Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour l'hebdomadaire Marianne, propos recueillis par Hadrien Mathoux, 29 novembre 2018.


"Partager le siège de la France à l'ONU, ce serait réduire l’Europe à l’impuissance"
L'Allemagne ne cesse, ces derniers mois, de remettre sur la table l'idée que la France partage avec ses partenaires européens son siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour "Marianne", l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement analyse les implications d'une telle idée et ses conséquences potentielles.

Que pensez-vous de l’idée consistant à partager avec l’Union européenne le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU ?
Cette idée est contraire à la charte des Nations unies de 1945, qui confère à la France le rôle de membre permanent du Conseil de sécurité, avec droit de veto. Elle est de surcroît impraticable. Comment vingt-sept pays pourraient-ils s’entendre pour l’exercice du droit de veto ? Ce serait réduire l’Europe à l’impuissance. Au contraire, la France saura, d’une voix claire, faire valoir les intérêts européens. L’Allemagne doit nous faire confiance.

Comment interpréter cette nouvelle prise de position des Allemands ? Quelle est leur stratégie ?
Le « forcing » allemand qui s’exprime par la bouche du vice-chancelier s’inscrit dans une longue suite d’initiatives unilatérales prises sans concertation préalable avec la France, comme la sortie du nucléaire en 2011, la règle d’or en matière budgétaire en 2009-2012, la menace de jeter la Grèce en dehors de la zone euro, l’ouverture de l’Union européenne à l’afflux des réfugiés en 2015, etc… L’Allemagne avait déjà imposé, en 2008, la reprise dans le texte du traité de Lisbonne de la « substance » du projet de traité constitutionnel européen rejeté à 55% par le peuple français.

Mots-clés : allemagne europe france onu

Rédigé par Chevenement.fr le 30 Novembre 2018 à 09:57 | Permalien | Commentaires (4)

Les actes du colloque du 24 septembre 2018 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "L'Europe face à l'extraterritorialité du droit américain"
  • Accueil, par Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

Rédigé par Chevenement.fr le 26 Novembre 2018 à 15:48 | Permalien | Commentaires (2)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Communiqué de Jean-Pierre Chevènement


Au moment où le gouvernement s’apprête à publier la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), il faut rappeler que la transition énergétique engagée par l’Allemagne, selon des modalités qui lui sont propres, entraînent un doublement de la facture d’électricité payée par les ménages allemands par rapport à celle acquittée par les ménages en France.

Évitons de nous tirer une balle dans le pied en programmant la fermeture de nos centrales nucléaires. Celles-ci sont déjà largement amorties, et elles peuvent être prolongées à moindres frais dans des conditions qui préservent la sécurité. N’abandonnons pas cet atout majeur de notre pays dans la compétition internationale que constitue la maîtrise du cycle complet de l’énergie nucléaire.

L’écologie punitive, ça suffit ! Il est temps que le gouvernement intègre les considérations de coût dans un dispositif qui a été mis en place, il faut le rappeler, lors du quinquennat précédent par le gouvernement socialiste, au lendemain de la décision unilatérale de l’Allemagne de "sortir du nucléaire", ruinant ainsi la perspective d’une politique européenne de l’énergie cohérente.

La France n’a pas à s’aligner sur un modèle allemand plus que problématique, eu égard à l’explosion des émissions de gaz à effet de serre engendrée par le recours au charbon rendu nécessaire par le caractère intermittent du solaire et de l’éolien.

Rédigé par Chevenement.fr le 22 Novembre 2018 à 11:27 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Grand Face-à-face sur France Inter, une émission animée par Ali Baddou, avec la participation de Natacha Polony et Raphaël Glucksmann, le samedi 17 novembre.


Verbatim

  • Que vous inspirent les critiques répétées du Président de la République contre le nationalisme (ie "Le nationalisme est un trahison du patriotisme") ?

    Les Gilets jaunes ne sont pas des nationalistes. Il faut éviter des grilles de lecture réductrices et manichéennes qui, au lieu de réduire les clivages – et c'est le rôle du Président de la République qui est là pour rassembler – les approfondissent. Romain Gary disait "Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, c'est la haine des autres". Peut-on dire exactement l'inverse ? N'est-il pas plus juste de dire que le nationalisme est une maladie, que c'est une perversion du patriotisme, qu'à force d'aimer tellement les siens on finit par haïr les autres ? Je suis plus près de Romain Gary que d'Emmanuel Macron sous une petite réserve : bien entendu, je condamne le nationalisme, qui est une sorte d'individualisme à l'échelle des nations, mais je pense qu'on ne peut pas faire l'impasse sur la Nation. C'est une très grave erreur qui a toujours fait le jeu de l'extrême-droite. Assumer la Nation, son héritage, ce qu'elle permet du point de vue de la démocratie, de l'exercice de la citoyenneté, de la mise en oeuvre des idéaux républicains, c'est quelque chose qu'on ne peut pas contourner.

    A qui viendrait l'idée de construire le premier étage d'une maison sans avoir d'abord assuré les fondations et construit le rez-de-chaussée ? L'Europe sans les nations, ça ne marche pas !

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Novembre 2018 à 09:41 | Permalien | Commentaires (7)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour La Nouvelle République, propos recueillis par Eric Joux, 10 novembre 2018.


"Il faut que les principes de la laïcité soient clairs dans l'esprit de tous"
Faire connaître l’islam pour mieux le faire accepter est l’une des missions de la Fondation de l’Islam de France, dont l’ancien ministre a pris la présidence il y a deux ans. La tâche reste immense.

A 80 ans, Jean-Pierre Chevènement reste un homme pressé. La diction est posée, réfléchie, mais l’emploi du temps serré.

Dans son bureau de la rue de Bourgogne à Paris, celui de sa Fondation Res Publica qui phosphore, depuis 2005, pour « proposer des choix de politiques publiques », l’ancien ministre est prêt à parler de tout. De la Russie, de l’Europe, de la défense ou de l’un de ces nombreux thèmes que sa longue expérience publique lui a permis de maîtriser. Nous attendions l’islam, ce sera l’islam.

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Novembre 2018 à 11:31 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement participait à l'émission "Un monde en docs" sur le thème "Clemenceau, l'idéal républicain ?" sur Public Sénat, animée par Jérôme Chapuis, le samedi 10 novembre 2018.


À l’occasion du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, Jean-Pierre Chevènement participait, le 10 novembre sur Public Sénat, au débat animé par Jérôme Chapuis sur le thème « Clemenceau, l'idéal républicain ? ». Il débattait avec Guillaume Bigot, essayiste, membre des Orwelliens, Jean Garrigues, professeur d’histoire à Sciences po et à l’Université d’Orléans, Jean-Yves Le Naour, historien, spécialiste de la Première Guerre mondiale, et Jacques Mézard, ancien ministre de la Cohésion des territoires, membre du Mouvement radical.

Verbatim

  • Comment expliquer le contraste entre le Clemenceau acclamé par la foule à Versailles et, peu de temps après, en janvier 1920, le même Clemenceau lâché par la classe politique ?

    C'est très simple : Clemenceau n'était pas avare de boutades, quelquefois cruelles ; il s'était fait beaucoup d'ennemis dans la classe politique. Dans sa jeunesse, il était le leader de l'extrême gauche, contribuait à renverser les gouvernements – celui de Jules Ferry en particulier, en mélangeant ses voix avec celles de la droite. C'était le tombeur des ministères, donc il y avait une sourde rancune à l'égard de Clemenceau. Et puis il avait été, ne l'oublions pas, à lui seul, toute la convention (d'armistice) pendant deux années, de 1917 à novembre 1918. Il ne s'était donc pas fait que des amis.

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Novembre 2018 à 11:08 | Permalien | Commentaires (1)

Une tribune de Jean-Pierre Chevènement, parue dans Marianne, le 2 novembre 2018.


La vassalisation actuelle de l'Europe, telle qu'on peut l'observer face aux initiatives de Donald Trump, a des racines très anciennes. L' « Euramérique » n'est pas tombée du ciel. Ainsi, c'est sous Obama qu'a été imposée l'extraterritorialité du droit américain.

Ce qui est nouveau, avec Donald Trump, ce n'est pas la volonté de prolonger la suprématie des Etats-Unis au XXIe siècle pour enrayer la montée en puissance de la Chine. Ce sont les méthodes : ainsi la remise en cause du dogme libre-échangiste par un protectionnisme destiné à restaurer le « site de production » américain, ou la dénonciation unilatérale de l'accord de dénucléarisation de l'Iran de juillet 2015 pour imposer un blocus destiné à saper la prépondérance de ce pays au Moyen-Orient, résultat non voulu de la guerre du Golfe.

Timide riposte

Face à la taxation de l'acier et de l'aluminium par les Etats-Unis, l'Union européenne n'a exercé qu'une timide riposte en taxant le beurre de cacahuètes. Inversement, elle hésite à taxer les GAFA. L'Allemagne sait qu'elle n'est pas en position de force. Son commerce extérieur est excédentaire de 49 milliards d'euros sur les Etats-Unis. Elle est prise en otage à travers son industrie automobile, très fortement implantée sur le marché américain. Elle craint la taxation de ses grosses cylindrées. C'est la raison pour laquelle l'Europe tout entière fait profil bas, dans une guerre commerciale d'ailleurs principalement dirigée contre la Chine, dont l'excédent commercial sur les Etats-Unis approche les 244 milliards d'euros !

le 6 Novembre 2018 à 10:04 | Permalien | Commentaires (0)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie, lors du deuxième Congrès juif russe, le lundi 29 octobre 2018 à Moscou


Monsieur le Président, Youri Kanner, Excellence,

Mesdames, Messieurs,

En tant que Représentant spécial de la France pour la Russie, c’est pour moi à la fois un honneur et un devoir de répondre à l’invitation du deuxième Congrès juif russe et de souligner l’importance de sa tenue à Moscou en 2018.

L’ignoble attentat de Pittsburgh qui a coûté la vie à onze personnes parce qu’elles étaient juives, aurait sans doute pu se produire ailleurs. Il démontre l’actualité, partout, du combat contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie.

Ce combat se déroule à l’échelle mondiale. C’est une lutte qu’il faut gagner.

1. Une alliance ancienne s’est nouée entre la République française et le monde juif depuis que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a posé le principe d’une citoyenneté égale pour tous, sans distinction des opinions et de la religion professée.

2. Cette refondation de la nation française qui allait de pair avec la reconnaissance par l’Etat du judaïsme institutionnalisé intervenue en 1808, a résisté aux épreuves.

A. L’antisémitisme de la fin du XIXème siècle a culminé avec l’affaire Dreyfus, dont il faut rappeler qu’elle a suscité la mobilisation pendant plus de dix ans, non seulement des intellectuels et de l’opinion mais aussi, in fine, d’une majorité des électeurs français faisant triompher les idées républicaines avec les gouvernements de Waldeck Rousseau et d’Emile Combes. Cette mobilisation victorieuse s’est traduite par la réhabilitation du Capitaine Dreyfus en 1906.

B. Plus tard, il a fallu la défaite d’une France isolée face au nazisme pour qu’un statut des juifs soit promulgué par un régime porté par la force militaire de l’ennemi et dépourvu de légitimité populaire. Ce régime, le régime de Vichy a collaboré avec l’occupant dans l’entreprise d’extermination qui a voué à la mort 75 000 juifs de France, soit le quart des juifs qui habitaient notre pays avant 1940.

Rédigé par Chevenement.fr le 5 Novembre 2018 à 17:24 | Permalien | Commentaires (0)
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