Dépêche AFP, jeudi 8 septembre 2011, 19h33.
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement, a jugé jeudi que la règle d'or budgétaire était en fait une "règle d'airain" qui aurait, si elle était adoptée, des "effets déflationnistes".
L'ancien ministre a été reçu jeudi après-midi par François Fillon qui a entamé la veille une série de "consultations" sur la "règle d'or" budgétaire, après quoi le chef de l'Etat décidera de convoquer ou non les parlementaires en Congrès pour se prononcer sur cette règle. "J'ai expliqué au Premier ministre que la règle d'or, qui est pour moi une règle d'airain, aurait inévitablement des effets déflationnistes, qu'elle était très rigide, qu'elle nous conduirait à mettre le doigt dans le fédéralisme budgétaire qui serait en réalité un carcan coercitif", a déclaré à la presse M. Chevènement. "Je pense que les peuples accepteraient difficilement ses conséquences, on peut l'accepter du point de vue de l'effet d'annonce mais une fois qu'on met le doigt dans cet engrenage, il faut savoir où cela conduit", a conclu M. Chevènement, qui n'exclut pas de se présenter à la présidentielle de 2012.
Rédigé par Chevenement.fr le 8 Septembre 2011 à 19:48
|
Permalien
|
Commentaires (1)
Agenda et médiasEntretien paru dans le Nouvel Observateur du 8 septembre 2011.
Jean-Gabriel Fredet (Nouvel Observateur) - Après avoir encensé la mondialisation, on porte aux nues maintenant la « démondialisation ». Qu’en pensez vous ?
Jean-Pierre Chevènement: La crise de la mondialisation financière nous oblige à réfléchir sans tabous. En 2008, l’opinion a découvert que la théorie de l’efficience des marchés relevait du mythe et que nous vivions dans un système hyper-spéculatif , excessivement globalisé, favorisant des mouvements d’amplification irrésistibles. Dans le même temps, les Français ont pris conscience du déclassement de l’Europe et du rétrécissement de leur industrie qui ne représente plus que 13% de notre valeur ajoutée aujourd’hui. Dès lors, si le mot de « démondialisation » a l’inconvénient de suggérer qu’on pourrait revenir en arrière, il réintroduit l’idée que l’on peut corriger les excès d’une mondialisation « biaisée » et revenir sur les excès du néolibéralisme. Nicolas Baverez: Avant de juger, les faits. La mondialisation n’est ni « heureuse » ni « malheureuse », c’est un fait historique, le grand principe du XXI° siècle. Elle procède de trois mouvements. L’universalisation du capitalisme d’abord qui a fait entrer l’humanité dans l’âge d’une histoire commune à défaut d’être convergente. Ensuite la multipolarité, synonyme de désoccidentalisation du monde. Au-delà de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Russie, pointe une deuxième vague d’émergents - Indonésie,Turquie, Afrique du sud- qui fait basculer le centre de gravité du monde et met fin au monopole de l’histoire détenu par l’Occident. Ce système multipolaire est enfin profondément hétérogène tant du point de vue des valeurs que des cultures ou des institutions. Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Causeur n°39, septembre 2011.
La France est un pays dont la base industrielle s’est rétrécie (30 % de la valeur ajoutée en 1982, 13 % aujourd’hui) et dont le commerce extérieur est presque aussi gravement déficitaire que celui des Etats-Unis (70 milliards d’euros en 2011 pour la France – 600 milliards de dollars pour les Etats-Unis).
Le discours sur l’endettement public de la France (1 650 milliards d’euros, soit 85 % du PIB) peut être trompeur. Il est dans la moyenne de la zone euro (85 %). L’endettement public des Etats-Unis atteint, lui, 100 % du PIB. Celui du Japon 200 %. Ce qui rend le problème de la dette publique française préoccupant, c’est sa détention, à près des deux tiers, par des « non-résidents » : on s’étonnera que les ménages français, relativement peu endettés et dont l’épargne est abondante (16 % du revenu), ne soient pas admis à souscrire aux émissions de dette publique : ce privilège est réservé aux banques … Si on veut prendre une vue d’ensemble, la France n’est pas débitrice à l’égard du reste du monde. Elle est même créancière nette. Par exemple, nos investissements à l’étranger, qui étaient de 82 milliards, en 1982, atteignent 1 600 milliards d’euros aujourd’hui. Le patrimoine global français atteint 10 000 milliards d’euros, soit cinq fois le revenu national annuel, un record historique : mais il s’agit pour plus de moitié de la valeur estimée au prix du marché des patrimoines immobiliers. Ce niveau record ne doit pas faire illusion : il traduit surtout l’intensité de la spéculation immobilière depuis une trentaine d’années. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de Julien Arnaud sur LCI, lundi 5 septembre 2011.
Verbatim Express :
Tribune de Jean-Pierre Chevènement, Libération, 5 septembre 2011.
L’Ecole française est en panne. Ce phénomène n’est pas nouveau. Depuis 1995, la proportion des élèves atteignant le niveau du bac stagne autour de 68-69%. Plus grave, le nombre d’élèves "décrocheurs" touche environ un cinquième des effectifs. Chaque année, 150 000 jeunes sortent du système éducatif sans véritable qualification. Les statistiques comparatives de l’OCDE dites PISA, montrent une lente régression du système éducatif français en trois domaines : la langue, les maths et les sciences. Cette panne est le symptôme du délitement de l’Ecole républicaine dont les valeurs (savoir, effort, autorité des maîtres) ont cessé d’être portées depuis déjà fort longtemps.
Ma critique va au-delà des suppressions de postes. Elle touche à la fois l’indifférence que la Droite manifeste à l’égard de l’Ecole publique et les dérives des pédagogies qui, au prétexte de laisser les élèves "construire leur savoir", les abandonnent en fait à l’obscurantisme. Jadis fer de lance de "la lutte contre l’ignorance", l’Ecole devient "lieu de vie", ouverte à tous les vents. Il est nécessaire de réagir. Bien entendu, on ne relèvera l’Ecole de la République qu’avec la République elle-même. L’Ecole doit être remise au centre de la société et les enseignants, convaincus qu’ils font le plus beau métier du monde, au service de valeurs toujours jeunes : celles de la République. Dépêche AFP, 4 septembre 2011, 18h03.
Jean-Pierre Chevènement, le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a déclaré dimanche qu'il se donnait jusqu'au 21 décembre, fin de l'automne, pour officialiser sa candidature à l'élection présidentielle.
"J'ai dit (en juin) que j'officialiserai ma candidature à l'automne", ce qui veut dire "au plus tôt le 21 septembre, au plus tard le 21 décembre", a précisé M. Chevènement devant environ 200 militants réunis à Carros (Alpes-Maritimes) pour leur université d'été. "Je me donne une marge d'appréciation. Je sais par expérience qu'une campagne présidentielle ça dure très longtemps, c'est très difficile. La France est une grande circonscription", a-t-il dit. En attendant, le sénateur de Belfort entend jouer le pédagogue et faire "bouger les lignes" du parti socialiste, qu'il n'épargne pas après une université d'été à La Rochelle où "il ne s'est rien passé". "J'appréhende une déception possible de l'électorat dans l'hypothèse où le candidat de gauche l'emporterait, ce qui devrait arriver", a-t-il dit. "Les gens n'ont pas compris la dramatique situation qui est la nôtre et ils n'ont pas compris ce qu'il faut faire pour s'en sortir. Il faudra beaucoup de courage, beaucoup de fermeté", a estimé M. Chevènement.
Mots-clés :
2012
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Nice Matin, dimanche 4 septembre 2011.
Le sénateur de Belfort est à Carros pour présenter son "contrat républicain"... et s'avancer vers la candidature… Il n'est pas encore candidat, mais il en a déjà le costume… Sa vision de la France et le peu de confiance qu'il attribue aux candidats socialistes le rapprochent, peu à peu, d'une nouvelle candidature aux présidentielles… Décryptage.
Nice Matin: Vos idées forces pour ce contrat républicain ? Jean-Pierre Chevènement: D'abord il faut voir la profondeur de la crise dans laquelle nous sommes. La crise de l'euro était prévisible dès le départ. C'est une monnaie qui a été construite sans, voire contre les nations. Aujourd'hui, les marchés financiers spéculent contre tous les États qui apparaissent affaiblis par l'ampleur de leur dette et il y a lieu d'être très inquiet sur l'avenir de l'euro. J'ai suggéré que la banque centrale européenne rachète en masse les obligations des pays attaqués, comme l'Italie et l'Espagne. Nécessité fait loi, elle a commencé à le faire au mois d'août mais dans des proportions insuffisantes. Il faut une remise des compteurs à zéro, penser qu'on ne peut pas maintenir un système de protection sociale avancé sans une base productive forte. Or nous avons laissé notre industrie péricliter. La situation est gravissime. C'est à une révolution aussi profonde que celle à laquelle nous avons procédé en 1944 avec le Conseil national de la Résistance qu'il faut procéder. mais nous ne sommes pas en 1944, nous sommes plutôt en 1939… La dette publique augmente et vous préconisez de relancer les investissements. Un cercle vicieux, non ? Il faut inverser cette logique.Pour résorber la dette il faut de la croissance, des recettes fiscales, des excédents et par conséquent si on veut se lancer dans une austérité généralisée comme Merkel et Sarkozy nous le proposent avec leur pseudo-règle d'or que j'appelle règle d'airain, on va au gouffre… Devant ce constat pourquoi ne pas lancer dès aujourd'hui votre candidature aux présidentielles 2012 ? Il faut que les Français comprennent la nécessité d'une politique alternative. Pour le moment on les balade avec la règle d'or, avec les primaires socialistes dont on voit que tous les candidats se situent dans la même logique que M. Sarkozy, sans vision de l'avenir, sans comprendre qu'ils vont devoir prendre des mesures plus audacieuses, plus courageuses… Pour en revenir à ma candidature, j'officialiserai ma décision dans le courant de l'automne. Notation et formation des enseignants, politique budgétaire, programmes, rythmes scolaires... les deux ministres de l’Éducation (à 25 ans d’intervalle) Jean-Pierre Chevènement et Luc Chatel confrontent leurs idées sur des sujets d’actualité. Morceaux choisis.
Nicolas Beytout : Vous voulez changer la notation des enseignants, pourquoi?
Luc Chatel : Parce que nous avons un système, actuellement, qui est décrié et qui ne correspond pas à une vision moderne de l’administration qui valorise le travail, l’engagement personnel, la responsabilisation, l’initiative. D’autre part, le système actuel d’inspection est beaucoup trop lent, trop irrégulier ; les professeurs sont inspectés en moyenne tous les quatre ou cinq ans. Et puis les inspections sont souvent trompeuses. Je me souviens que lorsqu’un de mes professeurs était inspecté, il ne faisait pas le cours habituel !… Ce qui est intéressant, c’est que les syndicats sont quasiment unanimes à dire : on ne peut pas continuer comme ça !… N. B. : Avec l’idée d’arriver à une note qui soit à la fois plus un système de récompense au mérite, et éventuellement de sanction lorsqu’il n’y a pas mérite ? L. C. : Voilà. Je pense qu’il faut un système, d’abord, qui soit juste, c’est-à-dire qui évalue… Jean-Pierre Chevènement : Qui évalue, mais comment ? L. C. : On n’a pas encore décidé des critères, on n’en est qu’au départ de la discussion. On verra ensuite si on donne un peu plus de responsabilités à la notation du chef d’établissement, ou si on revoit notre corps d’inspecteurs pour mieux les former, les préparer… Et puis, selon l’académie, les inspections ne sont pas du tout les mêmes. L’égalité du service public n’est souvent qu’un leurre ! J.-P. C. : C’est à vous de rétablir l’égalité. L. C. : Oui, je pense que c’est à nous de mettre en place des procédures comme dans les entreprises, où il existe des guides de conduite d’entretiens, des process d’évaluation. J.-P. C. : Et faire en sorte qu’entre les académies il ne se creuse pas des inégalités qui seraient choquantes. Ce n’est pas parce qu’un système est décrié qu’il est forcément mauvais. On comprend très bien que la notation soit critiquée, parce que les gens n’aiment pas être notés. Mais les inspecteurs n’ont pas toujours tort… L. C. : Mais personne ne conteste la nécessité de l’inspection. Les professeurs ne nous disent pas : on ne veut pas être notés. Ils nous disent : premièrement, on voudrait exactement savoir sur quoi on est notés, et donc qu’il y ait un peu plus de procédures dans l’évaluation ; et puis, deuxièmement, on voudrait que l’évaluation puisse avoir des conséquences sur nos carrières. N. B. : Ce qui n’est pas le cas ? L. C. : Ce qui n’est que très insuffisamment le cas. Il y a peu de conséquences. N. B. : Ça, c’est ce que disent les meilleurs. Les moins bons sont-ils aussi d’accord pour que les notations négatives aient des conséquences sur leur carrière ? L. C. : Nous en sommes au début de ce chantier, qui est difficile. Mais je constate qu’il y a quand même une volonté globale des syndicats… il n’y a pas de tabous, on est prêts à discuter… Moi, je suis favorable à un système qui reconnaisse davantage l’engagement individuel, les performances, les initiatives… c’est ça une fonction publique moderne. J.-P. C. : La question reste posée : comment reconnaîtra-t-on ces performances, ces initiatives, etc. ? Est-ce que ce sont les corps d’inspection, dont c’était traditionnellement la tâche ? Les chefs d’établissement ?… Moi, je me méfie un peu du « bougisme », c’est-à-dire de la « réformite ». L. C. : Là, on est tranquilles pour la réformite parce que le système n’a pas changé depuis vingt-cinq ans, je crois. J.-P. C. : Mais s’il y a des choses à changer, il y a aussi des choses qu’il ne faut pas changer … L. C. : Si ! Ce sont des chantiers passionnants. D’ailleurs toutes les entreprises sont confrontées à ces questions, au travail sur l’évaluation des performances, de la manière la plus objective, transparente… et puis sur les conséquences de l’évaluation, de manière que les collaborateurs se sentent impliqués. Ça fait partie du mode moderne de management. J.-P. C. : Enfin, il ne faut pas détruire ce qui marche, même mal, au profit de quelque chose qui ne marchera pas du tout, bref de la disparition de toute évaluation. |
Derniers tweets
Abonnez-vous à la newsletter
Dernières notes
Appel aux dons de la Fondation Res Publica
07/11/2024
Hommage à Jean-Paul Escande
19/10/2024
Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Laïcité : défis internes, défis externes"
09/09/2024
Hommage à Gérard Cureau
02/09/2024
Hommage à Louis Mermaz
19/08/2024
Derniers commentaires
Mots-clés des 30 derniers jours
|