Madame Merkel, dans une interview au Monde des 14 et 15 janvier, demande qu’« on tienne l’euro en dehors du débat politique ». Elle souhaite qu’on s’inspire de l’exemple allemand : « Notre croissance aujourd’hui tient à ce que nous avons fait passer des réformes très difficiles. Nous avons transformé notre marché du travail. Beaucoup d’entreprises se sont restructurées. Pendant des années des gens ont renoncé à des argumentations de revenus, les négociations salariales ont été très raisonnables pour renforcer la compétitivité de l’économie. Face à la mondialisation, on ne peut échapper à cette voie ».
Nous connaissons ce discours. Mme Merkel ajoute : « Avec l’UMP, nous sommes dans la même famille politique. Je connais bien Nicolas Sarkozy et nous nous soutiendrons peut-être en campagne électorale, c’est évident. » Cela va sans dire, mais cela va même mieux en le disant !
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 16 Janvier 2007 à 08:00
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La vraie campagne a commencé hier 14 janvier : un indice sûr : M. Sarkozy a commencé à dire tout le contraire de ce qu’il déclarait précédemment : « L’invasion de l’Irak était une faute ». Il incarne désormais « la République contre les communautarismes », etc.
Bref une campagne électorale ordinaire où le mensonge cent fois répété par les médias tient lieu de feuille de route. Il me revient à l’esprit un mot de Jean Jaurès : « Le courage, c’est de refuser la loi du mensonge triomphant, de chercher la vérité et de la dire ».
Je me souviens d’une période où Léon Blum, revenu de déportation, disait que le socialisme, c’est-à-dire l’éradication des inégalités sociales, pouvait se réaliser pour l’essentiel par deux voies : l’Ecole et la réforme de l’héritage. Il est frappant de voir que M. Sarkozy, dans son programme, ne dit à peu près rien de l’Ecole et qu’il prévoit l’exonération des droits de succession.
M. Sarkozy peut bien citer Léon Blum. « Le ventre et l’esprit, disait Barrès, se nourrissent à des sources différentes ».
Jean-Pierre Chevènement tiendra une conférence de presse en 12h et 13 h au club de la presse de Lyon, consacrée aux enjeux de 2007.
A 15 heures, il se rendra, à l'invitation du groupe Rhône-Ain-Loire de la Société Française de l'Energie Nucléaire (SFEN), à une réunion débat sur le thème «Quelle politique énergétique pour la France ?» dans les salons de l'Alizé, Lyon Part-Dieu. Il clôturera enfin sa journée lyonnaise entre 17h30 et 19h par une rencontre-dédicace autour de son livre La Faute de Monsieur Monnet, à la FNAC Lyon Part-Dieu.
Au programme, des entretiens avec la presse locale (La Montagne et France Bleue Auvergne et à 20h30 une conférence à l'ESC Clermont sur le thème «La République et l'Europe».
«Je suis convaincu, a déclaré M. Sarkozy, que je dois rassembler et apaiser ». Faut-il voir dans cette déclaration un début d’autocritique ? Car M. Sarkozy ne rassemble pas ; il divise. Il n’apaise pas. Il suscite les conflits.Les émeutes urbaines de 2005 illustrent la faillite de sa méthode. M. Sarkozy a sciemment détruit la police de proximité dont la nécessité avait été reconnue, en premier, par Charles Pasqua dans la loi d’orientation et de programmation de la sécurité de janvier 1995 et que j’ai conçue et mise en œuvre à partir de 1999-2000 : une police territorialisée, avec des commissariats de secteur, du « bleu » dans les quartiers, une police citoyenne qui connaissait la population et était connue d’elle, une police à la fois préventive et répressive, agissant en partenariat avec les gardiens d’immeubles, les principaux de collège, les commerçants etc... dans le cadre de contrats locaux de sécurité, bref une police républicaine. A Toulouse, où cette police de proximité avait rétabli le calme, en particulier dans le quartier du Mirail, M. Sarkozy a déclaré devant les caméras en février 2003 : « La police n’est pas là pour faire du social et pour jouer au foot avec les gamins des quartiers. Elle est là pour interpeller ». Et il a révoqué le Directeur de la Sécurité Publique, le Commissaire Havrin, malgré les protestations du maire, M. Douste-Blazy. On a vu le résultat : des interpellations à l’aveuglette, une tension croissante dans les quartiers, une recrudescence continue des agressions contre les personnes, l’explosion de la délinquance des mineurs, etc. M. Sarkozy est dangereux. Il semble, d’après ses propos, qu’il commence à s’en rendre compte. Les Français l’ont compris, eux, depuis longtemps : ils lui donneront un repos mérité pour calmer son agitation et lui permettre plus de réflexion. Ce sont les vœux que je forme pour Nicolas Sarkozy en 2007.
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Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement est l'invité de Raphaël Enthoven jeudi 11 janvier à 19h30 sur France Culture pour 1 heure d'émission.
L'émission peut être écoutée sur le site de France Culture ou ci-dessous.
Les économistes « institutionnels » pleurent tous les jours dans les gazettes sur la BCE transformée, selon eux, en bouc émissaire de la croissance faible qui caractérise la zone euro : « Voyez l’Allemagne, premier exportateur mondial, nous disent-ils, avec ses 160 milliards d’euros d’excédent commercial ! Epargnez M. Trichet, et songez plutôt à flexibiliser le marché du travail ! »
Ce qu’ils oublient :
1) L’Allemagne dispose encore de positions encore monopolistiques dans les biens d’équipement et la chimie fine. Ses exportations sont tirées par la flambée de l’investissement et de la croissance dans les pays émergents. Cela ne durera pas. La Chine crée sa propre industrie des biens d’équipement. Celle-ci sera demain plus compétitive que l’industrie allemande pour les raisons que nous savons : la Chine a toutes les capacités nécessaires et le niveau des salaires y sera durablement de un à dix fois inférieur à celui de l’industrie allemande. 2) Depuis cinq ans, l’Allemagne a assis ses efforts de compétitivité sur une forte compression de la demande intérieure : augmentation de trois heures de la durée réelle du travail mais stagnation des salaires. Les plans dits « Agenda 21 » et « Harz IV » ont coûté cher au Chancelier Schröder. Ils bénéficient aujourd’hui à Madame Merkel, mais au prix d’un chômage qui touche 4 millions de personnes en Allemagne. 3) Enfin, après la phase des délocalisations à l’Est, il faudrait prêter attention aux stratégies de relocalisation des productions à plus forte valeur ajoutée sur « le site de production Allemagne ». Les grands groupes industriels allemands savent depuis longtemps organiser une gestion très politique de leur développement. Ils jouent aujourd’hui l’Allemagne et le monde. Ils oublient aisément « l’Allemagne européenne » dont nous parlait encore le Chancelier Kohl au début des années 90. |
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