Les Mémoires de Jean-Pierre Chevènement, parution le 14 février 2019 (Editions Robert Laffont, 506 pages, 22 euros).


Mémoires de Jean-Pierre Chevènement, "Qui veut risquer sa vie la sauvera"
"Jean-Pierre Chevènement nous fait entrer, pour la première fois, dans sa vie personnelle et familiale pour mieux nous raconter cinquante ans d’histoire française, d’engagements et de combats hors du commun.

D’une enfance meurtrie dans la France occupée, il tirera l’énergie de paris successifs, mû par l’idée que celui « qui veut risquer sa vie la sauvera » (saint Matthieu). Il rencontre « l’Histoire en train de se faire » durant la guerre d’Algérie. À son retour, il entreprend avec une poignée de camarades de construire une autre offre politique à gauche, qui passe par la création du CERES, la rencontre avec François Mitterrand, le congrès socialiste d’Épinay, d’où s’élance une génération avide de « changer la vie ». Le « Che » nous raconte la conquête du pouvoir de 1971 à 1981 comme un véritable roman, où se mêlent audaces stratégiques et luttes opiniâtres.

Multipliant savoureuses anecdotes et portraits sans concession, il démythifie la « deuxième gauche » et croque avec une douce ironie son leader, Michel Rocard. Il évoque Mitterrand à différents moments d’une relation de trente ans, où la complicité le dispute à l’affrontement. Il dépeint aussi les figures de Laurent Fabius et de Lionel Jospin, et rappelle le rôle injustement sous-estimé de Pierre Mauroy et de Jacques Delors qui surent dire « non » à Mitterrand.

Éducation nationale, Défense, Intérieur : pendant près de dix ans, Chevènement donnera une colonne vertébrale à l’État. Quand viennent, en 1989-91, le grand retournement du monde et le triomphe planétaire du capitalisme financier, il ne renonce pas : non à la guerre du Golfe et au clash des civilisations ! non à Maastricht et à une Europe coupée des peuples ! Il éclaire les raisons toujours actuelles qui le conduisirent à mettre en pratique à trois reprises sa célèbre formule « Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démissionne », contre la « parenthèse libérale » en 1983, contre la guerre du Golfe en 1991 et contre le démantèlement de l’État républicain en Corse en 2000. Bref, il nous explique comment nous en sommes arrivés là.

Ce récit majeur passionnera tous ceux qui se demandent comment relever les défis d’aujourd’hui et de demain. Il permet aussi de mesurer la dimension exceptionnelle de l’homme d’État, son exigence morale et intellectuelle qui lui valent aujourd’hui respect et considération."

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Septembre 2020 à 07:00 | Permalien | Commentaires (2)

Jean-Pierre Chevènement était l’invité d’Europe Soir. Il répondait aux questions de Julian Bugier, le lundi 14 septembre 2020.


Verbatim

  • Julian Bugier : Un invité exceptionnel dans le Club des Idées d’Europe Soir : l’une des grandes figures d’une certaine gauche, candidat à la présidentielle en 2002, plusieurs fois ministre dont l’Intérieur en 97, 50 ans d’engagement politique et d’engagement intellectuel qu’il raconte aujourd’hui dans ses Mémoires. Près de 500 pages où pour la première fois il se livre et dit sa vérité. Bonsoir Jean-Pierre Chevènement.

    Jean-Pierre Chevènement : Bonsoir !

    Julian Bugier : Merci de nous accompagner jusqu’à 20 heures dans le Club des Idées. Ces Mémoires elles s’intitulent Qui veut risquer sa vie la sauvera, c’est aux éditions Robert Laffont. J’ai lu d’ailleurs que c’était une parole de Saint Matthieu. Pour le défenseur de la laïcité que vous êtes c’est une forme de clin d’œil ?

    Jean-Pierre Chevènement : Qui veut sauver sa vie la perdra, qui veut risquer sa vie la sauvera. C’est une maxime de vie, on n’a pas besoin d’être croyant. Mais prendre des risques, s’engager, c’est fondamental pour donner sens à sa vie. Et il faut que chacun puisse donner un sens à sa vie. C’est ce qui nous permet de vivre et de rebondir.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Point, propos recueillis par Jérôme Cordelier, mercredi 9 septembre 2020.


Entretien au Point : "Contre la violence, l'angélisme ne protège pas"
  • Le Point : Cet été en France, de nombreux faits d’ultra-violence ont marqué les esprits. Notre pays est-il à la merci des barbares ?

    Jean-Pierre Chevènement : Vous connaissez le mot de Camus : « Mal nommer les choses, c’est contribuer au malheur du monde ». Nous avons observé cet été – c’est vrai – une multiplication d’actes barbares : un conducteur de bus assassiné, parce qu’il avait demandé à des passagers de porter leurs masques, une jeune fille tondue parce que musulmane, elle fréquentait un chrétien. Mais tant que la République aura des défenseurs, elle n’est pas encore « à la merci des barbares ». J’approuve à cet égard les déclarations de Gérald Darmanin, « Ceux qui commettent de tels actes (la tonsure d’une jeune fille) n’ont rien à faire sur le sol national ». Reste à savoir comment la justice tranchera. Les jurisprudences de la Cour européenne des droits de l’Homme et du Conseil Constitutionnel restreignent beaucoup l’exercice de l’autorité.

  • Ce sont des entraves ?

    L’intervention d’un juge est la règle. Mais la multiplication des recours peut aboutir à l’inapplicabilité des politiques publiques et l’inexécution des peines. Par exemple, moins de 20 % des reconduites à la frontière qui ont été prononcées sont effectuées. Un pays qui ne peut plus faire appliquer sa législation sur un sujet aussi vital que le droit de l’immigration n’est plus vraiment un État souverain.

Rédigé par Chevenement.fr le 14 Septembre 2020 à 20:20 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l’invité du Grand Face-à-Face sur France Inter, une émission animée par Ali Baddou. Il répondait aux questions de Natacha Polony et Gilles Finchelstein, le samedi 12 septembre 2020.


Verbatim

  • Ali Baddou : « Le patriotisme républicain peut seul armer la France pour relever les défis de l’avenir. Aucun projet ne peut façonner l’Histoire s’il n’est pas chargé d’idéologie, j’entends par là un système organisé de croyances comme une pile d’électricité. Maintenant qu’est engagé le reflux des idées néo-libérales, n’est-il pas temps pour les nouvelles générations de reprendre l’ouvrage. Le projet se résume endeux mots : citoyenneté et Etat social. C’est l’éternel combat pour la liberté et l’autogouvernement des hommes et pour la justice sociale dans lequel la France est le moteur et l’Europe la visée. Il faut y croire. » Bonjour Jean-Pierre Chevènement !

    Jean-Pierre Chevènement : Bonjour Ali Baddou.

    Ali Baddou : Je ferme les guillemets, ces mots ce sont les vôtres et on les trouve dans un livre qui vient de paraître chez Robert Laffont, Qui veut risquer sa vie la sauvera. Ce sont des Mémoires dans lesquelles vous revenez sur un parcours politique hors-norme. C’est aussi une page de l’histoire de France, une page qui raconte les combats, les combats que vous avez menés, ceux que vous avez remportés, ceux que vous avez perdus. Vous parlez du monde d’avant, vous parlez aussi du monde d’après, et j’ai très envie de vous entendre débattre avec Gilles (Finchelstein) et Natacha (Polony) de ce qu’est la République aujourd’hui, de ce qu’il nous reste de l’idéal républicain que vous avez essayé de porter tout au long de votre carrière. J’aimerais savoir, juste d’un mot, Natacha, vous qui la semaine dernière vous disiez chevènementiste entre 1997 et 2002…

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Point, propos recueillis par Jérôme Cordelier, samedi 15 août 2020.


Entretien au Point : "Je m'inquiète pour la République"
  • Le Point : Emmanuel Macron est-il à la hauteur de la crise que nous traversons ?

    Jean-Pierre Chevènement : Je suis beaucoup moins sévère que la plupart des commentateurs sur la gestion de la crise par Emmanuel Macron. À part la pénurie de masques que nous aurions pu éviter si on avait maintenu la politique de stocks stratégiques définie il y a dix ans, les mesures prises pour indemniser le chômage partiel ou pour accorder aux entreprises des prêts garantis par l'État ou encore pour reporter les charges sociales et fiscales ont permis jusqu'à présent de préserver notre tissu entrepreneurial. La crise a mis en lumière nos profondes dépendances, et pas seulement dans le domaine sanitaire. Indépendance est pour moi un maître mot. Il s'agit de retrouver des marges de manœuvre, une capacité à s'orienter par soi-même, ce qui est au fondement même de la République. Cette crise nous invite à prendre nos distances par rapport à la règle de l'approvisionnement au plus bas coût possible, qui a prévalu tout au long de trois décennies de mondialisation débridée. Nous avons ainsi laissé notre pays se désindustrialiser, au prix de fractures sociales de plus en plus insupportables. Il faut remonter la pente.

Rédigé par Chevenement.fr le 10 Août 2020 à 14:52 | Permalien | Commentaires (3)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Hommage de Jean-Pierre Chevènement


À l'âge de 93 ans, Gisèle Halimi, haute figure du combat féministe, vient de nous quitter.

La reconnaissance de l'interruption volontaire de grossesse, de la parité dans le texte de la constitution, ont jalonné son combat, qu'elle ne dissociait pas de la lutte contre toutes les formes d'oppression. L'avocate de Djamila Boupacha a bien mérité de l'indépendance du peuple algérien, comme elle a lutté aussi pour la libération du Vietnam et pour la reconnaissance des droits du peuple palestinien.

60 ans de combat opiniâtre.

Un vibrant hommage pour cette militante infatigable.

En amitié et en affection pour ses deux fils, Serge et Emmanuel.
Mots-clés : Gisèle Halimi

Rédigé par Chevenement.fr le 29 Juillet 2020 à 18:41 | Permalien | Commentaires (1)

Agenda et médias



Texte de Jean-Pierre Chevènement paru dans la Revue Politique et Parlementaire, numéro 1094-1095, "Bonjour de Gaulle, Bonjour !", janvier-juin 2020


De Gaulle aujourd’hui
Pour s’être très tôt identifié à la France, de Gaulle l’a pensée dans son histoire et dans son être, et c’est pour l’avoir ainsi pensée qu’à la faveur de circonstances extraordinaires, il a pu laisser sur elle une empreinte indélébile.

L’HÉRITAGE SPIRITUEL

Empreinte spirituelle d’abord. Parce que la France, dans son esprit, allait de pair avec la grandeur, de Gaulle ne pouvait accepter que la défaite de 1940 scellât le sort de la guerre. Bien sûr, il comprend immédiatement que cette guerre est mondiale, mais cette vue ne procède pas que de la géopolitique (« dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l’ennemi »). Cette vue s’enracine aussi dans l’idée qu’il se fait de la France, idée qu’il exprimera avec la plus grande clarté dans son discours du 22 juin 1940 : autant que l’honneur, il allègue « l’intérêt supérieur de la patrie ». « Si les forces de la liberté triomphaient finalement de celles de la servitude, quel serait le destin d’une France qui se serait soumise à l’ennemi ? ».

De Gaulle n’est pas seulement un visionnaire du point de vue géopolitique. Il comprend l’enjeu moral, on dirait aujourd’hui « idéologique » de cette guerre : celle-ci voit s’affronter « les forces de la liberté » et « les forces de la servitude », les démocraties et les « ennemis de la liberté ».

Rédigé par Chevenement.fr le 1 Juillet 2020 à 10:00 | Permalien | Commentaires (3)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Hommage de Jean-Pierre Chevènement, ancien maire de Belfort


J'apprends avec beaucoup de peine le décès de Louis Souvet. je n'oublierai jamais tout ce que nous avons pu faire ensemble dans le cadre de l'Aire Urbaine 2000. Louis Souvet était un homme travailleur, solide, qui aimait passionnément le Pays de Montbéliard. Il avait su élargir ses vues aux dimensions de l'Aire Urbaine, seule échelle pertinente pour les très grands projets. Il avait su dépasser, bien avant que cela fût à la mode, les clivages partisans. J'assure sa famille et ses proches de ma profonde sympathie.
Mots-clés : belfort montbéliard

Rédigé par Chevenement.fr le 30 Juin 2020 à 09:58 | Permalien | Commentaires (13)
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