Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "Livres et vous..." sur Public Sénat, une émission présentée par Adèle Van Reeth, le vendredi 29 mars


Verbatim

  • Adèle Van Reeth : L'expression "réparer la France" est de vous, Jean-Pierre Chevènement, vous qui publiez. Mais la réparation ne serait rien sans le diagnostic que vous livrez dans Passion de la France. Est-ce un passage obligé que de livrer des analyses après une telle expérience politique ?

    Jean-Pierre Chevènement : Pour aider les jeunes générations à comprendre la France d'aujourd'hui, il faut leur raconter comment on en est venus là. Tout le monde ne peut pas aligner une telle longévité en politique ! J'ai été élu de Belfort pendant 41 ans, j'ai exercé un certain nombre de responsabilités qui m'ont permis d'entrer dans la compréhension de cette période. J'ai toujours voulu rester fidèle à l'idée que je me fais de la vérité : on ne peut pas gouverner en République contre la raison des citoyens. Un homme de gouvernement doit être clair quant à son cap, et il doit être en phase avec le peuple.

  • Qu'est-ce que la vérité en politique ?

    Ce vers quoi un certain nombre de choix nous conduisent. Par exemple, l'accrochage du Franc au Mark puis la monnaie unique surévaluée ont largement contribué à la désindustrialisation de la France. On parle de la crise du civisme, mais comment ne pas comprendre qu'à la racine de la crise, il y a une lente désagrégation de la société française, cette segmentation entre les banlieues, les quartiers riches, la France périphérique.

  • Suivez-vous la vérité des faits ou votre idéal ?

    Je suis exigeant : c'est la vérité des faits. Les convictions ne suffisent pas, il faut que les analyses soient justes. On s'est coulés spontanément dans le néolibéralisme alors que nous avions été élus pour autre chose ; on n'a pas cherché à inventer autre chose. Or, la France en avait les capacités au début des années 1980.

Rédigé par Chevenement.fr le 1 Avril 2019 à 10:42 | Permalien | Commentaires (10)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité des Terriens du samedi sur C8, une émission présentée par Thierry Ardisson, le samedi 24 mars


Verbatim

  • Thierry Ardisson : Jean-Pierre Chevènement, 20 ans après votre mort et votre résurrection, vous avez l'air très en forme !

    Jean-Pierre Chevènement : Parce que je n'ai pas rencontré la mort justement ! Je ne dirais pas que je l'avais cherchée mais elle est venue à ma rencontre, elle m'a effleuré de son aile, comme plusieurs fois dans ma vie d'ailleurs, mais jusqu'à présent elle m'a épargné. Ça ne durera pas toujours !

  • Vous avez fait une allergie et votre cœur s'est arrêté de battre pendant 57 minutes, ce qui vous laissait 0,5% de chance de revenir à la vie. Incroyable non ?

    C'est un accident thérapeutique, non un accident de santé.

  • Pour un laïque comme vous, c'est un comble d'avoir ressuscité !

    Je ne vois pas pourquoi la laïcité empêcherait de franchir la frontière qui nous sépare de la Transcendance !

  • Beaucoup d'hommes politiques de droite et de gauche, qui ne vous ont pas écouté pendant 30 ans, n'arrêtent pas de dire que vous les avez inspirés. On dit de vous que vous êtes "un homme d'Etat, de convictions, un grand Républicain".

    Les inspirer pour la suite serait pour moi un beau lot de consolation !

Rédigé par Chevenement.fr le 24 Mars 2019 à 21:11 | Permalien | Commentaires (4)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Communiqué de Jean-Pierre Chevènement suite au décès de Dominique Noguez


J'apprends avec grande peine le décès du grand écrivain aux multiples talents qu'était Dominique Noguez, esprit libre avant tout. Dominique avait parfaitement pris la mesure des enjeux de l'éducation et de la culture. C'était un fervent défenseur de la langue française. Je perds un ami et la France un grand serviteur.
Mots-clés : dominique noguez

Rédigé par Chevenement.fr le 21 Mars 2019 à 15:21 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l’invité d’Olivia Gesbert dans l’émission La Grande Table idées sur France Culture, sur le thème « La souveraineté est-elle une affaire d’Etat ? », lundi 18 mars 2019.


Verbatim

Olivia Gesbert : Jean-Pierre Chevènement, souverainiste de gauche et républicain, a-t-on l’habitude de dire à votre sujet, quelle est votre conception de la République ?

Jean-Pierre Chevènement : La République est au-dessus de la droite et de la gauche telles qu’elles sont devenues, comme je l’ai dit en 2001. La suite vous la connaissez, le système a fini par turbuler : nous avons une situation originale avec Emmanuel Macron et puis une gauche et une droite qui ne sont plus aux affaires.

Il y a toujours un idéal républicain exigeant qui implique d’être bien compris : il faut revenir à l’idée de souveraineté populaire, d’un peuple constitué de citoyens qui doivent déterminer ce qu’est leur intérêt commun. Cela suppose des citoyens éduqués, une école laïque, un champ politique dans lequel les gens peuvent s’écouter. Il y a aujourd’hui une crise du civisme terrible à laquelle il faut remédier pour refaire un peuple de citoyens.

La République est-elle un cadre ou un ensemble de valeurs ?

Les deux. C’est à la fois un cadre conceptuel, car il n’y a pas de légitimité hors des Nations et des peuples, et un corps de valeurs, de principes qui ont été énoncés pour l’essentiel dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Mars 2019 à 14:31 | Permalien | Commentaires (3)

Jean-Pierre Chevènement était l’invité d’Alexis Lacroix, directeur délégué de la rédaction de l’Express, pour l’émission Affaires publiques sur Judaïques FM, vendredi 15 mars 2019.


"Je suis un Euroréaliste, pas un Eurosceptique"
affaiires_publiques_chevenement_15_03_19.mp3 Affaires Publiques - 15 mars 2019  (24.4 Mo)

Verbatim

Alexis Lacroix : Jean-Pierre Chevènement, au cœur de Passion de la France, il y a un portrait non dénué d’empathie de l’actuel Président de la République française. Quelle lecture faites-vous de son appel récent à une « Renaissance de l’Europe » ?

Jean-Pierre Chevènement : Emmanuel Macron a été obligé de tenir compte du fait que Madame Merkel n’ait ni voulu ni pu apporter de réponse satisfaisante à ce qui était sa proposition initiale : une forte relance budgétaire contracyclique à l’échelle de l’Europe toute entière, analogue à celle qu’on peut observer aux Etats-Unis ou en Chine. Le gouvernement allemand a refusé pour des raisons intérieures, mais aussi parce que la tradition allemande est celle de l’ordolibéralisme et du mercantilisme. On vient encore de le voir avec les déclarations d'Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), qui a verrouillé presque toutes les portes en maintenant des positions dont elle sait qu’elles ne sont pas acceptables en France.

Cette tribune d’AKK parue dans Die Welt am Sonntag, désapprouve Emmanuel Macron sur pas mal de points. Quelles sont les orientations idéologiques de la droite allemande ?

La tribune manifeste une crispation de la droite allemande, une réaffirmation de sa ligne traditionnelle c’est-à-dire un refus de tout transfert financier à l’échelle de l’Europe. C’est une erreur de la part des conservateurs allemands car l’Allemagne a beaucoup bénéficié de l’Europe, qui lui a permis de se réunifier pacifiquement, elle a permis l’élargissement qui la met à nouveau en position centrale et même prépondérante. L’Allemagne devrait prendre soin de la santé de l’Europe. Or se sont créés en Europe de très forts déséquilibres depuis l’entrée en vigueur de l’euro : la production industrielle allemande a augmenté de 36% ; la production industrielle française a baissé de 3%, les espagnole et italienne ont baissé de 15 et 16%. Il y a donc des forces divergentes qui s’exercent au sein de la zone euro, et non convergentes comme on l’avait pensé. Cela mérite une analyse, un diagnostic et une ordonnance, des mesures. Le fait qu’AKK – qui n’est certes pas la Chancelière mais la patronne de la CDU – tienne une position aussi fermée par rapport aux propositions du Président Macron, qu’elle réitère cette demande qui n’a aucune chance d’être jamais acceptée d’une mutualisation du siège permanent de la France au Conseil de sécurité, et qu’elle revienne sur une disposition des Traités à savoir la localisation à Strasbourg du parlement européen, tout cela n’est pas signe d’une grande ouverture…

Rédigé par Chevenement.fr le 18 Mars 2019 à 13:30 | Permalien | Commentaires (2)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour L'Est Républicain, propos recueillis par Jean-Pierre Tenoux, 17 mars 2019.


"J’ai été mû par l’indignation et aussi la colère, parfois"
L'Est Républicain : Il vous a fallu 1.568 pages pour dire votre passion de la France, c’est énorme !

Jean-Pierre Chevènement Oui, et cela représente beaucoup de travail. C’est la somme de tout ce que j’ai dit et écrit d’essentiel à mes yeux, des moments forts de ma vie de 1967 à 2018. Et qui me paraît avoir de l’intérêt pour la suite car les générations futures auront fort à faire pour réparer la France. Ce livre, c’est aussi la description d’une époque, d’une atmosphère, telles que je les ai vécues, toujours mû par des sentiments puissants, souvent d’indignation et quelquefois de colère.

L’ouvrage peut se lire de façon chronologique, mais on peut aussi y « piocher »…

Je l’ai conçu en sept parties : l’une, historico-politique retrace mon parcours ; deux autres, conceptuelles, structurent mon engagement ; les suivantes sont thématiques, sur l’école, l’industrie et l’évolution du modèle productif, les questions de défense et internationales avec la guerre du Golfe et ses conséquences, l’islamisme radical et le chaos mondial. J’y traite de l’Europe qu’il faut redresser, avec une approche large sur les États-Unis et la Chine, il nous faut repenser l’Europe en refondant historiquement notre relation à l’Allemagne et à la Russie.

Quel regard portez-vous sur la crise que traverse actuellement la France ?

Les causes profondes en sont très anciennes. D’abord, le virage des années 80 vers un néolibéralisme dogmatique, l’acceptation d’un chômage de masse permanent, des inégalités croissantes et des fractures de toute nature. En 1983, la cause de ma première démission fut l’acceptation de la désindustrialisation, avec le choix d’une monnaie trop forte. L’euro est aujourd’hui, selon le FMI, surévalué de 20 % pour la France et à l’inverse sous-évalué de 10 % pour l’Allemagne. La fracture européenne est indissociable des fractures économiques et industrielles. Le mouvement des gilets jaunes en est une manifestation.

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Mars 2019 à 22:10 | Permalien | Commentaires (5)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité des Voix de l'Info sur C News, une émission présentée par Sonia Mabrouk, le jeudi 15 mars


Verbatim

  • Sonia Mabrouk : Les députés britanniques ont voté pour un report du Brexit et contre un nouveau référendum. Le Brexit aura-t-il vraiment lieu ?

    Jean-Pierre Chevènement : Les députés britanniques ne veulent pas du « deal » qui a été négocié, ils ne veulent pas du « no deal », ils ne veulent pas non plus d’un nouveau référendum. Si on leur donne un nouveau report, que vont-ils en faire ? Je ne vois guère d’autre issue que de nouvelles élections. J’admire le fonctionnement de la démocratie britannique, de la Chambre des Communes – on voit que c’est là où bat le cœur de la démocratie – mais s’ils ne sont pas capables de dire où ils veulent aller, de nouvelles élections s’imposeront.

  • Certains disent que l’UE « serre la vis » de la Grande-Bretagne sur cet accord...

    L’accord négocié, puis renégocié à la marge, est le seul possible : c’est l’idée qu’on maintient le marché unique avec quelques dispositions pour régler les problèmes à la frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande. Les Britanniques n’en veulent pas, mais ils ne disent pas ce qu’ils veulent. Si on n’est pas capables d’avancer, je ne vois pas d’autre solution qu’une dissolution du Parlement britannique.

  • Certains disent que le peuple britannique a mal voté, n’a pas bien compris le Brexit. Cela vous choque-t-il ?

    Il dépend du Parlement britannique de décider d’un nouveau référendum : il vient de le rejeter. Il faut respecter la volonté des peuples, ce que nous n’avons pas fait après le rejet du traité constitutionnel en 2005. Messieurs Sarkozy et Hollande se sont mis d’accord pour faire voter le traité de Lisbonne au Congrès donc il y a eu une entourloupe, il faut le dire, et les Français y sont très sensibles. C’est un déni de démocratie qui se paye aujourd’hui.

Rédigé par Chevenement.fr le 15 Mars 2019 à 13:00 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Audrey & Co sur LCI, une émission présentée par Audrey Crespo-Mara, le mardi 12 mars


"Nous avons laissé se restreindre le champ de la démocratie"
L'interview de Jean-Pierre Chevènement, disponible ici, commence à 20'.


Verbatim

  • Audrey Crespo-Mara : Le Président Bouteflika renonce à briguer un cinquième mandat. Emmanuel Macron parle d'une « nouvelle page ». Faut-il y voir un chemin vers une transition démocratique ou un président qui contourne l'élection présidentielle et se maintient ainsi en place ?

    Jean-Pierre Chevènement : La revendication était « pas de cinquième mandat » et le Président Bouteflika a eu la sagesse d'y donner suite. Il a décrit une procédure qui mérite certainement d'être précisée, comme l'a dit le Président Macron. La France, qui a partagé avec l'Algérie 132 ans d'histoire commune, ne doit pas s'ingérer dans les affaires intérieures du peuple algérien.

    Le peuple algérien est un grand peuple, il l'a montré, il a un solide patriotisme. Il faut compter sur ce patriotisme pour l'aider à surmonter la difficulté, à savoir que pour le moment, le Président Bouteflika n'a pas de successeur. L'Algérie n'est pas un pays dictatorial, c'est un pays polycentrique : il y a plusieurs centres de décision. C'est un régime où le pouvoir est partagé entre plusieurs partis, des milieux militaires, des milieux économiques, une intelligentsia brillante. Il y a un ensemble de forces qui ne sont pas spontanément d'accord, mais il suffit d'aller à Alger pour voir la liberté qui règne dans la presse algérienne.

    Qu'il y ait besoin d'un ajustement, c'est évident. Ce que l'on peut souhaiter, c'est que cela se passe dans la paix civile, la concorde, et la France doit tout faire pour favoriser cette transition démocratique pacifique qui est dans l'intérêt du peuple algérien.

  • Jean-Michel Apathie : Le Président Bouteflika n'est pas candidat et cela suffit à reporter l'élection présidentielle. Ce report n'est pas justifié, ce qui montre bien que la politique est monopolisée par un petit clan.

    Je crois que je connais bien l'Algérie, notamment pour avoir été président de l'association France-Algérie pendant 7 ans. Je considère qu'il faut donner un peu de temps au temps pour que les choses puissent s'arranger pacifiquement.

Rédigé par Chevenement.fr le 13 Mars 2019 à 11:05 | Permalien | Commentaires (3)
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