Par Jean-Pierre Chevènement, L’Express, novembre 2003
La brutalité de Claude Allègre fait partie de son style et de son charme si particuliers. Jamais gratuite, elle peut cependant le conduire à commettre quelques erreurs. Cela s’est vu dans un passé récent. Dans l’hommage bien venu qu’il rend à Max Gallo, j’ai été surpris de la grossièreté de la charge finale, en forme de contrepoint, où il reproche à celui-ci de s’être fait mon porte-parole pendant la campagne présidentielle, au prétexte que j’aurais "fait perdre la gauche", feignant de croire que j’aurais renvoyé dos à dos et pour l’éternité la droite et la gauche et non pas ce qu’elles étaient devenue.
Ma surprise vient de ce que j’avais entendu Claude Allègre, il y a moins d’un an, professer devant moi une opinion toute contraire. Pourquoi ce brutal revirement ? Est-ce la lecture d’Alain Duhamel ? J’ai peine à le croire ! François Bazin rapporte, dans Le Nouvel Observateur du 16 octobre, "l’activisme" de Claude Allègre - que je n’ai pu vérifier moi-même - expliquant à la ronde que, "en 2007, seul Lionel sera en mesure de gagner". C’est un point de vue. Est-il nécessaire de recourir à l’injure à mon endroit pour le faire prévaloir ? Pour ma part, je le dis tout net : je ne verrais que des avantages à ce que Lionel Jospin revienne dans la vie politique active. Cela soulèverait la lourde chape de plomb que, depuis son congrès de Dijon, le Parti socialiste a fait retomber sur cinq années de gauche dite "plurielle". Celui-ci pourrait enfin sortir du non-dit et exercer ce fameux "droit d’inventaire" si souvent invoqué mais jamais pratiqué. Lire, sous la plume de l’ancien Premier ministre, que "les difficultés de la gauche sont moins venues de l’exercice du pouvoir qu’elles ne sont nées de la défaite" ("Le temps des mystificateurs", Libération du 13 octobre 2003) laisse songeur. Ainsi donc, il n’y aurait aucun lien entre la façon dont la France a été gouvernée pendant cinq ans et la défaite de la gauche plurielle ? Cette défaite serait seulement le produit d’une "division néfaste" et presque tombée du ciel ? Cette thèse n’est évidemment pas sérieuse. Elle est mystificatrice. Pourquoi les ouvriers, qui étaient 41 % à voter socialiste au premier tour de 1988 et encore 24 % en 1995, n’étaient-ils plus que 13 % en 2002 ? Pourquoi les salariés du secteur public, qui avaient voté à 32 % pour Lionel Jospin en 1995, n’étaient-ils plus que 18 % en 2002, selon Jérôme Jaffré et Pascal Perrineau (Documents sur les élections du printemps 2002, janvier 2003). On ne peut pas inventer l’avenir si on ne fait pas la lumière sur ce qui s’est réellement passé. "Notre peuple a besoin de valeurs et de repères clairs". La vérité est qu’il existait de profondes divergences au sein de la gauche dite "plurielle" par rapport à la ligne gouvernementale, et cela sur deux familles de sujets : d’abord, sur la politique économique, y compris industrielle, l’Europe telle qu’elle se faisait à Bruxelles et la mondialisation libérale ; ensuite, sur la République, c’est-à-dire à la fois la sécurité, au sens large, l’école, la laïcité, l’acceptation ou le refus des communautarismes, la Corse, etc. Pourtant, il faut le dire : à aucun moment il n’y a eu un effort collectif de dépassement et de projection dans l’avenir. Il n’était question que d’ "équilibre", pour parler clair, de rapports de forces. Notre peuple, et particulièrement ses couches populaires, a besoin de valeurs et de repères clairs. Or il a été laissé en déshérence du fait d’une pratique gestionnaire et de l’absence d’un projet réellement mobilisateur. Le Parti socialiste a perdu, faute de projet : ce n’est pas moi, mais François Hollande qui l’a publiquement reconnu, et cela à plusieurs reprises. Le Parti socialiste, dans la mesure où il déclare vouloir rassembler la gauche, devrait examiner sérieusement les raisons de la désaffection de l’électorat populaire. Il ne peut le faire avec succès que s’il respecte le devoir de vérité. La gauche plurielle n’a pas fait - loin de là - que de mauvaises choses. Mais elle est passée complètement à côté de ce que l’on appelle la mondialisation. Elle ne l’a tout simplement pas analysée. Si l’on excepte son opposition à l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement), elle n’a pas cherché à en modifier les règles, ni en ce qui concerne l’architecture financière et monétaire mondiale ni à l’OMC. Elle n’a pas essayé de redresser les critères de Maastricht, qui révèlent aujourd’hui toute leur nocivité pour la croissance et pour l’emploi. Elle s’est désintéressée de la politique industrielle, au niveau national comme au niveau européen. En matière de privatisations et de libéralisation des services publics, elle n’a pas donné le sentiment d’avoir une autre politique que la droite. Bref, elle a accompagné le mouvement de la mondialisation libérale sans prendre l’opinion à témoin des efforts qu’elle aurait dû accomplir pour offrir un autre modèle de développement à l’échelle mondiale, européenne et française. De même, la gauche dite "plurielle" a cru pouvoir abandonner, dans sa majorité, le riche héritage de la nation républicaine. Or c’est ce chemin que le PS doit retrouver s’il veut regagner la confiance d’un immense électorat populaire : il doit rompre avec l’angélisme en matière de sécurité, avec le "différencialisme" et la tentation des communautarismes en matière sociétale, avec la conception de l’"expérimentation législative" qu’il a cautionnée avant sa mise en oeuvre par Jean-Pierre Raffarin, avec les dérives corses qu’il a couvertes jusqu’au dernier référendum, etc. Sur aucun de ces sujets, il ne lui est impossible de faire mieux qu’il n’a fait. Simplement, pour rendre confiance au pays, il lui faut le courage d’une remise en cause, certes difficile, parce qu’elle plonge ses racines dans une histoire déjà ancienne : par exemple, remettre en question la subordination de toutes les politiques au "principe d’une économie ouverte où la concurrence est libre", principe déjà inscrit à l’article 3 du traité de Maastricht, et au nom duquel Mario Monti entend aujourd’hui proscrire les aides de l’Etat à Alstom. "J’ai été candidat contre le vide et l’absence de projet ". Il est évidemment plus facile de chercher un bouc émissaire que de procéder à une autocritique honnête et approfondie. J’ai dédaigné, peut-être à tort, la campagne d’opinion, lancée dès le 22 avril 2002 par un éditorial de Jean-Marie Colombani dans le journal Le Monde, me faisant porter le chapeau d’un échec où il avait plus que sa part. La campagne des élections législatives n’était guère propice à ce qui aurait pu apparaître comme un déballage. Et puis, surtout, après le retrait de Lionel Jospin de la vie politique, cela eût manqué d’élégance. J’ai fait et je fais toujours confiance à l’Histoire pour établir les vraies raisons de l’échec de la gauche dite "plurielle". Après Lionel Jospin, sa femme, ses proches, son porte-plume, que Claude Allègre croie maintenant pouvoir ressasser la même rengaine m’amène, puisque toute vérité est bonne à dire, à lui dire la sienne. Cette campagne misérable ne repose sur aucune réalité (nous vivons, il est vrai, à l’ère du "virtuel" : ah ! si le 21 avril n’avait pas été ce qu’il a été !...). Elle obéit en fait à une logique purement politicienne : il faut que le 21 avril soit ramené à un accident aussi aléatoire que la chute d’une météorite (en l’occurrence moi-même) sur la tour Eiffel (Lionel Jospin) pour que le Parti socialiste, fier de son bilan et certain d’avoir rempli ses engagements de 1997, puisse recommencer comme avant, sûr de lui et dominateur, n’ayant pas une virgule à changer à son programme évidemment néolibéral (s’il ne l’avait pas été, le candidat eût-il demandé à Alain Duhamel de s’en faire le chantre ?). Ceux pour qui je ne comptais plus pour rien au sein de la gauche plurielle, comme l’a démontré avec une pureté de cristal, de novembre 1999 à juillet 2000, parmi beaucoup d’autres sujets qui n’étaient pas de ma compétence, l’affaire corse, qui l’était, sont ceux-là mêmes qui, depuis le 21 avril, mettent en avant ma responsabilité supposée pour dissimuler la leur. En réalité, la surprise du 21 avril, ce n’est pas que Le Pen soit passé devant Jospin, mais que celui-ci soit passé derrière Le Pen. Même présent au second tour - et c’est là le point essentiel - Lionel Jospin n’aurait eu aucune chance de battre Jacques Chirac. Les sondages "sortie des urnes" effectués le 21 avril lui donnaient un score de 46 % contre 54 % à Jacques Chirac. En réalité, le faible score de Lionel Jospin (4 610 000 voix) doit être mis en regard du chiffre des abstentions (11 698 000), des votes nuls (997 000) et des votes aux extrêmes (8 400 000 voix). Ces chiffres constituent l’exacte photographie de l’état d’esprit du pays le 21 avril. Etait-il sans rapport avec la manière dont le pouvoir avait été exercé pendant cinq ans ? Quant aux 1,520 million de voix qui se sont portées sur mon nom, les sondages "sortie des urnes" indiquent que 13 % auraient voté Jacques Chirac si je n’avais pas été candidat et seulement 11 % Lionel Jospin. Tout cela n’a d’ailleurs d’autre signification que virtuelle. Soyons clairs : si j’ai été candidat, ce n’est pas contre Lionel Jospin, mais contre le vide, contre l’absence de projet, et, si c’était à refaire, je le referais : j’ai défendu les idées que je croyais et que je crois toujours justes. Cela a un nom : cela s’appelle la démocratie. Notre pays a besoin de s’appuyer sur des valeurs solides pour inventer un chemin qui le fasse sortir de l’ornière maastrichtienne où l’ont enfoncé tous nos gouvernements successifs. On peut ne pas être d’accord avec cette vision. Mais, alors, qu’on en débatte ! La direction du Parti socialiste ne se sauvera pas en agitant compulsivement le spectre d’un "nouveau 21 avril". C’est là une vue essentiellement tacticienne des choses. Il est temps, dans l’intérêt même du PS, que je me souviens avoir porté sur les fonts baptismaux d’Epinay, qu’il procède à un examen de conscience sincère, qu’il fasse une analyse critique des choix effectués depuis 1983, qu’il essaie enfin de comprendre le monde où nous sommes à présent, pour inventer les chemins du redressement et rendre confiance à notre peuple déboussolé. Je souhaite l’y aider, dans la mesure de mes moyens. Il ne suffit pas de jouer les enfants de choeur, vêtus de probité candide et de lin blanc, tout en cherchant des coupables, pour se disculper et pouvoir recommencer. En réalité, ce dont le Parti socialiste aurait besoin, c’est d’un nouvel Epinay. Il n’est sans doute pas pour demain. Sachons donc donner du temps au temps, comme disait François Mitterrand.Œuvrons aux rassemblements possibles, mais dans le respect de l’identité de chacun. Faut-il donc maintenant que je réponde aux attaques de Claude Allègre ? Elles sont tellement absurdes que je me bornerai à en avoir démonté le ressort. Que les lecteurs de L’Express sachent seulement que j’assume mes choix, y compris pendant la première guerre du Golfe, qui était aussi annoncée et décidée à l’avance que la seconde, dont on voit où elle a conduit. "Toute vérité, selon Claude Allègre, est bonne à dire" : j’aimerais qu’il fasse maintenant son examen de conscience et se demande si, par son action de ministre de l’Education nationale, il est sûr de ne pas avoir enlevé plus de voix à Lionel Jospin qu’il ne lui en a apporté.
Rédigé par Chevenement2007 le 10 Novembre 2005 à 13:09
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Interview de Jean-Pierre Chevènement, Politis, 2 novembre 2005
Pour Politis, par Denis Sieffert :
Que vous inspire la multiplication des incidents dans les banlieues après les déclarations musclées de Nicolas Sarkozy ? JPC : Soyons justes : la dégradation du climat dans les banlieues procède de causes anciennes et profondes : installation d’un chômage de masse depuis le milieu de la décennie 70, ghettoïsation des quartiers, ethnicisation des rapports sociaux, crise de la citoyenneté. Evidemment, si un ministre de l’Intérieur, doit, par fonction, tenir un langage de fermeté républicain, il doit aussi s’abstenir de recourir à des amalgames provocants. Or, c’est ainsi qu’ont été comprises les expressions employées à Argenteuil par M. Sarkozy. Il a certes rectifié son propos dans Le Monde du 5 novembre : il lui aura fallu près de deux semaines ! Je ne ferai pas dans l’angélisme. Il n’est pas acceptable de tirer sur des véhicules de police ou de caillasser les pompiers, ou encore de brûler les écoles et les gymnases, mais quand le ministre de l’Intérieur visite une ville de banlieue, il doit éviter de faire monter inutilement la tension, ce qui, à la fin, ne facilite pas la tâche de la police, tâche ingrate car elle intervient « en bout de chaîne », quand tout le reste a échoué. Mais est-ce que Nicolas Sarkozy n’a pas aussi modifié les règles de l’intervention policière ? JPC : Je l’avais en effet mis en garde, en lui écrivant dès le 25 juin dernier, quand j’ai constaté sur le terrain la quasi disparition de la police de proximité que j’avais progressivement installée à partir de 1999. Cette police de proximité visait à rapprocher les policiers de la population, en rupture avec la tradition française qui est plutôt celle d’une police d’ordre public. Il s’agissait donc d’adapter la police à la montée de la délinquance dans les quartiers en territorialisant son action : chaque circonscription de police était découpée en plusieurs secteurs avec un commissariat de secteur ou un bureau de police. Mais la police de proximité, à mes yeux, ne se confondait pas avec l’îlotage traditionnel. Au contraire, la police de proximité avait à la fois une mission de prévention et de répression car l’une et l’autre sont également nécessaires. Il faut tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : autant de prévention que possible et autant de répression que nécessaire : la sanction elle-même est un rappel à la règle. La police de proximité exerçait donc pleinement ses prérogatives de police judiciaire au quotidien et agissait en partenariat avec les autres acteurs de la sécurité : principaux de collège, bailleurs sociaux, commerçants, animateurs des collectivités locales, travailleurs sociaux, etc. Cette forme de police, inspirée de ce qui se faisait au Québec et aux Pays-Bas, expérimentée, testée, évaluée de 1998 à 2000, demandait des effectifs et un peu de temps pour réussir. Malheureusement elle a été subrepticement, mais assez vite (en fait, dès la fin de 2002), vidée de son contenu par Nicolas Sarkozy. Celui-ci a-t-il pris des mesures précises ? Y a-t-il eu des textes ? JPC : Dans l’annexe de la loi du 29 août 2002 dite d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure, j’aurais dû m’inquiéter d’une petite phrase apparemment anodine : « L’objectif d’une police de proximité sera maintenu. Mais sa mise en œuvre ne doit pas se faire au détriment des capacités d’action judiciaire et de la présence nocturne des forces ». La loi donnait à Nicolas Sarkozy 13.500 emplois supplémentaires de 2002 à 2007, dont 6.400 pour renforcer la police de proximité. Je m’interroge sur l’usage qui a été fait de ces moyens supplémentaires ... Le 24 octobre 2002 une circulaire de Nicolas Sarkozy demandait « d’adapter les modalités de mise en œuvre de la police de proximité » ... « sans remettre systématiquement en cause le maillage territorial », formule pour le moins inquiétante. En février 2003 le ministre de l’Intérieur « virait » le Directeur de la Sécurité Publique de Haute Garonne, un ancien de mon cabinet, en prononçant des paroles définitives : « La police n’est pas faite pour organiser des matchs de foot avec les jeunes des quartiers ». Chacun comprend ce que signifie ce genre de signal : peu à peu la police de proximité a vu fondre ses effectifs. La priorité a été donnée à la police d’intervention appelée à agir en cas d’incident. Une circulaire de la DGPN1 du 24 octobre 2004 préconisait enfin de « trouver un meilleur équilibre entre la présence dans les secteurs et l’investigation de terrain ». Il faut décoder tout cela. Les policiers savent faire : la police de proximité avait pour but d’anticiper autant que de réprimer. Désormais on se bornerait à réagir. Comment cette évolution de la doctrine policière s’est-elle traduite sur le terrain ? JPC : Très simplement : les unités territorialisées ont été vidées de leurs effectifs et le concept de police de proximité privé de sa substance. Les commissariats de secteur et les bureaux de police sectorisés ont perdu l’essentiel de leurs attributions : ils ne sont plus que des bureaux d’accueil, souvent d’ailleurs dans des tranches horaires limitées à la journée, voire à quelques heures. Les patrouilles de police sont décidées à partir du Commissariat Central. Les unités terrirorialisées ont perdu les trois quarts de leurs effectifs. L’objectif d’une meilleure connaissance réciproque de la police et de la population a été perdu de vue. Il est évident que le passage de voitures sérigraphiées ou banalisées dans les quartiers ne peut pas remplacer les patrouilles régulières de policiers connaissant le terrain et la population. L’action partenariale est inévitablement délaissée. La priorité donnée à une police d’intervention par la généralisation des « BAC » de jour débouche sur le face à face d’une population qui ne comprend pas que la police est là pour la protéger, et de policiers opérant sur un terrain et dans un milieu qu’ils connaissent évidemment moins bien qu’une police de proximité territorialisée. L’équilibre nécessaire entre prévention et répression a été rompu. Et ce n’est pas le recours en dernier ressort aux CRS et aux escadrons de gendarmerie mobile - même s’il peut s’avérer aujourd’hui indispensable - qui recréera la confiance entre la police et la population. C’est toute la conception républicaine de la police qui s’est trouvée atteinte par ce virage doctrinal. Il est temps de redonner à la police de proximité de la substance, c’est-à-dire des effectifs, en particulier dans les grandes circonscriptions et dans les cités de banlieue. Mais cela suppose une conception humaniste et républicaine de la police, fondée sur la citoyenneté et la responsabilité. Cela peut-il suffire ? JPC : Certainement pas. Le moment est venu non pas de « poursuivre », comme l’a dit le Président de la République, mais d’engager une véritable politique d’accès à la citoyenneté pour les jeunes en situation défavorisée. L’emploi est la clé de l’intégration. Des centaines de milliers d’emplois vont être libérés dans les prochaines années par le départ à la retraite des générations nombreuses d’après-guerre. C’est l’occasion, comme je l’avais proposé en vain, en 1999, de généraliser les préparations rémunérées aux concours de la Fonction Publique : on mettra le pied à l’étrier à tous ceux qui en ont la capacité : au-delà, les « contrats aidés » devraient conduire les entreprises, et d’abord les plus grandes, à recruter dans les cités et à mettre en place des plans prévisionnels d’embauche, afin de débonder l’abcès du ressentiment enfoui dans nos banlieues. Il faudra enfin donner à tous un sentiment commun d’appartenance. Mais cela, c’est le problème de la France au XXIe siècle ... Déclaration de Jean-Pierre Chevènement, 18 septembre 2005.
« Le résultat des élections allemandes reflète, à travers le tassement du SPD et de la CDU-CSU, leur commune incapacité à peser sur la conjoncture économique autrement qu’à travers des réformes libérales destinées à réduire le coût du travail. Ni l’un ni l’autre de ces partis n’ont posé pendant la campagne le problème de la politique monétaire, de la politique de change et de l’assouplissement du pacte de stabilité budgétaire.
Paradoxalement, ce sont les conditions mises en 1991 par l’Allemagne à la monnaie unique qui créent, dans l’Allemagne de 2005, près de 5 millions de chômeurs. Le parti de gauche d’Oscar Lafontaine a un espace pour prôner une réforme keynésienne de l’Europe de Maastricht. Il y a une majorité de gauche virtuelle au Bundestag pour soutenir une telle réforme : ce peut être la chance d’une relance franco-allemande en faveur d’un vrai gouvernement économique de la zone euro. ».
par Jean-Pierre Chevènement, Le Figaro, 28 juin 2005
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