Airbus veut délocaliser, en Amérique, en Chine, en Russie : l’euro est trop cher en France et en Allemagne. Le gouvernement allemand veut limiter les suppressions de postes dans les usines allemandes. C’est compréhensible. Mais Mme Merkel s’inquiète dès qu’à Paris on évoque une politique de change qui rendrait le cours de l’euro moins pénalisant. C’est moins compréhensible.
Le gouvernement allemand veut que les usines allemandes jouent un rôle de premier plan dans la fabrication de l’Airbus A 350, en particulier pour les panneaux en matière composite. En matière de technologie, la France ne surclasse pas l’Allemagne dans beaucoup de domaines. Puis-je évoquer un souvenir de 1990 ? M. Jean-Luc Lagardère et M. Jürgen Schremp, alors Président de Daimler-Chrysler, avaient cherché à convaincre le ministre de la Défense de l’époque que j’étais, au cours d’un déjeuner, qu’une bonne coopération franco-allemande en matière aéronautique passait par la privatisation d’Aérospatiale, aucune affaire industrielle ne pouvant tolérer l’interventionnisme des Etats. J’avais fait valoir à M. Schremp qu’il fallait s’accommoder de la diversité des modèles nationaux pour avancer dans la coopération franco-allemande, les entreprises publiques françaises jouissant, en fait, d’une grande indépendance. Dix ans après, en 2000, Aérospatiale a été privatisée au profit du groupe Lagardère. En regard j’observe, aujourd’hui que M. Thomas Enders, le co-Président allemand d’EADS, reçoit directement ses ordres de Madame Merkel, de son ministre de l’Economie, M. Glos et des ministres-présidents des Länder concernés. La presse économique allemande – le Handelsblatt et le Financial Times Deutschland – s’en inquiètent. Eux aussi retardent d’une guerre …
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 21 Février 2007 à 21:51
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Nicolas Sarkozy met en avant la souplesse, la flexibilité, la fin des contraintes, etc. ainsi à travers la création d’un « contrat unique de travail ». Pas de chance pour lui, la bilan du CNE (contrat nouvelle embauche) fait apparaître que moins de la moitié seulement de ces contrats débouche, à terme, sur l’emploi. Ségolène Royal n’a plus qu’à ajouter : « C’est la précarité qui tue la valeur travail ».
Nicolas Sarkozy a calibré son programme en fonction d’une « certaine idée de la gauche », celle des 35 heures, du « partage du travail » et de l’assistanat. Pas de chance pour lui, Ségolène Royal réfute l’assistanat, vante le « donnant-donnant », se propose d’assouplir le régime des heures supplémentaires, met partout en regard des droits, les devoirs qui doivent les accompagner. Nicolas Sarkozy retarde d’une gauche. Il retarde d’une guerre. J’ai accompagné hier Ségolène Royal à TF1. Elle a exploité au maximum son « avantage comparatif », pour parler un langage ricardien, sur Nicolas Sarkozy, qui pourtant, à la même émission, n’avait pas été mauvais.
Mais seule une femme peut aujourd’hui répondre à la demande de repères et d’harmonie qui sourd d’une société désaxée. Celle-ci ne demande pas n’importe quelle forme d’autorité. Au contraire, il en est qu’elle rejette.
Ce que veut la société française c’est une autorité proche, aimante, attentive à la manière dont tout se noue, très tôt chez l’enfant, qu’il s’agisse de ses handicaps précoces ou des premiers faits délictueux. Ségolène Royal répond à ce besoin profond. On disserte beaucoup sur l’avenir de l’« autorité » dans notre société. Une chose me paraît sûre : si Ségolène Royal est élue Présidente de la République, l’autorité ne disparaîtra pas. ActualitésIntervention de Jean-Pierre Chevènement à la conférence de presse du 19 février 2007 au siège de campagne de Ségolène Royal. Il y distingue dans un tableau, point par point, les lignes de clivage des projets de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy.
1.La difficulté d’une campagne présidentielle est d’en fixer les enjeux à bonne hauteur :
-en évitant de la réduire aux « couacs » réels ou plus souvent supposés de la campagne de Ségolène Royal à laquelle la droite, avec sa suffisance coutumière, conteste compétence et légitimité, tandis que Nicolas Sarkozy avait le monopole de la compétence, comme s’il détenait la légitimité qui est par nature de droite ; -ainsi le chiffrage de son programme – 48+68 MF = 116 Milliards d’euros -, n’a pratiquement pas donné lieu à contestation sauf de la part du Monde, bien informé des critiques de MM. Lambert, Méhaignerie, Carrez et Blanc, hommes très compétents qui ont vu que M. Sarkozy « allait dans le mur ». M. Méhaignerie a indiqué qu’il serait possible de baisser tout au plus de un point, et non pas de quatre, le montant des prélèvements obligatoires en 2012. Soit M. Sarkozy est un super Thatcher qui fait peur, soit c’est un super démagogue qui se moque des citoyens et auquel ceux-ci auraient bien tort de faire confiance. 2.Il faut apprendre à voir derrière la paille des mots le grain des choses. -M. Guaino est le souffleur, -M. Sarkozy le comédien, un comédien dont le talent est certain. Mais est-il sincère ? Que cache-t-il derrière ses discours ? Je les ai lus avec attention. PARIS (AP) - Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a expliqué lundi que Ségolène Royal voulait "donner corps" à son discours-programme de Villepinte en réorganisant sa campagne.
La candidate socialiste à la présidentielle "a pensé que pour donner corps au discours de Villepinte, il fallait maintenant une organisation à la fois mettant davantage de monde dans le coup mais en même temps plus hiérarchisée, plus structurée", a-t-il expliqué lors de la conférence de presse de campagne au siège du PS à Paris.
Lire toute la dépêche sur Yahoo ! ActualitésJean-Pierre Chevènement est revenu lors du point presse sur une analyse «projet contre projet» marquant les différents choix de société proposés par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. La clémence dont font preuve les médias à l’égard du candidat UMP a également retenu l’attention de Jean-Pierre Chevènement.Jean-Pierre Chevénement est l'invité de la rédaction de France Info lundi 19 février à 8h15.
L'émission est podcastée ci-dessous.
Cet entretien est paru dans Le Parisien / Aujoud'hui en France, samedi 17 février 2006
Ségolène Royal semble en difficulté. Que doit-elle faire ?
Jean-Pierre Chevènement: Son discours de Villepinte sur la France, sur l'Europe et sur le monde était très cohérent et de haute tenue. Par exemple en matière de politique étrangère, elle est cent coudées au-dessus de Sarkozy. Elle doit maintenant décliner les différents thèmes comme la politique industrielle - expliquer, par exemple, ce qu'on fait contre les délocalisations- ou la sécurité. Elle doit aussi enrichir ses propositions puisque, naturellement, elle n'a pas pu tout dire. Mais il est important de ne pas s'écarter de la ligne de Villepinte. N'est-il pas dangereux d'être en retard à la mi-février ? En fait, les choses se cristalliseront à partir de la mi-mars. Il est évident, pour moi, que la bataille va se jouer entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. A eux deux, ils totalisent dans les intentions de vote environ 60 %. Il est clair qu'aucun autre ne percera, ni Le Pen, ni Bayrou. C'est mécanique. La machine Sarkozy apparaît difficile à prendre en défaut... Sarkozy est très bien organisé, ça s'est sûr. Il embraye directement sur le système des grands médias qui sont très proches de lui. Cela lui donne un réel avantage. Ségolène a dit des choses très fortes, notamment sur l'Europe - une Europe qui protège et dont les statuts de sa Banque centrale doivent être modifiés - qui n'ont pas été reprises par les médias. |
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