Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque "François Mitterrand et la Défense", Ecole militaire, mercredi 20 mai 2015.
I – La fin de la guerre froide [0]
Les positions de François Mitterrand, tout au long de la guerre froide, sont bien connues. François Mitterrand était hostile au communisme et à l’URSS mais pas à la Russie. Il appuie Kohl et l’OTAN dans la crise des euromissiles en février 1983, à la veille des élections générales en Allemagne qui opposent Kohl (SPD-Verts) à Oskar Lafontaine et à sa coalition pacifiste (SPD-Verts), ce qui renvoie à deux schémas de réunification de l’Allemagne très différents, au sein ou en dehors de l’OTAN. La chose à l’époque est passée inaperçue. Elle permettra la réunification-absorption de 1990. Mais, François Mitterrand va faire bon accueil en 1985, à Gorbatchev et à sa pérestroïka. Il fait le pari de la sincérité de Gorbatchev mais doute que le communisme soit réformable. Aussi va-t-il maintenir une posture de grande prudence sur le plan militaire vis-à-vis de l’Union Soviétique. Car qui peut savoir si Gorbatchev réussira et de quoi demain sera fait ?
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le 26 Mai 2015 à 15:42
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Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au quotidien Le Figaro, mardi 19 mai 2015. Propos recueillis par Caroline Beyer.
Le Figaro : Vous êtes opposé à la réforme du collège. Pour quelles raisons ?
Jean-Pierre Chevènement : L’école souffre depuis longtemps d’une incessante « réformite ». Pourtant, l’école a besoin de stabilité. Et les élèves issus de milieux modestes ont avant tout besoin d’une école structurée. Sa mission fondamentale est la transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Cela ne va pas sans effort. Or, la « réforme » va toujours dans le même sens : le laxisme, au prétexte de l’ouverture et du « suivi personnalisé ». Cette réforme du collège diminue les horaires des disciplines pour promouvoir des enseignements pratiques interdisciplinaires. Or, il n’y a de véritable interdisciplinarité que sur la base de savoirs disciplinaires maîtrisés. Selon François Hollande, « il n’y a pas de raison qu’il y ait du statu quo à l’école, alors qu’il n’y a pas de statu quo dans les entreprises ». Que pensez-vous de cet argument ? François Hollande méconnaît la spécificité de l’école : c’est, en France, une institution de la République et non la juxtaposition d’établissements qui définissent eux-mêmes leur projet. Cette thèse, c’était celle de Luc Chatel. Le philosophe Alain voulait faire de l’école républicaine « un sanctuaire ». Nous en sommes loin !
L’entretien que M. Michel Lussault, président du Conseil National des programmes scolaires, donne au Monde du 14 mai dernier, m’inspire une réflexion spontanée : M. Lussault n’a pas l’air de savoir que l’Ecole, en France, est l’Ecole de la République et qu’à ce titre sa plus belle mission est de former des citoyens. Il a oublié la phrase de Michelet : « La France est une personne … » que les fondateurs de l’Ecole républicaine, eux, avaient bien comprise et que n’auraient reniée ni Jaurès, ni De Gaulle, ni Mendès-France. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le rejet de la nation est dans l’air du temps.
M. Lussault s’en prend d’emblée à « une hypothétique belle et bonne histoire de France ». « Faut-il, ajoute-t-il, un enseignement allégorique, enseignant une nation française mythique qui n’a jamais existé ? ». Et de s’en prendre au « roman national » : « Il y a quelque chose de dérangeant dans l’idée récurrente de vouloir faire de l’Histoire un « roman national ». Cela renvoie à une conception de l’Histoire qui ne serait plus un outil de lucidité ». Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Inter, lundi 18 mai 2015. Il répondait aux questions de Léa Salamé.
Daesh, Syrie (Palmyre), Irak (Ramadi)
Entretien de Jean-Pierre Chevènement paru dans la Revue des Deux Mondes, mai 2015. Propos recueillis par Valérie Toranian et François d'Orcival.
Revue des Deux Mondes : Vous symbolisez l’autorité depuis quarante ans. Tout le monde s’en réclame depuis quelques mois. La France toute entière semble devenue « chevènementiste ». Cela vous fait plaisir ?
Jean-Pierre Chevènement : Ça me fait sourire. Il ne suffit pas de récupérer les mots pour que l’énergie soit au rendez-vous. Ce qui manque, c’est la vue d’ensemble dans le temps et dans l’espace : la conscience de l’Histoire et en même temps la vision mondiale des problèmes. Je ne pense pas que ça puisse s’acquérir en un jour. C’est l’effet de la pratique et de la réflexion. Vous avez toujours incarné à la fois la République, l’autorité et la nation. Où en-sont ces valeurs aujourd’hui ? Notre pays n’a plus de lui-même une vision très claire. D’abord, il y a eu la France comme création politique qui « vient du fond des âges », selon la formule du général de Gaulle (Mémoires d’Espoir). Puis la France a pris conscience d’elle-même comme nation. Une nation devenue souveraine en 1789 ; la République est née trois ans après. Mais elle a mis beaucoup de temps à s’affermir et il a fallu attendre le général de Gaulle et François Mitterrand pour stabiliser son fonctionnement institutionnel. Je cite François Mitterrand car l’alternance a évidemment renforcé le crédit des institutions de la Ve République. J’ai toujours pensé qu’il était nécessaire que le président soit l’homme de la nation. Mais il faut aussi se demander comment, avec l’élection au suffrage universel, le président de la République peut demeurer l’homme de la nation, c’est-à-dire être l’élu de tous les Français. Peut-il transcender les conditions de son élection ? Il n’est pas évident que l’objectif du général de Gaulle ait été acquis. La présidence pourrait devenir et redevient d’ailleurs un enjeu dans le système des partis. Le quinquennat va-t-il dans le bon sens ? Je ne le pense plus. Tout ce qui donne au président une vue longue est bon et naturellement, le gouvernement doit procéder de l’Assemblée nationale : la démocratie doit fonctionner. Mais la France a besoin d’un Président de la République qui soit l’homme de la Nation. C’est ainsi qu’elle peut assumer son histoire. Nous avons atteint une limite. Une réflexion collective devrait être menée sur le sens de nos institutions, sans qu’il soit question de les changer ; il faut leur restituer leur place, leur autorité.
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Les actes du colloque du 9 mars 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Discours prononcé à la Bibliothèque nationale de France, mercredi 12 mai 2015.
Je connaissais Claude Durand depuis 1969. Cela fait presque un demi-siècle ! Patron du Seuil, il avait accepté de publier un petit pamphlet de Jacques Mandrin, un pseudo pour trois des fondateurs du Ceres : Alain Gomez, Didier Motchane et moi-même. Ce pamphlet était intitulé « Socialisme ou socialmédiocratie ». Programme toujours actuel. Le titre plaisait à Claude Durand. Il n’y a pas de plus grande menace pour la République que la médiocrité. Reste à savoir si le socialisme en est l’antidote … Claude Durand ne le pensait sans doute pas.
Claude Durand était simplement un républicain, mais dans un sens aujourd’hui oublié : rigueur intellectuelle et exigence politique. Claude Durand était aussi un grand libéral au bon sens du terme. Il avait été formé à l’école de Pierre Mendès-France, le seul homme d’Etat de la IVe République qui était resté pour tous les gens de notre génération un exemple, le seul auquel on pouvait alors se référer. Mendès a écrit un petit livre : « La vérité guidait leurs pas ». Dans cette cohorte de républicains exemplaires, Claude Durand, a aujourd’hui trouvé sa place. Je n’ai revu et vraiment connu Claude Durand que trois décennies après, en 2002. A l’heure des bilans, autre manière de se projeter vers l’avenir, Claude Durand était cet instituteur républicain dont la France, aujourd’hui, a besoin pour se reconstruire mentalement à l’abri des impostures. Dans instituteur il y a « instituere » : mettre debout. Eh bien, Claude Durand mettait les hommes debout, et d’abord ses auteurs auxquels il insufflait confiance et courage. C’est ainsi qu’il m’a aidé à continuer le combat, combat des idées autant que combat politique. Avec « Défis républicains », « La France est-elle finie ? » et, dernièrement, « 1914-2014 : L’Europe sortie de l’Histoire ? ». Avec toujours un point d’interrogation. Il ne faut jamais désespérer.
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Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, dimanche 3 mai 2015. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk et Patrick Roger.
Europe 1 - E1 Dimanche Soir (34.53 Mo)
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