Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement à Nice-Matin le 31 janvier 2014. Propos recueillis par Pierre Comet.
Nice-Matin : À l'approche des élections, comment se porte le MRC dont vous avez quitté la présidence en 2010 ?
Jean-Pierre Chevènement : Pour les prochaines élections municipales, le MRC présente des listes dans une vingtaine de communes de plus de 10 000 habitants. Il est notamment présent à Kremlin-Bicêtre, La Trinité, Belfort, Coudekerque-Branche, Saint-Pol-sur-Mer… Le parti poursuit donc sa route. Il y a un avenir pour les idées qui sont justes. Personne ne peut en avoir le monopole. Je ne les revendique pas. Qu'attendez-vous des prochaines élections européennes ? Je suis un républicain et je suis attaché à la souveraineté nationale. J'aimerais donc que ces élections permettent de remettre enfin les choses à plat. Il faut penser en terme de salut public. La France a besoin de combler ses handicaps, de valoriser ses atouts et d'adapter les règles de la construction européenne. Qui sont des règles faussées. Actuellement, il n'y a plus de maîtrise de la politique de change. Il n'y a plus de politique commerciale. Pas de diplomatie. Rien en matière de défense. Nous sommes aussi en incapacité d'avoir une politique industrielle… Je ne propose pas que l'on claque la porte de l'Europe et de l'euro. Mais il est impératif de renégocier les termes de l'arrangement monétaire avec l'Allemagne. L'euro est surévalué. Je n'ai pas envie de voir la France afficher un jour le même taux de chômage que l'Espagne. C'est-à-dire 26 %. Le souverainisme que vous défendez n'est-il pas mieux incarné par le FN, comme le prouve le ralliement de Florian Philippot et Paul-Marie Coûteaux ? Tout d'abord Philippot et Coûteaux ne sont aucunement mes ouailles. Ensuite, on peut vouloir défendre la France forte sans être au Front national. Beaucoup de gens n'ont d'ailleurs pas du tout envie de se retrouver dans ce parti. Qu'on le veuille ou non, le FN est une sédimentation de Vichystes, de collabos, d'intégristes, de suppôts de l'OAS, d'anti-gaullistes. Il ne suffit pas de mettre une couche de peinture pour faire oublier tout ça. La France a besoin d'une République vigoureuse, forte et sûre de ses principes. Et ce n'est pas le Front national qui peut le permettre. S'il venait au pouvoir, ce serait une catastrophe pour l'image de notre pays.
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le 31 Janvier 2014 à 15:27
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Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "28 minutes" sur Arte. Il débattait avec Bernard Guetta sur le thème : "L'Europe comptera t-elle dans le monde de demain ?". L'émission est présentée par Elisabeth Quin.
Verbatim express :
Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien Sud Ouest, lundi 27 janvier 2014.
Sud Ouest: Un fil relie l’Europe de 1914 et celle où nous vivons. Comment l’entendez-vous ?
Jean-Pierre Chevènement: Il y a un lien entre l’état de l’Europe, avec son déclin démographique, politique, économique, militaire, et la " guerre de trente ans " qui éclate en 1914 et finit en 1945. Mais je vois aussi dans le magma d’impuissances conjuguées qu’est l’Union européenne actuelle le fruit de la façon dont on a fait l’Europe sans les nations, voire contre elles, selon la "méthode Monnet". Alors que les nations émergentes sont portées par un esprit conquérant et confiant, les nations européennes croulent sous le remords de crimes qu’elles n’ont pas commis. Est-ce la malédiction de 1914-1918 ? Les nations ne sont pas responsables. Les causes de la guerre sont à chercher dans la première mondialisation libérale, opposant l’Empire britannique à l’essor de l’Allemagne impériale. J’incrimine les dirigeants allemands de l’époque, qui déclenchèrent une guerre préventive dont ils n’avaient nul besoin. En revanche, j’exonère le peuple allemand de la responsabilité morale du conflit : on lui fit croire qu’il était menacé. Les Français, eux, furent agressés et montrèrent une exceptionnelle capacité de résistance, y compris après la défaite de 1940, ce qui valut au pays de revenir au premier rang. 14-18 est le début de la tragédie européenne qui se poursuit en 39-45, mais ne sombrons pas dans une repentance qui n’a pas lieu d’être : la dévalorisation des nations a servi de prétexte à une Europe qui, en se bâtissant hors d’elles, n’est pas démocratique. Les actes du colloque du 2 décembre 2013 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Jean-Pierre Chevènement était l'invité de la Fondation Pour l'Innovation Politique (Fondapol) mardi 14 janvier 2014, pour un débat sur le thème : "Où en est l'Europe ?". Le débat était animé par Dominique Reynié.
Verbatim express :
Quelques distinctions introductives au débat
Question d’actualité de Jean-Pierre Chevènement à Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances concernant le Pacte de responsabilité et l'avenir du financement des Caisses d'allocations familiales, Sénat, jeudi 23 janvier 2014.
Lors de sa dernière conférence de presse qui, à n’en pas douter, marquera son quinquennat, le Président de la République a décidé, pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises, de supprimer d’ici 2017, les cotisations familiales qui pèsent sur les salaires à hauteur de 30 milliards d’euros. Cette mesure est conforme aux préconisations du rapport Gallois, faute qu’il soit possible dans le système de la monnaie unique d’effecteur la dévaluation qui permettrait de rendre compétitive notre économie. Le rapport Gallois prévoyait cependant de compenser par un relèvement de la CSG la perte des recettes des caisses d’allocations familiales. C’est une toute autre voie qu’a dessiné le Président de la République en proposant un effort d’économie équivalent et même supérieur sur la dépense publique à hauteur d'au moins 50 milliards d'euros, d’ici 2017.
L’augmentation du capital de Peugeot de 3 milliards d’euros est nécessaire au sauvetage de cette entreprise emblématique de la France et du Nord Franche-Comté en particulier.
Il faut voir positivement l’entrée au capital de l’entreprise chinoise Dongfeng. En effet, Peugeot réalise ses ventes essentiellement en Europe et doit les développer en Chine et plus généralement dans les pays d’Asie du Sud-Est en croissance rapide. Je fais confiance à Peugeot et à tous ses salariés pour surmonter victorieusement le trou d’air que l’entreprise a rencontré depuis trois ans. Peugeot est et doit rester un fleuron de l’industrie française. Je salue enfin l’intervention de l’Etat qui fait son métier de stratège en matière industrielle Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Valeurs Actuelles, jeudi 16 janvier 2014, propos recueillis par Geoffroy Lejeune et Pierre Dumazeau.
Valeurs Actuelles: Vous publiez “1914-2014, l’Europe sortie de l’Histoire ? ”, un réquisitoire contre les politiques européennes menées depuis la Première Guerre mondiale…
Jean-Pierre Chevènement : C’est avant tout une mise en cause de la dévalorisation des nations, et tout particulièrement de la nôtre à la seule fin de justifier la construction d’une Europe a-nationale, post-démocratique et en définitive inféodée ! L’analyse historique montre que les nations ne sont pas à l’origine de la Première Guerre mondiale, mais que c’est un tout petit groupe d’hommes qui a décidé d’une guerre préventive dont, au fond, l’Allemagne n’avait pas besoin. Ce premier conflit, suivi de la Seconde Guerre mondiale — je les lie toutes deux dans une analyse qui court de 1914 à 1945 —, a vu le monde passer de la première mondialisation, sous égide britannique, à la seconde, dominée par les États-Unis. Aujourd’hui, le monde bascule vers l’Asie-Pacifique et vers une nouvelle bipolarité entre la Chine et les États-Unis. L’Europe, feignez-vous de vous interroger dans votre livre, serait donc sortie de l’Histoire ? Oui, dès lors que la reconstruction de l’Europe s’est faite sur les plans de Jean Monnet, c’est-à-dire uniquement à travers le marché, une vision anglo-saxonne et sous protection militaire des États-Unis. Les institutions dont s’est dotée l’Europe sont essentiellement technocratiques — elles n’ont aucun compte à rendre devant les électeurs —, comme la Commission européenne, la Banque centrale, la Cour de justice de l’Union européenne… Ces institutions reposent sur une nouvelle forme de « despotisme éclairé ». Or, l’Europe ne peut se faire contre la démocratie, et par conséquent contre les nations. Pour exister à nouveau dans l’Histoire, l’Europe doit s’appuyer sur les nations, leur redonner confiance, les sortir du discrédit où elles ont été reléguées pour des crimes que les peuples en tant que tels n’ont pas commis. |
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