Verbatim express :
Retrouver la mémoire du passé
Retrouver la mémoire du passé
- Mon livre compare la mondialisation britannique avant la guerre de 1914, et la mondialisation américaine après 1945. J'introduis dans cette analyse la théorie de l'hegemon qui sert à expliquer les causes profondes du déclenchement de la 1ère GM : la rivalité pour l'hégémonie entre l'Empire britannique et la puissance montante, l'Allemagne impériale. De même aujourd'hui entre les USA et la Chine : cette rivalité structure le XXIe siècle.
- Je donne un sens à la 1ère GM : non pas mort, décadence et repentance, tristesse, absurdité, mais au contraire, une épreuve pour une France dont la survie était menacée.
- Je replace par ailleurs la guerre de 1914 dans le contexte d'une guerre de 30 ans durant jusqu'en 1945.
- Il faut avoir cette vision pour renouer avec le récit national et en même temps comprendre que le déclin des nations européennes n'est pas irréversible. Il faut simplement retrouver la mémoire.
Critique de l'Europe actuelle et projet d'une Europe des nations
- Après 1945 l'hégémonie européenne est passée aux USA. Mais en même temps il y a eu un processus d'endormissement politique de l'Europe. L'Europe de Jean Monnet, l'Europe post-nationale, l'Europe qui nie le politique, l'Europe qui tourne le dos à la démocratie, pour inventer les « solutions » technocratiques très loin des préoccupations des peuples.
- La monnaie unique a été un pêché capital : elle a juxtaposé des économies de niveau très différents, elle n'est donc pas viable à long terme, il faut imaginer autre chose : la monnaie commune.
- Moi je propose une grande Europe de la Méditerranée à la Russie, une Europe confédérale, une Europe des Nations qui met en commun certaines politiques mais pas toutes. Une Europe de peuples libres.
- L'Europe peut à nouveau façonner son histoire à condition de rompre avec le modèle actuel qui est débilitant, anesthésiant, mortifère.
- Je critique cette idéologie européiste qui aboutit à une Europe du capital. Je suis pour une Europe des nations, démocratique, et pour une fine compréhension de la France, de l'Allemagne et de leurs relations.
- L'Allemagne est dans une contradiction entre son ouverture sur le grand large (son excédent est fait au ¾ hors UE, elle est excédentaire sur la Chine) et en même temps elle est en Europe et dans les problèmes européens dont elle ne peut se détourner.
- La France n'est plus le pays n°1, mais elle reste n°2 et notre pays a une capacité politique qui est tout à fait original et qui demeure. La France reste une grande puissance politique.
- Faire rentrer la Turquie dans les institutions européennes telles qu'elles fonctionnent aujourd'hui ou plutôt telles qu'elles ne fonctionnement plus, cela n'a pas de sens. Mais dans une conception confédérale élargie, comme je le propose, oui, avec la Russie, l'Ukraine, les pays du Maghreb. On fera une Europe à géométrie variable.
Politique intérieure
- Manuel Valls est un bon ministre de l'Intérieur. Il sait faire prévaloir la loi, c'est à dire l'intérêt général, mais en même temps il l'applique humainement, comme je l'ai fait moi-même quand j'ai régularisé sur critères d'intégration une partie des étrangers en situation irrégulière – pas tous. Je pense qu'il est un atout pour le gouvernement.
- La remise en cause du droit du sol est absurde. C'est une idée nauséabonde. La proposition Copé qui plus est ne concernerait pas plus de 5 ou 6 personnes par an. C'est une mauvaise idée chipée au FN qui ne correspond absolument pas à la situation du pays.
- Il faut donner la priorité aux problèmes économiques, sociaux, se donner les moyens de faire reculer le chômage. Tant qu'on aura pas remis en cause le mécanisme mortifère de la monnaie unique, on y arrivera pas.
- S'il n'y a pas une grande vue d'homme d'Etat pour comprendre que la reconquête de la compétitivité, objectif fixé par le rapport Gallois, passe par un ajustement monétaire, on y arrivera pas. La monnaie unique crée un équilibre de sous-emploi.
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