Entretien dans Le Pays, samedi 19 juin 2010.


Chevènement et le gaullisme : « Il reste aujourd’hui un réflexe républicain »
70 ans après l’Appel du 18-Juin, quel est l’héritage du général de Gaulle ? La réponse de Jean-Pierre Chevènement, l’une des personnalités représentant le mieux le gaullisme selon un récent sondage.

Le Pays : Qu’est-ce que le gaullisme selon vous ?
Jean-Pierre Chevènement :
Je connais le général de Gaulle. Je ne connais pas le gaullisme. Le général de Gaulle a assumé la France dans la période la plus tragique de notre histoire.

Après un désastre militaire sans précédent sanctionnant la faillite de toutes les élites d’avant guerre (État-major des armées, Haute Banque, Comité des Forges), sans parler évidemment des hommes politiques qui ont préparé non pas la guerre de 1939-1945 mais la précédente.

En fait, les élites françaises ne voulaient pas d’une guerre avec l’Allemagne de Hitler. Elles souhaitaient par anticommunisme que celui-ci attaque l’URSS. Politique myope ! D’où Munich, l’abandon de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, la drôle de guerre, et surtout l’esprit de capitulation présent dès les premiers jours de l’attaque allemande.

De Gaulle a pensé à l’avance la révolution stratégique des chars. Il a surtout eu d’emblée une vision mondiale du conflit.

Il a rendu un service éminent à la France en la maintenant dans le combat. Nous lui devons beaucoup.

Si l’on en croit un sondage Ifop, le gaullisme est pour une majorité de Français un courant d’idées périmé.

Le gaullisme est divers : il y a celui des Français libres, celui de la Libération, celui du RPF, celui de la Ve République à ses débuts. Il reste aujourd’hui un réflexe républicain qui allie étroitement le souci de la démocratie et celui de l’indépendance nationale. Ce réflexe n’a rien de périmé.

Si une majorité de Français considèrent que l’indépendance de la France et la démocratie sont périmées, je ne suis pas d’accord avec eux. Mais ce n’est pas ce que les Français pensent, ils l’ont montré le 29 mai 2005, en rejetant le projet de constitution européenne.

Toujours selon ce sondage, vous êtes l’un des hommes politiques actuels représentant le mieux les idées gaullistes. Devant Nicolas Sarkozy.

Il n’est pas douteux que j’incarne mieux que Nicolas Sarkozy et l’UMP le souci de l’indépendance nationale et de la démocratie, même si je ne me range pas parmi les « anti-sarkozystes primaires ». Bref je suis un républicain et j’admire le général de Gaulle qui, en juin 1940, a incarné la République, c’est-à-dire l’intérêt supérieur du pays.

Propos recueillis par Céline Mazeau

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Juin 2010 à 11:01 | Permalien | Commentaires (1)

Intervention du sénateur Jean-Pierre Chevènement lors de la préparation du Conseil européen du 17 juin 2010 au Sénat, le 15 juin 2010.


Pour une Europe de la croissance et de la démocratie, avec les nations !
Le Monde paru ce jour prête à François Mitterrand une maxime : « On ne dit pas non au Chancelier de l’Allemagne » que je n’ai jamais entendu dans sa bouche. Ce qui doit guider les dirigeants de la France, c’est l’intérêt de la France inséparable de l’intérêt européen, avec bien sûr le souci des compromis notamment avec son grand voisin.

Or, hier à Berlin, le Président de la République a fait de Madame Merkel deux concessions majeures en acceptant :

1. que le droit de vote d’un pays au sein du Conseil européen puisse être suspendu pour laxisme, en contravention avec les traités existants ;
2. que la coordination économique et budgétaire s’opère au niveau de l’Union à vingt-sept, et pas au niveau des seize pays qui ont adopté la monnaie unique où se pose justement ce problème, les onze autres pays qui ont gardé leur monnaie pouvant procéder à des ajustements monétaires.

Certes la France est soumise à la pression des marchés financiers. Il est loin le temps où le général de Gaulle déclarait : « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ».

Invité à une émission de télévision, en février 2009, le Président de la République déclarait : « J’observe tous les jours l’évolution de ce qu’on appelle les « spreads », les primes de risque sur un certain nombre de pays ».

Monnaie unique ou pas, la pression des marchés financiers recrée non plus entre les monnaies mais entre les Etats les tensions que reflétaient autrefois - avant 1999 – les parités monétaires affrontées à la spéculation. Quel échec !

L’erreur initiale de la monnaie unique conçue à Maastricht a été de faire comme si les nations n’existaient pas, avec leurs structures économiques différentes, leurs cultures spécifiques, et leurs politiques éventuellement divergentes. La souveraineté monétaire de chaque pays a été transférée à une instance déconnectée du suffrage universel, la Banque Centrale Européenne indépendante, sans qu’ait été mis en place un gouvernement économique de la zone euro dont le rôle eût été de ne pas laisser se creuser les écarts de compétitivité entre les différents pays et d’ouvrir un sentier de croissance partagé. Le mot « gouvernement économique » semble aujourd’hui accepté mais quel en est le contenu ?

Communiqué de presse, lundi 14 juin 2010.


La victoire des séparatistes flamands dont le chef, M. Bart de Wever prône « l’évaporation de la Belgique » ne doit pas mettre la communauté wallonne le dos au mur. Qu’il s’agisse des mécanismes de solidarité sociale, du statut de Bruxelles ou des droits légitimes des francophones habitant le district de Bruxelles-Hal-Vilvorde, il y a des valeurs d’égalité et des principes démocratiques que la Belgique peut faire respecter avec le soutien de l’opinion publique européenne.

Mais si le programme d’évaporation de M. Bart de Wever devait entrer en application, les Wallons doivent savoir qu’une majorité sans cesse croissante de Français accepterait, si bien sûr eux-mêmes le décidaient, de les accueillir au sein de la République française.
Mots-clés : belgique

Rédigé par Chevenement.fr le 14 Juin 2010 à 17:27 | Permalien | Commentaires (19)

Poursuite du programme de conférences et colloques de la Fondation Res Publica lundi 14 juin 2010 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.


Conférence de la Fondation Res Publica : La conférence d'examen du TNP : bilan et perspectives. Désarmement, non prolifération et sécurité de la France
Avec :
  • Jean-Pierre Chevènement, Ancien ministre, Vice-président de la Commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat et président de la Fondation Res Publica
  • Jacques Audibert, Directeur des affaires politiques et stratégiques au ministère des Affaires étrangères
  • Michel Miraillet, Directeur chargé des affaires stratégiques au ministère de la Défense
  • Camille Grand, Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique

    Jean-Pierre Chevènement présentera, au vu des conclusions de son rapport, « Désarmement, non-prolifération nucléaires, sécurité de la France » (rapport d’information présenté au Sénat le 23 mars 2010), le bilan de la conférence d’examen du Traité de non-prolifération, tenue à New-York du 3 au 28 mai 2010,

    et répondra aux questions des invités et des participants.

    Inscrivez-vous à l'adresse électronique res-publica@wanadoo.fr (Merci de préciser vos nom et coordonnées complètes). Pour consulter les travaux de la Fondation Res Publica, fondation reconnue d'utilité publique par décret du 30 décembre 2005, une seule adresse : www.fondation-res-publica.org.

Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le 13 Juin 2010 à 22:22 | Permalien | Commentaires (0)

Les actes du séminaire du 22 mars 2010 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du séminaire de la Fondation Res Publica : La France et ses stratèges
  • La France, sa stratégie et ses stratèges, par l’amiral Jean Dufourcq, Directeur d’études à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire et rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale
  • Penser les faits, par Gilles Andréani, Conseiller maître à la Cour des Comptes, ancien Directeur du centre d’analyse et de prévisions du ministère des Affaires étrangères

Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le 6 Juin 2010 à 20:02 | Permalien | Commentaires (1)

Les actes du séminaire du 22 février 2010 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du séminaire de la Fondation Res Publica : Qu'est-ce que le communisme chinois ?
Séminaire présidé par Jean-Pierre Chevènement avec:
  • Jean-Paul Tchang, financier, spécialiste de la Chine

entourés de :
  • Marie-Françoise Bechtel, conseiller d’État
et
  • Alain Dejammet, ambassadeur de France

Voir les actes du séminaire "Qu'est-ce que le communisme chinois ?" en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.

Rédigé par Chevenement.fr le 5 Juin 2010 à 17:17 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Monde (supplément Argent), édition du 5 juin 2010 (page 3).


Entretien au Monde sur l'harmonisation fiscale en Europe
Le Monde : Est-il possible d'adopter une fiscalité identique dans tous les pays européens ?
Jean-Pierre Chevènement :
Identique c'est impossible. Même aux Etats-Unis, les Etats fédérés ont une fiscalité différenciée. J'ajoute que plusieurs pays, à commencer par la Grande-Bretagne, sont farouchement hostiles à toute harmonisation. Or, je vous rappelle qu'en matière fiscale, les décisions, au niveau de l'Union européenne, doivent se prendre à l'unanimité... Mais on peut sans doute agir au niveau de la zone euro pour mettre un terme au dumping fiscal. Imagine-t-on un plan de sauvetage de l'Irlande qui ne mettrait pas un terme à la concurrence fiscale en matière d'impôt sur les sociétés ?

Quelles sont les priorités ?
C'est de contrer la spéculation pour sauver la monnaie unique, victime de l'erreur de conception que j'avais dénoncée dès qu'a été adopté le traité de Maastricht en 1992 : le transfert des souverainetés monétaires s'est fait au profit d'une Banque centrale européenne indépendante (BCE), en dehors de tout pilotage politique. Il faut relancer la demande intérieure pour ouvrir un sentier de croissance à la zone euro. C'est le rôle des économies les plus puissantes et d'abord de l'Allemagne. Cela seul, et non un concours de plans de rigueur, permettra de réduire les déficits des pays les plus endettés.

Rédigé par Chevenement.fr le 4 Juin 2010 à 16:52 | Permalien | Commentaires (2)

Intervention du sénateur Jean-Pierre Chevènement lors du débat du 3 juin 2010 sur le projet de loi de finances rectificative.


Pour une Europe de la croissance et du progrès social
Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Ministres, Mes chers collègues,

La crise de la monnaie unique était prévisible, dès sa création par le traité de Maastricht en 1991. J’ai moi-même, en son temps, dénoncé le transfert de la souveraineté monétaire à une Banque Centrale européenne indépendante, entièrement déconnectée du suffrage universel et sans aucun pilotage politique. La monnaie unique était un canard sans tête. Cela sautait aux yeux en lisant le texte du traité. Aujourd’hui cela nous saute à la figure. La zone euro est une zone monétaire hétérogène, dépourvue d’un gouvernement économique capable de permettre aux Etats de coordonner leurs politiques. Pas seulement en matière budgétaire, mais aussi s’agissant de la dette des ménages et des entreprises, de l’évolution de l’investissement, de la compétitivité et donc de l’emploi, et enfin pour ce qui touche à la balance des paiements des pays concernés.

La monnaie unique souffre, par construction, de rigidités insurmontables puisque les ajustements ayant été rendus impossibles par la monnaie, doivent s’opérer par les salaires et les prix.

On ne peut que regretter rétrospectivement le projet de monnaie commune soutenu à l’époque par la Grande-Bretagne, dit encore « hard écu », la monnaie commune ayant cours vers l’extérieur et laissant subsister, à l’intérieur, des monnaies nationales inconvertibles autrement qu’à travers un accord politique fixant leur parité par rapport à la monnaie commune. Ce système simple permettait, sous un « toit européen » commun, les ajustements monétaires rendus nécessaires par les évolutions divergentes que le pacte de stabilité de 1997, rudimentaire et arbitraire, n’a pas permis d’empêcher.
1 ... « 154 155 156 157 158 159 160 » ... 269


Derniers tweets

Abonnez-vous à la newsletter








Mots-clés des 30 derniers jours