Les faits - Jean-Pierre Chevènement n’a rien perdu de son enthousiasme, de sa combativité, de sa capacité d’indignation. Dans son dernier livre, 1914-2014, l’Europe sortie de l’Histoire? (éditions Fayard), il fait se croiser son analyse d’historien et sa vision d’homme politique pour décrire une Europe qui a entamé son déclin en 1914, et que les actuelles institutions condamnent, et les nations avec elles, à un risque post-démocratique. Loin de se contenter de préconiser l’euro comme monnaie commune et non plus comme monnaie unique, l’ancien ministre livre un regard toujours original sur une France dans la tourmente. Et appelle les Européens à ne pas disparaître, éclipsés par le nouveau “G2” sino-américain.
L'Opinion: Pourquoi êtes-vous si inquiet à l’approche de la commémoration de 1914 ?
Jean-Pierre Chevènement: L'anniversaire de 1914 a de fortes chances d’être célébré comme étant synonyme d’absurdité et comme symbole du discrédit et de la faillite des nations européennes. On va présenter les combattants de la première guerre mondiale essentiellement comme des victimes pour mieux magnifier une construction européenne mal pensée qui aujourd’hui prend l’eau. On va dire que Verdun a été l’antichambre d’Auschwitz, alors que c’est parce qu’il n’y a pas eu un Verdun des démocraties avant 1940 que, selon moi, Auschwitz a pu se produire.
Parce qu’il y a eu, en fait, non deux guerres mondiales mais une guerre de trente ans ?
Il faut situer la guerre de 14-18 dans l’histoire longue : la première guerre mondiale n’est que le début d’une guerre de trente ans, qui se clôt en 1945. Elle est déclenchée par l’hubris des dirigeants du second Reich influencés par le discours pangermaniste, qui décident d’une guerre préventive pour desserrer ce qu’ils croient être un encerclement par la France et la Russie. Ils se jettent tête baissée dans une guerre destinée à mettre la France hors jeu. Mais en prenant le risque d’une guerre européenne en violant la neutralité belge, ils vont récolter une guerre mondiale.
L'Opinion: Pourquoi êtes-vous si inquiet à l’approche de la commémoration de 1914 ?
Jean-Pierre Chevènement: L'anniversaire de 1914 a de fortes chances d’être célébré comme étant synonyme d’absurdité et comme symbole du discrédit et de la faillite des nations européennes. On va présenter les combattants de la première guerre mondiale essentiellement comme des victimes pour mieux magnifier une construction européenne mal pensée qui aujourd’hui prend l’eau. On va dire que Verdun a été l’antichambre d’Auschwitz, alors que c’est parce qu’il n’y a pas eu un Verdun des démocraties avant 1940 que, selon moi, Auschwitz a pu se produire.
Parce qu’il y a eu, en fait, non deux guerres mondiales mais une guerre de trente ans ?
Il faut situer la guerre de 14-18 dans l’histoire longue : la première guerre mondiale n’est que le début d’une guerre de trente ans, qui se clôt en 1945. Elle est déclenchée par l’hubris des dirigeants du second Reich influencés par le discours pangermaniste, qui décident d’une guerre préventive pour desserrer ce qu’ils croient être un encerclement par la France et la Russie. Ils se jettent tête baissée dans une guerre destinée à mettre la France hors jeu. Mais en prenant le risque d’une guerre européenne en violant la neutralité belge, ils vont récolter une guerre mondiale.
Pourquoi faites-vous le parallèle entre la mondialisation de l’époque, et celle d’aujourd’hui ?
Je compare les deux mondialisations, la première sous l’égide britannique au XIXème siècle, et dont 1914 est l’issue, et la seconde dominée depuis 1945 par les Etats-Unis. Chacune pose la question de l’hégémonie. Le bouleversement de la hiérarchie des puissances que ces deux mondialisations suscitent : hier, la montée de l’Allemagne impériale, aujourd’hui la montée de la Chine. Mais hier, l’Allemagne déclenche une guerre préventive contraire à ses intérêts bien compris, alors que la Chine ne souhaite évidemment pas aujourd’hui une telle issue. Elle gérera avec plus de prudence le fait qu’elle va bientôt rattraper les Etats-Unis en termes de PNB…
Pourquoi dites-vous que l’Europe et la France sont alors sorties de l’Histoire ?
Dans les années qui suivent la seconde guerre mondiale, on a accepté, à l’ombre de la tutelle américaine, une espèce d’évidement de la souveraineté nationale. Le déclin de l’Europe est dû certes aux deux guerres mondiales, mais aussi à l’impotence de ses institutions fondées sur la diabolisation de ses nations, auxquelles on veut substituer une nation européenne qui n’existe pas, d’où l’impuissance du politique. On ne croit plus en la nation et on discrédite la France. Pour en arriver, en 1995, à la déclaration irréfléchie et à mes yeux gravissime, de Jacques Chirac disant que la France, et non pas l’Etat français, est coupable de l’irréparable. Et que, donc, Pétain c’est la France…
La mise au rencart des nations a-t-elle été faite sciemment par les responsables politiques?
Chez Jean Monnet, c’est volontaire. Monnet exécrait les nations, et en particulier la sienne. Il voulait lui substituer une commission instituée comme gardienne de l’intérêt général. C’est le contraire de la définition républicaine, où l’intérêt général est défini par le débat républicain et sanctionné par l’élection. Maintenant, ce sont 28 inconnus qui décident de l’intérêt général européen ! L’Europe est piégée. Ses institutions la réduisent à un magma d’impuissances conjuguées. Nous découvrons aujourd’hui cette Europe comme une poule regarde un œuf de canard.
Quel est le lien avec ce que vous appelez « le grand secret de la commémoration » de 14-18 ?
Le grand secret, c'est qu'on va instrumentaliser cette commémoration au service d'une Europe impuissante, ouverte à tous les vents et soumise à l'hégémonie des États-Unis ou de qui le veut, même des Chinois. On parlera de « saut fédéral ».
On en parle de moins en moins…
On en parle moins parce que c’est impossible ! Parce que l'Allemagne devrait transférer chaque année dix points de PNB. L’Allemagne n’acceptera pas de sacrifier sa compétitivité, et c’est tout à fait normal ! Les engagements financiers que l’Allemagne a déjà pris pour soutenir la monnaie unique représentent 30% du PNB selon l’économiste Hans Werner Sinn. Et ça n’est pas du tout présent à l’esprit des nouveaux cabris qui crient « Saut fédéral» !
Que suggérez-vous ?
Je propose de restaurer des mécanismes d’ajustement moins douloureux que les déflations compétitives pratiquées aujourd’hui et de transformer l’euro de monnaie unique en monnaie commune. Il n’est pas déshonorant de reconnaître une erreur. Reconnaissons aujourd’hui le péché originel de la monnaie unique : elle juxtapose des pays de niveaux économiques tellement différents que ça ne peut pas marcher, car la spéculation s’est emparée de cet objet insolite. Monnaie commune, l’euro serait utilisé dans les transactions internationales et pour les émissions d’emprunts. Ce serait un panier de monnaies, il devrait être dévalué de 20% en moyenne pour que l’Europe retrouve sa compétitivité et sa croissance. Je suis convaincu qu’une grande Europe confédérale avec une monnaie commune et des institutions communes serait adaptée au défi du XXIe siècle, face au G2 constitué par la Chine et les Etats-Unis.
Vous êtes vraiment persuadé qu’en Allemagne, dans les têtes, on pense qu’il faudra un jour abandonner l’euro ?
Oui. L'Allemagne a déjà réorienté une bonne part de son commerce extérieur vers les pays hors Union européenne. Elle réalise les trois-quarts de son excédent commercial, non plus avec la zone euro comme avant 2007, mais à l’extérieur. Et surtout, elle n’a pas envie de payer la facture de la monnaie unique. Des pays comme la Grèce et le Portugal vont devoir restructurer leur dette. Les banques vont se retourner vers les Etats et donc vers les contribuables. Angela Merkel, en octobre 2010, a déjà montré qu’elle ne souhaitait pas que seuls les Etats soient mis à contribution. A un moment, la France et l'Allemagne, qui ont porté sur les fonts baptismaux cette monnaie unique, pourraient se mettre d'accord sur un système de monnaie commune qui permettrait aux deux pays de retrouver ou de préserver leur compétitivité.
C’est parce que l’abandon de l’euro est dans le programme du Front national que le débat est tabou en France ?
Non, il est tabou parce que la monnaie unique était investie, comme le rêvaient ses concepteurs, d’une valeur sacrale. Mais une monnaie ne crée pas une nation ou une fédération. La monnaie unique, conçue comme le Graal, se révèle en pratique une impasse.
Est-on entré dans une époque postdémocratique ?
Sûrement. Il suffit de regarder comment est élaboré notre budget… Mais les peuples ne l’accepteront pas. Ils ont de plus en plus conscience que les gouvernements ne sont plus capables de rien décider.
C’est le discours du Front national…
Non, l’arrivée du FN au pouvoir serait une catastrophe pour l’image de la France dans le monde. Il faut provoquer une prise de conscience au sein des partis de gouvernement. Par leur politique, ils ont suscité le Front national depuis trente ans, et se servent de lui comme punching ball pour refuser le débat et nous ancrer encore plus dans un déni permanent de démocratie. Dévaloriser le peuple français assimilé à des beaufs, c’est se couper toujours plus des couches populaires. Voyez la difficulté aujourd’hui du gouvernement face à la révolte des Bretons: difficile de les assimiler à des beaufs : ce sont les électeurs de la gauche !
Que répondez-vous à ceux qui, au FN, disent que vous devez « entamer un dialogue » avec eux en raison de cet accord sur la monnaie ?
C’est faire litière d’une divergence beaucoup plus profonde sur la Nation, la République et la citoyenneté. Le Front national a changé de discours mais pas de nature.
On reproche souvent au président de la République de ne pas dire aux Français où il les emmène. Quel discours devrait-il tenir ?
Il faut redonner de la cohérence au récit national. Il faut affirmer que l’Europe ne se fera pas contre les nations mais dans leur prolongement, il doit y avoir une continuité entre notre histoire nationale et le projet qui pourrait relever la France et l’Europe. Là serait le secret de la résurrection.
Que répond François Hollande quand vous lui dites cela ?
Il m’écoute. Il semble souvent approuver, mais je ne suis pas le seul qu’il écoute.
La France peut-elle sortir de la crise et de sa maladie de langueur autrement que par une explosion ?
La France est malade de la monnaie unique. Les tensions s’accroitront encore, mais l’idée d’un gouvernement de salut public, très large, peut faire son chemin si la voie du redressement apparait mieux. Cette idée s’imposera à la gauche le moment venu ou sinon à la droite. Pour sortir la France de l’ornière, il va falloir une vision d’homme d’Etat.
Qui est l’homme de la situation ?
Je n’en discerne pas. Mais on donnait peu de chances à Clemenceau avant 1917…
La France est-elle un pays qui ne s’aime plus ?
Ca, c’est sûr ! Depuis si longtemps, on lui apprend à se détester ! La conception républicaine n’est plus comprise. On déconstruit la France comme République de citoyens. Tout est prétexte à discréditer la France. Son drapeau assimilé au Front national, pour un républicain de vieille souche, c'est insupportable.
Qui feriez-vous entrer au Panthéon ?
Il y a des généraux ou colonels de l’armée impériale qui y sont. Avant de nouvelles entrées, il faudrait peut-être regarder qui on peut en faire sortir de façon à honorer la vertu républicaine sous ses différentes formes.
Source : L'Opinion
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Je compare les deux mondialisations, la première sous l’égide britannique au XIXème siècle, et dont 1914 est l’issue, et la seconde dominée depuis 1945 par les Etats-Unis. Chacune pose la question de l’hégémonie. Le bouleversement de la hiérarchie des puissances que ces deux mondialisations suscitent : hier, la montée de l’Allemagne impériale, aujourd’hui la montée de la Chine. Mais hier, l’Allemagne déclenche une guerre préventive contraire à ses intérêts bien compris, alors que la Chine ne souhaite évidemment pas aujourd’hui une telle issue. Elle gérera avec plus de prudence le fait qu’elle va bientôt rattraper les Etats-Unis en termes de PNB…
Pourquoi dites-vous que l’Europe et la France sont alors sorties de l’Histoire ?
Dans les années qui suivent la seconde guerre mondiale, on a accepté, à l’ombre de la tutelle américaine, une espèce d’évidement de la souveraineté nationale. Le déclin de l’Europe est dû certes aux deux guerres mondiales, mais aussi à l’impotence de ses institutions fondées sur la diabolisation de ses nations, auxquelles on veut substituer une nation européenne qui n’existe pas, d’où l’impuissance du politique. On ne croit plus en la nation et on discrédite la France. Pour en arriver, en 1995, à la déclaration irréfléchie et à mes yeux gravissime, de Jacques Chirac disant que la France, et non pas l’Etat français, est coupable de l’irréparable. Et que, donc, Pétain c’est la France…
La mise au rencart des nations a-t-elle été faite sciemment par les responsables politiques?
Chez Jean Monnet, c’est volontaire. Monnet exécrait les nations, et en particulier la sienne. Il voulait lui substituer une commission instituée comme gardienne de l’intérêt général. C’est le contraire de la définition républicaine, où l’intérêt général est défini par le débat républicain et sanctionné par l’élection. Maintenant, ce sont 28 inconnus qui décident de l’intérêt général européen ! L’Europe est piégée. Ses institutions la réduisent à un magma d’impuissances conjuguées. Nous découvrons aujourd’hui cette Europe comme une poule regarde un œuf de canard.
Quel est le lien avec ce que vous appelez « le grand secret de la commémoration » de 14-18 ?
Le grand secret, c'est qu'on va instrumentaliser cette commémoration au service d'une Europe impuissante, ouverte à tous les vents et soumise à l'hégémonie des États-Unis ou de qui le veut, même des Chinois. On parlera de « saut fédéral ».
On en parle de moins en moins…
On en parle moins parce que c’est impossible ! Parce que l'Allemagne devrait transférer chaque année dix points de PNB. L’Allemagne n’acceptera pas de sacrifier sa compétitivité, et c’est tout à fait normal ! Les engagements financiers que l’Allemagne a déjà pris pour soutenir la monnaie unique représentent 30% du PNB selon l’économiste Hans Werner Sinn. Et ça n’est pas du tout présent à l’esprit des nouveaux cabris qui crient « Saut fédéral» !
Que suggérez-vous ?
Je propose de restaurer des mécanismes d’ajustement moins douloureux que les déflations compétitives pratiquées aujourd’hui et de transformer l’euro de monnaie unique en monnaie commune. Il n’est pas déshonorant de reconnaître une erreur. Reconnaissons aujourd’hui le péché originel de la monnaie unique : elle juxtapose des pays de niveaux économiques tellement différents que ça ne peut pas marcher, car la spéculation s’est emparée de cet objet insolite. Monnaie commune, l’euro serait utilisé dans les transactions internationales et pour les émissions d’emprunts. Ce serait un panier de monnaies, il devrait être dévalué de 20% en moyenne pour que l’Europe retrouve sa compétitivité et sa croissance. Je suis convaincu qu’une grande Europe confédérale avec une monnaie commune et des institutions communes serait adaptée au défi du XXIe siècle, face au G2 constitué par la Chine et les Etats-Unis.
Vous êtes vraiment persuadé qu’en Allemagne, dans les têtes, on pense qu’il faudra un jour abandonner l’euro ?
Oui. L'Allemagne a déjà réorienté une bonne part de son commerce extérieur vers les pays hors Union européenne. Elle réalise les trois-quarts de son excédent commercial, non plus avec la zone euro comme avant 2007, mais à l’extérieur. Et surtout, elle n’a pas envie de payer la facture de la monnaie unique. Des pays comme la Grèce et le Portugal vont devoir restructurer leur dette. Les banques vont se retourner vers les Etats et donc vers les contribuables. Angela Merkel, en octobre 2010, a déjà montré qu’elle ne souhaitait pas que seuls les Etats soient mis à contribution. A un moment, la France et l'Allemagne, qui ont porté sur les fonts baptismaux cette monnaie unique, pourraient se mettre d'accord sur un système de monnaie commune qui permettrait aux deux pays de retrouver ou de préserver leur compétitivité.
C’est parce que l’abandon de l’euro est dans le programme du Front national que le débat est tabou en France ?
Non, il est tabou parce que la monnaie unique était investie, comme le rêvaient ses concepteurs, d’une valeur sacrale. Mais une monnaie ne crée pas une nation ou une fédération. La monnaie unique, conçue comme le Graal, se révèle en pratique une impasse.
Est-on entré dans une époque postdémocratique ?
Sûrement. Il suffit de regarder comment est élaboré notre budget… Mais les peuples ne l’accepteront pas. Ils ont de plus en plus conscience que les gouvernements ne sont plus capables de rien décider.
C’est le discours du Front national…
Non, l’arrivée du FN au pouvoir serait une catastrophe pour l’image de la France dans le monde. Il faut provoquer une prise de conscience au sein des partis de gouvernement. Par leur politique, ils ont suscité le Front national depuis trente ans, et se servent de lui comme punching ball pour refuser le débat et nous ancrer encore plus dans un déni permanent de démocratie. Dévaloriser le peuple français assimilé à des beaufs, c’est se couper toujours plus des couches populaires. Voyez la difficulté aujourd’hui du gouvernement face à la révolte des Bretons: difficile de les assimiler à des beaufs : ce sont les électeurs de la gauche !
Que répondez-vous à ceux qui, au FN, disent que vous devez « entamer un dialogue » avec eux en raison de cet accord sur la monnaie ?
C’est faire litière d’une divergence beaucoup plus profonde sur la Nation, la République et la citoyenneté. Le Front national a changé de discours mais pas de nature.
On reproche souvent au président de la République de ne pas dire aux Français où il les emmène. Quel discours devrait-il tenir ?
Il faut redonner de la cohérence au récit national. Il faut affirmer que l’Europe ne se fera pas contre les nations mais dans leur prolongement, il doit y avoir une continuité entre notre histoire nationale et le projet qui pourrait relever la France et l’Europe. Là serait le secret de la résurrection.
Que répond François Hollande quand vous lui dites cela ?
Il m’écoute. Il semble souvent approuver, mais je ne suis pas le seul qu’il écoute.
La France peut-elle sortir de la crise et de sa maladie de langueur autrement que par une explosion ?
La France est malade de la monnaie unique. Les tensions s’accroitront encore, mais l’idée d’un gouvernement de salut public, très large, peut faire son chemin si la voie du redressement apparait mieux. Cette idée s’imposera à la gauche le moment venu ou sinon à la droite. Pour sortir la France de l’ornière, il va falloir une vision d’homme d’Etat.
Qui est l’homme de la situation ?
Je n’en discerne pas. Mais on donnait peu de chances à Clemenceau avant 1917…
La France est-elle un pays qui ne s’aime plus ?
Ca, c’est sûr ! Depuis si longtemps, on lui apprend à se détester ! La conception républicaine n’est plus comprise. On déconstruit la France comme République de citoyens. Tout est prétexte à discréditer la France. Son drapeau assimilé au Front national, pour un républicain de vieille souche, c'est insupportable.
Qui feriez-vous entrer au Panthéon ?
Il y a des généraux ou colonels de l’armée impériale qui y sont. Avant de nouvelles entrées, il faudrait peut-être regarder qui on peut en faire sortir de façon à honorer la vertu républicaine sous ses différentes formes.
Source : L'Opinion
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Découvrez le nouveau livre de Jean-Pierre Chevènement 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire? (éditions Fayard)