Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 22h de Public Sénat, mercredi 14 novembre 2012. Il répondait aux questions de Sonia Maabrouk.


Verbatim express

  • A propos de l'assassinat de Jacques Nacer, président de la CCI de Corse-du-Sud : Cet assassinat, qui s'ajoute à tant d'autres, est le résultat de la démission de tous les gouvernements depuis très longtemps. Il fallait maintenir un cap clair qui était l’État de droit. Il n'y avait pas d'autre réponse au déchaînement de cette violence imbécile qui prend en otage tout l'île.
  • Il y a une porosité entre l'indépendantisme et le grand banditisme que d'autres que moi ont dénoncé il y a longtemps, en particulier deux indépendantistes en 2000 : Santoni et Rossi. Ils l'ont d'ailleurs payé de leur vie.
  • J'attends du gouvernement qu'il soit ferme et qu'il ne ressuscite pas une nouvelle mouture du statut de la Corse. Si on veut rouvrir le débat institutionnel, ce sera à nouveau un signe de faiblesse.
  • Il faut que les consignes soient fermes, tant pour la police que la justice, et que l'on mette en place des gens qui aient quelque chose dans le "buffet".
  • Je dis tout haut ce que tout le monde devrait penser si on apprenait aux gens à penser. Mais pour leur apprendre à penser, il faut leur dire la vérité.
François Hollande a parlé en Président de la République en demandant aux Français de "faire nation" pour refuser ensemble le décrochage productif.

J’ai trouvé le Président de la République très convaincant sur le dialogue social. Il a souligné, à juste titre, l’importance capitale de la négociation sur la sécurisation de l’emploi. Un nouveau climat social, en France, est la condition de la réussite collective. A cet égard, la récession qui pointe en Europe est un risque à conjurer sans tarder.

Or, s’agissant de la réorientation de l’Europe, il y a encore beaucoup de choses à faire. J’approuve l’idée d’une Europe à plusieurs vitesses mais le retour à la croissance doit s’organiser à l’échelle européenne et mondiale. Il n’y aura de chemin que s’il y a une volonté partagée, notamment entre la France et l’Allemagne.

S’agissant de l’Algérie, le Président de la République a montré toute l’importante de son prochain voyage pour mettre sur « orbite haute » la relation franco-algérienne.

L’hommage que le Président de la République a rendu à Jean-Marc Ayrault sonnait juste. C’est un gage de solidarité et donc de réussite pour le pays tout entier. La position qu’il a prise sur le droit de vote des étrangers aux élections locales me paraît réaliste. Elle doit conduire à ouvrir plus largement l’accès à la citoyenneté française pleine et entière pour ceux qui le souhaitent.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 13 Novembre 2012 à 20:21 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Rendez-vous RFI - France 24, jeudi 8 novembre 2012. Il répondait aux questions de Roselyne Febvre et Frédéric Rivière


Verbatim express

  • La réélection de Barack Obama était bien la moindre des choses compte tenu de la difficulté de la tâche qui lui incombe. Il a été élu en 2008 au moment où éclatait la grande crise du capitalisme financier globalisé. Il a donc dû faire face, avec un relatif succès, aux problèmes de chômage, mais on sent bien qu'il a besoin de davantage de temps. Rappelez-vous que Roosevelt a exercé 4 mandats.
  • Barack Obama a traité des problèmes de société, des questions de santé, de chômage. Il a redonné une perspective à l'économie américaine : la réindustrialisation.
  • Il a posé le problème d'un certain rééquilibrage avec la Chine et, de ce point de vue là, on remarquera qu'il a désengagé les Etats-Unis d'une direction erronée choisie par l'administration républicaine : la guerre en Afghanistan et en Irak. Barack Obama a vu assez clairement que le problème était entre les États-Unis et la Chine, deuxième puissance économique mondiale.
  • Il n'a pas du tout été question de l'Europe durant cette campagne. Les Européens devraient se poser la question de savoir s'ils ont pris le problème par le bon bout et si, avec la monnaie unique, ils n'ont pas mis la charrue avant les bœufs.
  • Du point de vue économique, l'élection de Barack Obama va dans le sens de ce que souhaite François Hollande, c'est à dire la relance concertée à l'échelle mondiale. Les États-Unis ont également besoin que l'Europe ne s'enfonce pas dans une politique récessive comme c'est le cas aujourd'hui, sous le coup des plans de rigueur multipliés.
  • L'impulsion peut venir des États-Unis mais elle peut également venir de la Chine, de la Russie, des pays émergents : tous ont besoin d'une Europe qui retrouve la voie de la croissance. De ce point de vue là, nous devons pouvoir exercer sur Mme Merkel une certaine pression pour l'amener à revoir un peu sa copie.

Jean-Pierre Chevènement était l'Invité de 7h50 de France Inter, jeudi 8 novembre 2012. Il répondait aux questions d'Hélène Jouan.


"Dès lors qu'on ne peut plus dévaluer, il nous reste la dévaluation fiscale"
f_inter.mp3 France Inter - Invité de 7h50  (6.69 Mo)

Verbatim express

  • A propos du rejet du projet de loi de programmation budgétaire 2012 par le Sénat : le Sénat est majoritairement à gauche mais le gouvernement n'y a pas de majorité. Le Parti Communiste a voté contre cette loi de programmation qui décline, il faut le dire, le TSCG et, par anticipation, la loi organique qui en résulte.
  • Pour ma part, je me suis abstenu. Je voterai le budget car je suis dans la majorité présidentielle mais je pense que la carcan européen est beaucoup trop coercitif pour voir redémarrer la croissance avant 5 ans. Il faudra l'assouplir.
  • Par un savant dégradé d'opposition, j'ai voté contre le TSCG, je voterai pour le budget et je n'ai pas pris part au vote sur la loi de programmation.
  • François Hollande avait parlé pendant la campagne du défi de la compétitivité, de la désindustrialisation, du déficit commercial. Quand on lisait entre les lignes, on voyait bien que ce problème de la compétitivité allait se poser. Il a choisi courageusement de prendre le taureau par les cornes.
  • Je pense que la rapport Gallois est courageux, lucide. Il dit que la côte d'alerte est atteinte. Notre déficit extérieur est considérable. Il fallait redonner aux entreprises la capacité d'investir, de reprendre 6 points de compétitivité sur les 15 perdus depuis le début des années 2000 sur l'Allemagne

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



La réélection de Barack Obama le met devant le défi de l’emploi, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le monde entier.

La relance concertée de la croissance à l’échelle mondiale devrait être au coeur des préoccupations du G20, dont la Russie prendra la présidence après le Mexique dans quelques mois. Mais l’impulsion ne peut venir que des Etats-Unis pour amener la zone euro en particulier, à définir une stratégie de croissance qui rompt avec la stratégie récessive actuelle.
Mots-clés : barack obama emploi

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 7 Novembre 2012 à 09:23 | Permalien | Commentaires (0)

Dépêche AFP, mardi 6 novembre 2012, 18h44.


Chevènement: les propositions du rapport Gallois vont " dans le bon sens"
Jean-Pierre Chevènement (MRC) a salué mardi les propositions du rapport Gallois, qui vont "dans le bon sens", et appelé le gouvernement à veiller à ce que les entreprises qui bénéficieront d'allègements fiscaux investissent dans "la production et la recherche".

"Le rapport Gallois est un constat lucide et courageux de la cote d'alerte atteinte aujourd'hui par l'industrie française. Il est aussi un appel à l'effort collectif, fondé sur un nouveau +pacte social+", associant les salariés aux orientations de l'entreprise, estime le sénateur et président d'honneur du MRC.

"Pour avoir mis en garde depuis 1983, contre les conséquences du choix de la monnaie forte sur l'industrie française, je ne saurais, aujourd'hui, qu'approuver les propositions du rapport Gallois (...) Dès lors que le choix de la monnaie unique est considéré par le gouvernement comme un choix dans l'état actuel des choses, indépassable, l'idée d'une +dévaluation fiscale+ est la seule qui puisse rétablir, autant que faire se peut, la compétitivité de nos industries", dit l'ancien ministre.

"Bien entendu, il faudra veiller à ce que les entreprises investissent dans la production et la recherche les marges ainsi dégagées. Pour le reste, toutes les propositions du rapport Gallois vont dans le bon sens mais ne sauraient produire leurs effets qu'à terme", poursuit-il.

Rédigé par Chevenement.fr le 6 Novembre 2012 à 18:48 | Permalien | Commentaires (1)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Le rapport Gallois est un constat lucide et courageux de la cote d’alerte atteinte aujourd’hui par l’industrie française. Il est aussi un appel à l’effort collectif, fondé sur un nouveau « pacte social », associant les salariés aux orientations de l’entreprise.

Pour avoir mis en garde depuis 1983, contre les conséquences du choix de la monnaie forte sur l’industrie française, je ne saurais, aujourd’hui, qu’approuver les propositions du rapport Gallois. Voilà bientôt trente ans que je ne cesse d’en appeler à une grande politique industrielle. Dès lors que le choix de la monnaie unique est considéré par le gouvernement comme un choix dans l’état actuel des choses, indépassable, l’idée d’une « dévaluation fiscale » est la seule qui puisse rétablir, autant que faire se peut, la compétitivité de nos industries.

Bien entendu, il faudra veiller à ce que les entreprises investissent dans la production et la recherche les marges ainsi dégagées. Pour le reste, toutes les propositions du rapport Gallois vont dans le bon sens mais ne sauraient produire leurs effets qu’à terme.

Contrairement à ce que croit l’extrême-gauche, il n’y a pas d’avenir pour l’industrie française et pour les classes populaires dans une stratégie d’affrontement qui serait contreproductive pour elles et pour la France. La stratégie de coopération de toutes les forces de la production, ce que j’ai appelé « l’alliance des productifs », appuyée sur un compromis social réaliste, est la seule féconde pour le redressement du pays.

Ceux qui ont voté pour le traité de Maastricht en 1992 sont mal placés aujourd’hui pour donner des leçons. Oui, le choix proposé par le rapport Gallois est aujourd’hui celui du salut public ! L’heure est donc à la mobilisation non seulement de la gauche mais de toutes les forces de la France.

Rédigé par Chevenement.fr le 6 Novembre 2012 à 11:27 | Permalien | Commentaires (2)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur la loi organique relative à la "règle d'or", lundi 29 octobre 2012.


Pour restaurer la compétitivité du "site de production France", les vrais choix sont ailleurs
Monsieur le Ministre,

Un bon point d’abord : la prétendue « règle d’or » inscrite dans la Constitution allemande qui l’intitule plus modestement « frein à la dette » ne figurera pas dans la Constitution française. La rédaction du TSCG énonçait une préférence pour la constitutionnalisation des règles fixées par le traité mais admettait aussi que « le plein respect et la stricte observance de ces règles puissent être garantis, de quelque autre façon. »

En nous proposant ce projet de loi organique, vous avez donc choisi, une autre façon d’appliquer le TSCG. J’aurais mauvaise grâce à critiquer cette non-constitutionnalisation : tant qu’à faire, une simple loi organique est moins contraignante que l’inscription dans la Constitution d’un « frein à l’endettement », comme y a procédé, en 2010, le Bundestag allemand, en limitant à 0,35% du PIB le montant du déficit public, à horizon 2016. Contrairement à nos collègues de l’UMP, je ne regrette pas l’inscription de la pseudo « règle d’or » dans la Constitution. J’observe simplement que là comme ailleurs, l’Allemagne a donné le « la », et fini par imposer son modèle d’orthodoxie à la France et aux autres pays de la zone euro. Sans doute, vous distinguez, M le Ministre entre la substance et la forme, et vous nous assurez, que ces règles sont de toute façon, de bonne gestion, qu’elles valent par elles-mêmes, que la dette est l’ennemie de la gauche, et même de la France et de sa souveraineté et qu’il eût fallu de toute façon revenir à l’équilibre budgétaire. Cette présentation est habile. En fin dialecticien, vous avez l’art de répondre à un autre argument que celui que je vous oppose.

En effet, ce n’est pas la dette, selon moi, qui plombe la zone euro. D’autres pays - Grande-Bretagne, Etats-Unis, Japon - sont plus endettés que la zone euro : 100 % du PIB pour les deux premiers, 200 % pour le troisième. Ce qui mine en réalité la monnaie unique c’est la compétitivité divergente et de façon croissante, entre les dix-sept pays qui ont cette monnaie en partage. Ainsi la France qui avait une balance commerciale équilibrée en 2001, connaît en 2011 un déficit de plus de 70 milliards d’euros, tandis que dans le même temps, l’Allemagne affiche un excédent de 158 Milliards en 2011.
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