Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors de l'Université d’été du Mouvement Républicain et Citoyen à Belfort 16 septembre 2012.
Je voudrais commencer par le rappel de quelques principes pour dissiper le brouillard dont ses adversaires de toujours et plus encore d’aujourd’hui, les tenants du néolibéralisme, ont voulu et veulent envelopper le mot « République ».
Non, tout le monde n’est pas « républicain ». La République, ce n’est pas seulement le droit de vote. La République est une construction exigeante qui implique le rappel de quelques notions de base. Cette exigence est particulièrement actuelle dans une époque dominée par l’Argent roi, celle du capitalisme financier à son apogée, où les marchés financiers rançonnent les Etats et où le Capital met les territoires en concurrence, en n’hésitant pas à coup de plans sociaux, à délocaliser la production au nom d’intérêts purement financiers. Actuelle est la République, face au déchaînement des intérêts particuliers et corporatismes, à l’explosion de l’individualisme et des inégalités, et à la fragmentation de l’espace public au profit de revendications identitaires et communautaristes qui obscurcissent l’idée même d’un intérêt commun à tous les citoyens. Commençons par le principe de base. La République a pour fondement la souveraineté populaire : chaque citoyen est une parcelle du souverain.
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Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 16 Septembre 2012 à 16:56
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Commentaires (2)
Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 19h de France 3 Franche-Comté, vendredi 14 septembre 2012. Il répondait aux questions de Florence Cicolella.
Verbatim express
Mme Merkel a raison de souligner, après la décision de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe, que "nous n’avons pas encore surmonté la crise de l’euro mais seulement fait un premier pas ...."
On aurait aimé au passage que le Conseil constitutionnel français ait formulé la même exigence que la Cour de Karlsruhe pour tout engagement que la France serait amenée à consentir au-delà de notre contribution de 142,7 milliards d’euros au Mécanisme européen de stabilité. Je suis choqué par la manière dont l’opinion publique a été trompée sur la portée réelle des engagements pris le 6 septembre par le Président de la BCE, M. Draghi. On n’entend que la promesse de rachat "illimité" par la BCE d’obligations publiques. On oublie de mentionner que ce rachat ne pourra intervenir que sur un créneau limité : le marché de la revente d’obligations à trois ans maximum, à des conditions politiques très strictes et moyennant stérilisation de toute liquidité additionnelle au détriment du financement des entreprises. L’Université d’été du MRC, qui se tiendra à Belfort les 15 et 16 septembre, montrera que les mesures Draghi n’offrent en réalité qu’un tout petit répit au système de l’euro. Le vice constitutif de celui-ci (hétérogénéité des économies qui le constituent et divergences croissantes de compétitivité entre elles) reste soigneusement occulté. Non seulement le MES est un pare-feu insuffisamment doté mais les peuples n’accepteront jamais des plans de déflation extrêmement sévères définis par des institutions privées de toute légitimité démocratique. C’est la construction européenne qu’il faut réorienter en profondeur pour assurer non seulement la réussite de la gauche mais aussi celle de la France. Carnet de Jean-Pierre Chevènement
On demande à François Hollande beaucoup de choses, par exemple de « fixer un cap ». Mais dans l’impasse de la crise financière mondiale et plus encore de la zone euro, il est très difficile de fixer un cap. Les propositions de Monsieur Draghi ne règlent rien et on s’en apercevra bien vite.
Le seul cap raisonnable serait une sortie organisée et concertée à l’échelle européenne du système de la monnaie unique. Mais ce cap raisonnable est indicible, pour des raisons idéologiques et plus encore pratiques. Reste le cap républicain. Qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui pour la gauche et pour la France ? L’université d’été du Mouvement Républicain et citoyen, réunie à Belfort les 15 et 16 septembre, proposera ses réponses. Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement au journal Le Pays, dimanche 9 septembre 2012
Le Pays: L’université d’été du Mouvement républicain et citoyen aura lieu à Belfort dans une semaine. Comment se porte le MRC aujourd’hui?
Jean-Pierre Chevènement, sénateur du Territoire de Belfort et président d’honneur du MRC: Le MRC se porte bien, il a triplé le nombre de ses députés : il en avait un, il en a trois. Et nous avons la liberté d’expression et de vote à l’intérieur du groupe « socialiste, républicain et citoyen ». Nous sommes dans la majorité présidentielle, désireux d’assurer sa réussite, même si nous pensons qu’il faut aller plus loin dans la réorientation de la construction européenne. Lors de l’université d’été, il sera forcément question du départ du MRC d’Étienne Butzbach, le maire de Belfort. En aucune manière. Le MRC continue. Il a ses analyses politiques solidement étayées et qui ne vont pas être remises en question par une défection individuelle. Tout de même, cela change la donne à Belfort. C’est vrai, depuis 1977, la Ville de Belfort a toujours été animée par une majorité Ceres*, MDC (Mouvement des citoyens) ou MRC. Mais le MRC est toujours présent. Et entend bien le rester? Oui, clairement. La démarche d’Étienne Butzbach n’obéit qu’à un électoralisme à courte vue. Ce n’est pas en changeant de maillot en milieu de partie qu’on peut figurer à coup sûr dans l’équipe gagnante. Étienne Butzbach devait tout au MRC, son écharpe de maire et la circonscription dans laquelle il a été candidat au mois de juin dernier. Il s’est disqualifié à mes yeux pour conduire une liste d’union de la gauche en 2014. Cela dit, le MRC a toujours eu le souci de l’intérêt général, il défend les intérêts de la population et il s’efforcera de faire en sorte que la municipalité élue en 2008 puisse aller jusqu’à son terme. Dépêche AFP, samedi 8 septembre 2012, 21h57.
Jean-Pierre Chevènement, sénateur MRC et ancien ministre, a estimé samedi qu'en demandant la nationalité belge, Bernard Arnault montrait que "les élites françaises ne croient plus en la France".
"Bernard Arnault, en demandant la nationalité belge, vient de mettre en lumière le principal problème qui se pose à notre pays : les élites françaises, dans leur immense majorité, ne croient plus en la France", a dit le fondateur du Mouvement républicain et citoyen dans un communiqué transmis à l'AFP. "Cette situation n'est pas nouvelle, poursuit-il, nous l'avons déjà rencontrée dans les années 30", affirme encore M. Chevènement. "Redonner confiance en la France est une tâche très actuelle. Elle interpelle la gauche aujourd'hui au pouvoir, elle constitue en tous domaines la clé du redressement", conclut l'ex-ministre. Dépêche AFP, vendredi 7 septembre 2012, 18h07.
Jean-Pierre Chevènement, sénateur MRC et ancien ministre de l'Intérieur, a réclamé des "opérations-chocs" pour lutter contre le trafic de drogue après l'annonce d'un plan gouvernemental pour Marseille, dans un entretien avec la Dépêche du Midi paru vendredi.
Le fondateur du Mouvement républicain et citoyen a également évoqué les contradictions sur ce dossier au sein du gouvernement, qui doit selon lui "mettre de la cohérence dans sa démarche". "Jean-Marc Ayrault le fera, j'en suis sûr, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain car, dans la gauche, il y a des sensibilités différentes qu'il faudra réduire", dit-il. "On ne peut pas à la fois évoquer la dépénalisation du cannabis, qui serait suivie immanquablement par un glissement vers des drogues comme l'héroïne ou la cocaïne, ou encore l'ouverture de salles de soins où on peut se shooter, et en même temps prétendre vouloir empêcher les trafics", poursuit-il. "C'est l'un ou l'autre. Le problème c'est la drogue. Il faut des opérations-chocs". Entretien de Jean-Pierre Chevènement à La Dépêche du Midi, vendredi 7 septembre 2012.
La Dépêche du Midi: Peut-on encore taxer la gauche d'angélisme sur la sécurité ?
Jean-Pierre Chevènement: On ne peut absolument pas taxer Manuel Valls d'angélisme. C'est un ministre de l'Intérieur sérieux qui fait son travail de manière conséquente et qui s'efforce de ne pas envoyer des messages contradictoires. Plus généralement est-ce que la philosophie de l'ensemble de la gauche a changé depuis l'époque où vous étiez ministre de l'Intérieur ? Au niveau des principaux responsables, François Hollande, Jean-Marc Ayrault, et Manuel Valls, ça ne fait aucun doute. S'agissant de l'affaire de Marseille, le gouvernement aurait intérêt à affiner sa position par rapport à la répression des trafics de drogue. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Des quartiers sont tombés sous la coupe réglée de petites bandes de voyous puissamment armés dont la police a peine à s'approcher. Donc, on ne peut pas à la fois évoquer la dépénalisation du cannabis, qui serait suivie immanquablement par un glissement vers des drogues comme l'héroïne ou la cocaïne, ou encore l'ouverture de salles de soins où l'on peut se shooter, et en même temps prétendre vouloir empêcher les trafics. C'est l'un ou l'autre. Le problème, c'est la drogue. Il faut des opérations chocs. En réalité, la tentation existe chez certains édiles d'acheter plus ou moins la paix sociale en n'allant pas voir de trop près ce qui se passe dans les quartiers. Le problème de fond pour le gouvernement, c'est de mettre de la cohérence dans sa démarche. Jean-Marc Ayrault le fera, j'en suis sûr, mais cela ne se fera pas du jour au lendemain car dans la gauche il y a des sensibilités différentes qu'il faudra réduire. Ne faut-il pas mettre davantage de moyens pour combattre les trafics de drogue et d'armes ? La police sait à qui elle a à faire. Il faut savoir si on veut lui donner non seulement des moyens mais des ordres continus dans la durée pour lui permettre d'obtenir des résultats. Il faut savoir aussi si la société française est prête à payer le prix d'affrontements inévitables. Car quand on voudra entrer dans les quartiers pour saisir les armes et les stocks de drogue qui s'y trouvent, la police se heurtera à des formes de résistance violente que certains n'hésiteront pas à soutenir voire à sublimer... Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï |
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