Par Jean-Pierre Chevènement, président d’honneur du MRC, président de la Fondation Res Publica, ancien ministre, tribune parue dans Le Figaro, mardi 11 décembre 2007.
Le Kosovo entend proclamer son indépendance, réclamer son entrée aux Nations unies, l’adhésion à l’Union européenne et des crédits qui vont avec. Volonté comprise de beaucoup qui se préparent déjà aux cérémonies de reconnaissance, aux embrassades, au grand concert avec chœur et trilles et à l’exécution de la 9e Symphonie de Beethoven. On comprend cette inclination devant le principe d’autodétermination et bien peu discuteront de l’issue d’un référendum sur une possible indépendance. Rien d’étonnant. La nature humaine est ainsi faite que si l’on consulte de par le monde d’innombrables groupes plus ou moins organisés, on enregistrera autant d’émouvantes aspirations à la sécession et à l’indépendance, d’autant mieux étayées qu’une puissance extérieure, disposant de quelques moyens, paraît déjà toute prête à vous aider.
La question est évidemment de savoir s’il convient de s’arrêter, et où. Faut-il indéfiniment encourager au fractionnement, aux divisions, à la scissiparité, célébrer la mise en place de nouvelles frontières, alors qu’au même moment on exalte le dépérissement des identités nationales et l’ensevelissement dans le grand tout ? La contradiction étant évidente, les réponses sont naturellement embarrassées et dépendent de l’air du temps. Là on pleure le policier victime d’un indépendantiste qualifié de terroriste et l’on défile pour l’unité nationale. Ici l’on crie à la répression ou à la ringardise patriotique. ActualitésDépêche AFP, mardi 11 décembre 2007, 09h02.
L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement a indiqué mardi ne pas prendre le gouvernement Fillon "suffisamment au sérieux pour demander la démission" de Rama Yade après les vives critiques de la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme sur la visite du colonel Kadhafi.
"Elle est une jolie femme que j'ai toujours plaisir à contempler à la télévision. Seulement, ce n'est pas un gouvernement, c'est la Star Academy. M. Sarkozy l'a composé comme un plateau de télévision. Je ne prends pas ce gouvernement suffisamment au sérieux pour demander la démission de Rama Yade", indique M. Chevènement dans un entretien à Sud Ouest. "J'ai une conception de la politique qui n'est pas celle de la 'com'. Mais on peut poser un certain nombre de questions qui touchent aux Droits de l'Homme. Par exemple, M. Kouchner, plutôt que de bouder le dîner donné en l'honneur de M. Kadhafi, ferait mieux de l'entretenir des problèmes posés par certaines disparitions dans les prisons libyennes", ajoute-t-il. L'ancien ministre estime par ailleurs que la visite du leader libyen traduit "l'alignement de la politique française sur celle des Etats-Unis". "M. Sarkozy s'inscrit dans le sillage ouvert par la visite de M. Tony Blair à Tripoli et dans la décision arrêtée par M. (George) Bush de normaliser ses relations avec la Libye", affirme le président d'honneur du MRC. Chevènement : « Rama Yade est une jolie femme...», entretien de Jean-Pierre Chevènement à Sud Ouest, propos recueillis par Rodolphe Wartel, mardi 11 décembre 2007
Hier, la secrétaire d'État aux Droits de l'homme, Rama Yade, a clairement exposé son malaise en se déclarant « dérangée » face au tapis rouge déroulé pour le dirigeant libyen : « Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort », a-t-elle souligné dans « le Parisien-Aujourd'hui en France ». Doit-elle aujourd'hui démissionner ?
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de Lionel Jospin dont la phrase « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » est restée célèbre, a répondu à « Sud Ouest » hier soir. Êtes-vous choqué par la venue du colonel Kadhafi en France ? Jean-Pierre Chevènement : Le fond de l'affaire est l'alignement de la politique française sur celle des États-Unis. M. Sarkozy s'inscrit dans le sillage ouvert par la visite de M. Tony Blair à Tripoli et dans la décision arrêtée par M. Bush de normaliser ses relations avec la Libye. Nous sommes néanmoins le premier pays européen à réhabiliter aujourd'hui Kadhafi? Dans le cadre de l'Union méditerranéenne, il faut bien faire avec les pays de la rive sud. Et il y a la Libye. J'ai toujours été réservé sur une extension excessive de l'Union méditerranéenne, parce que je pressens des problèmes insolubles dès lors que l'on abordera la question israélo-palestinienne.
Jean-Pierre Chevènement est interrogé par Denis Jeambar, Eric Le Boucher et Olivier Nahum.
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