La reconquête par la gauche de l’électorat populaire, voilà l’objectif excellemment fixé par Ségolène Royal samedi. Sa personnalité, déjà, contribue, selon les sondages, à les séduire plus que le prêchi-prêcha traditionnel des militants, peut-être juste dans le fond, mais usé dans la forme. Il faut recréer un espoir, comme dans les années soixante-dix, mais cet espoir ne peut plus venir d’une « alliance de sommet ». Il ne peut venir, pour le moment, que de la base ou plus exactement d’une dialectique entre la base et la candidate. C’est ainsi que la confiance peur revenir. On m’objectera que ce rapport entre la candidate et le peuple n’est pas dénué d’une certaine religiosité, dans une société pourtant « sortie de la religion », selon l’excellente expression de Marcel Gauchet.
Eh bien, c’est cela qui à mes yeux est précieux : religion veut dire lien et les valeurs de base de Ségolène Royal sont des valeurs parfaitement laïques, même si on sait que beaucoup de ces valeurs – et d’abord les valeurs d’égalité – sont des valeurs chrétiennes laïcisées. Ségolène Royal est « structurante ». Et les classes populaires ont un intense besoin d’être rassurées et, pour ainsi dire, « fixées ».
Eh bien, c’est cela qui à mes yeux est précieux : religion veut dire lien et les valeurs de base de Ségolène Royal sont des valeurs parfaitement laïques, même si on sait que beaucoup de ces valeurs – et d’abord les valeurs d’égalité – sont des valeurs chrétiennes laïcisées. Ségolène Royal est « structurante ». Et les classes populaires ont un intense besoin d’être rassurées et, pour ainsi dire, « fixées ».
L’électorat populaire est aujourd’hui très dispersé. Une partie importante vote Le Pen. Tous ces électeurs ne partagent évidemment pas l’idéologie de Le Pen et au fond aspirent secrètement à pouvoir s’en détacher. Comment faire pour ancrer durablement ces couches populaires à un projet de gauche ? Eh bien justement en redonnant du sens à la politique ! Comment oublier que Le Pen est apparu dans le paysage quand justement « le sens » a disparu, au lendemain de l’ouverture de la fameuse « parenthèse libérale », en mars 1983 ?
Peut-on refermer cette parenthèse par un dépassement du « oui » et du « non » au référendum du 29 mai 2005, comme a indiqué le vouloir Ségolène Royal devant notre Convention Nationale le 10 décembre ? En conservant de l’intuition européenne ce qu’elle a de fondamentalement juste (à l’orée du XXIe siècle il nous faut bâtir un « acteur européen stratégique »), mais en faisant vivre à nouveau l’idée républicaine, le meilleur carburant d’une France moderne, réconciliée avec son destin et avec son peuple, par la grâce d’une éthique exigeante.
Peut-on refermer cette parenthèse par un dépassement du « oui » et du « non » au référendum du 29 mai 2005, comme a indiqué le vouloir Ségolène Royal devant notre Convention Nationale le 10 décembre ? En conservant de l’intuition européenne ce qu’elle a de fondamentalement juste (à l’orée du XXIe siècle il nous faut bâtir un « acteur européen stratégique »), mais en faisant vivre à nouveau l’idée républicaine, le meilleur carburant d’une France moderne, réconciliée avec son destin et avec son peuple, par la grâce d’une éthique exigeante.