Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France 5, samedi 28 février 2015. Il répondait aux questions de Franz-Olivier Giesbert et des chroniqueurs de l'émission "Les Grandes Questions".


Verbatim :

  • La République est un combat. On peut décrire le monde tel qu'il est, c'est à dire chaotique : crise économique, terrorisme, montée du Front National... Mais les valeurs républicaines sont d'abord des exigences. Ce que nous voyons doit nous conduire à offrir, notamment aux jeunes générations, des repères solides, clairs, de façon à pouvoir affronter victorieusement les différents problèmes.
  • Les repères de la République sont plus solides qu'on ne le croît. Prenons la liberté d'expression : qui pensait que le peuple français se mobiliserait comme il l'a fait, le 11 janvier ? Cela montre que les valeurs républicaines sont profondément ancrées dans le peuple français.
  • La laïcité est un concept tout à fait d'avant-garde. Elle n'est pas affirmée avec assez de clarté. C'est l'espace commun dans lequel tous les hommes, indépendamment des révélations auxquelles ils croient, peuvent débattre à la lumière de la raison naturelle.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, jeudi 12 février 2015. Il répondait aux questions de Patrick Roger, Catherine Nay, Olivier Duhamel et Serge July.


Verbatim

Partie 1

  • L'accord de Minsk 2 est une victoire du bon sens. C'est aussi une victoire de François Hollande, qui avait entrepris de longue date une sorte de médiation dans cette affaire.
  • Je m'étais rendu en Russie, au début du mois de mai 2014, pour rencontrer Vladimir Poutine, à la demande de François Hollande, avec une lettre de sa part que j'ai transmise à Vladimir Poutine. Nous avons eu un long entretien, en tête à tête, pour essayer de débroussailler cette question difficile, qu'on aurait pu éviter.
  • La crise ukrainienne est très largement née d'un mal-entendu. Dans le cadre du Partenariat oriental, l'UE a négocié avec l'Ukraine un accord d'association, c'est à dire de libre-échange, en « oubliant » qu'il y avait déjà un libre-échange entre la Russie et l'Ukraine, que ces deux économies étaient très intriquées, et que tout cela allait poser beaucoup de problèmes compte tenu de la situation financière difficile de l'Ukraine. Poutine m'a dit qu'il était allé en janvier 2014 à Bruxelles, pour demander à voir M. Barrosso, et puis d'autres, et on lui a répondu : « Mais cette affaire ne vous regarde pas ». Et je vais vous rapporter quelque chose qui vous surprendra, ce qu'on lui a répondu, c'est : « Allez vous faire foutre ! ». « L'Ukraine est un pays souverain, vous n'avez absolument rien à voir dans la négociation d'un accord d'association entre l'UE et l'Ukraine ».

Les actes du colloque du 15 décembre 2014 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Que peut faire la France en Afrique subsaharienne ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.
  • Introduction aux complexités africaines, par Georges Courage, géographe, Directeur honoraire de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), auteur de « Les Afriques au défi du XXIème siècle » (Belin, 2014).
  • De la Françafrique à l'AfricaFrance, par Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. Ancien directeur de la Lettre du Continent. Auteur de plusieurs ouvrages dont « AfricaFrance. Quand les dirigeants africains deviennent les maitres du jeu » (Fayard, 2014).
  • Qu'est ce que la France peut faire en Afrique ?, par Stéphane Gompertz, ancien Ambassadeur en Éthiopie (siège de l'Organisation de l'Unité Africaine), ancien directeur de la direction Afrique et Océan Indien au ministère des Affaires étrangères.
Mots-clés : afrique france

le 4 Février 2015 à 20:06 | Permalien | Commentaires (0)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour La Vie, le 3 février 2015. Propos recueillis par Pascale Tournier et Henrik Lindell.


"Le récit national a été brisé"
La Vie : Depuis les attentats à Paris, on reparle plus que jamais des valeurs républicaines, du besoin de sécurité et de la cohésion nationale. Aviez-vous raison avant tout le monde ?
Jean-Pierre Chevènement : J'ai toujours mis l'accent, dans les fonctions que j’ai exercées, sur le civisme, la cohésion sociale et nationale qui vont de pair. Les positions que j’ai prises sur l'école, la sécurité, une politique européenne engendrant une croissance continue du chômage, la montée des communautarismes, anticipaient de deux ou trois décennies...

Les attentats révèlent-ils un manque de cohésion nationale ?
Ces attentats sont le fait de gens qui sont nés et ont été élevés en France, mais qui ne se sentent pas Français. Bien sûr, il y a une résonance entre, d’une part, les plaies de la société française comme le chômage des jeunes et la délinquance, et, d'autre part, les conflits du Proche et Moyen-Orient. Mais cela n’excuse rien. Quand on voit le parcours d'Amedy Coulibaly, on découvre qu'il avait un BEP maintenance de l'audiovisuel, qu'il travaillait et qu'il avait un salaire de plus de 2000 euros par mois. Il ne faisait pas partie des jeunes les plus déshérités, loin de là. Il y a donc une dimension idéologique prépondérante.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Figaro, le 31 janvier 2015. Propos recueillis par Vincent Tremolet de Villiers et Anne-Laure Debaecker.


"Comment éviter l'éclatement sauvage de la zone euro"
LE FIGARO : Que vous inspirent les résultats des élections en Grèce ?
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT : C'est un problème européen et ce n'est qu'accessoirement un problème grec : une telle secousse politique aurait pu se produire en Espagne, au Portugal ou ailleurs. Un pays qui perd 25 % de son PIB en cinq ans et dont 50 % des jeunes sont au chômage est forcément amené à réagir. Syriza n'est pas un parti, c'est un rassemblement dirigé par des universitaires dont l'esprit est celui du mouvement Attac. Leur victoire traduit un sentiment de dignité blessée dans le peuple grec. La question qui se pose maintenant est de savoir qui va payer.

Qui ?
La dette grecque, qui est détenue pour l'essentiel par les États européens, soit directement, soit indirectement à travers le Fonds européen de stabilité financière (FSF) et le Mécanisme européen de stabilité (MES), s'élève à un peu plus de 220 milliards d'euros. Les créanciers sont les contribuables, d'abord de l'Allemagne pour 73 milliards, de la France pour 55, de l'Italie pour 48 et de l'Espagne, pour 33 milliards. Toute remise de dette à la Grèce va provoquer des réclamations de la part d'autres pays : Espagne, Italie, Portugal...

Que faire ?
La voie la plus raisonnable serait celle qui nous acheminerait vers une monnaie commune européenne.

Sortir de la monnaie unique ?
Le fonctionnement de la monnaie unique entraîne une polarisation de la richesse à une extrémité, l'Europe du Nord, et du sous-développement à une autre, l'Europe du Sud. En l'absence de transferts massifs, inenvisageables compte tenu de leur ampleur (environ 10 % du PIB annuel pour les pays, les plus riches de façon à ce qu'une véritable péréquation puisse s'établir) la monnaie unique est non viable. On peut acheter du temps, c'est ce que fait M. Draghi, mais arrivera un jour où certains pays, notamment l'Allemagne, ne voudront plus payer. C'est également le cas de la France, qui ne dit rien parce qu'elle est aveuglée par l'idéologie. Mais les Allemands sont autrement vétilleux dès lors qu'il s'agit de leur portefeuille. Par conséquent, la bonne solution serait de faire un euro-drachme. Et, pour rétablir la compétitivité des pays en difficulté, de recréer des subdivisions nationales : euro-lire, euro-peseta, etc., pour faire l'économie de dévaluations internes excessivement douloureuses qui ancrent l'Europe dans une stagnation de longue durée. Une monnaie, c'est fait pour un pays.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à "La Voix du Nord", samedi 31 janvier 2015. Propos recueillis par Olivier Berger.


"La France comprend que c’est dans la République qu’elle peut trouver l’issue"
Terrorisme VS République

« Ces actes barbares étaient malheureusement prévisibles, à l’intersection des plaies de notre société et des conflits aux Proche et Moyen-Orient. De toute évidence, une frange de jeunes ne se sent pas du tout intégrée. Ils sont « français de papier » comme ils disent. Se pose le problème de la politique d’intégration, de l’emploi, de l’école mais plus profondément, de la France elle-même. Un pays qui ne s’aime pas peine inévitablement à intégrer de nouveaux citoyens.

Il faut revoir profondément le rôle de l’École, restaurer un récit national honnête mais valorisant. Il y a du pain sur la planche mais la France n’est pas le pays aveuli que décrit avec talent le dernier roman de Michel Houellebecq (Soumission). La France n’est pas encore soumise, comme l’a montré le sursaut de dignité et de fraternité du 11 janvier. Au bord du gouffre, elle comprend que c’est dans la République qu’elle peut trouver l’issue. »

libération de Kobané en Syrie

« Il faudra un retournement des populations arabes de Syrie et d’Irak pour venir à bout de Daech. Une coalition étrangère ne pourra gagner seule en comptant sur les Kurdes et des bombes guidées par laser. Nous payons l’énorme bêtise américaine de l’invasion de l’Irak. Enfin, la Turquie, l’Iran, la Syrie n’accepteront jamais la création d’un État kurde indépendant. La liste des erreurs commises dans cette région serait trop longue… »

victoire de Syriza en Grèce

« Ce succès est une réaction de dignité d’un peuple poussé à bout. Il marque le rejet de la droite classique et surtout du parti socialiste, le PASOK. Le succès de Syriza pose aussi le problème de la monnaie unique. L’erreur serait d’en faire un problème grec alors qu’il est européen. Car qui va payer en définitive ? Si on réduit de moitié sa dette, l’Allemagne devra sortir pas loin de 40 milliards d’euros et la France pas loin de 30…

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour "Le Berry républicain", samedi 31 janvier 2015. Propos recueillis par Franck Simon.


"Le problème n’est pas grec, il est européen"
Le Berry républicain : est-ce que la construction européenne a fonctionné ?
Jean-Pierre Chevènement : L’Europe, selon moi, ne peut pas se construire en substitution des nations. Par une coopération certainement et éventuellement par des compétences gérées en commun mais à condition qu’elles soient démocratiquement contrôlées. Car la nation reste le cadre de la démocratie. Il faut donc que l’Europe corresponde à ce que souhaitent les peuples. Si l’on prend le cas de la monnaie unique, on a juxtaposé des pays qui sont d’un niveau très différent. Or, en l’absence de transferts massifs, que les Allemands refusent de toute façon, vers les pays les plus pauvres, le fonctionnement de la monnaie unique a pour conséquence de polariser les richesses et les excédents commerciaux dans les pays du Nord, notamment l’Allemagne, tandis que les autres pays se trouvent plongés, par la politique européenne résultant des traités, dans la récession et le chômage.

L’Europe manque donc de solidarité ?
Effectivement. La monnaie unique comporte un vice initial, l’usage d’une même monnaie par des pays très différents et le jeu normal des marchés aboutissant à ce que les pays qui ont des avantages comparatifs importants deviennent toujours plus riches tandis que les autres sont condamnés à la paupérisation. Comment dès lors y remédier ? Mme Merkel a suggéré des dévaluations internes pour que les pays périphériques reconquièrent leur compétitivité. Mais cela implique de diminuer les salaires et les prestations sociales dans des proportions inacceptables. La récession creuse les déficits. On aboutit à l’inverse des résultats recherchés.

le 30 Janvier 2015 à 12:12 | Permalien | Commentaires (1)
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