Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Nicolas Sarkozy révélateur de la décomposition intellectuelle du social-libéralisme


On m’interroge souvent, par les temps qui courent, sur la politique « d’ouverture » pratiquée par Nicolas Sarkozy à l’égard de certaines personnalités « de gauche ». Je n’y ai que partiellement répondu.


Si je désapprouve les débauchages intervenus avant les élections législatives, qui visaient clairement à affaiblir la gauche, je modulerai mon jugement au cas par cas s’agissant des nominations auxquelles le nouveau Président de la République a procédé depuis lors et à plus forte raison des missions qu’il a distribuées.

J’ai déjà dit que le rapport sur la mondialisation confié à Hubert Védrine me paraissait pouvoir éclairer utilement le débat public sur le principal défi auquel la France est confrontée. Pour le reste, le Président de la République est dans son rôle qui est de rassembler, en utilisant de préférence des personnalités compétentes. Les responsables socialistes qui acceptent les charges que Nicolas Sarkozy leur confie révèlent simplement à quel point le social-libéralisme qu’ils professent généralement se distingue peu du libéralisme.

Nicolas Sarkozy est un révélateur de la décomposition intellectuelle de la superstructure du Parti socialiste. Pour lui résister, il eût fallu que le socialisme restât la critique du capitalisme et que ses chefs y crussent. Dès lors que le capitalisme financier mondialisé est devenu l’horizon intellectuel de beaucoup de responsables socialistes, je ne me sens même pas capable de leur reprocher de tomber du côté où ils penchent.

Nul ne pourra relever la gauche s’il prétend faire l’économie d’une critique du capitalisme globalisé contemporain, tel qu’il s’est installé depuis que Mme Thatcher et M. Reagan ont pris le pouvoir dans les pays anglo-saxons, au début des années quatre-vingts. Le malheur des temps veut que la gauche française soit elle-même venue « aux affaires » dans ces années-là. Sans une relecture lucide des trois décennies écoulées, et les démissions politiques, intellectuelles et morales qui les ont accompagnées, il n’y aura pas de refondation crédible de la gauche dans notre pays.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Lundi 9 Juillet 2007 à 17:57 | Lu 8453 fois



1.Posté par Hubert CHERTIER le 09/07/2007 18:23
Cher Jean-Pierre,
J'approuve tout à fait ton analyse cocernant la décomposition de la gauche. Il faut tout reconstruire.
Je me félicite également qu'une réflexion sur la mondialisation ait été confiée à notre ami Hubert Védrine qui a toujours fait preuve d'une grande lucidité dans ses analyses. Il convient de signaler la qualité de son dernier ouvrage "continuer l'histoire". J'attends son rapport avec impatience.

Amitiés

Hubert CHERTIER


2.Posté par nuk84 le 10/07/2007 07:55
Un plaisir de voir encore un dirigeant politique nous parler de l'essentiel, à une époque où "la com" est reine et semble être l'horizon indépassable dees journalistes, plus intéressés par les joggings présidentiels ou la psychologie à deux balles des rapports intimes entre les élites que par l'analyse sérieuse de la marche du monde...
Continuez à prêcher dans le désert !

Un jour, peut-être,la population sortira de cet état d'abrutissement collectif...

3.Posté par Marcel COOLS le 10/07/2007 08:28
Cher ami;

Je vous félicite de poursuivre votre travail critique. Une dimension qui manque à la gauche actuelle c'est son internationalisme. Point de salut pour les travailleurs s'ils ne sont pas unis. Il y a quant même bien longtemps que le diagnostique est posé. Que le PS de France doive se reconstruire est indubitable. Mais la gauche est actuellement en panne en Europe. Il serait temps que des hommes libres proposent des objectifs concrets pour combattre la mondialisation "néo" libérale. A bientôt sur le chantier.

4.Posté par Gérard ELOI le 10/07/2007 09:39
Cher Jean-Pierre,

Je suis entièrement d'accord avec ton analyse et ta présentation d'une sorte de "libéral-socialisme".

Je tiens toutefois à rappeler que le pacte présidentiel de Ségolène Royal, pacte que tu as soutenu, n'avait rien de "libéral-socialiste", puisque les 100 propositions prévoyaient, entre autres, lutte contre les délocalisations, négociations strictes avec les banques dans un objectif d'accès pour tous au logement,...
Le seul point qui ait fait tiquer certains est ce "partenariat" avec nos entreprises régionales. Je n'appelle pas cela un programme libéral : ce sont nos entreprises, si elles vont bien et ne délocalisent pas, qui procureront de l'emploi ! Cette méthode du donnant-donnant, gagnant-gagnant est de de gauche puisque basée sur une sorte de solidarité, un "partenariat" entre pouvoirs publics, entreprises et travailleurs.
Vision un peu novatrice peut-être mais qui doit mener à moins de dérives que le collectivisme.
Le monde change, la pensée socialiste doit donc s'adapter aux réalités du moment, sans renier ses idéaux.
Et je reste persuadé que c'était bien le cas du programme de Ségolène Royal : tout ce qui était réalisable dans les programmes des diverses gauches et chez les verts figurait dans le pacte présidentiel !

Cordialement

GE

5.Posté par A.T. le 10/07/2007 15:49
"Sans une relecture lucide des trois décennies écoulées, et les démissions politiques, intellectuelles et morales qui les ont accompagnées, il n'y aura pas de refondation crédible de la gauche dans notre pays."

Le comportement actuel du P.S. permet-il de déceler son courage et sa volonté
d' affronter une relecture lucide qui pointera les renoncements, les accommodements voire les compromissions ?


6.Posté par Xavier DUMOULIN le 11/07/2007 07:22
Désert d’avenir à gauche ?

Libé nous apprend que Guillaume Bachelay s'interroge sur l'avenir de la gauche dans un ouvrage à paraître à la rentrée. Titre possible : “Désert d'avenir ?”. Le quotidien qui fait une large place à la guerre des générations au PS, présente la problématique du livre. “Comment le PS peut-il s’adapter à la mondialisation libérale sans pour autant se droitiser ?”

Est-ce bien le reflet du questionnement de ce brillant et jeune socialiste fabiusien ? Si tel était le cas nous ne pourrions que lui conseiller de réfléchir davantage à la problématique.

Certes, la France et l'Europe se meuvent dans un environnement international donné incontournable. Est-ce à dire, comme on l'affirme trop péremptoirement dans les cercles idéologiques libéraux, qu'il n'y aurait aucune alternative aux politiques en oeuvre aujourd'hui dans notre région du monde ?

Faisons le pari qu'il existe à gauche des forces disponibles pour une réflexion décompléxée sur ces questions. On souffre depuis trop longtemps d'un non dit sur une mondialisation libérale, prétexte à tous les renoncements et à toutes les trahisons. Faut-il analyser cet impensé comme le symptôme “d'une décomposition idéologique du social libéralisme” évoquée hier par Jean Pierre Chevènement sur son blog ? Ce mentor de la gauche républicaine et sociale qui oeuvre avec courage et intelligence depuis des lustres pour sortir la gauche de sa torpeur et de ses impasses sait de quoi il parle pour avoir payé de sa personne cet affront à la bienpensance de l'Establisment. Les étroites et fragiles marges de la gauche du PS ne l'ont pas beaucoup suivi jusqu'alors et il a fallu la dynamique de la présidentielle pour entamer un nouveau dialogue sur l'Europe. Autour de sa personne et bien au-delà de son mouvement, il y a pourtant beaucoup de militants disponibles pour une profonde remise en question du social libéralisme. C'est à l'ordre du jour, ça cristallise des divergences bien réelles et ça engage l'avenir de la gauche.

Il n'y a plus d'échappatoire possible pour ceux qui veulent reconstruire la gauche. Je concède qu'une franche posture de rupture avec trois décennies d'engourdissement suppose quelques exercices de préparation. Le temps de la critique est pourtant venu. Qu”est-ce qu'on attend pour avancer ensemble et poser les bases d'un avenir désirable ?


7.Posté par Hélène le 11/07/2007 14:40
Bonjour Mr Chevènement,

Ce message pour vous dire que :

> j’apprécie beaucoup vos positionnements depuis les années 90,

> je souhaite ardemment vous voir intervenir plus souvent sur la scène politique,

> c’est une gageure pour une nouvelle électrice de gauche (depuis Ségolène Royal, et après bientôt 40 ans de votes à droite) :

- de tenter de garder le lien entre le chemin que suivra Ségolène Royal que je soutiens, et le vôtre, tout en m’intéressant de très près à votre association.

Bien sincèrement, Hélène

8.Posté par stephane.grim le 11/07/2007 14:56
Bonjour
Je tiens d'abord à dire merci pour une chose simple :
Une fois de plus, c'est un grand plaisir de lire une réflexion qui se singularise par une alliance entre des convictions sincères et une distance qui évite les invectives et garde au fond tout son humanité.
Merci pour ça, pour une pensée ferme mais apaisée


Les bons et les félons :

Ensuite, je partage totalement ce point de vue et ces nuances. Ainsi pour avoir lu il y a peu l'ouvrage de Védrine, et l'avoir entendu sur France Culture, il continue d'être à mes yeux une personne de grande qualité, dont les positions sont solidement argumentées et campées sur le réel. Sa critique de l'irreal politik ou son intérêt soutenu pour un Etat requinqué rejoignent je crois vos convictions.
Il expliquait d'ailleurs bien sur France Culture, qu'il n'existe pas une politique de droite et une de gauche, de manière aussi sommaire, mais "des" politiques. Sa mission ne me parait pas être une adhésion mais un travail critique pour une visée plus haute, celle de notre intérêt collectif.

En ce qui concerne les ralliements divers au sein même du gouvernement, eux, ont des explications qui tiennent de l'intérêt personnel, de proximité idéologique comme vous le dites, voire de naïveté même sans doute sur la capacité à ne pas s'étouffer par les couleuvres.
Une Fadela ne peut s'identifier à un Bernard...
Bref, je crois qu'il ne faut pas parler de traîtrise comme j'ai pu le lire sur le blog de M Mélenchon (que j'estime par ailleurs et qui me parait constructif aussi). Il y a un basculement qui tient de l'individuel et aussi d'une mise en conformité avec une vision du Monde.
Les clivages apparents ne sont pas les bons, il serait tellement sain de les faire enfin apparaître



Repenser :

Il faudrait déjà commencer par redéfinir ces notions de droite et gauche. Et pour l'instant à de rares exceptions près, je ne vois ce travail que rarement.
Pour ça il me parait prioritaire de redéfinir les clivages principaux ; puis voir par rapport à ces divisions, chercher où se situent nos fameux grands acteurs politiques… et où nous nous situons nous même. J’y reviendrais plus loin.
Mais enfin !! Si on ne fait pas ce travail là, on ne peut rien comprendre.
Un Max Gallo avec un Kouchner comme soutien et ministre? Farfelu ?
Evidemment que non, évidemment qu'il y a une logique mais si on ne réfléchit pas à ça, on ne pense pas, on ne pense plus, on avance des mots, des idées mécaniquement, rien de plus.

Je suis militant PS, est ce que je me vois « socialiste » ? Ce serait croire qu’on adhère à une ligne de pensée continue, croire ainsi qu’il n’y eu qu’une seule ligne chez les socialistes et oublier Daniel Mayer et Léon Blum par exemple, ce serait aussi oublier qu’on peut intégrer un groupe par rapprochement, par un choix pensé longuement, donc non évident par avance, et donc au final pas par adhésion totale.
Rigolons un peu : je suis en accord avec Eric Zeimour sur la plus grande partie de ses positions, j'ai voté vert pendant 20 ans à TOUTES les élections, j’ai été adhérent d’ATTAC à la première année de sa création, j’ai voté non fermement au référendum de 2005 et je continue à penser que c’était préférable, je suis adhérent socialiste. N’importe quoi !
…Il n'y a d'incohérence que lorsqu'on ne veut pas chercher le lien. C’est nier qu’on a sa propre synthèse qui prend des éléments dans diverses approches et non une seule. Nous ne sommes pas des petits soldats quand nous réfléchissons.

Aux réunions des militants PS, lorsqu’on explique qu’on perçoit les socialistes comme des bourgeois parvenus, laxistes, élitistes, moralistes, langage répété dans les milieux divers que je peux côtoyer, milieux agricoles, ouvriers, enseignants, retraités entre autres, sont il tristement d’accord ?
Non, ils sont plutôt surpris quand on leur rapporte ce qui se dit chez les électeurs de droite. Ils n'en reviennent pas.
Ha ben mince ! Ca n'est sans doute pas la réalité de beaucoup de militants et pourtant c'est comme ça que de multiples français voient beaucoup de socialistes.
J'en passe, de plus les dissonances n’existent pas qu’au PS.

Repenser ce qui structure et déstructure notre société est vital.


Le grand flou :

Tout ceci pour dire quoi ? Que les forces qui font se rapprocher un Gallo et un Kouchner d’un Sarkozy, ne sont pas forcément les mêmes mais répondent à des logiques individuelles et tactiques - je mets Gallo à part – ainsi qu’à des combinaisons idéologiques possibles.
Elles collent aux discours de Sarkozy qui mêlent des éléments divers qui paraissent opposés :
- Idée de nation et défense d’un capitalisme dénué de tout lien collectif
- Défense de l’Etat acteur fort et volonté de déliter l’Etat afin d’en faire juste un levier pour les agents économiques dominants, une simple gouvernance au service d’intérêts privés
- Défense d’une identité française qui structurerait le peuple et discours visant à diviser les groupes sociaux et segmenter pour répondre à des clients votants
Etc
Derrière cette adhésion à des associations d’idées détonantes (et des « booms » il risque d’y en avoir pas mal), il y a des choix… des idées qu’on accepte de laisser de côté pour réussir à en faire avancer d’autres, des divorces politiques trop forts sur des priorités pour continuer un compagnonnage (je passe les intérêts personnels, les rapports humains et la tactique pure comme l’hésitation Védrine / Kouchner).
Tout cela produit un attelage étrange mais pas si improbable que ça.
Beaucoup ont intérêt à ne pas mettre cartes sur table, à ne pas poser les questions de fond.


Les clivages :

J’en vois quatre, suivis de questions subalternes ; ce choix entraîne une vision en 3 dimensions et non en 2 D du champ politique :

1 L’environnement (derrière : la privatisation du vivant, le réchauffement, la question de la chimie, la disparition des espèces, la dégradation marine et le problème de l’eau en général, l’écart croissant entre progrès technique et conscience donc le rapport à la notion de progrès…)

2 La justice sociale (derrière : la financiarisation, la montée des inégalités, la montée en puissance de la criminalité dont la corruption, la dérégulation et la précarisation générale, le service public…)

3 La République (derrière : l’Europe, la place de la puissance publique et les rapports Etat Région, la laïcité, la représentation et les institutions, la sécurité et la surveillance, la liberté, les médias et leurs rapports à l’industrie et la politique, le nationalisme et les communautarismes divers, l’autoritarisme et le recul démocratique, la fraternité …)

4 L’humanisme, la spiritualité (derrière : la matérialisme, l’hyper marchandisation, l’individualisme, le cynisme, le rapport à la vie…)

Ces 4 questions fondamentales, de notre période, déterminent toutes les autres et se croisent d’ailleurs (ainsi pour les relations internationales). Ce sont elles qui travaille le politique en profondeur malgré la tyrannie de la communication (merci Ignacio Ramonet) et donc les positionnements des uns et des autres. Rajoutons à ça les comportements dogmatiques ou grégaires, les choix stratégiques et les relations personnelles, nous pouvons mettre le système actuel par terre et reconstruire.
A l’UMP c’est en bonne voie (malgré des déchirements visibles) mais loin d’être une forme stabilisée et donc parfaitement identifiable encore. L’hebdomadaire Marianne en donne une analyse intéressante mais que je crois discutable ; en dehors c’est le vacarme et c’est normal. C’est le résultat temporaire d’un long processus.


Un petit mot pour finir ; je ne suis pas enthousiaste suite aux législatives (le texte où j’en parle est sur mon blog et sur Marianne) et j’espère bien vous entendre encore, vous, M. Zuccarelli ou M. Peillon par exemple.
Alors, trois mots pour vous résumer ce que je pense : chaleureusement… à bientôt

Stéphane

9.Posté par stephane.grim le 11/07/2007 20:15
petite correction pour avoir la bonne adresse du blog... désolé


10.Posté par Di Girolamo le 11/07/2007 20:35
Les problématiques mondiales ont profondémment évoluées en peu de temps. Certaines valeurs , défendues depuis longtemps par les verts concernant notre envirronnement ou les socialistes concernant le social , la répartition des richesses..... Se sont fondues en une seule réalité s'imposant à nous comme une butée , une fin possible de l'humanité. Au point que ces partis , partisans comme il se doit , sont dans l'incompréhension et l'impossibilité de trouver en eux mêmes , seuls, les vraies questions et les propositions de solutions.
Que le Ps explose , cela n'a en soi aucune importance , ce qui compte c'est la réalité ; celle ci étant peu réjouissante et pour qui la regarde dit que notre organisation sociale , économique , financière , politique etc nous mène droit dans le mur. L'écart de plus en plus grands entre riches et pauvres, la sururbanisation , l'épuisement des ressources, le dérèglement du climat etc etc forment un tout explosif et correspond à un mode d'organisation et une culture NON DURABLE.

Il faut parvenir, et pour cela toutes les ressources humaines seront utiles , à comprendre et élaboborer une stratégie ......Il faut passer d'une démocratie de gestion , avec des clivages , droite , gauche, centre, vert , alter .... à une démocratie de projet où l'ensemble de sensibilités travaillent ensembles , le débat public se transformant en un outil de recherche /développement d'un modèle de société durable.

11.Posté par Xavier DUMOULIN le 26/07/2007 07:29
Retour au chartisme

Selon sa dépêche, le Bureau national du PS aurait adopté mardi soir une “charte de la rénovation” détaillant le calendrier et la méthode pour fonder “la gauche du 21e siècle” et se donner les moyens d'assurer l'alternance en 2012.

Ce texte aurait été accepté “par consensus” à l'issue d'une réunion clairsemée, la dernière avant les vacances, et en dépit d'”un certain scepticisme” d'une partie des participants, selon le porte-parole du parti, Julien Dray. Seul, parmi les présents, le député de la Nièvre Gaëtan Gorce se serait nettement démarqué, ne prenant pas part au vote.

Le texte de la charte remis à la presse indique que trois forums seront organisés à partir de l'automne, portant sur “les socialistes et la nation” (24 novembre), “les socialistes et le marché” (15 décembre), “les socialistes et l'individu” (20 janvier 2008).


Au XIX° siècle, la charte évoquait les lois constitutionnelles d'un Etat, établies par concession du souverain et non par les représentants du peuple. L’ambivalence du terme pourrait nourrir la critique auprès de mauvais esprits peu amènes envers le premier secrétaire. Mais le mot peut trouver aussi, auprès de meilleurs esprits, sa connotation positive en renvoyant au chartisme, ce mouvement ouvrier anglais du milieu du XIX°.

Sous l’influence de Robert Owen et de Thomas Hodgskin - cet admirateur de la Révolution française, de Robespierre et de Babeuf – le mouvement réformiste des “démocrates ouvriers” se développa dans une volonté de concilier réforme politique et émancipation économique en créant “une opinion publique morale, réfléchie, énergique”. Plus tard, sous l'effet de la lutte des classes, l'influence de ce courant de “la force morale” perdra du terrain face aux tenants de “la force physique” tentés par l'insurrection et la grêve générale. Le chartisme se radicalisera, posant en quelque sorte les bases d’un mouvement révolutionnaire. Il constituera un formidable sujet d'études pour Engels et Marx tandis que le chartisme, qui n'avait pas su jusqu'ici définir concrètement les formes sociales que devait épouser la démocratie politique, allait à son tour, au contact des thèses marxistes et sous l'impulsion de Jones, connaître un second souffle. Les lecteurs passionnés trouveront des développements fort intéressants sur le chartisme dans un bel ouvrage d’Edouard Dolléans sur “l'histoire du mouvement ouvrier” en trois volumes, préfacé par Lucien Febvre - dont l'édition est, à ma connaissance, épuisée -. Cette puissante aspiration à la réforme intellectuelle et morale, couplée d'une combativité énergique pour doter le mouvement ouvrier de l'époque d’une capacité d’action autonome, pourrait inspirer une gauche désireuse d’une vraie rupture avec ce néolibéralisme qui caractérise le capitalisme financier mondialisé contemporain.


Le besoin de questionnement et de renouvellement des idées est profond. Au delà du PS toute la gauche est en devoir de retrouver l'initiative pour repartir sur de nouvelles bases. Comment sortir des lieux communs et des pesanteurs idéologiques pour redéfinir une vision progressiste et offrir un nouvel horizon ? Comment associer les citoyens à cette démarche ? Autour de quelles valeurs ? De quels apports culturels et scientifiques accompagner cette réflexion pour lui donner son relief et sa pertinence ? Autant de questions utiles pour une refondation à venir qui saura faire toute sa place à la bataille des idées en replaçant le citoyen au cœur du débat et de l’action.


12.Posté par la fourmi rouge le 01/08/2007 19:26
Bonjour,

Quel plaisir de vous lire ! En se reconnaissant dans vos propos, on se sent devenir intelligent !


Petit désaccord malgré tout. Personnellement je ne fais pas de distinguo entre tous ces grands patriotes qui se dévouent pour leur pays en courrant ventre à terre à l'Elysée.
Que vous ayez une pensée affectueuse pour H.Védrine avec lequel vous avez pu travailler et compte-tenu de son positionnement (léger) pro-Arabe comme les amis de FM , MAE, l'avaient éduqué...je vous comprends mais à demi seulement.
Car vous êtes tellement au-dessus de bassesses que vous ne tenez pas à y songer.

Hubert Védrine (comme J.Attali, B.kouchner ou J.Lang ) aurait pris n'importe quoi que le couple Sarkozy-Guéant lui aurait offert !

*On ne doit pas les oublier. On ne veut pas être oublié.
*On se persuade avoir une influence (mondiale qui plus est pour HV et JA ! même s'il est vrai que de leur passage à l'Elysée, ils se sont constitués de sacrés carnets d'adresses qu'ils utilisent professionnellement sans vergogne. Tiens comme Gérard Longuet aprés avoir quitté le M.des Postes trés riche...).
*On ne peut se passer des ors et lambris des Palais de la République (palais royaux d'ailleurs ...).
*On doit rester proche de l'Elysée, véritable cocaïne...
*On aime l'argent aussi (d'une discrétion de rosière timide sur leurs appointements), la voiture de fonction et le chauffeur : ces symboles auprés du microcosme, inestimables pour pavaner et être invités.


Vous saviez bien sûr que l'ancien Président du CRIF a barré HV pour le MAE. Comme quoi ce cher Hubert en a bien été amer d'être coiffé sur le poteau par BK. Car leur "anticapitalisme" effectivement, se réduit à "ça" !

Quant à JA je vous suggère une lecture instructive si vous ne l'avez déjà lue : une enquète de l'IFRAP déc 2006. En voici le lien
http://www.ifrap.org/0-ouvrirlesite/Enquete-Attali-tout-faux.htm

Bonne lecture


PS : Xavier Dumoulin est toujours trés intéressant, ici comme ailleurs.
Oui,ce Gaëtan Gorce sort du lot je trouve... A suivre

13.Posté par la fourmi rouge le 08/08/2007 18:49
Je vais me répéter une fois de plus...Xavier Dumoulin : que vous dites bien ce que je pense !


Ce Gaëtan Gorce, le peu que j'en ai entendu (car je ne le connais pas en fait) me fais penser qu'il sort du lot.

14.Posté par Xavier DUMOULIN le 09/08/2007 22:38
L’hommage du Père Duchesne à la Fourmi rouge

Sur le blog de Jean Pierre Chevènement, la Fourmi rouge, internaute, a eu des mots très aimables à notre endroit.

Le Père Duchesne lui rendait déjà hommage à sa façon, il y a de cela deux cent quatorze années environ. Lisons ensemble ce billet.

” Vous qui voulez être républicains, voyez une fourmillière amasser pendant l'été les provisions de l'hiver. Insectes qui remuez sur cette partie de la terre, prenez exemple sur ces insectes beaucoup plus sages que vous. Cette famille est encore plus nombreuse que la vôtre, et elle trouve moyen de vivre en paix et de s'approvisionner. Il n'y a pas là de paresseux ni d'ambitieux. Chacun travaille pour la communauté. L'un apporte autant que l'autre, l'un ne veut pas plus manger que l'autre. Voilà pouquoi les fourmis vivent en paix. Point de bonheur sans le travail et l'égalité. Si les b..gres qui nous gouvernent, au lieu de vouloir tout dévorer comme les aigles et les vautours, n'étaient que des fourmis laborieuses comme les autres, la république serait bientôt heureuse et triomphante… Riches égoïstes, tremblez! La première propriété est l'existence.”

Le Père Duchesne cité par G.Tridon dans ” Les gauchistes de 89 ” par Patrick Kessel, p 309, édit 10/18, 1969


15.Posté par la fourmi rouge le 10/08/2007 13:00
Que vous êtes gentil Xavier Dumoulin !

Mais si je suis rouge, c'est aussi parce que je peux piquer !
Je suis parfois décapante (mais vous l'aviez lu) avec un regard parfois féroce sur les hommes politiques.



Votre culture et la profondeur de votre réfléxion, comme JPC, sont confondantes ...
Quelle bouffée d'air frais !

Bien amicalement,
A+


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