Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Sonia Mabrouk sur Europe 1, dans l'émission "L'Invité d'Europe soir", le jeudi 7 décembre.


Verbatim

  • Quels mots utiliser pour décrire ce qui est en train de se passer dans le pays ?

    Je dirais une crise de la démocratie illustrant la coupure entre les élites et les classes populaires. La révolte de celles-ci vient de loin, elle s'enracine dans des choix vieux de 30 ans : l'Acte unique, avec le primat de la concurrence et le pouvoir donné à la Commission européenne pour, par exemple, libérer les mouvements de capitaux – mais on crée une inégalité fondamentale entre les capitaux, qui peuvent se déplacer à la vitesse de la lumière, et le travail, qui est assigné au local, à la glèbe comme on aurait dit autrefois. C'est aussi l'abandon de la souveraineté monétaire, qui se traduit par une surévaluation de notre monnaie, compte tenu de ce qu'est notre économie. Nous avons un déficit de 70 milliards d'euros par an alors que cette monnaie, pour l'Allemagne, est sous-évaluée : elle a un excédent de 250 milliards.

  • Tous les choix politiques, depuis des années, ont finalement contribué à ce que vous appelez aujourd'hui cette crise de la démocratie ?

    Absolument. Cette crise se cristallise d'ailleurs en 2005 quand, à 55%, le peuple français dit "non" au projet de traité constitutionnel européen et 3 ans après, Monsieur Sarkozy et Monsieur Hollande s'entendent pour que le Congrès contourne la décision populaire et vote le traité de Lisbonne, qui reprend la substance du projet de traité constitutionnel. C'est un déni de démocratie.
Mots-clés : europe gilets jaunes

Rédigé par Chevenement.fr le 8 Décembre 2018 à 09:34 | Permalien | Commentaires (3)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Zemmour & Naulleau sur Paris Première, mercredi 5 décembre 2018.


Verbatim

(Jean-Pierre Chevènement s'exprime à partir de 1h06 d'émission.)

  • Comment analysez-vous les raisons de la crise ?

    Il y a un malaise très profond dont il ne faut pas du tout sous-estimer la portée. Il tient à une situation sociale profondément dégradée qui résulte de choix erronés effectués dans les années 1980-90.

    L'Acte unique, avec d'une part ce primat de la concurrence qui est la substance des trois cents directives de la Commission européenne, et surtout la libération des mouvements de capitaux, la dérégulation, qui instaure une inégalité fondamentale entre le capital et le travail : c'est le 1er janvier 1990. D'autre part, la monnaie unique : l'abandon de notre souveraineté monétaire qui est confiée à une Banque centrale européenne indépendante, qui ne reçoit d'ordre de nulle part – enfin, en principe ! Et enfin le carcan d'un pacte de stabilité qui ne permet pas des politiques contracycliques, c'est-à-dire tantôt un excédent tantôt un déficit. Ce dernier n'a pas été pensé à vrai dire...

Rédigé par Chevenement.fr le 7 Décembre 2018 à 11:11 | Permalien | Commentaires (2)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie, lors de la rencontre franco-russe "Innovation et intégration" (Dialogue de Trianon), devant les anciens élèves du MGIMO (Institut d’État des Relations internationales) et de Sciences Po Alumni, mercredi 28 novembre.


Je suis particulièrement heureux de m'exprimer devant les anciens élèves du MGIMO où j'ai donné deux conférences en 2006 et 2013, en présence de son président M. Torkunov et devant les anciens de Sciences Po dont j'ai suivi les enseignements de 1957 à 1960, à une époque où les promotions ne comptaient que trois cents élèves. Mon intervention concernera le rapport à l'Histoire chez les Russes et chez les Français.

Entre l’innovation qui regarde vers l’avenir et les religions auxquelles s'adossent consciemment ou non nos civilisations, il y a l’Histoire telle que nous nous la racontons, le récit que nous nous faisons de ce qui unit le passé, le présent et l’avenir. Un pays ne peut être pensé sans son histoire.

Fernand Braudel a écrit  : « L’identité d’un peuple, c’est son histoire, toute son histoire, en gardant à l'esprit qu'il reste une route vers l'avenir ». Comme l’a déclaré Mezouev, un philosophe russe : « Si le passé ne contient rien de positif, alors il n’y a pas d’avenir. Il ne reste plus qu’à se laisser aller et à sombrer dans le sommeil ».

La Russie comme la France ont besoin de comprendre leur passé pour forger leur avenir.
Mots-clés : france poutine russie

Rédigé par Chevenement.fr le 30 Novembre 2018 à 23:55 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour l'hebdomadaire Marianne, propos recueillis par Hadrien Mathoux, 29 novembre 2018.


"Partager le siège de la France à l'ONU, ce serait réduire l’Europe à l’impuissance"
L'Allemagne ne cesse, ces derniers mois, de remettre sur la table l'idée que la France partage avec ses partenaires européens son siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour "Marianne", l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement analyse les implications d'une telle idée et ses conséquences potentielles.

Que pensez-vous de l’idée consistant à partager avec l’Union européenne le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU ?
Cette idée est contraire à la charte des Nations unies de 1945, qui confère à la France le rôle de membre permanent du Conseil de sécurité, avec droit de veto. Elle est de surcroît impraticable. Comment vingt-sept pays pourraient-ils s’entendre pour l’exercice du droit de veto ? Ce serait réduire l’Europe à l’impuissance. Au contraire, la France saura, d’une voix claire, faire valoir les intérêts européens. L’Allemagne doit nous faire confiance.

Comment interpréter cette nouvelle prise de position des Allemands ? Quelle est leur stratégie ?
Le « forcing » allemand qui s’exprime par la bouche du vice-chancelier s’inscrit dans une longue suite d’initiatives unilatérales prises sans concertation préalable avec la France, comme la sortie du nucléaire en 2011, la règle d’or en matière budgétaire en 2009-2012, la menace de jeter la Grèce en dehors de la zone euro, l’ouverture de l’Union européenne à l’afflux des réfugiés en 2015, etc… L’Allemagne avait déjà imposé, en 2008, la reprise dans le texte du traité de Lisbonne de la « substance » du projet de traité constitutionnel européen rejeté à 55% par le peuple français.

Mots-clés : allemagne europe france onu

Rédigé par Chevenement.fr le 30 Novembre 2018 à 09:57 | Permalien | Commentaires (4)

Les actes du colloque du 24 septembre 2018 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "L'Europe face à l'extraterritorialité du droit américain"
  • Accueil, par Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

Rédigé par Chevenement.fr le 26 Novembre 2018 à 15:48 | Permalien | Commentaires (2)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Communiqué de Jean-Pierre Chevènement


Au moment où le gouvernement s’apprête à publier la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), il faut rappeler que la transition énergétique engagée par l’Allemagne, selon des modalités qui lui sont propres, entraînent un doublement de la facture d’électricité payée par les ménages allemands par rapport à celle acquittée par les ménages en France.

Évitons de nous tirer une balle dans le pied en programmant la fermeture de nos centrales nucléaires. Celles-ci sont déjà largement amorties, et elles peuvent être prolongées à moindres frais dans des conditions qui préservent la sécurité. N’abandonnons pas cet atout majeur de notre pays dans la compétition internationale que constitue la maîtrise du cycle complet de l’énergie nucléaire.

L’écologie punitive, ça suffit ! Il est temps que le gouvernement intègre les considérations de coût dans un dispositif qui a été mis en place, il faut le rappeler, lors du quinquennat précédent par le gouvernement socialiste, au lendemain de la décision unilatérale de l’Allemagne de "sortir du nucléaire", ruinant ainsi la perspective d’une politique européenne de l’énergie cohérente.

La France n’a pas à s’aligner sur un modèle allemand plus que problématique, eu égard à l’explosion des émissions de gaz à effet de serre engendrée par le recours au charbon rendu nécessaire par le caractère intermittent du solaire et de l’éolien.

Rédigé par Chevenement.fr le 22 Novembre 2018 à 11:27 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Grand Face-à-face sur France Inter, une émission animée par Ali Baddou, avec la participation de Natacha Polony et Raphaël Glucksmann, le samedi 17 novembre.


Verbatim

  • Que vous inspirent les critiques répétées du Président de la République contre le nationalisme (ie "Le nationalisme est un trahison du patriotisme") ?

    Les Gilets jaunes ne sont pas des nationalistes. Il faut éviter des grilles de lecture réductrices et manichéennes qui, au lieu de réduire les clivages – et c'est le rôle du Président de la République qui est là pour rassembler – les approfondissent. Romain Gary disait "Le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme, c'est la haine des autres". Peut-on dire exactement l'inverse ? N'est-il pas plus juste de dire que le nationalisme est une maladie, que c'est une perversion du patriotisme, qu'à force d'aimer tellement les siens on finit par haïr les autres ? Je suis plus près de Romain Gary que d'Emmanuel Macron sous une petite réserve : bien entendu, je condamne le nationalisme, qui est une sorte d'individualisme à l'échelle des nations, mais je pense qu'on ne peut pas faire l'impasse sur la Nation. C'est une très grave erreur qui a toujours fait le jeu de l'extrême-droite. Assumer la Nation, son héritage, ce qu'elle permet du point de vue de la démocratie, de l'exercice de la citoyenneté, de la mise en oeuvre des idéaux républicains, c'est quelque chose qu'on ne peut pas contourner.

    A qui viendrait l'idée de construire le premier étage d'une maison sans avoir d'abord assuré les fondations et construit le rez-de-chaussée ? L'Europe sans les nations, ça ne marche pas !

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Novembre 2018 à 09:41 | Permalien | Commentaires (7)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour La Nouvelle République, propos recueillis par Eric Joux, 10 novembre 2018.


"Il faut que les principes de la laïcité soient clairs dans l'esprit de tous"
Faire connaître l’islam pour mieux le faire accepter est l’une des missions de la Fondation de l’Islam de France, dont l’ancien ministre a pris la présidence il y a deux ans. La tâche reste immense.

A 80 ans, Jean-Pierre Chevènement reste un homme pressé. La diction est posée, réfléchie, mais l’emploi du temps serré.

Dans son bureau de la rue de Bourgogne à Paris, celui de sa Fondation Res Publica qui phosphore, depuis 2005, pour « proposer des choix de politiques publiques », l’ancien ministre est prêt à parler de tout. De la Russie, de l’Europe, de la défense ou de l’un de ces nombreux thèmes que sa longue expérience publique lui a permis de maîtriser. Nous attendions l’islam, ce sera l’islam.

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Novembre 2018 à 11:31 | Permalien | Commentaires (1)
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