Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RTL mercredi 26 février 2014. Il répondait aux questions de Jean-Michel Apathie.


Verbatim express :

Sur le dossier centrafricain
  • J'ai voté hier la prolongation de l'opération Sangaris en Centrafrique, parce que, dans une affaire comme celle-là, très difficile, dans un pays ou l’État n'a jamais existé, où les structures d'autorité se sont effondrées, il y a un devoir d'action, plus que d'assistance. Il y a un mandat des Nations Unies, c'est la condition de tout. Mais il y a pour la France les liens de l'histoire.
  • Notre intervention a au moins évité des massacres de masse. Les difficultés sont réelles, néanmoins la perspective de mise en œuvre d'une opération de maintien de la paix de l'ONU est le terme logique de l'intervention française.
  • Les grands pays de l'Europe occidentale, ne sont pas au rendez-vous de cette intervention.

    Sur l'Ukraine
  • Il faut avoir un peu de culture historique. La première Russie, c'était l'Ukraine. Ensuite il y a eu une migration vers Moscou devant l'invasion mongole. Enfin l'Empire russe s'est rattaché l'Ukraine en 1647. C'est une vieille affaire.
  • Je me méfie toujours un peu de l'ingérence.

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat concernant la proposition de résolution relative à la transition énergétique, mardi 25 février 2014.


La transition énergétique au service de la compétitivité
La proposition de résolution déposée par MM Gaudin et Poniatowski constitue une nouvelle occasion de débattre de ce qu’on appelle la « transition énergétique ». La chose n’est pas nouvelle : Flaubert donnait déjà dans le « Dictionnaire des idées reçues », cette définition du mot « Epoque » : « la nôtre est une époque de transition ».

Il n’est pas douteux que le réchauffement climatique, le coût croissant des hydrocarbures et la perspective d’arrivée à maturité d’énergies nouvelles obligent à conduire une politique volontariste.

Mais la volonté politique doit être éclairée. Sur la question énergétique il y a certes beaucoup d’incertitudes mais il y a surtout beaucoup de préjugés ! Le nucléaire est ostracisé par les écologistes au nom d’un principe de précaution qui ne répond à aucune formulation scientifique et ne dit rien de plus que le proverbe de nos grands-mères : « Deux précautions valent mieux qu’une ».

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat dans le cadre du débat concernant la prolongation de l'intervention des forces armées en République centrafricaine, mardi 25 février 2014.


La décision d’intervenir en République centrafricaine a sans doute été tardive, eu égard aux violences initialement perpétrées par la Seleka mais une intervention ne pouvait avoir lieu en dehors d’un mandat du Conseil de Sécurité des Nations-Unies.

On aurait pu espérer un retour au calme plus rapide par l’exercice de ce que certains ont appelé un « effet de sidération ». C’était compter sans le potentiel de haines mis en mouvement et sans les violences aveugles déchaînées par les milices « anti-balaka », abusivement décrites comme des milices « chrétiennes ». L’Afrique n’est plus ce qu’elle était : les autorités traditionnelles se sont effondrées. Aucun Etat digne de ce nom ne les a remplacées. L’usage des armes à feu s’est banalisé. La République Centrafricaine était déjà réputée être « la cendrillon de l’Afrique », selon un ouvrage de Louis Brustier ; Georges Conchon s’en inspirait en 1964 pour écrire l’« Etat sauvage » dans un ouvrage qui reçut alors le prix Goncourt. Les choses depuis lors ne se sont pas arrangées : la Centre Afrique a toujours été sous-administrée et mal gouvernée. Au point de déliquescence où les choses en étaient arrivées, notre intervention a-t-elle du moins évité des massacres de masse, comme le Ministre de la Défense l’a souligné devant la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées le 17 février dernier.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de LCI lundi 24 février 2014. Il répondait aux questions de Michel Field.


Verbatim express :

Sur la crise ukrainienne
  • La crise ukrainienne peut devenir gravissime et mettre en jeu la paix de l'Europe. Rien moins que cela, car l'Ukraine, c'est la 1ère Russie. Et depuis 1647, l'Ukraine fait partie de l'Empire russe. Elle a gagné son indépendance à la fin de 1991, il y a 22 ans, à la chute de l'URSS.
  • Le Président ukrainien a été répudié par son propre parti. On ne peut que prendre acte de l'auto-dissolution du gouvernement légal.
  • Il y a eu une certaine légèreté de l'UE, en ce sens qu'elle a proposé un accord d'association avec pour certains une perspective d'adhésion à terme. Or il faut le dire : le temps des élargissements à l'est est révolu. Et on a fait miroiter à l'Ukraine des sommes que de toute évidence l'Europe n'était pas prête à débourser.

le 25 Février 2014 à 13:20 | Permalien | Commentaires (2)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Avec Jean Charbonnel disparaît une personnalité politique rare. Venu de la démocratie chrétienne, il avait rejoint le gaullisme, par fidélité à celui qui en 1940 avait relevé l’espoir républicain. Il n’avait cessé d’y apporter une exigence sociale inséparable pour lui de l’essor économique du pays.

Attaché à la justice, la cause de l’émancipation des peuples a appelé très tôt son engagement. Le général de Gaulle lui avait confié le Secrétariat d’Etat à la Coopération, première fonction ministérielle qu’il exerça avant de devenir ministre du développement industriel. Plus tard, Jean Charbonnel présida l’Association France-Algérie, pour maintenir des liens étroits entre les sociétés algérienne et française après l’indépendance.

Je n’oublie pas le soutien qu’il m’apporta en 2002 et qui témoignait de sa liberté d’esprit. Je salue la mémoire d’un Républicain chaleureux, qui a apporté à la France le concours de sa vive intelligence et de sa grande générosité.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 21 Février 2014 à 18:37 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "24h Sénat" sur Public Sénat, mercredi 19 février 2014. Il répondait aux questions de Delphine Girard.


Verbatim express :

  • L'Union Européenne a commis quelques maladresses. La démarche qui a été faite vis-à-vis de l'Ukraine, tendant à un accord d'association, aurait pu être concertée avec la Russie.
  • Il n'est pas douteux que le président de l'Ukraine s'est servi de l'UE pour faire monter les enchères avec Moscou : obtenir des subsides et un rabais considérable sur le prix du gaz.
  • Les chiffres qui ont été avancés sur les aides que l'UE pourrait donner à l'Ukraine sont tout à fait illusoires. Et l'UE n'avait pas pris position sur une éventuelle adhésion de ce pays.
  • L'Ukraine est un pays hétérogène, divisé entre catholiques uniates à l'ouest, orthodoxes russophones à l'est. Il faut agir avec précaution si nous ne voulons pas rallumer la Guerre Froide en Europe. Je crois que personne n'y a véritablement intérêt.
  • Il faut travailler à ce que l'Ukraine soit un pont entre l'UE et la Russie et pas un objet de discorde comme c'est actuellement le cas.
  • Je souhaite que l'on fasse une analyse qui ne soit pas instantanée, même sous le coup de l'émotion. Il y a un enjeu géopolitique majeur.

le 19 Février 2014 à 20:59 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "France Bleu Midi Ensemble" sur France Bleu, lundi 17 février 2014. Il répondait aux questions de Daniela Lumbroso.


"La nation, c'est le lieu de la démocratie"
11202_17_02_2014_itema_20589751_0.mp3 France Bleu - Midi Ensemble  (54.08 Mo)

Verbatim express :

De la première mondialisation à la deuxième
  • Dans la première mondialisation, dominée par l'Angleterre, parce que la mondialisation a besoin d'un patron pour fonctionner, il y a une puissance qui monte à une vitesse accélérée, c'est l'Allemagne impériale. La première mondialisation, comme la seconde d'ailleurs avec la Chine, induit une modification très rapide de la hiérarchie des puissances.
  • L'idéologie pangermaniste, qui irrigue le cerveau des décideurs, notamment militaires, est au fond hésitante sur le fait de savoir si l'Allemagne doit créer un empire colonial en Afrique, ou en Europe même, jusqu'à la mer Noire et à la Baltique.
  • Je pense que cette théorie de l'hegemon est la bonne explication de la Première Guerre mondiale. Ensuite il y a des causes immédiates : la bêtise des dirigeants du Second Reich allemand, qui après avoir donnés carte blanche à l'Autriche-Hongrie à la suite de l'attentat de Sarajevo, déclenchent une guerre préventive à la suite de la mobilisation russe, dont le but est d'abattre la France pour se retourner contre la Russie. Ils envahissent dans ce but la Belgique, dont la neutralité est garantie aussi par la Grande-Bretagne. En conséquence ce dernier pays déclare la guerre à l'Allemagne.
  • Les peuples ne sont pas coupables de cette guerre. Aucun ne la voulait vraiment. Ils étaient tous plutôt heureux de la paix. Ils ont tous eu le sentiment qu'ils étaient agressés, à tord ou à raison. Même le peuple allemand a pensé qu'il était agressé par la Russie, parce que c'est ce que ses dirigeants lui ont fait croire.
  • Par conséquent, je voudrais que l'on lave les nations d'un pêché, d'un crime qu'elles n'ont pas commis. La nation, c'est la démocratie. Il ne faut pas la confondre avec le nationalisme, qui irriguait quelques cerveaux dérangés.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du "Forum politique" sur Beur FM, mercredi 12 février 2014. Il répondait aux questions de Delphine Thébault.


"La politique suivie par François Hollande me paraît extrêmement problématique"
beur_fm.mp3 Beur FM - Forum politique  (4.14 Mo)

Verbatim express :

Sur la Russie et les JO
  • Ce qui m'a frappé, c'est le concert d'imprécations qui s'est élevé dans la presse française au moment des Jeux, contre la Russie, qui a quand même beaucoup changé, ce dont beaucoup de journalistes et de décideurs en France ne se sont pas encore avisés.
  • Les campagnes qui sont menées sont extrêmement réductrices. Je ne dis pas que, naturellement, il n'y a pas à prendre et à laisser dans la Russie de Poutine. Mais un certain relèvement du niveau de vie, après une phase catastrophique au long des années 90, a été certainement apprécié par les Russes.
  • J'ai été très choqué par le ton général de la presse française.

    Sur l'Ukraine
  • Jamais l'UE n'a proposé l'adhésion à l'Ukraine. Dans la foule ukrainienne, beaucoup se méprennent sur la réalité. L'UE n'a pas 150 milliards pour eux !
  • En réalité c'est une manipulation des dirigeants actuels de l'Ukraine, pour faire monter les prix avec la Russie. Donc il y a beaucoup de mystifications, et la presse occidentale comme française nous décrivent une situation où les ukrainiens regarderaient désespérément vers l'Ouest. Je pense que tout cela est un petit peu caricatural.
  • Je pense que nous n'avons pas à créer, au cœur même de l'Europe, une nouvelle guerre de civilisation. Il faut simplement que les hommes fassent l'effort de se comprendre, et de se respecter.
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