Jean-Pierre Chevènement participait à l'émission "Un monde en docs" sur le thème "Clemenceau, l'idéal républicain ?" sur Public Sénat, animée par Jérôme Chapuis, le samedi 10 novembre 2018.


À l’occasion du centenaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, Jean-Pierre Chevènement participait, le 10 novembre sur Public Sénat, au débat animé par Jérôme Chapuis sur le thème « Clemenceau, l'idéal républicain ? ». Il débattait avec Guillaume Bigot, essayiste, membre des Orwelliens, Jean Garrigues, professeur d’histoire à Sciences po et à l’Université d’Orléans, Jean-Yves Le Naour, historien, spécialiste de la Première Guerre mondiale, et Jacques Mézard, ancien ministre de la Cohésion des territoires, membre du Mouvement radical.

Verbatim

  • Comment expliquer le contraste entre le Clemenceau acclamé par la foule à Versailles et, peu de temps après, en janvier 1920, le même Clemenceau lâché par la classe politique ?

    C'est très simple : Clemenceau n'était pas avare de boutades, quelquefois cruelles ; il s'était fait beaucoup d'ennemis dans la classe politique. Dans sa jeunesse, il était le leader de l'extrême gauche, contribuait à renverser les gouvernements – celui de Jules Ferry en particulier, en mélangeant ses voix avec celles de la droite. C'était le tombeur des ministères, donc il y avait une sourde rancune à l'égard de Clemenceau. Et puis il avait été, ne l'oublions pas, à lui seul, toute la convention (d'armistice) pendant deux années, de 1917 à novembre 1918. Il ne s'était donc pas fait que des amis.

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Novembre 2018 à 11:08 | Permalien | Commentaires (1)

Une tribune de Jean-Pierre Chevènement, parue dans Marianne, le 2 novembre 2018.


La vassalisation actuelle de l'Europe, telle qu'on peut l'observer face aux initiatives de Donald Trump, a des racines très anciennes. L' « Euramérique » n'est pas tombée du ciel. Ainsi, c'est sous Obama qu'a été imposée l'extraterritorialité du droit américain.

Ce qui est nouveau, avec Donald Trump, ce n'est pas la volonté de prolonger la suprématie des Etats-Unis au XXIe siècle pour enrayer la montée en puissance de la Chine. Ce sont les méthodes : ainsi la remise en cause du dogme libre-échangiste par un protectionnisme destiné à restaurer le « site de production » américain, ou la dénonciation unilatérale de l'accord de dénucléarisation de l'Iran de juillet 2015 pour imposer un blocus destiné à saper la prépondérance de ce pays au Moyen-Orient, résultat non voulu de la guerre du Golfe.

Timide riposte

Face à la taxation de l'acier et de l'aluminium par les Etats-Unis, l'Union européenne n'a exercé qu'une timide riposte en taxant le beurre de cacahuètes. Inversement, elle hésite à taxer les GAFA. L'Allemagne sait qu'elle n'est pas en position de force. Son commerce extérieur est excédentaire de 49 milliards d'euros sur les Etats-Unis. Elle est prise en otage à travers son industrie automobile, très fortement implantée sur le marché américain. Elle craint la taxation de ses grosses cylindrées. C'est la raison pour laquelle l'Europe tout entière fait profil bas, dans une guerre commerciale d'ailleurs principalement dirigée contre la Chine, dont l'excédent commercial sur les Etats-Unis approche les 244 milliards d'euros !

le 6 Novembre 2018 à 10:04 | Permalien | Commentaires (0)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie, lors du deuxième Congrès juif russe, le lundi 29 octobre 2018 à Moscou


Monsieur le Président, Youri Kanner, Excellence,

Mesdames, Messieurs,

En tant que Représentant spécial de la France pour la Russie, c’est pour moi à la fois un honneur et un devoir de répondre à l’invitation du deuxième Congrès juif russe et de souligner l’importance de sa tenue à Moscou en 2018.

L’ignoble attentat de Pittsburgh qui a coûté la vie à onze personnes parce qu’elles étaient juives, aurait sans doute pu se produire ailleurs. Il démontre l’actualité, partout, du combat contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie.

Ce combat se déroule à l’échelle mondiale. C’est une lutte qu’il faut gagner.

1. Une alliance ancienne s’est nouée entre la République française et le monde juif depuis que la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a posé le principe d’une citoyenneté égale pour tous, sans distinction des opinions et de la religion professée.

2. Cette refondation de la nation française qui allait de pair avec la reconnaissance par l’Etat du judaïsme institutionnalisé intervenue en 1808, a résisté aux épreuves.

A. L’antisémitisme de la fin du XIXème siècle a culminé avec l’affaire Dreyfus, dont il faut rappeler qu’elle a suscité la mobilisation pendant plus de dix ans, non seulement des intellectuels et de l’opinion mais aussi, in fine, d’une majorité des électeurs français faisant triompher les idées républicaines avec les gouvernements de Waldeck Rousseau et d’Emile Combes. Cette mobilisation victorieuse s’est traduite par la réhabilitation du Capitaine Dreyfus en 1906.

B. Plus tard, il a fallu la défaite d’une France isolée face au nazisme pour qu’un statut des juifs soit promulgué par un régime porté par la force militaire de l’ennemi et dépourvu de légitimité populaire. Ce régime, le régime de Vichy a collaboré avec l’occupant dans l’entreprise d’extermination qui a voué à la mort 75 000 juifs de France, soit le quart des juifs qui habitaient notre pays avant 1940.

Rédigé par Chevenement.fr le 5 Novembre 2018 à 17:24 | Permalien | Commentaires (0)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie, lors de la séance d’ouverture du Forum franco-russe des sociétés civiles (Dialogue de Trianon) du jeudi 25 octobre 2018 sur le thème : "La France et la Russie partagent-elles les mêmes valeurs ?"


Je me réjouis de participer à ce forum entre nos deux sociétés civiles qui réunit d’éminents experts en matière d’éducation, de science, de culture, de littérature.

Je n’ai pas l’intention d’intervenir dans un champ particulier mais d’aborder les problèmes à travers un thème transversal : y’a-t-il entre nos deux pays une opposition de « valeurs », comme on l’entend dire souvent dans les médias ?

Il est devenu banal d’entendre opposer les valeurs individualistes de l’Europe et les valeurs du collectif – la nation, l'ordre, la religion – qui seraient portées par la Russie. Cette opposition est devenue un « marronnier » comme on dit dans le langage journalistique, des commentaires visant à rendre compte des différences entre l'Europe et la Russie.


Rédigé par Chevenement.fr le 26 Octobre 2018 à 14:18 | Permalien | Commentaires (0)

Une tribune de Jean-Pierre Chevènement, parue dans L'Opinion le 22 octobre 2018.


Programmation énergétique : savoir aller contre le vent
La France avait acquis à la fin du siècle dernier une remarquable maîtrise du cycle complet de l’énergie nucléaire. L’outil industriel constitué au fil des générations était un atout majeur de notre pays dans la compétition internationale.

Sous l’effet d’orientations prises au début du quinquennat précédent, cet atout est en train d’être complètement gâché. EDF, sous la tutelle de M. de Rugy, prépare un plan dit PPE1 prévoyant la fermeture d’au moins une demi-douzaine de centrales nucléaires. A-t-on vu quelque part dans le monde un pays qui manifeste une telle défiance à l’égard de ses propres capacités et au point de porter un tel coup à la crédibilité de son industrie ?

Les raisons avancées – la sûreté et la lutte contre le réchauffement du climat – ne sont que des trompe-l’œil. La vraie raison est idéologique : la lutte contre le nucléaire est le noyau d’une idéologie millénariste post-Seconde Guerre mondiale qui a substitué la catastrophe au progrès à l’horizon de l’Humanité. Cette idéologie va bien au-delà des Verts. Elle imprègne « l’air du temps ». Ce n’est pas par hasard qu’elle est née en Allemagne après 1945 avec Hans Jonas, l’inventeur du « principe de précaution ». C’est dans ce contexte hautement idéologique qu’il faut replacer le naufrage quasiment programmé de notre industrie nucléaire. L’Allemagne de Mme Merkel a décidé unilatéralement, en 2011, de « sortir du nucléaire », ruinant ainsi la perspective d’une politique énergétique européenne cohérente.

Rédigé par Chevenement.fr le 22 Octobre 2018 à 17:07 | Permalien | Commentaires (5)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour Réforme, Hebdomadaire protestant d'actualité, propos recueillis par Alice Papin, 19 octobre 2018.


"Faire connaître la culture musulmane"
Née à la suite de la série d’attentats terroristes de 2015, la Fondation de l’Islam de France a pour ambition de mieux faire connaître l’islam. Son président, Jean-Pierre Chevènement, nous en dit plus sur ses buts et actions.

Réforme : On s’emmêle parfois les pinceaux. Quelles différences avec le Conseil français du culte musulman (CFCM) ?
La fondation est une institution laïque qui œuvre dans les champs éducatif, culturel et social. Son objet n’est pas religieux mais profane. Elle a quatre grandes missions : la formation culturelle et non théologique des imams, la mise en exergue des principes et valeurs républicains, l’étude scientifique de l’islam à travers ses textes et ses pratiques, dans l’histoire et aujourd’hui, la valorisation de l’apport des Français de tradition musulmane à la France et enfin la connaissance du patrimoine culturel arabo-musulman. Le Conseil français du culte musulman, comme son nom l’indique, a été créé pour représenter le culte musulman. Sa vocation est cultuelle.

Depuis sa création en décembre 2016, quels projets ont été concrétisés ?
La fondation a lancé ses premières actions concrètes en janvier 2017. La formation des imams a été jugée prioritaire car l’islam de France repose d’abord sur l’émergence d’imams de France comprenant nos institutions, nos valeurs et notre langue. C’est pourquoi nous les incitons, par l’octroi de bourses, à suivre des cours de français : la maîtrise de la langue garantit une bonne intégration à la communauté nationale mais aussi un dialogue possible avec les fidèles, qui ne parlent pas arabe pour la grande majorité d’entre eux. Notre instance contribue également au renouveau de la recherche française en islamologie, elle permet de comprendre ce que l’on appelle « le fait religieux islamique », autrement dit les ressorts politiques, religieux, culturels ou spirituels de l’islam. Pourquoi le salafisme exerce-t-il une telle attraction sur une partie de la jeunesse française ? Qui sont les réformistes qui luttent contre la salafisation ? Ce sont des questions auxquelles les chercheurs peuvent apporter des réponses. Aussi avons-nous noué, en février dernier, un partenariat avec le groupement d’intérêt scientifique « Moyen-Orient et mondes musulmans » créé à l’initiative du CNRS, qui rassemble plus de 300 spécialistes français. Nous allons bientôt octroyer quatre bourses de master et de doctorat pour financer les projets de jeunes chercheurs. Nous soutenons également des séminaires, des publications et des traductions d’ouvrages de référence répondant à cet objectif.

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Octobre 2018 à 14:19 | Permalien | Commentaires (2)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Communiqué de Jean-Pierre Chevènement suite au décès de l'historien Michel Vovelle


Michel Vovelle restera entre le centenaire et le bicentenaire de la Révolution Française comme le cinquième des grands maîtres des études la concernant, après Aulard, Mathiez, Lefebvre et Labrousse auquel il aura succédé à la chaire d’Histoire de la Révolution Française de la Sorbonne.

Pressenti par mes soins en 1982 pour préparer le bicentenaire de la Révolution au sein de la commission des historiens du CNRS qu’il présida, il dut affronter la vague alors à son zénith du révisionnisme qui, derrière François Furet et dans le contexte de l’époque, entendait clore ce chapitre de notre histoire. Or la Révolution Française reste l’épisode central de l’histoire de France pour quiconque veut la comprendre et la continuer. François Furet, sacré Roi de la Révolution par les médias mainstream, la déclarait au mieux « terminée ». Au pire il cherchait à la discréditer comme la matrice du totalitarisme suivant en cela les vues de l’historien royaliste Auguste Cochin.

Michel Vovelle, avec une scrupuleuse honnêteté scientifique et un stoïcisme bonhomme, sut détourner le coup en renouvelant la problématique des études révolutionnaires à travers « l’histoire des mentalités » dont il était devenu le maître reconnu après la parution de sa somme sur La mort et l’Occident de 1300 à nos jours.

Michel Vovelle a su montrer que de la Révolution Française datent pour le monde entier la découverte de la politique, l’apprentissage de la citoyenneté par le vote, la naissance de l’opinion et l’éveil du militant. C’est de la Révolution que restent aujourd’hui le citoyen et l’exercice en commun de la souveraineté populaire.

Cet héritage républicain de la Révolution Française peut être subrepticement combattu par tous les tenants de la démocratie « post-moderne » et d’un « état de droit » déconnecté du suffrage universel. Il ne peut être mis en cause frontalement car il ne suffit pas de déclarer la Révolution Française « terminée » pour donner congé au citoyen et au suffrage universel. Ce combat est plus actuel que jamais.

Michel Vovelle s’est si bien acquitté de sa tâche qu’un grand historien britannique Eric Hobsbawn a pu ainsi déclarer en 2015 que : « La Révolution Française a été le point de départ de l’histoire moderne mondiale ».

D’avoir préservé et maintenu cet héritage nous resterons toujours redevables à Michel Vovelle. Rendant hommage à ce grand citoyen, homme de droiture et de fidélité, je m’incline avec une tristesse que partage, j’en suis sûr, toute la communauté scientifique devant la douleur de ses proches et de ses amis.

Rédigé par Chevenement.fr le 8 Octobre 2018 à 11:24 | Permalien | Commentaires (0)

Président de la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement participait au débat organisé par le magazine Acteurs Publics sur le thème "L’éducation nationale forme-t-elle des citoyens ?", le 1er octobre 2018, et animé par Bruno Botella, directeur de la rédaction d'Acteurs Publics. Il débattait avec Florence Robine, rectrice de l'académie de Nancy Metz et de la région académique Grand Est, et François Weil, conseiller d'État, historien et ancien recteur d'académie.


Verbatim

  • Est-ce à l'Ecole de former les citoyens ? L'Ecole peut-elle enseigner les fondamentaux, former des jeunes qui trouveront un métier, les éduquer à la citoyenneté ?

    La première mission de l'Ecole est de former des citoyens. Mais qu'est-ce qu'un citoyen ? Dans la République, c'est une parcelle du souverain. L'ensemble des citoyens forment le peuple, qui est le titulaire de la souveraineté. Donc ce sont les citoyens qui doivent être les moteurs de l'action publique et pour ce faire, il faut qu'ils soient éclairés. Or ils ne peuvent l'être que par l'école. Le couple République-Ecole est donc consubstantiel.

    En transmettant des connaissances, l'Ecole forme des citoyens, même si ce n'est pas suffisant : il faut aussi expliquer comment fonctionnent les institutions de la République et comment on les meut.

    J'ai lu le rapport du Conseil d'Etat sur la citoyenneté (La citoyenneté. Etre (un) citoyen aujourd'hui, étude annuelle 2018, La Documentation française). Très heureuse initiative, mais je regrette que l'on prenne trop facilement parti, me semble-t-il, de ce qu'on appelle « la crise de la citoyenneté ». La citoyenneté a toujours été difficile ! Relisez Montesquieu, qui explique que la vertu est le principe des Républiques, et que la citoyenneté ne va pas sans abnégation parce qu'elle implique la préférence pour le bien collectif par rapport à l'intérêt individuel. L'amour des lois et de la patrie est l'essence même de la citoyenneté.

    L'hyper-individualisme ne date pas d'aujourd'hui : dans l'entre-deux guerres, on peut considérer qu'il avait gangrené le pays à un point considérable. La difficulté est toujours là. Il y avait des injustices sous la IIIème République, n'en faisons pas une République modèle, mais on luttait et on y croyait.

    La citoyenneté est indissociable de la foi républicaine. On pourrait dire « mystique républicaine » ? Péguy disait que la mystique républicaine, c'était mourir pour la République. On n'en demande pas tant ! Mais il y a ce dévouement à la chose publique qui peut être le fait d'un instituteur, d'un cheminot, d'un postier, et qui peut être admirable. Nous avons tous le souvenir des professeurs qui nous ont marqués et formés : ils faisaient bien leur métier ! Ils aimaient leur discipline et ils transmettaient cet amour à leurs élèves.

    Le ressort de la citoyenneté, c'est l'exercice de la souveraineté donc l'action politique. Comme le disait Jean Macé sous la IIIème République : « Nous faisons des électeurs mais pas des élections ». Nous formons le citoyen à juger de ce qu'est l'intérêt général en prenant appui sur sa capacité à raisonner. C'est le rôle de l'Ecole publique, ce qui implique qu'elle garde beaucoup de neutralité. L'Ecole ne doit surtout pas faire de propagande, ce qui est haïssable.

Rédigé par Chevenement.fr le 4 Octobre 2018 à 10:44 | Permalien | Commentaires (3)
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