Jean-Pierre Chevènement était l'invité de I-télé mercredi 10 septembre 2014. Il répondait aux questions de Laurence Ferrari.
Verbatim express :
A propos d'une éventuelle intervention militaire contre l'Etat islamique
Entretien de Jean-Pierre Chevènement au journal "Le Figaro", jeudi 4 septembre 2014. Propos recueillis par Sébastien Lapaque.
LE FIGARO : Existe-t-il des pages en prose de Charles Péguy qui ne vous ont pas quitté depuis que vous les avez découvertes, des vers que vous savez par cœur ?
JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT : Il y a la litanie de quatrains d'Ève, que je cite dans mon dernier livre : « Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre. Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle. » Ces vers émouvants interpellent d'autant plus qu'ils ont été écrits en 1913, peu de temps avant ce qui pour la France agressée était bien une « juste guerre ». Ce qui me touche chez Péguy, c'est sa capacité à inscrire son idéal républicain sans concession dans une visée temporelle, en rappelant que la « République, notre Royaume de France » a aussi besoin d'être défendue. Dès 1905, quand le coup de Tanger a contraint le ministre des Affaires étrangères français Delcassé à la démission, il a pressenti avec une acuité prémonitoire ce qui allait suivre. Il faut rappeler que le caractère mondial de la guerre de 1914 résulte de l'application du plan Schlieffen. On ne peut pas mettre sur le même plan les accords d'état-major franco-russes de 1912, qui visaient à une simple coordination militaire, et le plan Schlieffen, qui prévoyait l'invasion d'un pays neutre pour mettre la France hors de combat en six semaines avant d'envahir la Russie. Ce sont des faits qui ont été presque totalement occultés lors des commémorations du centenaire. Leur rappel est nécessaire. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Info mardi 2 septembre 2014. Il répondait aux questions de Philippe Vandel.Verbatim express :
Les actes du colloque du 28 avril 2014 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à "Marianne", le 28 août 2014. Propos recueillis par Eric Conan.
Marianne : Vous avez publié peu avant l’élection présidentielle de 2012 La France est-elle finie ? (Fayard). Deux ans après la victoire de François Hollande la question se pose plus que jamais vue la situation très inquiétante de notre pays. Ne faut-il pas ajouter une autre question – la gauche française est-elle finie ? – étant donné ce mélange de panique et d’impuissance dont elle fait preuve, qu’il s’agisse de la dernière crise du gouvernement Valls ou de l’ambiance délétère régnant au Parti socialiste qui se réunit ce week-end à La Rochelle ?
Jean-Pierre Chevènement : Ces soubresauts étaient prévisibles mais ce n’est que l’écume des choses. Aucun redressement n’est possible sans une prise de conscience beaucoup plus profonde. Car le désarroi français vient de très loin. Je le résumerai ainsi : nous ne savons plus qui nous sommes. A cette désorientation intime, l’action des gouvernements de gauche depuis trente ans n’est malheureusement pas étrangère. Me revient un propos de François Mitterrand prononcé sur le ton de la confidence, en 1979, à la veille du Congrès de Metz : « Nous sommes d’accord sur tout, Jean-Pierre, à une différence près : je ne crois pas qu’à notre époque, malheureusement, la France puisse faire autre chose que de passer à travers les gouttes ». Hubert Védrine, dans un remarquable ouvrage [1], a fort bien décrit le changement de paradigme opéré, de 1983 à 1985, par François Mitterrand et par le Parti socialiste à sa suite : substituer à un dessein national de transformation sociale l’ambition de « construire l’Europe », fût-ce sur la base du néolibéralisme qui triomphait alors dans le monde anglo-saxon. Là est la racine du mal : l’abandon de notre Etat stratège et la profonde désindustrialisation du pays. Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au Figaro Magazine, le 8 août 2014. Propos recueillis par Patrice de Méritens.
Le Figaro Magazine : La question même de la nation doit-elle être posée pour la France ?
Jean-Pierre Chevènement : On n’efface pas comme cela une nation, même si la nôtre connaît une réelle éclipse depuis la fin de la Première Guerre mondiale. La France est alors entrée dans une crise de longue durée. La paix de Versailles a d’emblée été fragilisée par le refus des Etats-Unis d’abord d’honorer la garantie donnée par Wilson à Clemenceau, ensuite de ratifier le traité de Versailles et enfin d'entrer à la Société des nations (SDN). Saignée à blanc par la Grande Guerre, la France, déjà démographiquement affaiblie, a sombré dans un pacifisme à courte vue, à droite comme à gauche. Les Français se sont détournés de la République pour aller chercher des exemples à Moscou, à Rome ou à Berlin. L’effondrement de 1940 a sanctionné la division de la France contre elle-même autant que son isolement diplomatique. Le coup aurait pu être fatal, et c’est à De Gaulle, comme en son temps à Jeanne d’Arc, que nous devons la survie de la France. La parenthèse gaullienne s’est refermée quand un jeune Président a expliqué à la France qu’elle ne représentait plus que 1 % de la population mondiale. Les accords de la Jamaïque (1976) ont instauré le dollar comme monnaie mondiale, tandis que le franc s’accrochait au mark, monnaie trop forte pour une économie française aux pôles de compétitivité encore mal assurés. L’abandon de l’Etat stratège a suivi dans les années 80. Avec la réunification allemande et l’élargissement à l’Est, la France a perdu sa position centrale en Europe. L’abandon de notre souveraineté monétaire en 1992 s’avère avoir été un choix désastreux. Une monnaie surévaluée plombe aujourd’hui notre économie. La Ve République a peu à peu tourné le dos à l’intention première de De Gaulle de soustraire le gouvernement à l’influence des partis. La situation s’est retournée au point qu’aujourd’hui la logique des partis domine l’Etat. Même si l’on glose sur l’arrivée du FN au premier tour de la présidentielle, la victoire au second tour reviendra encore en 2017 à l’un des deux partis dits de gouvernement. Mais dans ce système dont le FN est lui-même partie prenante, l’intérêt de la France se perd. Notre pays a désappris à penser mondial, en oubliant que la France est d’abord l’aînée de la grande famille des nations humaines et non pas seulement une nation occidentale parmi d’autres. Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, mercredi 6 aout 2014. Il répondait aux questions de Jean-Philippe Balasse.
Verbatim express :
Les déclarations de Monsieur Cameron et du Département d’Etat américain concernant les Mistrals français constituent une ingérence grossière et inacceptable dans les affaires de la France. Que valent les accords de Lancaster House dès lors qu’un partenaire s’autorise de telles pratiques ?
La résiliation du contrat concernant la vente de deux coques non armées à la Russie porterait un grave coup à la signature internationale de la France. C’est peut-être là le but recherché : mettre nos industries de défense en difficulté sur les marchés très concurrentiels à l’exportation. La priorité est encore une fois d’y voir clair dans l’origine du crash et surtout d’amener l’Ukraine à la table des négociations pour faire place à ses citoyens de l’est russophone. |
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