Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 22h de Public Sénat, lundi 26 mai 2014. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk.
Verbatim Express :
le 27 Mai 2014 à 18:19
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J’ai rencontré plusieurs des acteurs du dossier Alstom et sensibilisé directement les autorités de l’État.
J’apprécie positivement le « décret Montebourg » qui donne à l’Etat en France (comme aux États-Unis, en Allemagne, en Italie et en Espagne) la possibilité de s’opposer à la vente d’un actif majeur du point de vue de notre indépendance énergétique. I – Alstom est décrit comme trop petit (20 milliards du CA contre 78 à Siemens et 146 à General Electric). Cela vient du fait que ces deux dernières entreprises sont des conglomérats industriels qui regroupent par exemple le matériel médical (pour les deux), les moteurs d’avions pour General Electric, etc. Alstom, lui aussi, faisait partie d’un conglomérat : la CGE (Compagnie Générale d’Electricité dirigée par Ambroise Roux avant 1981). Nationalisée en 1982, la CGE devenue Alcatel Alstom regroupait : 1. le téléphone (Alcatel) 2. l’énergie (Alstom) : turbines à vapeur et à gaz, turbines « Arabelle » pour le nucléaire, alternateurs, moteurs, transmission, design des centrales thermiques (à vapeur, au gaz ou à cycle combiné (Plant »), hydraulique, etc. 3. l’ingénierie électrique : Cegelec, filiale d’Alstom jusqu’au début des années 2000 ; 4. la construction navale (Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire) ; 5. le transport ferroviaire : locomotives de fret et de voyageurs – trains à grande vitesse – tramways – métros). Tribune de Jean-Pierre Chevènement, publiée dans Marianne, jeudi 22 mai 2014.
La crise ukrainienne est, à coup sûr, la plus grave survenue en Europe depuis la fin de la guerre froide et l’implosion de l’Union soviétique. Ralliée aux valeurs occidentales et ayant, sans guerre, dissous son Empire en 1991, la Russie estime, non sans quelques bonnes raisons, n’avoir pas été payée de retour. Les thérapies de choc libérales qui lui furent administrées dans les années 1990 conduisirent à l’effondrement de moitié de son PNB et à une réelle paupérisation de la majorité de ses citoyens. L’OTAN s’étendit bien au-delà des limites connues au moment de la réunification allemande. Quant au problème de la « troisième Europe » comme dit George Nivat, c'est-à-dire des pays européens appartenant à l’ex CEI et, des minorités russes dispersées en son sein, il ne fut tout simplement pas pris en considération. La seule chose qui ait intéressé l’Occident a été le contrôle de l’arsenal nucléaire soviétique, confié par commodité à la Russie. Depuis lors, celle-ci et l’Occident ne se racontent pas la même histoire.
Certes l’Union européenne a bien conclu des « partenariats » assortis de maigres crédits (programme TACIS) avec ses « voisins proches », partenariat dit « stratégique » avec la Russie et « oriental » pour les autres, au premier rang desquels l’Ukraine. Mais celle-ci n’est pas tout à fait un partenaire comme les autres, par sa taille, sa population (45M d’habitants), son histoire et son économie étroitement intriquée à celle de la Russie. C’est ici que la géopolitique s’en mêle : Zbigniew Brezinski, dans un livre de 1998, le « grand échiquier », écrivait sans fard que le seul moyen de s’assurer que la Russie ne puisse plus reconstituer son Empire, était de soustraire définitivement l’Ukraine à son influence. Certes, depuis lors, les Etats-Unis se sont aperçus que l’Empire qui montait à l’horizon n’était pas la Russie, mais la Chine. M Brezinski a donc mis de l’eau dans son vin. Il s’est prononcé récemment, comme M Kissinger d’ailleurs, pour une « finlandisation » de l’Ukraine, entre l’Union européenne et la Russie. Tout le monde à Washington ne partage pas cet avis : M. Mac Cain et le Vice-Président Joe Biden sont venus à Kiev pour soutenir le mouvement de Maïdan. Le gouvernement américain appelle à des sanctions renforcées contre la Russie après l’annexion de la Crimée d’autant plus qu’elles toucheraient essentiellement l’Europe et fort peu par les Etats-Unis. Le courant néo-conservateur demeure puissant aux Etats-Unis et trouve des relais en Europe. Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat, dans le cadre du débat sur les perspectives de la construction européenne, mardi 20 mai 2014.
Monsieur le Ministre,
Alors que vous venez de prendre vos fonctions, permettez-moi d’effectuer ce bref rappel : Quand le gouvernement, le 19 octobre 2012, a demandé au Parlement de ratifier le traité dit TSCG, « sur la stabilité, la coordination et la gouvernance », il nous a incités, je cite votre prédécesseur, M. Cazeneuve, à « dépasser le traité pour le contextualiser ». Ce traité pose le principe d’un retour à l’équilibre budgétaire, sous le contrôle de la Commission européenne et selon un calendrier fixé par elle. Il était facile de prévoir, comme je l’ai fait à cette tribune le 20 octobre 2012, en défendant avec mon collègue Pierre-Yves Colombat, une exception d’irrecevabilité, que ce traité « nous [entrainerait] dans une spirale récessionniste dont nous ne [sortirions] que par une crise politique et sociale de grande ampleur ». Nous y sommes : la mise en œuvre de plans d’austérité budgétaire simultanés dans la plupart des pays d’Europe, si elle a permis de contenir leur déficit global à 3 % du PNB, les a plongés dans une stagnation économique de longue durée. Au premier trimestre 2014 la croissance est nulle en France, négative en Italie (- 0,1 %), à Chypre (- 0,7 %), en Grèce (- 1,1 %), au Portugal (- 0,7 %), mais aussi aux Pays-Bas (- 1,4 %) et en Finlande (-0,4 %). Seule l’Allemagne, avec une croissance de 0,8 %, permet à la zone euro d’afficher une croissance globale de 0,2 %. Sur l’ensemble de l’année, la croissance ne dépassera pas 1 %. Cette stagnation plombe l’économie mondiale car partout ailleurs les taux de croissance prévus sont de deux et demi à sept fois supérieurs. En terme de PNB, les pays de la zone euro, en dehors de l’Allemagne, n’ont pas, en 2013, ou ont à peine retrouvé, en ce qui concerne la France, le niveau de 2008. Là est l’origine d’un déclassement que l’opinion perçoit de plus en plus.
Jean-Pierre Chevènement, Sénateur du Territoire de Belfort a reçu ce jour, à son bureau belfortain, M. Steve Bolze, Président de General Electric Power and Water, Madame Clara Gaymard, Présidente General Electric Europe et Vice-présidente GE International, ainsi que M. Ricardo Cordoba, Président GE Energie Europe de l’Ouest et Afrique du Nord et M. François Cavan, directeur du site GE belfortain.
M. Steve Bolze a développé l’idée qu’Alstom avait, sur plusieurs marchés et dans l’avenir, un problème de taille. Alstom et General Electric sont complémentaires en terme de technologies et de marchés. Jean-Pierre Chevènement a posé le problème d’un partenariat dans le capital de l’éventuelle, ou des éventuelles entités qui pourraient être constituées. Il a enfin insisté sur la préservation du nom "Alstom". La localisation du siège européen à Belfort pour toutes les catégories de centrales est évidemment un point important. Mais il n’est pas le seul. L’association au capital est un point décisif car en dernier ressort, qui tient le capital, tient la décision. Il est évident que l’acquisition par Alstom Transports de l’activité signalisation de General Electric peut constituer un atout supplémentaire dans cette association industrielle. L’entretien s’est déroulé dans une atmosphère très cordiale. Jean-Pierre Chevènement est déjà intervenu auprès du Président de la République et du ministre de l’industrie, M. Arnaud Montebourg. Il reverra ces autorités ainsi que le Premier Ministre dans les prochains jours. Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Midi-Libre, dimanche 11 mai 2014. Propos recueillis par Laure Joanin.
Midi-Libre : Pourquoi cette méfiance vis-à-vis des commémorations de 14-18 ?
Jean-Pierre Chevènement : Parce qu’elles menacent d’être sélectives, orientées et de passer à côté du sujet. L’explication de la guerre et le sacrifice des Poilus risquent d’être passés sous silence. Au nom du "Plus jamais ça !" il s’est agi pour les classes dirigeantes de réitérer leur défiance à l’encontre de nations d’où viendrait le mal et de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe sous prétexte de sauver cette dernière de ses démons. Or, les Poilus ne sont pas morts pour rien, mais pour que la France continue. On nous dit "Oui, mais la France s’est effondrée en 1940". Mais s’il n’y avait pas eu le grand sacrifice des Poilus, y aurait-il eu de Gaulle, la France Libre, la Résistance ? La France aurait-elle retrouvé sa puissance ? On occulte une lecture de l’histoire de France du XXe siècle et on diabolise les nations, en particulier la nôtre, comme si elles étaient coupables de la guerre. Or la nation, c’est le cadre de la démocratie. Il ne faut pas la confondre avec le nationalisme, une maladie de la nation. En quoi l’Europe serait-elle sortie de l’Histoire ? Il y a un lien entre le déclin démographique, économique, politique de l’Europe et “la guerre de 30 ans” qui éclate en 1914 et finit en 1945. Mais l’Union européenne actuelle et son magma d’impuissances est aussi le fruit de la façon dont on a fait l’Europe sans les nations, voire contre elles, selon la méthode Monnet. C’est d’abord une Europe qui a fait sien les dogmes du néo-libéralisme en privant les Etats de leurs capacités stratégiques. La France n’est plus un Etat stratège, c’est un Etat mendiant qui n’a plus les moyens d’une politique. D’autre part, c’est une Europe qui a abandonné la démocratie. Ses institutions – la Commission, la Cour de Justice, la banque centrale – sont technocratiques et ne rendent compte devant aucune instance élue. Et le Parlement de Strasbourg n’est que la juxtaposition de la représentation de 28 peuples. L’Europe est devenue un système d’évitement de la démocratie et des souverainetés nationales. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Public Sénat, mercredi 30 avril 2014. Il répondait aux questions de Delphine Girard.
Verbatim express :
Alstom
Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFMTV, mercredi 30 avril 2014. Il répondait aux questions de Olivier Truchot.
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