Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien L'Opinion, propos recueillis par Béatrice Houchard, lundi 4 novembre 2013.
Les faits - Jean-Pierre Chevènement n’a rien perdu de son enthousiasme, de sa combativité, de sa capacité d’indignation. Dans son dernier livre, 1914-2014, l’Europe sortie de l’Histoire? (éditions Fayard), il fait se croiser son analyse d’historien et sa vision d’homme politique pour décrire une Europe qui a entamé son déclin en 1914, et que les actuelles institutions condamnent, et les nations avec elles, à un risque post-démocratique. Loin de se contenter de préconiser l’euro comme monnaie commune et non plus comme monnaie unique, l’ancien ministre livre un regard toujours original sur une France dans la tourmente. Et appelle les Européens à ne pas disparaître, éclipsés par le nouveau “G2” sino-américain.
L'Opinion: Pourquoi êtes-vous si inquiet à l’approche de la commémoration de 1914 ? Jean-Pierre Chevènement: L'anniversaire de 1914 a de fortes chances d’être célébré comme étant synonyme d’absurdité et comme symbole du discrédit et de la faillite des nations européennes. On va présenter les combattants de la première guerre mondiale essentiellement comme des victimes pour mieux magnifier une construction européenne mal pensée qui aujourd’hui prend l’eau. On va dire que Verdun a été l’antichambre d’Auschwitz, alors que c’est parce qu’il n’y a pas eu un Verdun des démocraties avant 1940 que, selon moi, Auschwitz a pu se produire. Parce qu’il y a eu, en fait, non deux guerres mondiales mais une guerre de trente ans ? Il faut situer la guerre de 14-18 dans l’histoire longue : la première guerre mondiale n’est que le début d’une guerre de trente ans, qui se clôt en 1945. Elle est déclenchée par l’hubris des dirigeants du second Reich influencés par le discours pangermaniste, qui décident d’une guerre préventive pour desserrer ce qu’ils croient être un encerclement par la France et la Russie. Ils se jettent tête baissée dans une guerre destinée à mettre la France hors jeu. Mais en prenant le risque d’une guerre européenne en violant la neutralité belge, ils vont récolter une guerre mondiale.
Rédigé par Chevenement.fr le 4 Novembre 2013 à 22:13
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Commentaires (2)
Les actes du colloque du 16 septembre 2013 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement dans "Paris Match" le 31 octobre 2013. Propos recueillis par Elisabeth Chavelet.
Paris Match. Quel sens donnez-vous à la commémoration de la guerre de 1914 l’an prochain ?
Jean-Pierre Chevènement. Contrairement à beaucoup, je ne la conjugue pas avec des mots comme “absurdité”, “repentance”, etc. Je n’associe pas Verdun et Auschwitz. Les combattants de Verdun étaient des héros et non pas des victimes. C’est peut-être parce qu’il n’y a pas eu de “Verdun des démocraties” en 1940 qu’un Auschwitz a pu se produire. La France et l’Allemagne peuvent-elles travailler main dans la main quand l’écart des performances économiques ne cesse de se creuser ? Non. C’est pourquoi la France doit se réindustrialiser. Mais nos deux pays sont complémentaires. Car la France a des atouts politiques propres comme la francophonie, la dissuasion et une diplomatie mondiale avec un siège permanent au Conseil de sécurité de l’Onu. Etes-vous pour la survie de l’euro ? Je suis pour que l’euro se transforme en une monnaie commune. La monnaie unique comporte en effet un vice originel, celui de juxtaposer des économies par trop inégales. Regardez la Grande-Bretagne : elle se porte bien mieux parce qu’elle a conservé la livre. Il serait temps pour les autres Européens de revenir sur cette erreur initiale car ils en crèvent. Particulièrement la France. Du fait de la stagnation économique, les impôts, même augmentés, ne rentrent pas assez pour combler le déficit. Je propose qu’à l’avenir l’euro chapeaute les monnaies nationales reliées à nouveau par des parités négociées. Etes-vous pour nommer un Allemand à la tête de la Commission européenne ? L’actuel président José Manuel Barroso a déjà le doigt sur la couture du pantalon pour obéir à Mme Merkel. Nommer à sa place un Allemand, Martin Schulz, fort sympathique au demeurant, ne serait pas heureux du point de vue du symbole. Débat entre Jean-Pierre Chevènement et Alain Minc paru dans Le Nouvel Observateur du 24 octobre 2013, propos recueillis par Odile Benyahia-Kouider.
Le Nouvel Observateur : Jean-Pierre Chevènement vous avez une façon très originale de présenter l’histoire du siècle de 1914 à 2014 puisque vous partez de la première mondialisation britannique pour arriver à la mondialisation d’aujourd’hui, qui explique, selon vous, le déclin de l’Europe. Alain Minc vous écrivez une ode à l’Allemagne.
Jean-Pierre Chevènement : La question de l’hégémonie est au cœur des deux mondialisations. On ne peut rien comprendre sans cela à l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Les dirigeants du Second Reich ont commis la bévue de déclencher une guerre préventive contre la France et la Russie : en violant la neutralité belge, pour abattre la France en six semaines, les dirigeants du Reich ont, en fait, allumé un conflit mondial, en entraînant dans la guerre l’Empire britannique qui se sentait menacé depuis 1903 puis, trois ans après, les Etats-Unis. Le conflit de 1914-1918 ne se comprend lui-même que comme le début d’une guerre de trente ans (1914-45) : l’entreprise de Hitler, en effet, sera d’abord une surenchère sur la défaite de 1918 Mais on a eu tort de déduire des deux conflits mondiaux le discrédit des nations européennes. Ainsi le peuple allemand lui-même en 1914 n’a pas voulu la guerre. Ses dirigeants l’ont convaincu qu’il menait une guerre défensive contre une menace russe grossièrement exagérée. Alain Minc : le seul homme d’Etat capable de dompter le « tigre allemand » était Bismarck. Il se méfiait de la capacité impérialiste de l’Allemagne et l’avait enserré dans un système extrêmement sophistiqué, que seule une intelligence d’envergure pouvait contrôler. Quand Bismarck a disparu il y avait une dynamique inhérente à la puissance allemande qui aboutit à la guerre de 1914. Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1 Nuit mercredi 23 octobre 2013. Il répondait aux questions de Emmanuel Faux.
Verbatim express :
Retrouver la mémoire du passé
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était présent mardi 22 octobre 2013 dans les locaux de Twitter France, pour une séance de questions/réponses libre avec les utilisateurs du réseau social. C'était la première "tweetinterview" du genre en France pour un homme politique.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien "Le Figaro" du mercredi 23 octobre 2013. Propos recueillis par Charles Jaigu.
LE FIGARO - Vous vous attaquez dans votre livre à l'idée que les nations sont les grandes responsables des deux guerres mondiales. Pourtant vous montrez aussi que c'est l'Allemagne qui déclenche l'incendie...
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT - J'ai voulu mener une réflexion sur le déclin des nations européennes à travers les deux mondialisations dont la première, sous égide britannique, débouche sur la Première Guerre mondiale. Ce déclin fait contraste avec le dynamisme conquérant des nations émergentes, or ce discrédit des nations européennes n'est pas mérité. Paradoxalement, c'est un tout petit noyau de dirigeants de la puissance alors montante, l'Allemagne impériale, qui a pris en 1914 l'initiative d'une guerre préventive qui va entraîner successivement l'Empire britannique puis les États-Unis dans le conflit et se retourner contre eux. Cela ne revient-il pas à dire que le nationalisme - allemand en l'occurrence - est fautif ? Le peuple allemand n'a pas voulu la guerre : ses dirigeants, influencés par le discours pangermaniste, ont réussi, en 1914, à le persuader qu'il était menacé par la Russie. Les mêmes cercles dirigeants l'ont dressé contre le traité de Versailles parce qu'ils refusaient la défaite de 1918, contribuant ainsi à faire le lit du nazisme dont la cause principale est quand même la crise des années 1930 avec ses millions de chômeurs. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "Ca vous regarde - le débat" sur LCP mardi 22 octobre 2013. Il répondait aux questions de Arnaud Ardoin et débattait avec Benoist Apparu, Céline Bracq et Claude Weill.
Verbatim express :
Deux gauches
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