La reconduction des sanctions prises à l’encontre de la Russie depuis septembre 2014 a été décidée le 17 juin au niveau des Ambassadeurs de l’Union européenne.

Cette décision qui doit être entérinée lundi 22 juin par les ministres des Affaires étrangères, puis par les Chefs d’Etat et de gouvernement n’est ni juste ni raisonnable. Elle n’est pas juste parce que la non-application des accords de Minsk II résulte essentiellement du refus de l’Ukraine d’appliquer leur volet politique concernant la décentralisation des régions russophones de l’Est.

Elle n’est pas non plus raisonnable. Nos exportations vers la Russie, composées aux deux tiers de produits de haute technologie ont déjà chuté de 9 à 6,7 Milliards d’euros de 2012 à 2014, soit du quart. Pour le premier trimestre de 2015 elles chutent encore du tiers (-33,6 %) par rapport au premier trimestre 2014.

L’institut autrichien Wifo évalue à un point du PIB en 2015 l’impact négatif sur la croissance allemande et à 0,5 % et 15 000 emplois de moins l’impact sur la France. C’est l’ensemble du commerce extérieur qui est grippé et pas seulement les secteurs visés par les sanctions, du fait de la frilosité des banques elles-mêmes tétanisées par l’application extraterritoriale et arbitraire du droit américain.

Il me semble que la voix de la France devait se faire entendre et pas seulement celle de la Grèce, pour refuser une politique qui, à travers l’Union européenne, fait de notre politique étrangère l’otage de la politique américaine.

le 19 Juin 2015 à 13:46 | Permalien | Commentaires (4)
M. Jean-Pierre Chevènement, ancien Ministre, a déclaré :

« Le Club République moderne, créé en 1983 a renouvelé ses instances lundi 15 juin 2015. Son bureau est ainsi composé :

Président : Jean-Pierre Chevènement
1ère Vice-présidente : Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne
Vice-présidents : Christian Hutin, député du Nord, Christine Meyer, conseillère régionale des Pays de Loire, Jean-Yves Autexier, ancien parlementaire
Secrétaire générale : Estelle Folest, cadre supérieure
Secrétaire général adjoint : Claude Nicolet, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais
Trésorier : Gérard Pierre, universitaire
Trésorier adjoint : Marie-Pierre Logelin, professeur

Le Club République moderne prendra l'initiative à la rentrée d'un débat ouvert sur le thème «  Europe et souveraineté  ».

Jean-Pierre Chevènement
Mots-clés : république moderne

le 18 Juin 2015 à 16:09 | Permalien | Commentaires (14)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au Parisien, lundi 15 juin 2015. Propos recueillis par Martine Chevalet.


"Je veux un dialogue de Melenchon à Dupont-Aignan"
Le Parisien : Maintenant, que voulez-vous faire ?
Jean-Pierre Chevènement : Il faut créer un mouvement d’idées alternatif qui transcende les sensibilités historiques car on ne sortira pas la France de l’ornière sans cela. Le clivage gauche-droite ne correspond plus à la réalité depuis que la droite, tournant le dos au gaullisme, et la gauche, au projet de transformation sociale d’où est tirée sa légitimité, se sont retrouvées sur un projet soi-disant européen mais profondément régressif. On en voit aujourd’hui les résultats. Ce qui est en jeu c’est le redressement de la construction européenne à partir de ses nations et sur la base d’un projet « d’Europe européenne », pour reprendre l’expression du général de Gaulle.

Concrètement, qu’est-ce qui motive votre départ du MRC ?
J’ai essayé en vain de faire bouger la direction du MRC. Je lui ai proposé d’être le fer de lance d’une alternative républicaine dans une démarche de rassemblement sans sectarisme. Mais c’est un petit parti prisonnier de sa logique. C’est pourquoi le débat y a été étouffé. Pour ma part, je compte relancer le club République moderne que j’ai fondé en 1983 après avoir quitté le gouvernement.

Mais pourquoi vouloir privilégier Dupont-Aignan ?
Je suis partisan d’un dialogue sans exclusive et sans sectarisme avec tous ceux qui souhaitent une alternative républicaine, de Mélenchon à Dupont-Aignan. Je ne veux pas précipiter à la trappe les hommes et les femmes qui composent les partis de gouvernement, mais leur logiciel est complètement périmé. Ils doivent renouveler leur grille de lecture du monde.

Source : Le parisien

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFMTV mercredi 10 juin 2015. Il répondait aux questions de Ruth Elkrief.


Sur le voyage de Manuel Valls à Berlin
  • Manuel Valls n'a commis aucune faute. Je trouve cette polémique ridicule et dégradante à beaucoup d'égards.
  • Manuel Valls était invité à Berlin par Michel Platini, il y est allé, il a pris un avion, et il y avait de la place, il a pris ses enfants avec lui. Je pense qu'un Premier ministre est un homme très occupé, il a peu le temps de voir ses enfants, donc c'est tout à fait normal, et cela n'a pas coûté un rond de plus. L'avion devait voler dans tous les cas, il y avait des places libres...
  • Le Premier ministre a été invité par le président de l'UEFA. Je trouve que c'est un déplacement officiel, ce n'est pas un déplacement privé.
  • Il faut arrêter de ramener la politique à moins que des faits divers : c'est de la politique fiction, c'est de l'émotion mal contrôlée. Il faut essayer de se centrer sur les grands sujets.
  • Le niveau de la politique a tellement baissé que les Français se détournent des partis politiques, qui leur tiennent tous le même langage, ne leur offrent plus de perspectives, de discours mobilisateurs. Mais le décri systématique des hommes politiques, dont certains sont des gens non seulement intègres, mais travailleurs, me paraît également injuste.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à Nice-matin, vendredi 5 juin 2015. Propos recueillis par Thierry Prudhon.


"Le PS ne peut plus se dire socialiste"
Nice-matin : Quel regard portez-vous sur la gauche française aujourd'’hui ?
Jean-Pierre Chevènement : Elle est aujourd'’hui clairement en fin de cycle. Depuis le référendum de 1992 sur le traité de Maastricht et en fait depuis 1983, le Parti socialiste refondé à Epinay en 1971 ne peut plus se dire socialiste, ce que Manuel Valls a d'’ailleurs entériné quand il a proposé que le Parti socialiste change de nom. Le PS bénéficie d'’une rente de situation institutionnelle : il revient aux affaires quand le rejet de la droite est trop fort, en 2012 par exemple. A défaut de projet social, il propose des réformes sociétales. Depuis 1984, le Front National file sa pelote. Jean-Luc Mélenchon, malgré ses qualités de tribun, a échoué à faire surgir un « Syriza » à la française. Nous allons donc entrer dans une zone de tempêtes politiques. Le monde a profondément changé. Et la gauche française n’a pas su renouveler son offre.

Pensez-vous que les Frondeurs puissent faire imploser le PS ?
Les Frondeurs n’ont pas su élaborer un logiciel qui les distingue vraiment de la majorité du PS, notamment sur l’'Europe.

Globalement, comment jugez-vous les trois premières années du quinquennat de François Hollande ?
François Hollande a hérité d’'un pays à la compétitivité très dégradée. Avec le rapport Gallois fin 2013, il a su formuler le bon diagnostic. Mais les mesures prises pour la reconquête de la compétitivité de l'’économie française sont insuffisamment ciblées sur l'industrie. De bonnes mesures sont intervenues récemment, comme l’'amortissement dégressif des investissements qui peuvent aider nos entreprises à se moderniser. En matière de technologies numériques, nos entreprises sont très en retard sur leurs concurrentes allemandes et italiennes. Emmanuel Macron a formulé un plan intéressant concernant « l’'usine du futur ». Mais notre solde commercial manufacturier, la vraie mesure de la compétitivité française, s'’est encore dégradé en 2014. L'’appareil productif français s'’est élimé. Depuis 2009, 1200 usines ont été fermées, 600 à peine ouvertes. La petite reprise actuelle se traduit par un gonflement des importations et une nouvelle dégradation du solde commercial. Il faut des mesures plus énergiques : par exemple exiger de Bruxelles que le « Crédit d'’impôt compétitivité emploi » (40 milliards d’euros) soit réservé aux entreprises industrielles et ne bénéficie pas aux banques et aux grandes surfaces qui n'’exportent pas. Les exportations, ce sont des biens industriels exclusivement. Par mollesse et par idéologie, nous acceptons la voie sans issue de la « dévaluation interne ».

Dépêche AFP, vendredi 5 juin 2015, 9h52.


[AFP] Pour Chevènement, faute d'ambition au plan social, la gauche et le PS "font dans le sociétal"
Le Parti socialiste et la gauche "donnent dans le sociétal" après avoir "renoncé à porter un projet social ambitieux", a estimé vendredi le président d'honneur du MRC, Jean-Pierre Chevènement, co-signataire d'une tribune avec François Bayrou et Luc Ferry contre la réforme du collège.

"Dès lors que la gauche a renoncé à porter un projet social ambitieux, pour toutes les raisons que nous savons - Maastricht, la monnaie unique, la cohérence budgétaire ou plus exactement l'adaptation de notre budget aux exigence du traité TSCG - on fait dans le sociétal. Et on demande à l'école de remplacer un plan d'ensemble qui porterait à la fois sur l'activité économique, le logement, etc. On demande tout à l'école, on lui fixe des objectifs inaccessibles", a déclaré M. Chevènement sur LCI et Radio Classique.

Le PS, "c'est un parti qui a donné la priorité au sociétal sur le social, faute d'avoir su prendre toute la distance nécessaire avec la manière dont se faisait la construction européenne", a-t-il dit.

L'ancien ministre de François Mitterrand s'en est pris non "pas seulement à cette réforme Belkacem" mais à la "réformite permanente qui, exercée sur la longue durée par des gouvernement de droite ou de gauche, aboutit à rabaisser le niveau des écoles publiques".

"Quand l'école publique va mal, les enfants des classes les plus favorisés se tournent vers les précepteurs, les écoles privées. (...) Il y a des écoles privées qui savent maintenir un certain nombre d'exigences de discipline, alors qu'au même moment, on promeut une réforme qui va toujours dans le même sens: casser l'école publique", a-t-il poursuivi.
Mots-clés : collège école éducation

le 5 Juin 2015 à 12:57 | Permalien | Commentaires (2)

Dépêche AFP, jeudi 4 juin 2015, 21h01.


[AFP]  Appel pour "un collège de l'exigence" de trois anciens ministres de l'Education et intellectuels
Trois anciens ministres de l'Education, François Bayrou, Jean-Pierre Chevènement et Luc Ferry ainsi que trois intellectuels demandent le retrait de la réforme du collège et un "débat républicain", dans une tribune à paraître vendredi.

Cet appel "pour un collège de l'exigence" qui est publié vendredi dans toute la presse quotidienne régionale, est également signé par l'essayiste Pascal Bruckner, l'éditorialiste de Marianne Jacques Julliard et le philosophe Michel Onfray. Ils invitent les citoyens à signer leur texte sur internet.

"Nous n'acceptons pas l'affaiblissement des disciplines au profit d'une interdisciplinarité floue, sans contenu défini, dont les thèmes sont choisis selon la mode et l'air du temps, imposés autoritairement et uniformément par le ministère, conduisant au +zapping+ pédagogique", écrivent-ils.

"Nous n'acceptons pas que l'égalité des chances soit confondue avec l'égalitarisme niveleur et se résume à la suppression de tout parcours d'excellence", poursuivent-ils.

Ils estiment que "les victimes de ce renoncement, ce seront d'abord les enfants de milieux populaires ou défavorisés pour qui l'école est le seul recours, car ils ne peuvent avoir accès aux cours privés et aux leçons particulières de leurs camarades plus favorisés". Ils défendent "la notion d'élitisme républicain pour que chacun puisse aller au bout de ses capacités".

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Radio Classique et LCI, vendredi 5 juin 2015. Il répondait aux questions de Guillaume Durand.


A propos de la pétition (1) lancée contre la réforme du collège
  • Ce n'est pas seulement la réforme dite Belkacem : c'est une réformite permanente qui, exerçée sur la longue durée, par des gouvernements de droite ou de gauche, aboutit à rabaisser le niveau de l'école publique. La solution est de revaloriser l'école publique.
  • Une école publique forte, structurée, où on apprend des choses, c'est le recours pour les enfants des classes populaires. C'est le recours qu'ils ne trouveront pas ailleurs, en dehors de l'école.
  • Quand l'école publique va mal, les enfants des classes les plus favorisées se tournent vers les précepteurs, les cours ou les écoles privées, et je constate que ce qui est en train de se passer.
  • On promeut des réformes qui vont toujours dans le même sens : casser l'école publique.
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