Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Technophobie et redressement de l’Europe : d’abord vaincre la peur



Edmund Phelps, prix Nobel d’Economie en 2006, formule dans Le Monde des 25 et 26 février, un diagnostic sévère mais que je crois juste : « L’Europe et la France qui avaient cette tradition de la quête de la connaissance, de l’amour du changement, du défi intellectuel sont en train de la perdre. Bien entendu on peut toujours trouver des satisfactions exclusivement hors du travail. Mais je crois que c’est à terme un mauvais pari. »

Comment, à cet égard, ne pas être préoccupé par la phobie antinucléaire qui constitue le noyau idéologique des Verts et de la mouvance écologique ? Yves Cochet parle « d’audace écologique », mais c’est une audace qui tourne le dos à l’avenir, à l’esprit de recherche, à la capacité de l’esprit de trouver des solutions aux problèmes de l’humanité. Ce serait quand même un immense progrès pour l’avenir du climat et pour l’humanité si la Chine et l’Inde tiraient du nucléaire, qui ne rejette pas de gaz à effet de serre, 79 % de leur électricité, plutôt que de centrales à charbon fortement polluantes !

Le problème des « déchets ultimes » n’est nullement insoluble et Superphenix, fermé en 1997, eût été un superbe outil de recherche à la fois pour traiter les « actinides » et pour rapprocher l’horizon du réacteur de 4ème génération (2040 au plus tôt, en l’état actuel des prévisions). A cet égard, ne renouvelons pas avec l’EPR l’erreur qui a été faite avec Superphenix. Une des contradictions majeures de feu « la gauche plurielle » est de s’être soumise au chantage des « Verts ». L’intérêt du pays veut qu’on résiste aux modes. La responsabilité des politiques est d’aller, si nécessaire, contre l’air du temps, au lieu de plier devant les lobbies de la bienpensance.

Je sais bien que José Bové et ses « faucheurs d’OGM » n’opèrent pas seulement sur les cultures « en plein champ » mais aussi sur les expériences menées par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) ce que tout homme de gauche, s’inscrivant dans la tradition des « Lumières », ne peut que réprouver fortement car c’est une atteinte à la liberté de la recherche.

Je sais bien que M. Chirac a introduit dans la Constitution le « principe de précaution », qui n’est pas plus scientifique que le proverbe de nos grands-mères « deux précautions valent mieux qu’une ». Ce « principe de précaution », inventé en Allemagne dans les années soixante par Hans Jonas et fondé sur une « heuristique de la peur », pourrait bien n’exprimer, comme l’a suggéré Dominique Lecourt, que « la peur des hommes politiques d’assumer leurs responsabilités … Dans notre pays on donne à ce principe une tonalité négative, prohibitive : s’abstenir, différer, arrêter ». Le principe de précaution deviendrait un « principe de suspicion » à l’égard de la technologie, inspirant une nouvelle « loi des suspects », à laquelle la République n’aurait évidemment rien à gagner.

Tout cela, hélas, traduit l’engourdissement intellectuel d’une Europe qui consent à son déclin. Edmund Phelps a raison : il est temps de réhabiliter les valeurs de la connaissance, le goût du défi intellectuel, l’amour du changement. C’est cela le redressement de l’Europe et pas la rédaction d’une mouture délavée d’un énième projet de Constitution, rejeté par le Peuple. « D’abord vaincre la peur ».


Rédigé par redaction Chevenement.fr le Lundi 26 Février 2007 à 12:50 | Lu 9233 fois



1.Posté par hervé d'Orléans le 26/02/2007 14:09
je pense sincèrement que les VERTS , si ont les écoutent , peuvent mettre le porte monnaie des français dans un triste état . Hervé

2.Posté par Gilbert (de l'Ardèche) le 26/02/2007 16:19
Alors, que penser des propos de Ségolène sur un moratoire pour EPR ? Ou de la proposition de ramener la part du nucléaire à 50 % ?
Est ce pour complaire aux verts en vue de l'entre -2 -tours ?
S'agit-il d'un (premier ?) coup de canif dans l'accord conclu avec le MRC ?
Schizophrénie, quand tu nous tiens !....

3.Posté par Josette le 26/02/2007 17:30
Merci, Jean-Pierre, de tracer encore une fois la voie à suivre.
Sera-t-elle suivie ?...

4.Posté par GRINDA le 26/02/2007 18:04
Réduire la part du nucléaire à 50 % de l'énergie consommée revient à implanter 5500 éoliennes (maximum de saturation) et 20 usines à gaz !!
Rappelez-vous la promesse des Verts avec l'usine hélio-thermique : le Four Solaire d'Odeillo dans les Pyrénées-Orientales :
Promesses : 2 MégaWatts (Unité nucléaire = 1800 MégaWatts)
Résultats : jamais dépassé 1 MégaWatt --> Installations des miroirs qui rouillent actuellement sur plusieurs hectares et défigurent le paysage !
Préparez vos lampes à huile !

5.Posté par Nanard le 26/02/2007 19:42
Technophobie, d'abord vaincre la peur

L’énergie éolienne est une mauvaise solution pour produire l’électricité dont la France a besoin. Elle peut tout au plus servir d’énergie d’appoint. Vous a t’on expliqué qu’en raison de la vitesse du vent fluctuante, les éoliennes ne produisent en moyenne que le quart de leur puissance ? Vous a t’on dit que pour pallier ce manque, il faut faire appel aux centrales fonctionnant aux combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) ? Si on ne peu pas dire que les éoliennes produisent du CO2 les centrales qui viennent à leur secours en produisent beaucoup et en continu puisqu’il faut les maintenir en veille de façon à répondre rapidement à la demande. Dire que l’énergie éolienne est une énergie propre est une contre vérité.
Tout ce que savent faire les verts c’est créer un climat d’insécurité autour du nucléaire.
Le gouvernement de la gauche plurielle a déjà fait l’erreur d’abandonner Super phénix qui pouvait fonctionner en ‘’incinérateur’’ (diminution de la durée de vie de certains produits de fission). Ce réacteur pouvait avoir un effet très positif dans le retraitement des déchets. De véritables écologistes ne devraient pas demander la sortie du nucléaire mais la sortie des énergies fossiles seule façon réduire les rejets de CO2. Abandonner le nucléaire au profit des éoliennes, n'est pas sérieux et peut conduire la Frace à la catastrophe.

6.Posté par Nanard le 26/02/2007 22:13
Technophobie, d'abord vaincre la peur

Il faut parler de l’incohérence des soit disant écologistes qui n’ont jamais demandé -à ma connaissance- l’arrêt de toutes les industries chimiques en général après, Bophal, Sévéso, Toulouse (Total) et tout ce qui nous a été caché. Depuis des décennies, les produits chimiques sont responsables de pollutions diverses, des nappes, de l’air, des terres, des cultures, etc…Ils peuvent-être responsables de cancers, de mutations génétiques et de maladies diverses. Pourtant, la chimie nous est indispensable. Alors arrêtons d’effrayer les gens avec le nucléaire qui est indispensable à notre production d’électricité.

Les gens qui travaillent dans cette industrie sont des gens sérieux, formés pour les taches qu’ils ont à assumer. Ils sont soucieux de leur sécurité comme de celle des autres.

7.Posté par Charleston (de Paris) le 27/02/2007 00:32
À mon avis, il faut arrêter de discuter de l'écologie d emanière abstraite mais de choisir une technologie en fonction d'une analyse de risques et de gains dans une situation sous contrainte. Pour l'énergie, la première chose à réaliser est diminuer son emploi. L'Australie va bannir les vieilles lampes à incandescence de Edison. Il y a mille autres sources d'économie. Une fois cette économie réalisée, on regarde ce qui est le plus efficient. Le nucléaire a ses atouts et ses défauts. Pas de carbone mais une dépendance face aux brevets Westinghouse de nos centrales, Les éoliennes et le solaire sont partout au stade industriel. Ça marche. Il y a la géothermie ou les marémotrices. Et si on cherche, il y a encore d'autres sources potentielles comme les générateurs de Tesla très poipulaires aux USA.

8.Posté par yann le 27/02/2007 10:57
Il ne faut pas tomber non plus dans le scientisme qui consiste à croire que le progrès technique est infini et sans danger. L'occident va devoir faire face dans les années avenir à la disparition du pétrole, vous n'imaginez pas les énorme problèmes que cela va engendrer. La productivité physique du travail va baisser du fait de l'explosion du coût de l'énergie, le monde de demain sera un monde de pénurie et de rareté c'est un fait SCIENTIFIQUE. L'épuisement des ressources n'est pas un fantasme de quelques écolo, la science ne pourra pas résoudre tout les problèmes (quelle a d'ailleurs contribué à mettre en place). Il n'y a pas que le problème de l'énergie, par exemple les engrais et les pesticides qui ont permis l'énorme productivité agricole actuelle sont fait à partir de produits pétrolier comment les fabriquerons nous sans hydrocarbures? Ou irons nous rechercher le cuivre dont les réserves mondiale s'épuisent, la technique a repoussé pendant longtemps se problème de renouvellement des ressources en remplaçant une matière première par une autre mais aujourd'hui nous arrivons à la limite de ce qui est physiquement possible. La science ce n'est pas de la magie qui résout tous les problèmes, il faudra mettre fin au grand gaspillage si nous voulons que notre espèce ait un avenir.

Comme le dit Serge Latouche il n'y a que deux type de personne qui pensent que la croissance infinie est possible dans un monde fini, les fou et les économistes.

9.Posté par LUCAS François le 27/02/2007 14:53
Juste pour faire remarquer, que le programme du PS et les 100 propositions de D=Ségolène Royal, prévoient de réduire la part du nécléaire de 20% d'ici à 2020 puis à 50%. Quen ce qui concerne les OGM, il est prévu la'arrêt des expérimentations en plein champ, ce que demandent les faucheurs volontaires depuis plusieurs années, il est également prévu un débat public, et la protection du bio....tout ça fait beaucoup de distorsion avec votre position.

10.Posté par augusto prieto le 27/02/2007 18:04
La technologie nuclear francaise est notre fierte
Militaire naturellement, tout le monde trouve normal etre une des rares puissances mondiales et avec si peu d'habitants, si NORMAL que notre futur(e) president(e) ne sait pas exactement combien de sous marins nucleares nous avons.
Mais paradoxe, dans le civil, concernant les benefices pour l'humanite, alors la france doute de son devoir de developper la veritable energie alternative au charbon et au petrole non renouvelables
Les centrales de production d'electricite francaise sont des meilleures et elles seraient encore meilleures si l'obscurantisme et le regressionisme qui acompagne la mode du retour au passe, du peur de l'avenir mais aussi du protection de la nature n'avaient pas bloque la recherche
Developpement durable, respect de la planete, mais L'Areva a perdu en Chine, on a failli d'apporter une bien meilleure solution pour avoir perdu des annes dans la course technologique. Cest le devoir de la France de proposer des centrales plus sures , moins polluantes, moins cheres au monde.
Nous n'avons pas le droit d'interdire a personne l'utilisation du nucleaire civile,surtout a la place du petrole du gaz et du charbon

11.Posté par LUCAS François le 27/02/2007 18:42
Pour rectifier une erreur souvent énoncée, le programme de Bové dit ceci : "Point 35: sortie progressive du nucléaire ou maintien d'un nucléaire sécurisé et public: le débat est ouvert.Un contrôle indépendantr et citoyen doit permettre d'assurer la transparence du dossier et sans attendre le reférendum une expertise indiépendante et poussée sera effectuée sur la sécurité et les conditions de travail des salariés et de vie des popukations avoisinantes sur l'ensemble du pparc nucléaire et plus particulièrement sur les plus anciennes."
Donc rien de la caricature annoncée, deplus un débat national aura lieu sur la politique énbergétique et l'effort de recherche sera maintenu...

12.Posté par Nanard le 27/02/2007 19:06
Bravo augusto Piétro. En matière de protection de l'environnement et de l'élimination de tout ce qui peut prduire des gaz à effet de serre, il faut savoir ce que l'on veut. Ou une fausse solution avec les éoliennes ou les centrales nucléaires. Dans les années à venir, les Chinois et les Indiens qui ont un besoin immense d'énergie vont s'orienter principalement vers le nucléaire. Nous avons déjà perdu un marché important avec les Chinois, si en plus de ça nous dénigrons notre technologie, l'EPR qui est de loin beaucoup plus avancée que celle des centrales PWR de Westingaouse alors, il est à cranidre que nous perdions tous les futurs marchés que les asiatiques vont lancer. Vu l'état de notre commerce extérieur, nous n'avons pas besoin de ça.


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