Airbus veut délocaliser, en Amérique, en Chine, en Russie : l’euro est trop cher en France et en Allemagne. Le gouvernement allemand veut limiter les suppressions de postes dans les usines allemandes. C’est compréhensible. Mais Mme Merkel s’inquiète dès qu’à Paris on évoque une politique de change qui rendrait le cours de l’euro moins pénalisant. C’est moins compréhensible.
Le gouvernement allemand veut que les usines allemandes jouent un rôle de premier plan dans la fabrication de l’Airbus A 350, en particulier pour les panneaux en matière composite. En matière de technologie, la France ne surclasse pas l’Allemagne dans beaucoup de domaines.
Puis-je évoquer un souvenir de 1990 ? M. Jean-Luc Lagardère et M. Jürgen Schremp, alors Président de Daimler-Chrysler, avaient cherché à convaincre le ministre de la Défense de l’époque que j’étais, au cours d’un déjeuner, qu’une bonne coopération franco-allemande en matière aéronautique passait par la privatisation d’Aérospatiale, aucune affaire industrielle ne pouvant tolérer l’interventionnisme des Etats. J’avais fait valoir à M. Schremp qu’il fallait s’accommoder de la diversité des modèles nationaux pour avancer dans la coopération franco-allemande, les entreprises publiques françaises jouissant, en fait, d’une grande indépendance.
Dix ans après, en 2000, Aérospatiale a été privatisée au profit du groupe Lagardère. En regard j’observe, aujourd’hui que M. Thomas Enders, le co-Président allemand d’EADS, reçoit directement ses ordres de Madame Merkel, de son ministre de l’Economie, M. Glos et des ministres-présidents des Länder concernés. La presse économique allemande – le Handelsblatt et le Financial Times Deutschland – s’en inquiètent. Eux aussi retardent d’une guerre …