La reconquête par la gauche de l’électorat populaire, voilà l’objectif excellemment fixé
par Ségolène Royal samedi. Sa personnalité, déjà, contribue, selon les sondages, à les séduire plus que le prêchi-prêcha traditionnel des militants, peut-être juste dans le fond, mais usé dans la forme. Il faut recréer un espoir, comme dans les années soixante-dix, mais cet espoir ne peut plus venir d’une « alliance de sommet ». Il ne peut venir, pour le moment, que de la base ou plus exactement d’une dialectique entre la base et la candidate. C’est ainsi que la confiance peur revenir. On m’objectera que ce rapport entre la candidate et le peuple n’est pas dénué d’une certaine religiosité, dans une société pourtant
« sortie de la religion », selon l’excellente expression de Marcel Gauchet.
Eh bien, c’est cela qui à mes yeux est précieux : religion veut dire lien et les valeurs de base de Ségolène Royal sont des valeurs parfaitement laïques, même si on sait que beaucoup de ces valeurs – et d’abord les valeurs d’égalité – sont des valeurs chrétiennes laïcisées. Ségolène Royal est « structurante ». Et les classes populaires ont un intense besoin d’être rassurées et, pour ainsi dire, « fixées ».