectives s’offraient à nous : - soit, hypothèse privilégiée, un accord avec le PS faisant respecter le vote du peuple français du 29 mai 2005 (refus de la Constitution européenne) ; - soit, si un espace stratégique se dégageait, une candidature autonome à l’élection présidentielle (un parti digne de ce nom ne peut faire l’économie de cette capacité) ; - soit une stratégie de « retrait sur l’Aventin », s’il n’était pas possible de trouver un accord politique convenable avec le PS ou de conquérir un nouvel espace politique. Après que j’ai « marqué le terrain » par le lancement de ma candidature à l’élection présidentielle le 6 novembre, un accord politique sur des bases claires a été trouvé avec Ségolène Royal le 9 décembre, accord que la candidate a globalement respecté dans le déroulement de sa campagne (redressement de la construction européenne – affirmation de l’actualité du modèle républicain - rôle de la France en Europe et dans le monde). Cet accord a été assorti d’un volet électoral qui a été inégalement appliqué par le Parti socialiste (saboté dans trois département : Ardennes – Indre – Territoire de Belfort, il a néanmoins permis l’élection d’un député MRC : Christian Hutin, maire de Saint-Pol sur Mer, dans l’agglomération dunkerquoise). Dépêche AFP, 18h35, dimanche 24 juin 2007.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a estimé dimanche que "la France a fait toutes les concessions sans contre-partie", en commentant l'accord à Bruxelles des 27 sur un projet de traité simplifié.
"Les 55% de Français qui ont voté non (en mai 2005 au référendum sur le projet de constitution européenne) n'ont obtenu que des satisfactions cosmétiques", a jugé M. Chevènement dans une déclaration à l'AFP. Pour lui, "le principe de libre concurrence reste au coeur de la philosophie des traités européens tels que les interprètent la Commission européenne et la Cour de justice". Il a relevé aussi que "le ministre des Affaires étrangères européen s'appellera certes Haut Représentant de l'Union européenne mais il garde toutes ses prérogatives notamment la présidence du conseil des ministres des Affaires étrangères". "Dans l'Union à 27 où il n'y a pas de majorité pour une politique étrangère européenne indépendante, il sera l'instrument de l'alignement sur la diplomatie américaine", a-t-il ajouté. Il a estimé qu'au sommet de Bruxelles le président Nicolas Sarkozy s'était "rendu aux exigences d'Angela Merkel (chancelière allemande) de préserver la 'substance' de la constitution européenne". "La modeste exigence de la France visant à faire 'd'une croissance non inflationniste' l'objectif de la BCE a été rejetée", a-t-il poursuivi. Pour M. Chevènement l'accord de Bruxelles "présenté comme un succès inespéré de Nicolas Sarkozy sortant l'Europe d'une paralysie imaginaire est un pur succès de communication célébré par les bien pensants, où la France a fait toutes les concessions sans contrepartie". |
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